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Florence + The Machine - Accor Arena Paris

Lundi 14 novembre 2022, Florence + The Machine s’est produit sur la scène de l’Accor Arena. Au programme : résurrection, expiation, exorcisme et sacrifices humains. On vous raconte de manière (presque) objective cette messe païenne. 

Le vendredi 13 mai dernier sortait ce que l’on peut qualifier du meilleur album de l’année (de la décennie ? non, elle commence à peine mais il sera déjà  bien difficile de le dépasser à moins qu’Elle n’en sorte un autre), Dance Fever. Sur fond de mythe, sorcellerie et films d’horreur, Florence avait commencé avec cet album un tourbillon qui prit une toute autre dimension sur scène.

Attente interminable

Devant l’Accor Arena, les gens sont habillés Florence style, couverts de faux sang, de paillettes et de fleurs. De gros pulls recouvrent les longues robes en dentelle et en velours. Il fait déjà nuit. Les morts se réveillent peu à peu sous la lumière de la lune.

Vers 18h30, les portes de l’Arena ouvrent et celle-ci comme une ruche qui attendrait sa reine se remplit, s’affaire, bourdonne. L’excitation monte car ce soir Florence et sa troupe reviennent à Paris après trois ans d’absence. Leur dernier concert à l’Accor Arena pour la tournée de l’excellent (mais moins bien salué par la critique) High As Hope affichait déjà lui aussi complet. Mais ce soir, il y a une certaine folie dans l’air, une certaine soif encore inédite ; trois ans d’attente.

À 20h, le très bon Willie J Healey tiédit un peu la salle. Le son n’est pas très bien réglé mais sa musique envoie quand même. Vêtu d’un costume cintré noir un peu rétro, il joue un blues rock d’une jolie voix un peu cassée. Le set se termine au bout d’une demie-heure, les plus grands fans du groupe d’après n’ont pas forcément été les plus attentifs (respectueusement), ils n’ont qu’une chose en tête ; Florence (et peut-être un peu soif?).

DEUS EX MACHINA

À 21h15, après que « Jubilee Street » de Nick Cave eut résonné dans la salle, le silence se fait. Il n’est que de courte durée puisque la foule hurle comme une banshee dès que la lumière s’éteint. Les chandeliers au-dessus de la scène descendent doucement, suivi d’un gigantesque cadre blanc qui remonte peu de temps après. Décor de maison hanté au sein d’un Bercy bondé.  Ce petit jeu continue pendant quelques minutes, puis enfin. Florence apparait, vêtu d’une robe blanche et d’un voile sur les épaules qu’elle fera voleter toute la soirée. Dans sa chevelure rousse, une tiare de diamant trône fièrement. Elle ne restera pas longtemps.

Puis tout s’enchaîne, on a pas le temps de reprendre notre souffle, et ce jusqu’à la fin du concert. « Heaven is Here » ouvre ce bal enfiévré, puis « King ». Florence est sur scène depuis à peine 6 minutes et pourtant le moment est déjà fédérateur. Après « Ship to Wreck », vient « Dog Days (Are Over) ». Au beau milieu du morceau (c’est calculé), Florence s’adresse enfin au public dans un discours déjà entonné par le passé, cette fois un peu mis au goût du jour : Après deux ans de covid, de cours en ligne, de télétravail, etc, on vit enfin un moment magique, unique alors ce soir, pas besoin de téléphone, pas besoin de partager le moment sur les réseaux. Communions tous ensemble. Et d’un coup, elle crie : « PUT YOUR FUCKING PHONE AWAY » avant de reprendre sur le refrain de « Dog Days » pendant que tout le monde bondit de joie.

Church of Florence 

Parce que c’est ça, un concert de Florence + The Machine. Un moment unique, magique et de partage. Sorte de messe mystique où on ne prierait pas un dieu, ni même une déesse (ne surestimons pas non plus Florence au point de la diviniser complètement) mais un instant, une expiation.

Il y a quelque chose de très cathartique à chialer sur « What Kind of Man », danser jusqu’à s’en déboiter l’épaule sur « Hunger » et hurler à en perdre sa voix (et surtout son souffle) sur « Kiss With A Fist » si bien qu’on en arrive au moment phare… Après une version semi-acoustique de « Girls Against God », Florence comme possédée, descend avec langueur vers le premier rang. Les plus chanceux ne respirent plus, car Florence se penche sur eux. Sur les grands écrans, leurs yeux brillent d’un éclat si particulier, on croirait à la reconstitution de L’Extase de Sainte-Thérèse.  « Dream Girl Evil » (coup de cœur personnel) retentit. Les cheveux de la grande rousse -toujours penchée sur ses adorateurs et adoratrices- recouvrent entièrement son visage. Elle restera avec eux jusqu’à la fin de la chanson. Puis « Prayer Factory » l’une des interludes de Dance Fever débute et elle s’éloigne, marche lentement le long de la barrière, avant de retourner sur scène. De longs voiles noirs descendent, enveloppant ainsi la scène et les premières notes de « Big God » résonnent. Le moment est presque intime… devant quelques 20 000 personnes.

CHOREOMANIAc

Florence ne restera pas longtemps sur scène et pour « Choreomania », elle se précipitera à travers la foule à une vitesse telle que les bodyguards et la caméra peinent à la suivre, celle-ci sondera la fosse quelques secondes, la confondant sûrement avec les nombreuses rousses présentes dans la salle. 

 

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Après presque 2h de show, Florence et ses machines quittent la scène avant le rappel. Pendant ces quelques minutes apparaissent sur les écrans les mots de la fondation CHOOSE LOVE. Une association non-gouvernementale à qui est reversé 1€ de chaque billet pour aider les réfugiés et victimes de crise notamment en Ukraine et en Iran.

Une fois le message passé, Florence + The Machine remontent sur scène et présentent la prochaine chanson. Une chanson qu’elle n’a pas été capable de chanter pendant presque dix ans. Elle représente une période de sa vie où elle était trop « boulay » (bourrée, ndlr) . Ce soir, elle est fin prête pour la chanter de nouveau (et, je présume, aux dates précédentes de la tournée). Il s’agit de « Never Let Me Go » présente sur l’album (excellentissime!) Ceremonials. Le morceau est suivi du tout aussi extraordinaire « Shake it Out », présent sur le même album.

Raise it up, raise it up !

Lors de l’ultime morceau, « Rabbit Heart (Raise it up) », Florence nous demande de réveiller les morts. En langage courant, elle demande aux gens de monter sur les épaules de leur ami.es, parents, etc. Peu le font. Mais ça ne l’empêche pas d’achever ce concert avec un final explosif et ensorcelant. Un régal pour les yeux, les oreilles et le coeur.

Et on ressort de là, avec l’impression d’avoir des clous sous les pieds tellement on a piétiné, sauté et dansé. Presque comme Jésus sur sa croix, si le bourreau n’avait pas su viser.


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