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Moment emblématique du début de l’été, coup d’envoi des festivals et des vacances, le Fnac Live est un incontournable des beaux jours parisiens.

En cause, un festival gratuit et surtout un cadre de rêve puisque chaque année l’évènement prend place sur le parvis de l’Hôtel de ville de Paris. Un très beau décors avec en fond Notre-Dame de Paris pour faire la part belle donc à des artistes de qualité sous le soleil, cet astre qui fait encore le timide début juin. L’édition 2025 qui se déroulera du 2 au 4 juillet n’échappe pas à la règle et a enfin révélé la totalité de sa programmation. Le promesse de faire plaisir au plus grand nombre est bien là. D’autant plus que l’an dernier avec les Jeux Olympiques, le Fnac Live n’avait pas pu avoir lieu et manquait cruellement à notre été. Heureusement pour se rattraper l’évènement a sorti une programmation de qualité qui fera vibrer tout Paris. Après une belle première salve d’annonces qui promettait des lives inoubliables de Saint Vincent et Eddy de Pretto (pour citer nos chouchous), découvrez la liste de celles et ceux qui les rejoindront !

FNAC LIVE 2025Fnac Live 2025 : demandez le programme !

Le mercredi pour la première journée de festivités, on retrouve le duo incontournable de la french touch, les papas de l’immense BO de « Virgin Suicides » et surtout les grands compositeurs de « Moon Safari » : Air. Une annonce qui fait à elle seule rêver. Le jeudi fera la part belle à la diversité. On y retrouve la culte Olivia Ruiz, dont la voix emblématique transporte dans une série de beaux souvenirs. Le rap féminin sera aussi enfin à l’honneur grâce à Zinée. La toulousaine nous fera vibrer sur les notes de son premier album : « Osmin« . Enfin le vendredi, il sera temps de conclure en beauté avec l’artiste suizo-guatémaltèque Baby Volcano et ses performances aussi sensibles qu’avant-gardistes. Enfin la nuit sera plus folle grâce à l’électro de Vladimir Cauchemar, nom plus rêvé que cauchemardé, qui derrière son masque ne reculera devant rien pour faire danser les foules.

Fnac Live 2025 : tous les noms !

Polo & Pan, Fnac Live Paris 2023 – Crédit Photo : Louis Comar
FNAC LIVE :  MERCREDI 2 JUILLET
SCÈNE EXTÉRIEURE
DALÌ – SAINT VINCENT – AIR
SALON
70 ANS DE BARCLAY
FNAC LIVE :  JEUDI 3 JUILLET 
 
SCÈNE EXTÉRIEURE 
ZINÉE – DANYL – CAMILLE YEMBE – OLIVIA RUIZ – LIV ODDMAN – ZAMDANE – EDDY DE PRETTO
SALON 
ILIONA – SOLANN
FNAC LIVE : VENDREDI 4 JUILLET 
 
SCÈNE EXTÉRIEURE 
BABY VOLCANO – VACRA – R2 – ADÈLE CASTILLON – SUBLIME – VLADIMIR CAUCHEMAR
SALON 
I AM ROZE – MIOSSEC

Fnac Live 2022 : Jane Birkin, Bob Sinclar & Pedro Winter et bien d’autres pour les retrouvailles

Moment emblématique de l’été, top départ incontournable des beaux jours et des festivals, le Fnac…

Curtis harding fnac live 2021

Fnac Live Paris : un moment suspendu avec en son centre Cat Power (reportage)

Lundi 6 décembre. Dehors, le froid glaciale s’allie à une pluie battante pour rappeler aux…

Aya Nakamura FNAC LIVE

FNAC Live 2019 : Nouvelle scène et gros succès, le cocktail idéal pour l’été

Chaque année, le Fnac live sonne comme l’arrivée de l’été. Le soleil est là et…

Meilleur festival du monde, jOUR 2.

Sans être totalement remis de la première soirée, l’heure de la suite a déjà sonné. Le temps de poster notre premier report (à retrouver ici) et nous voilà déjà repartis. Un risque de pluie menace de rendre la soirée un peu plus difficile que la veille. Nous optons pour la carte déni. Finalement, pas une goutte ne tombera durant la soirée. Merci Bretagne adorée. En terme de programmation, ça n’est pas notre journée préféré, non pas que les artistes prévus ne réveillent aucune excitation en nous (bien au contraire) mais simplement du fait que rien ne peut rivaliser sur le papier avec les deux autres journées mastodontes (nous ne sommes pas prêts pour la soirée de samedi). Nous y allons tout de même avec grande joie. Porridge Radio, Baxter Dury, Kevin Morby, Snapped Ankles, ça ne se loupe pour aucun prétexte.

Beaucoup plus que la veille, cette soirée du vendredi sera fraiche. Pas de pluie mais du froid. Deal accepted. On a pensé aux vestes et aux sweats. Un festivalier prévoyant est un bon festivalier. Cette vague de froid sur le site nous a évidemment envie de nous réchauffer. Quoi de mieux pour cela qu’une foule sardines et une musique radiateur (et pas ascenseur) ? Voyons quels artistes ont le plus excellé à ce niveau. Du moins chaud vers le plus chaud, soirée du vendredi, c’est parti.

La Route du Rock 2022 / Crédit : Théophile Le Maitre

CHALEUR : Un peu

HONEYGLAZE est le premier groupe à ouvrir la journée sur la scène des remparts. Ca n’est pas le job le plus facile, on en est conscient. Il y a encore peu de monde sur le site à 18h30. Si nous le plaçons à ce niveau, dans la team qui a le moins réchauffé, c’est qu’ils ont joué à une heure où le soleil était encore là. Comment réchauffer une foule qui a déjà chaud ? On les remercie pour cette attention, de ne pas nous avoir embrasés directement. Au-delà de l’heure de passage, HONEYGLAZE ne délivre pas la musique la plus chaleureuse qui soit. Ca n’est pas un reproche, puisque nous avons plutôt apprécié leur concert. Suite à un petit problème technique – une guitare dont le son ne sortait pas – de quoi faire bien monter la pression pour les artistes, le trio londonien a assuré une ouverture tout en douceur et en légèreté. Ils viennent de sortir leur tout premier album. Leur pop/rock rêveuse est ici déployée avec maitrise et sureté, bien qu’un peu trop dans la retenue. Les morceaux sont tout de même au rendez-vous, et permettent de ne jamais perdre le fil. Timide ouverture, mais ouverture réussie.

Ca n’est pas la première fois que l’on parle de PORRIDGE RADIO ici. Suite à leur concert parisien à la Boule Noire cette année, nous avions fait un portrait de ce groupe qui ne fait que monter, suite à un deuxième album monstrueux en 2020, et un troisième album un peu en deçà mais toujours à la pointe sorti il y a quelques semaines. C’était là l’occasion de le présenter au public français. Les filles de Brighton jouaient à 20h10 sur la scène des remparts. Le monde est arrivé, les festivaliers se pressent pour les voir. Il n’y a pas foule immense, mais on sent tout de même que PORRIDGE RADIO suscite curiosité. Le concert a un peu de mal à démarrer, les morceaux choisis ne sont pas forcément les plus entrainants. Il faut dire que le dernier album détient moins de chansons puissantes comme le précédent, même si une évidence s’en dégage toujours. La voix de la chanteuse Dana Margolin ne semble pas porter assez, alors même qu’elle est toute l’identité du groupe. C’est très bien, mais ça ne décolle pas. Il faudra attendre une petite demi-heure pour que les choses s’intensifient. Elle est de plus en plus géniale. Son attitude captive les regards, entre le calme et la tempête. Les morceaux à boucle ultra répétitives, leur marque de fabrique, pointent le bout de leur nez vers la fin du show, et montrent à quel point l’incarnation est puissante : « Birthday Party », « Long »… Sur cette dernière, les cris du public redoublent, après un passage tranchant à la guitare électrique que Dana Margolin sait si bien faire hurler. C’est le cri d’une jeunesse qui a beaucoup à exprimer. Quand vient « Sweet », leur plus grand morceau, nous voilà pleinement conquis. La route est toute tracée. Pourquoi se retrouvent-elles dans la team des moins chauds alors ? Car malgré tout, leur musique dégage quelque chose de brut, de tourmenté, qui s’associe plus difficilement avec un sentiment de réconfort et de chaleur. Mais aussi parce qu’à cette heure-là, le froid n’est pas encore pleinement arrivé.

CHALEUR : BEAUCOUP

La Route du Rock 2022 / Crédit : Théophile Le Maitre

Bond dans le temps. Il est 1h20 et LES LIMINANAS s’apprêtent à clôturer la soirée. C’est un duo catalan qui fait beaucoup entendre parler d’eux sur la scène française depuis plusieurs années. Rock psychédélique aux nombreuses facettes, difficilement définissable. Il y a comme un mystère qui plane autour du groupe. A cette heure-là, beaucoup ont déjà quitté le Fort. L’heure de pointe est entre 21h et 00h. Il reste quand même du monde devant la scène du Fort. A cette heure-là, il fait aussi très froid, donc tâche encore plus difficile de nous réchauffer. Une installation vidéo est placée au fond de la scène. Elle projette des extraits de films, en rapport avec le dernier album du groupe « De Pelicula » en collaboration avec Laurent Garnier sorti en 2021.

Dès leur arrivée sur scène, à six (il n’y a pas Laurent Garnier), ils instaurent une certaine ambiance hypnotique. Le début est instrumental, et puissant. Tout de suite, nous sommes happés par ces guitares qui grondent. C’est envoûtant. Combinés aux images qui défilent derrière, la musique prend de l’ampleur. Ca fait son effet. Le son est puissant, on commence à la connaître cette scène qui sonne terriblement. Vient ensuite des morceaux chantés. Nous aimons moins. On perd la fibre hypnotique, et le concert tombe dans quelque chose de plus commun, un rock connu. Ca n’est pas déplaisant, mais ça n’arrivera pas à vaincre le froid qui terrasse le Fort. Le groupe jouera 1h15, jusqu’à 2h25.

Juste avant eux, sur la scène des remparts, SNAPPED ANKLES a livré un concert de 40 minutes d’une forte intensité. On aime beaucoup ce qu’ils font en studio depuis leur premier album en 2017. Leur dernier en date nous a un peu moins convaincu dans le genre mais reste quand même un bon cru. Nous les attendions avec impatience sur le festival, eux chez qui le rythme, les sonorités électro et le grain de folie trouvent un parfait mélange. Sur scène, ils sont vêtus bizarrement, recouverts de matière végétale. Le genre de costume qui peut faire peur aux enfants mais qui, lorsqu’on est adultes, tombent légèrement dans le guignolesque. C’est l’image qu’ils renvoient, comme des gentils extraterrestres. Leur musique est en tout cas captivante et frénétique. Sur scène, elle gagne un aspect plus expérimentale. C’est à peine si l’on a reconnu les morceaux présents sur les albums, que l’on connait pourtant bien. S’en extirpe des rythmes mélodiques servant à créer une pièce musicale géante qui ne s’arrête jamais. Le public est présent, répond par la danse. Il y a beaucoup de jeunes. Les rythmes sont envoûtants, appuyés par une batterie percutante. Pari réussi pour un groupe qui proclame que le rythme est leur business. Ils nous ont convaincu sur ce point. Les sonorités électro, quant à elles, auraient gagnées à être encore plus claires, impactantes et directes. A force, tout est un peu sur le même plan. Dommage. On comprend pourquoi ça ne dure que 40 minutes. C’est suffisant. On regrette de ne pas avoir entendu « Johnny Guitar Calling Gosta Berling », leur chanson la plus déjantée. Le froid s’est dissipé avec la danse, mais SNAPPED ANKLES n’aura pas réussi à l’évacuer complètement. On enchaine.

Sur la même scène, une heure plus tôt, nous avons pu assister au concert de DIIV. La nuage de chaleur créé par ce rock aux sonorités shoegaze nous a aidé à affronter le froid. Il y a foule pour le groupe. Ils jouent à l’heure la plus convoitée, à défaut d’être sur la grande scène, malgré leur 10 ans d’expérience. Ils sont attendus et acclamés. Capuche sur la tête, leur rock respirent l’adolescence. Leur musique sonne bien, et prend bientôt tout l’espace. Elle porte loin.  Les guitares prennent de l’ampleur, jusqu’au final de haute volée. A leur départ, une masse reste devant la scène à les applaudir encore et encore. Ils faisaient parti des vedettes de la soirée. Mais le froid persiste encore, qui pourra donc nous réchauffer comme il se doit ?

 

CHALEUR : PASSIONNÉMENT

Attention, nous passons tout à coup un cran au-dessus. Il est 21h pile sur la scène du Fort. Durant 1h10, elle s’apprête à accueillir un maitre dans son genre : KEVIN MORBY. Des roses sont placées sur la scène, ainsi qu’une grande banderole « This is a Photograph », le titre de son dernier album sorti cette année. C’est celui-ci qu’il va interpréter majoritairement. Vêtu d’un magnifique habit doré, il entre sur scène en compagnie de six compères. Nous voilà prévenus. Ils débutent avec la chanson éponyme du dernier album, que nous adorons particulièrement. Superbe entrée qui donne le ton : ça sera ample, beau, efficace, énergique. Et surtout, ça sonnera bien. Très très bien. La voix de Morby est d’une telle intensité qu’il ne pourrait faire que ça. A vrai dire non, puisque les arrangements derrière sont terriblement efficaces. Il serait bête de nous en priver. Le tout est d’une beauté fatale, toujours juste, toujours pointilleux, toujours grand. Les morceaux du dernier album défilent : le sublime « Bittersweet, TN », le rythmé « Rock Bottom », le puissant « A Random Act of Kindness ». Jamais planplan, le rock/folk de KEVIN MORBY sait viser en plein dans le mille, le tout avec classe et élégance. On sent une tension vive dans ces interprétations garnies de chaleur. On se sent d’un seul coup réchauffé, réconforté… Lorsqu’il assouplit un peu le rythme pour laisser place à la beauté de sa voix, Morby ne manque pas de nous faire sortir de notre songe en cours avec les morceaux suivants, sur lesquels l’irrésistible saxophone nous transperce de plein fouet. Ce qu’il joue va piocher un peu partout au niveau mélodique : on entend à la fois du Oasis, du Nirvana, du Velvet, du Bob Dylan, mais sans cesse adaptés à un style qui lui est propre. KEVIN MORBY est un passeur au grand talent. On entend dans sa musique toutes les admirations qui l’anime. Ses concerts sont d’une rare vitalité. Bravo à lui de nous avoir tant réchauffés, d’autant plus avec ce final resplendissant qui restera gravé : la longue progression de « Harlem River » se terminant dans un feu d’artifice d’électricité et de saxophorgasme.

Bon, il faut dire que Kevin Morby a été aidé pour vaincre le froid par ses prédécesseurs de la scène du Fort : LOS BITCHOS, à 19h15. Paradoxalement, c’est après leur concert que le soleil a disparu et que le frais a commencé à arriver. Pourtant, leur musique transpire justement le soleil. Complètement instrumentale, elle fait appel à des guitares aux sonorités sud-américaines et à une forte base rythmique. Le charme fait vite effet. Elles sont quatre filles sur scène, plus un mec, et toutes communiquent une joie incarnée dans leur musique. Même s’il commence à faire froid, comment peut-on le sentir avec cette musique tout droit sortie des plages ? Taillée pour égayer les humeurs, elle n’est pourtant pas si simplette qu’elle peut le paraitre. Leur premier album sorti cette année est d’ailleurs produit par Alex Kapranos de Franz Ferdinand. La recette est bien trouvée, et sur des morceaux comme « The Link is About to Die », elle fonctionne parfaitement. Le morceau en live balaye tout sur son passage, tant la mélodie est bien trouvée. On avait eu la même sensation sur la version studio. Mais après lui, la recette s’essouffle un peu et atteint ses limites. Sur un album et un concert relativement court, c’est oui. Mais la suite ? Bon, tant que le froid ne nous atteint pas, c’est déjà ça.

Passons au grand gagnant de la soirée du vendredi. Celui qui nous a le plus réchauffé. Et haut la main. Mesdames et messieurs, j’appelle sur la scène du Fort BAXTER DURY. Il est 23h10. L’heure des grands. L’heure de Ty Segall demain (que l’on a hâte !). L’heure de Fontaines hier (on rappelle à quel point c’était immense ?). Bon, Baxter. Sacré personnage que nous avions interviewé (à retrouver ici) il y a deux ans à l’occasion de la sortie de son dernier album « The Night Chancers ». Depuis une vingtaine d’années, le britannique, fils de Ian Dury, s’est peu à peu construit un personnage de dandy désinvolte et provocateur qui lui colle si bien à la peau. Hier fut une démonstration de force. BAXTER DURY occupe la scène comme personne d’autre. S’il peut énerver certains, force est de reconnaitre qu’il dégage un sentiment de confiance inégalé. Il se tortille avec classe, se déshabille (juste une veste) et se rhabille avec élégance, fait des gestes loufoques qui prennent toujours sens dans sa démarche. Il aime et déteste tout le monde. Mais nous devons absolument l’aimer selon lui. Ce jeu d’ego magnifiquement interprété repose avant tout sur une musique diablement efficace. Il y a une grandeur qui s’en dégage, comme si l’artiste, avec ses morceaux faussement simples, venait montrer qu’il ne suffit de pas grand-chose pour atteindre des sommets. Le son est superbe, comme toujours sur cette scène, mais encore plus cette fois-ci. Tout est carré, dans les règles de l’art. Le concert est émouvant, cela dû avant tout à la qualité des morceaux et au choix de ces derniers : de « It’s a pleasure » à « Slumloard » en passant par la sublime « Prince of Tears », BAXTER DURY trace un chemin rempli de beauté, malgré la froideur qu’il dégage. On sait o combien il apprécie convier des voix féminines sur ses morceaux. Une chanteuse, Madeleine Hart, l’accompagne donc bien évidemment. Avec elle, ils forment un duo parfait. Elle reste statique, mais obnubile par sa présence et la justesse de sa voix. Le contraste est saisissant, Baxter persévérant dans son chant parlé manière Gainsbourg pour lequel on craque tant. Le micro bien réglé, c’est d’autant plus percutant. La partie instrumentale derrière assure également. Sur une base rock, des sonorités électro se glissent. Et quand celles-ci prennent le dessus, ça finit en apothéose. Bravo Baxter. La chaleur est pleine. Tu as gagné. Nous t’adorons comme tu le voulais. Hâte de demain, pour la plus grosse journée du festival. Arriveront-ils à te détrôner ?


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Il y a des rendez-vous qui ne se manquent pas. Surtout lorsqu’ils se sont fait attendre. Après deux ans de ratés pour cause connue et un hôtel de ville de Paris qui se regardait comme ce lieu chéri de rencontres qui datent trop, le Fnac Live reprend enfin ses quartiers. Fête incontournable de l’été parisien, ces concerts gratuits sonnent chaque année comme un touchant dernier moment avant de se quitter pour l’été. Le festival a alors l’effluve sucré d’un dernier baiser, un flirt de trois jours en somme, quelles sont belles les amourettes de vacances. Chaque année promet son lot de nouveautés et de découvertes et fait la part belle à une scène française pétillante. Les règles ont été changées pour cette édition. Une seule entrée permet à des festivaliers, moins nombreux, moins tassés peut-être d’assister à cette grande communion. Côté pros, la cour de l’hôtel de ville s’est parée de ses plus beaux atours. Les statues dominent le lieu, clin d’œil artistique à l’histoire qui habite à nouveau les lieux du mercredi 29 juin au vendredi 1er juillet.

Que la fête soit belle

Paris est une fête, nous dit-on. Est-ce toujours vrai ? Non, mais quand le dicton sonne juste, il ébloui. Derrière, le cadre est somptueux, la mairie donc, sa place impressionnante, mais aussi derrière la scène, Notre-Dame de Paris qui contemple les festivités. Pas besoin pourtant de faire partie d’une élite pour profiter du spectacle. Jeunesse et familles s’y côtoient. Les plus jeunes sur les épaules de leurs parents. Lonny et PR2b ouvrent l’instant. La première propose de se plonger doucement dans le bain grâce à une pop folk enivrante, la seconde, radicalement plus énervée permet de s’échauffer pour mieux danser.

Jaques au Fnac live 2022
Jaques au Fnac live 2022 ©Kévin Gombert

C’est ensuite au tour de l’O.V.N.I Jacques de débarquer sur scène. Le chanteur aux cheveux longs mais au crâne rasé ne manque jamais de surprendre et de se positionner là où on l’attend le moins… comme dos au public pour son début de scène. Des écrans géants lui permettent de diffuser de courtes images et d’accentuer les bruits : un insecte qui rampe, un chien, une allumette qui brûle. Du déséquilibre créé par ces bruits, un poil irritants, née l’harmonie. Voilà donc notre hôte barré qui balance de l’électro inspiré par les micros espaces du quotidien. Surprenant vous dites ? Certainement mais c’est aussi en ça que Jacques séduit. Il finit néanmoins par reprendre le micro pour revenir à sa chanson française à la sauce nouvelle vague. Un mélange hybride entre ringardise assumée et modernité, un ton décalé au profit d’une voix précise. Le chanteur est avant tout un personnage : il ne laisse pas indifférent, on l’aime ou on le déteste mais surtout on ne l’oublie pas. Côté public c’est surtout de l’amour qui lui est donné en plus de pas mal de pas de danses. Les sets sont plutôt courts sur le Fnac Live, la place doit être donnée à chaque artiste.

Côté salons de l’Hôtel de Ville, au milieu des peintures au plafond et de ce cadre intemporel, une artiste tout aussi intemporelle vient jouer ses classiques : Jane Birkin. Elle fait la part belle à son répertoire, dans une ambiance tamisée et à fleur de peau. L’icône n’en oublie pas pour autant de mentionner Gainsbourg et de pousser quelques notes d' »Histoire de Melody Nelson ». Frêle et à fleur de peau, elle signe une performance immanquable.

Disco dansant

l'Imperatrice Fnac Live 2022
l’Imperatrice Fnac Live 2022 © Kevin Gombert

Dans le brouhaha de la ville, au milieu d’une foule conquise, les très attendus l’Impératrice débarquent sur scène. Le groupe signe une performance un peu à part, en effet, David le bassiste souffrant du Covid, n’a pas pu venir ce soir et a dû être remplacé en dernière minute par Romain Berguin. Une absence que la troupe comble. Vêtue de ses nouvelles tenues de scène : un cœur lumineux sur la poitrine, ceux qui ont enchantés le Coachella – les bruits de couloirs sont unanimes sur le sujet – font vibrer la foule. Leurs chansons françaises  au groove assumé fait toujours mouche tout autant que le sourire de Flore et ses pas de danse précis. Le set s’annonce néanmoins plus électro que sur sa version album, les sonorités changent légèrement, elles se réinventent pour toucher un plus large public. Sur « Peur des filles »- et le morceau n’est-il pas au combien d’actualité ?- la chaleur a pris d’assaut la place. Le cadre de rêve semble emplir de joie les festivaliers et le groupe dont le sourire est communicatif.

l'Imperatrice Fnac Live 2022
l’Imperatrice Fnac Live 2022 © Kevin Gombert

Il fait un peu moins chaud maintenant et la nuit est bien tombée. C’est pourtant le même sourire rayonnant qu’arbore Clara Luciani quand elle monte sur scène. Très vite, la musicienne ajoute une note de printemps au moment en interprétant « Les fleurs » auxquelles on pense avec elle. Dans une tenue rouge, un patte d’eph brillant  sur les hanches, elle masque sa timidité derrière quelques pas de danse auxquels elle invitera le public à se joindre. La main en l’air, agitée de façon dédaigneuse, comme pour repousser les mauvaises ondes est repris par une foule qui suit chaque indication de la musicienne. Côté public, le chanteur Hervé profite de l’évènement et prend un bain de foule. Sur « La Grenade » tout le monde chante. Un moment d’autant plus magique que lors d’un évènement comme celui-ci, le public n’est pas uniquement celui de la chanteuse. Le set se finit en apothéose sur le titre « Qui donne le nom à ma tournée », « Respire encore ». Le moment de communion est fort, l’instant est emprunt de chaleur. Il faut déjà se dire un premier au revoir.  Rien de trop déchirant pourtant, deux jours de célébrations sont encore programmés.

Clara Luciani fnac 2022
Clara Luciani fnac 2022 ©Kevin Gombert

Une deuxième journée entre Hip Hop, électro et public trop survolté

Doit-on encore et toujours rappeler que le Hip Hop a le vent en poupe chez la jeunesse ? Du coup évidemment lorsque l’on invite ses dignes représentants, nombreux sont ceux à répondre présents. Parmi les premiers temps forts de la journée, Jazzy Bazz est des plus attendus. Il fait un peu moins chaud aujourd’hui et pourtant ce qui est vrai dans les airs, n’est pas vrai sur scène. Et côté public non plus où la tension monte, la fête est déchaînée ce soir.C’est d’autant plus vrai sur Alpha Wann qui doit régulièrement demandé à son public de calmer le jeu et d’éviter tout débordement. Difficile de faire entendre raison à une foule qui vibre et revis pleinement. Alors à force, les premiers rangs compromettent la sécurité des barrières. Pas de blessés, certes, et puis ces dernières se contentent de bouger légèrement . Mais l’évènement a à cœur la sécurité de ses festivaliers et surtout de faire de l’évènement un beau souvenir. On ne plaisante pas avec ça. C’est donc Alpha Wann qui annonce que « Je vous avais dit d’arrêter, on est obligé d’arrêter le concert. » Le public est dépité mais en festival il est nécessaire de rappeler que la sécurité est primordiale et qu’il faut toujours être prudents. Les concerts sont donc suspendus le temps de s’assurer que le lieu puisse être à nouveau pratiquer pour s’amuser sans risquer de se blesser. Il faut néanmoins toujours que jeunesse se fasse et retrouver l’énergie folle des pogos du punk qui eux lâchaient complètement prise au milieu du Hip Hop qui partagent de nombreuses convictions fait tout de même sourire.

Le Fnac Live s’attèle vite et travaille bien, du coup Thylacine peut quand même jouer le set promis. La foule s’est vidée, d’ailleurs un plus petit nombre de festivaliers est autorisé à s’approcher de la scène.Mais les rues de Paris permettent quand même de profiter des concerts. Il en va de même pour les immeubles alentour. Sur les balcons, deux jeunes filles dansent en admirant la vue d’en haut. Le set électro chill est maîtrisé, les morceaux joliment dosés, ce retour met tout le monde d’accord. Vitalic suit. Venu défendre Dissidænce Episode 2, le musicien profite d’une scénographie lumineuse et soignée qui s’accorde aux mélodies. Ce nouveau jet, inspiré par la scène 70’s sent bon le rock sans concession. « Ma musique est rock » défendait-il en interview quelques heures plus tôt (à retrouver sur Popnshot). C’est vrai en concert. Pour faire danser, le musicien, seul derrière ses platine met les gros moyens. Pas de chichis néanmoins, seul le son compte.  Il ne manque néanmoins pas d’interpréter son classique « Stamania ». Sur la place de l’Hôtel de Ville, on danse volontiers. Certain.es carrément sur les épaules de leurs camarades. Vitalic sait conjuguer la nuit à tous les temps et cette techno sans concession rappelle l’esprit libertaire des raves qu’il défend volontiers.

Dernier jour et ses paillettes

Les derniers au revoir se devaient d’être beaux et l’évènement y a mis les grands moyens. Le soleil est au rendez-vous lui aussi et la chaleur ne partira pas de la nuit. Aloïse Sauvage signe dans les premiers temps, l’une des plus belles prestations de cette édition.  Très vite la belle interprète l’un de ses titres phares : « A l’Horizontale ». Communicative, elle profite d’une certaines simplicité et d’une grande justesse pour frapper fort. Mais surtout, la chanteuse fait décoller son live… littéralement. Celle qui a fait du cirque, s’envole en effet, suspendue par un seul bras dans les airs. Elle tourne et virevolte… sans perdre son souffle. On ne peut pas en dire autant que le public qui pousse de grand « ahhhhh » et « ennncoooreee » redevenu enfant en bas âge le temps de la performance magistrale. La chanteuse est un personnage entier, indomptable et marque les esprits.

Les frères de Terrenoire sont aussi de la partie. Complices, il se présentent, dévoilent un flow bienveillant et maîtrisé. La voix de Théo d’ailleurs, habillé comme son comparse, enchante tout particulièrement. C’est d’ailleurs cette binarité – eux pour tous et tous pour eux-  qui marque particulièrement. Ils chantent en se regardant dans les yeux, des riffs qui ressemblent à des hymnes et rassemblent à l’infini. Les pas de danse sont nombreux, vivants et vibrants. « Jusqu’à mon dernier souffle » scandent-ils coupant le souffle à l’audience qui connait parfaitement leurs titres. Pas étonnant que les compères se soient offert un duo avec Pomme, ils partagent cette âme emprunte de douceur qui fait honneur à notre scène locale.

Juliette Armanet est l’une des plus attendues de la soirée. La chanteuse se présente vêtue de paillettes mais ce qui frappe surtout, c’est son plaisir non feint à jouer ici ce soir. Elle alterne entre piano et moments dansants, sans timidité mais avec légèreté. Chaque mot, chaque pas invite le public à la suivre. D’ailleurs côté public ça chante volontiers des paroles connues par cœur. Nouvelle égérie, super star accomplie, elle restaure un titre de noblesse à la chanson notamment grâce à une voix inimitable. Temps fort de son concert de plus d’une heure, la chanteuse se transforme, tenue et lumières aidant, en une boule de disco géante. Le moment est visuellement à couper le souffle, d’autant qu’elle joue avec ses projecteurs braqués sur elle et renvoie presque tous ses éclats à un public en délire malgré la candide mélancolie de ses notes. Seul point noir au moment l’absence du titre « La carte postale » de la set list. On reconnait que le morceau n’est pas aussi dansant que ceux sélectionnés. Les au revoir sont ponctués de saluts, d’elle et de musiciens de talent. Mais aussi de probables quelques larmes bien dissimulées derrière ses mains.

« Encore » vous dites ? La soirées touchera à sa fin après un set colossale signé par l’union quasi historique de deux mastodontes de la scène électro : Bob Sinclar et Pedro Winter. Copains comme il se doit, les deux djs aux cheveux dans le vent proposent de danser sur leurs plus grands titres, mais aussi ceux des copains (coucou Daft Punk) et puis aussi ceux qui savent réjouir un public varié. Bon enfant et mainstream, l’instant est peuplé de selfies, de t-shirts offerts à la foule et même de micro confettis balancés en s’amusant avec de mini canons par nos amis. L’été est là, bien installés et cette nuit évoque ces soirées là… comme on chantait des années 90. Il sera rapidement temps de déserter un peu la ville pour de nombreux parisiens. Non sans emmener avec eux un souvenir ému de ce Fnac Live, histoire de transporter un peu de la beauté des monuments et de la culture, pour mieux profiter des grains de sable chaud.

 


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Le Printemps de Bourges 2017 à l’heure des élections présidentielles: cris et chuchotements

  Tout le monde en parle. C’est aux centres des conversations depuis de nombreuses semaines,…

Festival Chorus
Festival Chorus – Crédit photo : Louis Comar

L’an dernier, le fameux festival des Hauts-de-Seine, dont la nouvelle formule à la Seine Musicale avait été rodée en seulement quelques années avait bien eu lieu en juin. Au programme, une sélection hip hop et beaucoup de soleil pour accompagner l’un des premiers festivals à revoir le jour. Il va s’en dire que l’édition 2022 était des plus attendue d’autant que, le Monde n’aspirait plus qu’à danser. Seulement voilà que la météo avait bien décidé de faire des caprices. C’est ainsi que c’est sous une pluie battante qu’un public s’est déplacé en masse ce soir pour retrouver le chemin de la salle de Boulogne.

Une expérience festivalière léchée

Si ce temps dont il est si bon se plaindre a forcé quelques spectacles à se déplacer in door, la fête elle promet d’être folle. Loin de se contenter de miser sur une programmation dense, le festival a choisi cette année de jouer sur une session où tout est fait pour satisfaire un public varié. Exit donc les simples food trucks entre deux concerts, l’audience majoritairement jeune, mais pas que, est invitée à un grand show aux nombreuses paillettes. Par paillettes, il faut penser au mot littéralement puisqu’un stand de maquillage se tient dans les premiers mètres qui séparent le festivalier de l’entrée du lieu. La queue s’y fait vite dense alors que nombreux.ses sont celles.eux qui en ressortent étincelant.es. C’est déjà bon signe, rien de mauvais ne peut sortir d’un lieu pailleté.

Festival Chorus
Festival Chorus – Crédit photo : Louis Comar

Autre nouveauté : deux fripes ont posé leurs valises dans l’enceinte de la salle. L’une offre des panoplies tout droit sorties d’années 90 fantasmées rayures et chemises à motifs en tête de liste. On peut s’y faire plaisir pour la bonne cause puisque les bénéfices seront, c’est promis, reversés au SAMU social. Bonne nouvelle on peut lutter contre la surconsommation de la fast fashion, un vrai fléau s’il en est tout en donnant aux bonnes oeuvres. Mieux encore les excellentes Balades Sonores ont pris d’assaut un stand avec leurs poches pleines de vinyles ( et une sélection issue de la programmation en tête de liste) pour faire plaisir aux plus grands amateurs de musique. Et si vous n’avez pas trouvé votre bonheur en ces murs, passez les voir rue Trudaine dans leur caverne aux mille merveilles gouvernée par Pepito le chat, vous y trouverez tout ce dont vous rêvez.

Festival Chorus
Festival Chorus – Crédit photo : Louis Comar

Époque nostalgique veut (et à raison, dire que c’était mieux avant en un temps de pandémie et de guerre n’a plus rien de l’adage d’un vieux con en mal de son adolescence) les années 90/ 2000 ont aussi pris une place centrale dans l’immense salle aux nombreux couloirs. Des écrans de télévision rétros et une deux chevaux font ainsi office de scène pour DJ sets. Pour parfaire le tout une bande costumée, entre strass et chemises ouvertes arpente les lieux. Fitness humoristique, pompes mais surtout danse aux airs de fête populaire se tiennent en son centre.  Le public est là, unis avec la tête un peu éloignée des élections qui arriveront dans deux jours.

Le décors est posé et il rayonne. Tant mieux, dehors il fait toujours trop froid. C’est à 19 heures que la programmation se dévoile enfin. Mieux vaut porter des chaussures confortables, il s’agira de courir d’une salle à une autre.

A salles variées, programmation pluri.elles

C’est donc les énervés de Johnnie Carwash qui ouvrent le bal sur la scène Club Rififx en souterrain. Comme le soulignera plus tard Maëva Nicolas de Bandit Bandit, le groupe fait en plus partie d’une scène française rock qui met more women on stage dont sa chanteuse. Le public est encore peu nombreux, certes, mais il est aussi hyper réceptif. Normal, la force garage d’une formation jusqu’au boutiste qui s’ose à un univers touchant au punk tape juste et fort. Impossible de rester impassible face à une déferlante d’énergie qui réveille plus que la douche liée à la pluie extérieure (il sera bon se plaindre de ce temps médiocre au mois d’avril encore un peu) et a le bon sens de réchauffer. Johnnie Carwash a autant de peps que de style et ce retour du rock français mérite toujours d’être soutenu au moins parce qu’il rime avec espoir.
C’est d’ailleurs grâce à notre combo qu’on pourra croiser hors scène mais dans les couloirs, la moitié d’Ottis Coeur, la tornade Margaux, autre groupe rock féminin divinement qualitatif et qui signe également les illustrations du groupe.

La soirée ne fait que commencer et voilà déjà que c’est à l’auditorium qu’il faut courir pour apprécier un spectacle bien particulier à la scénographie à couper le souffle : celui de Lucie Antunes. En préambule, il est important d’évoquer que la musicienne fait partie du renouvellement d’une scène 100% instrumentale qui s’ose sans vergogne à s’aventurer dans des contrées d’explorations musicales loin des genres des et des sentiers battus. A tel point qu’il est essentiel de vivre ses performances pleinement et comme un tout où l’intelligence du spectateur est autant flattée que son sens esthétique. Machine rodée oui, sophistiquée surtout, la musicienne s’entoure de bras mécaniques pilotés par le collectif Scale, qui se colorent et se déploient avec la beauté d’un ballet classique à mesure que les notes défilent. Qu’il est bon de découvrir de véritables propositions scéniques. Côté instruments l’électro la dispute aux percussions, maîtresses d’un moment aussi hypnotisant qu’élégant et millimétré. Un spectacle dont il est difficile de se lasser et vaut son pesant de billet verts.

Urbain sur Seine

Sam Wise - Chorus - 2022
Sam Wise au Festival Chorus 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Dehors donc, il fait un froid qui attaque les os. La pluie a quand même décidé dans sa grande bonté de calmer le jeu et peut-être qui sait, de se dire que c’est bon personne n’est venu là pour souffrir, la semaine dernière il neigeait quand même. En ce 8 avril donc, c’est sur le parvis qu’il faut tremper ses chaussures dans les flaques d’eau. C’est un londonien qui nous y attend, heureusement, eux ont l’habitude des températures basses. Sam Wise y débarque avec une certaine simplicité, sweat sur les épaules et DJ en arrière scène. Il distille un hip hop bien senti et accrocheur sous l’oeil bienveillant d’une poignée d’étudiants qui en profitent pour faire des selfies. La machine est huilée, les basses tabassent, le flow est bon. Basique peut-être mais n’est ce pas le mot qui a remis Orelsan au coeur de toutes les conversations. Il discute d’ailleurs volontiers avec l’audience et l’invite à un petit jeu « Quand je dis Sam, vous dites Wise » … « Sam ?!!! » « Wise » répond elle. Heureusement son nom a assez de gueule pour valoir d’être scandé par une foule, pas sûr que Michel Dupont aurait autant la classe.

L’air du hip hop est bien présente, c’est chose connue. C’est pour ça d’ailleurs que le festival avait l’année précédente fait la part belle à un rap français qui fait vibrer dans les cours de récré. Mais le rock lui, reprend une ascension fulgurante jouant d’un retour aux fondamentaux : les caves, les sons crasseux, les voix caverneuses. D’ailleurs sous sa mèche de cheveux volante, le chanteur de Dawaere cache une voix bien rauque et surtout bien rock. La scène post-punk est dans la place de soir, le timbre à la Idles en plus (certains diraient à la Nick Cave mais auraient-ils raison ?), la touche énervée en bonus suprême. Les guitares saturent et la petite scène du Club Riffix commence à bien se remplir. L’envie de pogoter est là, l’énergie tape partout comme des ondes qui tabassent. Tous les coups ne sont pas fait pour faire mal et cette claque derrière la tête fait office d’oasis dans une programmation plus grand public. A moins qu’elle ne soit pas celle que l’on croit.

Casser les codes

Un petit tour par la grande scène où l’on croise Pi’erre Bourne et son hip hop à la mode US pourrait bien faire mentir cette dernière phrase. Un écran géant en arrière scène lui permet d’ailleurs de s’afficher sous forme de dessin animé, dollars dans les mains à travers ses aventures. Le bonhomme s’offre un bain de foule dès le premier titre, la fosse est bouillante (contrairement à dehors où vous a-t-on dit qu’il faisait froid ?), le hip hop a la saveur d’un tour en low rider. Chill, classique, sautillant, un brin peut-être hors loi et la sauce balancée n’est pas pour déplaire.

Pourtant il est temps de revenir un paragraphe plus haut, sur ce cliffangher complètement fou, quelle scène n’est pas celle que l’on croit ? On dit que des jeunes qu’ils ne connaissent plus la vraie musique. C’est faux, l’habit de fait pas le moine (cachez vos grands-parents, les meilleurs proverbes sont de sortie, ça va swinguer). Et c’est Sofiane Pamart qui vient révolutionner le jeu. Il est fascinant de voir le succès tant mérité que s’offre cet artiste hors normes. Vêtu comme un DJ dans le coup ou un rappeur zélé, c’est en réalité un prodige du classique qui se cache derrière des vestes argentées et des casquettes. D’aucun dirait qu’en trois accords à la Chopin, dont il a, c’est indéniable le magnifique touché, l’audience s’enfuirait. Après tout qui écoute encore du classique ? Tout le monde à priori, c’est d’ailleurs pour lui que le festival est aujourd’hui si rempli. La file d’attente est sans fin, et nombreux seront celles.eux, déçu.es qui ne pourront assister à la performance de la soirée donnée dans l’Auditorium. Difficile d’en dire plus, puisque les rédacteurs de ces lignes auront eux aussi dû rester à la porte. Il sera pourtant rapporté de source sûre que de nombreux rappels auront lieu ce soir et pour l’avoir déjà vu performer, il sera aisé de largement conseiller de prendre des places au plus vite pour son prochain concert près de chez vous. Son album est également disponible sur le stand des Balades Sonores. Cette claque là est peut-être la plus forte, en un temps où l’accès à la musique est illimité, le classique peut encore avoir la cote si tant est qu’il perde son recul prétentieux faussement élitiste.

Une autre difficulté de circulation empêchera de bien profiter du show de French 79 en extérieur, là où il ne fait pas bon, les blagues les plus longues sont les meilleures. Les stands sont pris d’assaut, tous les visages sont pailletés et il faut attendre longtemps pour se délecter d’une bière ou d’un cornet de frites. Rien de bien grave, quelques pas de danse au centre de la salles, quelques morceaux issus des scènes 90’s/ 2000 et voilà que la bonne humeur perdure.

Barre de Paul Dance

Il est 23 heures 45 et la billetterie débite encore quelques tickets, normal, Paul Kalkbrenner débarque sur la Grande Scène. Cette dernière est pleine à craquer et quand le DJ entre dans l’arène tous les portables sont braqués sur lui. Ce sont autant de petites étoiles dans la nuit agitée. Les smartphones en poches et voilà que l’assistance se met à danser frénétiquement. Pas besoin d’artifices pour ce grand monsieur qui devant un écran aux jeux simples balance du très gros son. Les corps ondulent, les notes aussi, la fête est folle et si belle quand un public vibre en choeur.

Reste à saluer la dernière woman on stage de la soirée dans son immense duo Bandit Bandit. Le couple de Bonnie & Clyde à la française déborde d’une énergie communicative. Certains de leurs titres, références voulus à une scène française passée et plutôt 60’s leur valent la réputation de groupe OVNI qui peut séduire tout en se regardant amoureusement dans le blanc de l’oeil. Le couple ce soir a pourtant décidé de sortir les grosses guitares qui balancent. Maëva, la chanteuse est possédée, elle se rend dans le public, danse les cheveux dans les yeux, le tambourin à la main. Sa tendre moitié,  Hugo Helerman, de noir vêtue, donne à sa guitare des notes sensuelles. Sur « Maux » les deux s’offrent une danse endiablée en duo, bouche contre bouche, où confrontation et passion se marient si bien. Ces quelques instants ont une cinématographie à la pureté indéniable, un grain de folie communicatif et tapent fort dans l’amour fusion. La musicienne prend le temps de présenter un morceau personnel, s’attardant sur sa condition de femme malédiction ou bénédiction, qu’il aura fallu appréhender mais son rock lui, fait mouche bien au delà de toute considération genrée. S’il faut encore le dire alors oui, les femmes aussi savent faire un rock incisif et sans concession, que l’affaire soit ainsi prouvée.

Bandit Bandit - Chorus - 2022
Bandit Bandit au Festival Chorus 2022 – Crédit photo : Louis Comar

La soirée terminée, il faudra tout de même rentrer, la pluie s’est arrêtée, le froid lui ne compte pas encore s’en aller. Tant pis, s’il est bon se plaindre en musique, la chaleur humaine, elle, est l’épicentre de tous les festivals.


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