Pour la plupart des festivals d’été, cette saison 2022 est celle des retrouvailles. Reparler une nouvelle fois de la crise du Covid est ,certes, plus que lassant d’autant plus avec les constantes menaces de nouvelles vagues. Mais toujours est-il que tout cela a largement impacté le monde culturel et festivalier. Et si dans certains lieux de France, la vie est depuis repartie si vite qu’elle en donne le tournis, ici l’immense évènement profite de l’aura de ce retour tant espéré à la normal. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est possible d’entendre avant même le lancement des concerts, un photographe expliquer que ce retour en festival l’excite tout particulièrement. Pourtant ce retour après une longue absence n’est pas la seule particularité de cette édition des Deferlantes. Se retrouver certes, mais surtout ailleurs. Pour quatre jours de festivités exit le site d’ d’Argelès-sur-Mer et bienvenue à Cérès, nouveau fief de l’immense festival sudiste. Pour parfaire le tout, 4 jours attendent les festivaliers, petits et grands, avec une immense programmation internationale. Du 7 au 10 juillet, la fête y sera belle, c’est certain.
Un nouveau lieu pour une nouvelle vie
Le changement peut déstabiliser autant qu’il peut exciter. Alors lorsque les portes s’ouvrent sur le nouveau domaine du château qui nous accueille, l’heure est à l’inspection et aux comparatifs. Si celui-ci ne profite plus d’une vue et donc d’une scène mer / montagne, celle sur les Pyrénées verdoyantes est à couper le souffle. Plus plat que son prédécesseur, plus grand aussi , le site a été repensé. Il se séquence en plusieurs parties. Un château sublime, une grande roue, parfait décors instagramable, une tyrolienne aussi mais qui cette fois ne passe plus au dessus des scènes. D’autres propositions s’ajoutent pour parfaire l’expérience. un docteur Maboul géant a été installé, un lieu unique de food court, regroupant de nombreux food trucks a été installé, plus loin des scènes. D’ailleurs une nouvelle scène, sorte de puit aux nombreuses bouées multicolores a été installée pour ponctuer les après-midi de danses autour d’un DJ set. Si le charmant lieu a moins de grandiose que son prédécesseur – mais est-il seulement possible de tenir la comparaison avec l’incroyable domaine de Valmy ? – ce nouveau spot lui est bien plus pratique et l’espace pour profiter des deux scènes principales permet de profiter de toutes les performances et ce, où que l’on choisisse de situer. Que l’on soit premier rang ou chill dans l’herbe, l’affaire est plaisante. Un point pour toi le changement !
Let’s get the party started
Non, ne nous emballons pas les Black Eyed Peas concluront cette journée du jeudi. D’ici là, la programmation est à l’image des Déferlantes. Comme toujours elle s’alterne pour mieux séduire un public familiale où jeunesse fêtarde rencontre ses aînés nostalgiques. Deux scènes, avec donc vue sur les montagnes – et quelle vue à couper le souffle ! – s’alternent donc toujours pour ne pas manquer une miette des festivités : ouf, toutes les habitudes n’ont pas à changer.
Un vent violent touche la région en cette journée, les températures sont élevées mais ce souffle a forcé les musiciens, comme le soulignera plus tard Juliette Armanet, à venir sans aucun décors « Nus devant vous ». Point d’artifices donc, le live devra être qualitatif.
C’est donc Cali qui ouvre ce début de soirée, avec un peu de retard – qu’importe, personne n’est pressé. Il n’est pas surprenant de retrouver le chanteur ici, le festival est son fief et sa fierté. Et il faut dire que le monsieur sait communiquer son plaisir à être de retour. Tornade déchaînée, il débute sa performance sur « Je crois qu’elle ne t’aime plus » qu’il étire en se jetant directement dans la foule. Très respectueux des professionnels, il invite d’entrée les photographes à le rejoindre sur scène pour shooter depuis les hauteurs. Rien ne semble pouvoir l’arrêter lorsque qu’il va se percher sur les épaules des spectateurs dans la foule, reprend U2 et fait chanter l’assistance. Le show à ce côté bon enfant des vacances, cet esprit bienveillant qui peuple les festivals. L’énergie donnée ici permettra, il est certain de tenir jusqu’au bout de la nuit.
Le festival aime à changer de registre à mesure qu’il change de scène, c’est sans doute pour ça et aussi en clin d’oeil à Sum 41 programmé plus tard que Dropkick Murphys débarque sur scène. Le punk celtique s’est de noir vêtu ce soir. Si le public est bienveillant à l’égard de nos amusant farfadets, il semble évident qu’il n’est pas son public cible. Du coup plutôt que de créer de traditionnels circle pits et autres pogos, il sautille et danse gentiment. L’ambiance est à la camaraderie, qui a dit qu’on ne pouvait pas boire de rosé dans un pub ? Le groupe profite de son set pour annoncer son prochain album pour septembre, l’information est accueillie avec joie. Mais il enchaîne aussi ses classiques, s’offre une reprise de « The Bonny » du compatriote celte et folk Gerry Cinamon -ce génie- et enchaine ses succès. Il ne faut pas attendre la fin du set pour danser sur une chanson pour « the ladies » comprendre « Rose Tatooed » et finit sur son classique « I’m shipping to Boston » histoire de rappeler sa ville d’origine.
Les trentenaires ont pu reprendre une bonne gorgée de leur jeunesse, il est temps de mettre d’accord nouvelle et ancienne génération avec Juliette Armanet et sa chanson française. Il y a du France Gale chez la jeune femme de paillettes vêtue. Toujours aussi bienveillante et souriante que lorsqu’elle jouait au Fnac Live une semaine auparavant, elle balance quelques roses dans l’assistance lorsqu’elle entre en scène. Décidée à se prouver sans artifices donc, elle débute par un piano voix sur « Boom Baby » et enjoint la foule à reprendre le dernier refrain avec elle même « en chantant faux ».
Loin de rester greffée derrière son instrument, la chanteuse s’en détache volontiers pour danser. Quelques petites notes de piano évoquent sans conteste « Si maman si » mais la musicienne y impose son style et surtout sa voix sucrée et rassurante. L’immense qualité de son répertoire tient en sa capacité à se faire classique instantané. Difficile de penser qu’elle n’a percé que quelques années auparavant. D’ailleurs quand très tôt elle propose d’interpréter « L’Indien » et demande si « Vous le connaissez celui-là ? » les réponses sont unanimes. Fête d’un autre temps au milieu des années 2020, l’instant se fait joliment dansant et le soleil lui descend doucement pour mieux parfaire la performance.
On envoie une grosse menace !
Les plus jeunes, c’est pour PNL qu’ils ont fait le chemin. Tête d’affiche attendue, les frangins au rap nouvelle génération et aux airs lancinants savent remercier la foule. Vêtus de blanc, probablement issu de leur propre marque, ils tiennent à maintenir une image publique qu’eux seuls peuvent maîtriser. Du coup, voilà nos deux acolytes qui s’approprient l’espace scénique en y tournant en rond, l’arpentant comme des félins en cage. Si le son peut légèrement pêcher, l’envie de mettre bien ceux qu’il nomment « La mif » est très présente. Régulièrement, le duo se coupe pour parler et rappeler en boucle « C’est incroyable, faites du bruit pour vous. » Cette tournure de phrase se multiplie à l’infini mais préviennent-ils « On va envoyer une grosse menace là! » Ils enchainent leurs succès face à un public maintenant compact au premier rang. Voilà donc l’instant tant désiré par la mif, celui d’ « Au DD ». Sauf que, chose rare, les frangins prennent le pari de laisser le public le chanter sans instru se contentant de ponctuer l’instant de quelques mots qu’ils prononcent et accentuent. Les paroles sont sues par coeur, tout le monde les porte. Du coup les hôtes du moment s’en amusent « Merci pour ça, on va quand même vous le faire pour de vrai ! » Et voilà que joignant le geste à la parole, ils reprennent le morceau de plus belle, cette fois-ci en entier. Un dernier titre, « Déconnecté » conclut le moment et laisse un public bouillant d’excitation.
Ce qui surprend aux Déferlantes c’est bien cette capacité à passer d’un registre à un autre sans sourciller. Voilà donc que Simple Minds prend la relais. Eux galvanisent un public plus âgé et donc plus à même de venir danser et chanter. Lorsque le chanteur débarque au milieu de ses musiciens et d’un décors coloré mais minimaliste, l’expérience transparait de son jeu de scène. Il tente de faire de la scène son puit de jouvence. Saute et danse, sourire aux lèvres. Le talent des musiciens coule de source, les titres s’enchaînent dans un esprit bon enfant où le spectacle est mot d’ordre. Evidement les pas si simples gros singles du groupe dont « Don’t You (forget about Me) » sont interprétés.
Pendant ce temps-là, prêt du château, une petite scène offre des performances à couper le souffle dont celle des immenses Meute et leu orchestre flamboyant, multiple, coloré et hors du temps. Ceux qui veulent prendre une petite pause côté têtes d’affiches y trouvent leur meilleurs instants, festif et hautement calibré.
Il n’y a pourtant pas de temps à perdre, la soirée touche bientôt à sa fin mais deux immenses performances viennent s’ajouter au tableau.
Ladies and gentlemen, the show is going crazy !
Il était un film qui s’appellait « La cinquième vague » et qui retrace des attaques aliens par donc couches successives. La comparaison avec le show de Sum 41 s’y fait en un point : c’est bien par vagues de surprises qu’il est possible de découvrir que le rock alternatif dans sa grande famille fait son retour en force. Le concert à Bercy de my Chemical Romance et son public de lycéens, l’accueil réservé à Fall Out Boy au U Arena et sur les réseaux sociaux et maintenant, t-shirts et doigts en forme de corne de diable pour la bande de Derryck Wimbley aux Deferlantes, pas besoin d’être un brillant détective pour tirer des conclusions : ils sont de retour. La chose fait quand même chaud aux coeur aux adultes bien établis qui ont grandi avec ce rock si particulier.
C’est sur « Motivation » que la troupe débarque sur scène. Un classique qui prend immédiatement aux tripes et aux pogos. Avec la maturité, Sum 41 a gagné en capacité. C’est d’ailleurs eux qui signeront le show de la soirée. Par parce que leur répertoire est meilleur ou non que celui des autres mais parce qu’ils savent canaliser une audience et la déchaîner en usant de ficelles bien rodées et d’une énergie communicative. Après de nombreuses péripéties, le leader du groupe a repris du poil de la bête et est devenu une tornade impossible à arrêter qui ne se prive pas d’avoir gagner en capacités vocales. Le voilà donc qui invite les « Ladies and gentlemen » à se déchaîner parce que : « On y est enfin, on a attendu toute la soirée de vous retrouver motherfuckers ! ». Après un début très pop punk, le groupe avait pris un tournant plus « hard rock » qui s’exprime dans l’interprétation des titres. On passe d’ « Over my Head » à « In too deep » et même « Pieces » sans perdre le nord. Le leader aidé de ses fidèles acolytes s’amuse sur « les premiers et seuls morceaux qu’il sait jouer à la guitare hors Sum 41 » riant à gorge déployée pour mieux interpréter quelques notes de « Seven Nation Army » dont le tadada sera repris en choeur par la foule. La question « qui a déjà vu Sum 41 en concert ? » voit de nombreuses mains s’élever. C’est sur le classique « Fat Lip » que s’achève une performance énergique qui aura aussi vu le public s’accroupir pour mieux sauter dans les airs. On ne change pas une recette qui a fait ses preuves et fonctionne toujours aussi bien.
Le retard cumulé fait démarrer les Black Eyed Peas vers 1 heure du matin. Qu’importe puisque la performance est des plus attendues. La leçon dite Sum 41 est vraie pour tout. Les années 2000, elles reviennent. Aucun gros succès ne sera épargné par la troupe de Will I Am qui occupe parfaitement l’avant-scène. A commence par « Let’s get it started ». Le show du groupe est d’ailleurs une revue dansante quasi clubbing de l’immense répertoire de la troupe. L’absence de Fergie se fait sentir mais elle est compensée par des musiciens déchaînés et portés par une foule qui connait chaque single au mot prêt. « Pump it », « I Goota Feeling », tous y passent alors que la scène se partage entre proximité et sauts survoltés.
Il faut pourtant se dire au revoir et rentrer rapidement dans la nuit noir peuplée de bourrasques de vent. Demain, la fête continue et promet un été inoubliable.
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