Comme chaque année du 23 au 25 juin, Solidays se déroulera à l’Hippodrome de Longchamp. Cette année l’évènement y fêtera ses 25 ans. Si souvent, l’accent est mis sur une programmation choisie avec soin pour satisfaire un large public, il ne faut pas oublier que le festival est là pour participer activement à la rechercher et à la lutte contre le SIDA. Du fait de sa cause importante mais aussi de son ambiance particulière, l’évènement tient particulièrement à ses bénévoles qui oeuvrent à l’année autant sur site qu’aux côtés de Solidarité SIDA. En quoi consistent leurs missions ? A quoi ressemble la vie de bénévoles pour Solidays ? Quels sont les souvenirs, temps forts et actions déployées ? Nous avons rencontré Mélanie Preyzner, bénévole engagée depuis maintenant 8 ans sur le festival. Passionnée, elle nous raconte son expérience et pourrait bien vous convaincre de rejoindre son équipe.
Popnshot : Depuis combien es-tu bénévole pour Solidays ?
Mélanie : Ca va être ma huitième année. A la base j’étais bénévole pour Sidaction. Parfois, je passais des appels, je faisais de la mise sous plis de magazine par exemple que j’envoyais à des partenaires, des médecins … Je fais Solidays depuis que j’ai eu l’âge d’y aller seule en tant que festivalière. J’ai une pote et son mec qui sont maintenant bénévoles depuis 15 ans. Et c’est eux qui m’ont dit de venir faire ça avec eux. Moi mon cousin est décédé du SIDA en 2014 et avec ma cousine on s’est inscrites en 2015 pour devenir bénévoles.
Popnshot : Concrètement, tu fais quoi ?
Mélanie : Tout au long de l’année tu as des missions qui peuvent être la vente des rubans rouges par exemple. On peut aider en amont à préparer l’exploitation du festival ou du gala de Solidarité SIDA qui a lieu une fois par an. Là on fait comme sur Solidays, on s’occupe des entrées, du public, des artistes. C’est varié, on peut t’appeler pour de la logistique. Il y a peu on m’a par exemple demandé de faire de l’Illustrator. On t’appelle en fonction de tes compétences et de ton CV. Il y a aussi un pôle prévention. Ce sont des bénévoles qui ont une formation particulière et qui eux vont faire des actions auprès des personnes à risques. Dans les soirées par exemple, en accompagnant des travailleurs du sexe, des utilisateurs de drogues… Et il y a les après-midis du zapping où ils interviennent auprès de lycéens . Ce sont des actions sur lesquelles, ils parlent de sexualité et répondent à leurs questions sur la santé sexuelle. Il n’y a pas de diabolisation du sexe, on parle de plaisir et consentement.
Je me rappelle d’une infirmière qui disait qu’ils n’avaient pas de matériel donc ils utilisaient un pied de chaise pour montrer comment utiliser une capote.
Popnshot : Tu as des retours sur ces interventions ?
Mélanie : Il y a de super retours. En général, ils sont super contents. J’y ai assisté pas en tant que bénévole prévention mais pour les assister. Ils sont contents que des gens répondent à leurs questions. Je me rappelle d’une infirmière qui disait qu’ils n’avaient pas de matériel donc ils utilisaient un pied de chaise pour montrer comment utiliser une capote. C’est bien de pouvoir parler sans mettre de tabous, mais il faut aussi donner les moyens aux gens d’en parler. On parle de tolérance, des différents types de sexualité, des IST, de consentement. Il y a des projections de spots c’est pour ça qu’on parle de zapping.
Popnshot : Ce sont les spots qu’on voit avant les concerts ?
Mélanie : Entre autre oui.
Popnshot : ça se retrouve où ça sur le festival ?
Mélanie : Il y a différents espaces qu’on appelle les espaces Sens. Le village des associations, c’est là où on retrouve des associations spécialisées sur la prévention mais aussi des partenaires parce que Solidarité Sida récolte des fonds pour d’autres associations. Il y a aussi l’expo qui s’appelle Sex and the City. Il faut la faire. La première fois qu’on la faite avec ma cousine, elle m’a dit putain j’ai trente piges et j’ai découvert des trucs (haha).
Peindre une scène par exemple j’avais jamais fait. Ça tâche de ouf, j’ai des vêtements qui s’en rappellent encore!
Popnshot : Tu disais qu’on peut t’appeler sur tes compétences. Comment ça se fait ?
Mélanie : Quand on s’inscrit on remplit un petit CV. On nous demande si on a des compétences en particulier : est-ce que tu travailles dans la musique ? Est-ce que tu es infirmière ? Est-ce que tu as ton brevet de secouriste ? Est-ce que tu travailles dans la musique ? Si tu as quelqu’un par exemple qui est habitué des scènes, ça peut être très intéressant. Il y a évidemment aussi des pros qui sont là mais on vient les aider. Peindre une scène par exemple j’avais jamais fait. Ca tâche de ouf, j’ai des vêtements qui s’en rappellent encore, j’ai jamais pu les récupérer (rires).
Popnshot : ça te prend combien de temps ce bénévolat ?
Mélanie : Le temps que tu veux, tu n’as pas d’obligations. Si tu t’inscris sur Solidays, il faut que tu sois présent les trois jours de festival. J’ai reçu les propositions pour les montage par exemple. Il démarre fin mai, ça se termine le 2 juillet. C’est assez dingue d’ailleurs on a trois semaines de montage et une semaine de démontage. Déjà quand les festivaliers sont partis, dans la nuit, la moitié du festival est démonté. Le lundi matin il y a des créneaux 8 heures, 18 heures, on se réveille après l’after des bénévoles et il n’y presque plus rien, c’est impressionnant. La galère à monter c’est que ça se passe au mètre. Défaire c’est plus simple. En plus en montage, il y a les décors qui sont faits par des pros et des bénévoles. C’est un taff de fou mais c’est génial. On aide sur tous les fronts.
Popnshot : Vous avez le temps de profiter du festival ?
Mélanie : Oui largement, après j’ai l’impression que plus ça va et moins je passe de temps sur le festival. Mais c’est aussi peut-être parce que je taffe dans la musique donc les artistes souvent, je les ai déjà vus. On a des bénévoles qui posent leurs congés pour venir travailler. A l’époque quand je bossais en entreprise je faisais ça. Tu crée pas mal de liens parce que quand tu fais le montage tu passes beaucoup de temps avec les autres, c’est une sorte de grosse colo. On est habillés à l’arrache, on transpire, on est couverts de poussière, on est pas coiffés, on s’en fout. Tout le monde est sur pied d’égalité. Il y a des gens je ne sais ni leurs âges, ni ce qu’ils font de leurs vies. Mais je sais depuis combien de temps ils sont bénévoles.
Popnshot : Tu retrouves toujours les mêmes personnes sur place ?
Mélanie : Un peu des deux. On revoit beaucoup de personnes mais il y a aussi beaucoup de nouveaux. Il y a des gens qui reviennent mais il y a un noyau dure. Certains sot là depuis le premier Solidays.
Popnshot : Qu’est-ce qui fait que toi par exemple tu reviens chaque année ?
Mélanie : Je pense qu’il y a la cause. Mais il y a aussi les gens et l’ambiance. C’est familiale. On est bien traités en tant que bénévoles. Même si on est râle, on est français (rires). Tous les mois un apéro est fait avec les bénévoles, on se retrouve tout le temps. On sort de Solidays, on organise un pique-nique pour contrer le Soli-blues.
Popnshot : Vous êtes combien ?
Mélanie : En tout, je pense 3000. Après les équipes viennent de toute la France.
Donc même ceux qui viennent pour d’autres motifs sont sensibilisés et savent pour quelle cause ils se battent. Ceux qui viennent ne viennent pas par hasard.
Popnshot : Tu penses qu’au niveau des bénévoles, il y a de la concurrence avec les autres festivals ?
Mélanie : Solidays c’est différent parce que tu es là pour une cause. Il y a beaucoup d’entreprises qui sont partenaires, qui font des réductions… parce que le but de Solidays qui est de récolter des fonds pour la recherche et la lutte contre le SIDA est important. C’est l’engagement principal. Pour les bénévoles c’est moitié- moitié entre la programmation et la cause. Mais pour devenir bénévole à Solidays, il faut t’engager auprès de Solidarité SIDA donc tu payes ta cotisation et as une formation VIH. Donc même ceux qui viennent pour d’autres motifs sont sensibilisés et savent pour quelle cause ils se battent. Ceux qui viennent ne viennent pas par hasard. Et puis même le public me bluffe. C’est vraiment un festival de bisounours. Toutes les 5 minutes, le public nous remercie. Ca fait plaisir.
Popnshot : D’ailleurs, le public, il est sensible à la cause selon toi ?
Mélanie : Oui en grande partie. Pas tous évidemment. Moi je suis en poste sur le Social Club. C’est un lieu où il y a des conférences de sensibilisation mais aussi sur l’actualité. L’an dernier on a beaucoup parlé de climat, on a parlé des JO, Hugo décrypte est passé. D’autres années, on a eu des reporters de guerre, on a eu Bill Gates… A chaque fois, notre équipe va faire du rabattage et on invite le public à venir. Et en général même si c’est avant les concerts, c’est comble. Même parfois trop. Sur l’expo Sex and the City c’est toujours comble.
Au moment du pique de l’épidémie, on ne savait pas quoi faire des corps du coup les personnes étaient incinérées, il n’y avait pas de tombes. Les familles des personnes qui sont décédées du SIDA ont créé d’énormes patchworks, les associations les ont récupérés.
Popnshot : Il y a un moment fort lié à Solidays que tu aimerais nous partager ?
Mélanie : Il y a la cérémonie contre l’oublie avec les patchworks des noms. C’est association qui vient je crois de San Francisco. Au moment du pique de l’épidémie, on ne savait pas quoi faire des corps du coup les personnes étaient incinérées, il n’y avait pas de tombes. Les familles des personnes qui sont décédées du SIDA ont créé d’énormes patchworks, les associations les ont récupérés et ils font la forme d’un énorme cercueil avec les noms des gens. Parfois, il y a des morceaux de vêtements, des mots, du sang, il peut y avoir du sperme. Ils y ont mis des choses très personnelles. Elles sont gardées depuis des années. Et à un moment le samedi, on déploie ça, c’est magnifique. Il y a les soeurs qui sont là et on dit les prénoms pour se rappeler d’eux. C’est très émouvant. Une année, j’étais en contrôle accès et là j’ai vu un vigile, normalement hyper stoïque, moi je pleurais, je l’ai regardé, lui aussi il avait la larme aux yeux. C’est toujours beau, on finit par se faire des câlins. Il y a aussi l’hommage aux bénévoles qui est un grand moment. Tout le public est là et c’est impressionnant. Mais ce n’est pas le moment qui me touche le plus.
Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site de Solidays.
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