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Adrianne Lenker

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Aimer Big Thief, c’est faire partie d’une communauté. On y partage un amour de la musique, c’est vrai, mais aussi des valeurs communes. Depuis leur brillants débuts en 2016, la formation n’a cessé d’accroître sa notoriété, montant en puissance au cours des derniers mois. Si le succès tient notamment à la diffusion massive du titre « Vampire Empire » et à la beauté des compositions des génies du folk rock, il est également en partie lié à sa chanteuse et guitariste Adrianne Lenker. Musicienne magnifique à la plume affutée, spécialisée dans les compositions à fleur de peau, elle excelle à créer autour de son univers un havre de douceur et de bienveillance. Le 22 mars 2024, elle publie sa nouvelle pépite à l’évidence folk et à la douceur inspirante, le lumineux « Bright future ». Impossible pour nous de ne pas en parler et le conseiller avec quelques mots qui viennent du cœur.

Adrianne Lenker - Credit : Germaine Dunes
Adrianne Lenker – Credit : Germaine Dunes

« Bright Future » : que la lumière soit !

Adrianne Lenker est amoureuse. Si sa compagne Staci Foster a envahi les publications de son compte Instagram, elle laisse également sa marque indélébile au cœur de ses compositions. Hantant par la même occasion les écrits d’une musicienne aujourd’hui à fleur de peau. C’est certainement l’une des marques de fabrique de « Bright Future ». Un opus qui sent le printemps et personnifie la saison du renouveau et de la lumière qui augmente crescendo. Voilà qui change radicalement des compositions du chef d’œuvre solo d’Adrianne Lenker : « Songs and Instrumentals » publié en 2020. Sorti au milieu du chaos de la crise Covid, le puissant album dont le nom était il faut le dire très explicite, offrait une ballade poignante et douce amer dans la nature quand les libertés individuelles venaient à manquer. Signature toute particulière de cette pépite épique, la présence d’épines de pin, devenues instruments pour l’occasion. Si ce n’est déjà fait, il faudra d’urgence écouter encore et encore le titre « Indygar », je ne peux que vous promettre l’un des plus beaux moments de musique de ces dernières années.  « Bright Future » est-il si différent de son prédécesseur ? Oui et non.

Marcher pieds nus dans la nature

La nature donc, est l’un des principaux atouts des mélodies signées en solo ou non par Adrianne Lenker. C’est aussi vrai d’ailleurs en ce qui concerne la musique du guitariste de Big Thief, Buck Meek qui publiait un recueil hommage à la musique américaine et donc aux accents country « Haunted Montain » en août 2023. Montagne et pins ? Pas pour cette fois, ces derniers ayant céder leur place à des paysages boisés. Enregistré en quelques heures de la matinée sur bande analogiques et en quelques jours dans un studio dans la forêt, l’album en garde l’intégralité de l’emprunte. Evidemment la folk y prend une part dominante. Quelques éléments country viennent s’ajouter au tableau, après tout, le courant séduit aujourd’hui le monde de la musique, Beyoncé en tête de liste qui lui promet son prochain album. Loin des paillettes de Queen B, la talentueuse madame Lenker, elle, marche toujours sur la pointe des pieds. Avec sa voix, reconnaissable entre mille, elle chante entre ses dents comme le vent traverse les arbre et convoque un bien-être immédiat. L’album s’ouvre sur un temps calme, une forme de méditation introspective où le léger sifflement d’une voix unique vient toucher la nuque de chaque auditeur. « Real House » dure presque 6 minutes pendant lesquelles il ne faudrait pas ouvrir les yeux une seule fois. Une voix et quelques notes, lâchées avec douceur en un seul timbre viennent habiller cette ouverture. De l’album, la chanteuse avait au préalable dévoilé deux titres : « Ruined » en premier puis « Sadness as a gift ». Le premier servira de clôture à « Bight Future », le deuxième aide à entrer dans l’opus et se place en seconde position. Il est aussi l’un des plus joyeux de la galette, celui à la folk la plus lumineuse offert comme un cadeau et dont le refrain accroche et écorche dès sa première écoute. Il se construit comme une course dans la forêt. Les genoux écorchés à la suite d’une chute n’empêcheraient en rien d’en apprécier l’essentiel souvenir.  Ce pourrait être une façon de parler de celui qui lui succèdera : « Fool » dont l’instrumentation n’est pas sans rappeler « Spud Infinity » – et cette comparaison sera vraie sur beaucoup de titres de « Bright Future ».  L’un des titres les plus enjoués de « Dragon new warm mountain I believe in you », le dernier album de Big Thief.  Sur ce dernier, on retrouvait Noah Lenker, son frère, à la harpe de bouche. La musique est chez les Lenker une histoire de famille. Noah signe d’ailleurs le clip de « Bight Future ». On le retrouve également au générique de « Fool » qui permet aux chiens d’Adrianne et de sa compagne mais aussi à Stacy elle-même de jouer les vedettes. Il est important de souligner la présence des chiens, puisque ceux-ci ont une place toute particulière dans la musique d’Adrianne Lenker. Ils y sont souvent mis en avant et même cités dans les paroles de « Masterpiece », premier chef d’œuvre de Big Thief. Car la musique pour notre chanteuse, c’est une histoire de famille, d’amour, de chiens et d’amitié.

L’amitié comme source d’inspiration

Adrianne Lenker - Credit : Germaine Dunes
Adrianne Lenker – Credit : Germaine Dunes

« Bright Future » parle d’amour c’est une évidence.  Chaque mot de « Ruined » est placé pour évoquer notre propre impuissance lorsque les sentiments nous bouleversent. C’est aussi le cas avec « Vampire Empire » qui s’offre une apparition surprise sur cet opus dans sa version la plus folk et enjouée.  Pour mémoire, le titre avait déjà profité d’une sortie en solo et en 45 tours, mais cette fois-ci pour s’ajouter à la discographie de Big Thief. En outre du sentiment amoureux, le titre traitait également de la question de l’identité de genre et du fait de se défaire de ses schémas toxiques pour recevoir un amour ininterrompu et total. Cet amour il peut prendre plusieurs visages. Lors de son interview pour Popnshot en août 2024, Buck Meek  expliquait que Big Thief n’est qu’une infime partie d’un immense collectif d’artistes et surtout d’amis. Et cette amitié, elle s’écrit également au futur. L’album est en effet né de cette alliance. On y retrouve le producteur Philip Weinrobe, le multi-instrumentiste Mat Davidson, Nick Hakim et de Josefin Runstee.  La pochette, elle, est signée Germaine Dunes, connue pour sa musique mais aussi pour être la compagne de Buck Meek. Il faut dire que dans sa genèse, ce nouvel opus devait en réalité être une collaboration expérimentale entre amis, une sorte de jeu sans enjeux.  Finalement ses qualités lui permirent une véritable sortie. Voilà qui explique les variations qui l’habitent et l’impression de vivre un moment autour d’un feu de camp lors de son écoute. Dans le registre le titre « Candleflame » sonne comme une évidence. Il résonne telle une douce confidence que l’on transmet à ses proches, un moment de partage en douceur. Mais n’est-ce pas là l’âme de la musique de notre chanteuse dont le naturel sonne toujours comme la meilleure oreille attentive ?

Cette même oreille sera prêtée en live. Puisque au delà des notes et des accords, la musique permet de s’écouter de part et d’autre. Les paroles deviennent aisément l’illustration de nos sentiments et les musicien.nes les ami.es dont nous avons toujours eu besoin. Adrianne Lenker portera la flamme de sa bienveillance au Trianon de Paris le 2 mai 2024. L’occasion d’apporter son brun de verdure dans une capitale urbaine mais aussi de vivre un moment d’osmose. Cette date printanière est à elle seule la promesse d’un avenir radieux.


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big thief dragon new warm mountain i believe in youIl était une fois un monde dans lequel tout devait aller vite. Les albums devaient être courts, la musique devait servir à faire danser, les paroles devaient parfois offrir des punchlines à répéter en soirées.  Et puis, comme d’un coup de baguette magique voilà que Big Thief y sortait un nouvel album à contre-pied des attentes. Il y réunissait 20 titres dont chacun y prenait le temps d’exister, de se laisser vivre, de flotter dans les airs et de percuter les cœurs. Pas étonnant donc que ce joyau, digne des plus belles tiares se soit nommé « Dragon new warm mountain I believe in you ». Un animal imaginaire et majestueux tout aussi onirique que la balade au pays imaginaire que le groupe nous invite à visiter.

Au commencement était la douceur

C’est sur la pointe des pieds qu’Adrianne Lenker et sa troupe engagent cet album. « Change » convoque l’âme d’une folk inspirée où il fait bon exister. L’entrée dans cet univers se fait avec douceur. Les notes se délient et se dégustent, tout ici n’est que luxe et volupté. Dans ce royaume lointain les hôtes proposent de prendre part à une fête improvisée. « Time Escaping » a la gaîté d’une nuit autour d’un feu de camps, où histoires et danses se mêlent. Elle se poursuit sur « Spud Infinity ». Pour parfaire le moment, la joyeuse bande invite les instruments folkloriques à se joindre à l’évènement. Tout en gardant sa profonde mélancolique à la pop acide, Big Thief crée une aparté emprunte de joie et pourrait bien rapatrier quelques joyeux lutins alors que les notes sautillent et les ombres virevoltent au gré des flammes.

Et puis, place à la féerie, aux rivières de diamants. Le titre qui donne son nom à l’album donne envie de croire. Le Monde pourrait être peuplé de nymphes et autres créatures mystique. Rêve éveillé aux confins de la pop, sa douceur n’a d’égale que sa maîtrise et son rayonnement. La voix aérienne y répond avec délicatesse aux notes savamment pensées. Comme dans une rivière au mille reflets, elle coule de source, sonne autant comme une évidence connue qu’une individualité revendiquée.

S’envoler en terre pop

Il est temps de s’envoler et de déployer les ailes de « Sparow ». D’ailleurs, le titre n’a de cesse de décoller en une ritournelle qui se répète. Là encore l’évidence folklorique répond à une voix aérienne qui sait se casser pour mieux marquer ses mots. La comptine y est appuyée et vu du ciel que les paysages sont beaux. Comme dans un cocon chaleureux, Big Thief cajole et envoûte. Ce titre biblique évoque par ailleurs avec subtilité la genèse, la pomme acide se revendique et se déguste comme un poison dans lequel il est bon croquer.

S’en suit le magistral « Little things », un petit rien royal qui pose son ton dès ses toutes premières secondes. S’il fallait évoquer la perfection dream pop, le morceau ferait office d’exemple. Sa retenue musicale fait écho à un entrain à la perfection rare. Montée en puissance constantes, la voix s’y positionne avec naturel, elle se positionne en tête pour mieux masser les esprits en un simple coup de baguette aux milles étoiles. Les guitares s’emballent, l’invitation à s’échapper est là mais aussi l’obsession pour l’être aimé. Ces petites choses que l’on aime dans ce morceaux le rendent addictif, poignant. Chaque note y est un élément à chérir qui compose un grand tout à aduler.

Un second acte entre folklore et magie pop

big thiefEn sa moitié, l’opus donne du souffle pour mieux repartir avec entrain sur « Flower of blood ». Doit-on penser à « Blood Flowers » l’album culte des Cure ? Il en a du moins le génie. Sans s’aventurer dans les sombres contrées du groupe de Robert Smith, la formation en garde la beauté mélancolique.

Pour plus de noirceur il faudra attendre les prochains titres. « Blurred View » évoque l’épaisseur de Portishead et a l’étoffe d’un « The Rip ». Pour se remettre et comme un clin d’œil au début de l’opus il faudra s’oser sous la lune de « Red Moon » une danse mystique aux nombreuses vertus proches de la sorcellerie.  Big Thief n’a de cesse de se réinventer, de changer de ton en gardant ses gammes. Impossible de ne pas marquer le pas sur ses dernières notes qui s’emballent à toute allure.

Si l’album était jusqu’ici conçu comme un rêve, il est temps d’ouvrir les yeux. Les rythmiques puissantes appellent d’ailleurs l’oreille à prêter attention dès les premiers instants de « Wake Me Up to Drive ». Mais comme toujours, le début ne laisse en rien présager la fin. Comme sur des montagnes russes, l’album prend le temps de faire des poses, de s’offrir des montées sans fin pour mieux apprécier l’univers qu’il invente. La voix d’Adrianne devient enfantine avant de mieux reprendre cette rayure folk qui lui confère son sublime.

Un essaim vibrant

Il est singles qui ne se détachent pas des albums. Ils sont choisis par les maisons de disques pour leur qualités vendeuses mais non pour l’effort qu’ils représentent.  L’immense « Simulation Swarm » fait mentir tous les adages. En seulement quelques secondes le titre colle à la peau et au cœur. Ses répétitions savamment dosées se glissent dans les os. La résurrection est-elle possible ? Entre la berceuse apaisante et l’hymne hypnotique, un morceau aussi puissant du côté de la pop et de son amie la folk n’avait pas vu le jour depuis des années. Tourbillon aux mille merveilles, aux montées qui savent se maîtriser, au raffinement sans fin, il dégage la poésie d’un joyau brut. Le mont aux trésor de cet album est à écouter en mode repeat sans jamais sans lasser. Il n’est d’ailleurs pas sans rappeler le tout aussi intemporel « U.F.O.F ».

Il faudra pourtant le laisser, de façon assez abrupt il faut en convenir sur le titre d’après qui débute par la voix de sa chanteuse comment un raté travaillé, un démarrage à la hâte. Intitulé « Love love love », il ne peut que résumer en trois mots la sensation globale procurée par les 20 titre de cet opus qui passe sans jamais trébucher de la mélancolie au folklore toujours dans un pays où les mythes et croyances sont légions.

C’est « Blue Lighting » qui conclut dans la lumière cette démonstration de force contenue. Une dernière danse avant la fin pour redonner à la folk sa juste définition. Et la suite ? Elle conduira à reporter les deux concerts parisiens de Big Thief au mois de juin 2022. La princesse Adrianne Lenker elle et ses preux chevalier, vécurent aussi heureux que le public qui les écoute et il faut le souhaiter donneront naissance à beaucoup d’albums de ce calibre.


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