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juillet 2025

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Festival d’avignon : Prologue

festival d'avignon 2025
festival d’avignon 2025 affiches in et off

La 79e édition du Festival d’Avignon (In) et la 59e du Off se clôturaient ce samedi 26 juillet. C’était donc l’occasion de découvrir près de 2 000 pièces (in et off confondus), de qualité, de forme et de fond bien différents pendant trois semaines. D’un magicien misogyne à un Opéra pompeux en passant par du théâtre documentaire de haute voltige – il y a tout et rien à Avignon. La course effrénée au succès et la joute du tractage transforment la ville en une immense pièce de théâtre, temple de la culture et de l’art. Notre sélection purement aléatoire et arbitraire a pour but de valoriser des travaux méritant plus de visibilité mais n’hésitera pas à critiquer les grands noms qui, mauvaise critique ou non, ne manquent jamais de public.

 

scène 1 – la Distance de Tiago Rodrigues

 

La création du directeur du Festival In met en scène les messages qu’un père envoie à sa fille en 2077 alors que celle-ci est partie sur Mars pour créer une nouvelle humanité. Sur scène, Adama Diop et Alison Deschamps incarnent avec tendresse et fragilité cet échange intime à travers la galaxie. Le plateau circulaire tourne au gré d’un récit qui interroge avec une force percutante les questions de mémoire, d’intimité et d’écologie. Une création poétique et politique bluffante en tout point.

 

scène 2 – CRASH de Sophie Lewish (Compagnie Hors Jeu)

 

Coup de cœur de cet Avignon, CRASH redonne vie au procès de l’affaire Tarnac : un groupe anarchiste accusé d’acte terroriste fait l’objet d’un procès demeuré dans les mémoires comme un fiasco judiciaire. Sophie Lewish, la metteuse en scène, a assisté aux trois dernières semaines de ce procès et propose une pièce survitaminée, drôle et politique. Les cinq interprètes jonglent entre de nombreux rôles avec une aisance à toute épreuve, s’avérant toujours justes dans leurs propositions. Foisonnante et pertinente, CRASH se fait le miroir d’une justice faillible dont elle interroge les revers. Un immanquable à voir lors de leur prochain passage près de chez vous.

 

scène 3 – Lights on Chaplin de Alwina Najem-Meyer (Troupe WahnsinN !)

 

Spectacle muet en noir et blanc virtuose, « Lights on Chaplin » reprend Les Lumieres de la Ville dans une forme théâtrale drôle et touchante. Sur le plateau, la magie du cinéma prend vie avec un pianiste live. Les interprètes sont d’une grande justesse et donnent vie à ce théâtre de corps avec expressivité et enthousiasme. Un immanquable de cet Avignon.

 

scène 4 – Les Incrédules de Samuel Achache

 

Que dire de cette création à l’Opera d’Avignon que propose Samuel Achache (Sans Tambour, Orfeo…) ? Etudiant la notion de miracle dans une forme musicale riche, l’opéra débute alors qu’une jeune femme qui vient d’apprendre la mort de sa mère par téléphone voit cette dernière rentrer dans son appartement. S’en suit une coquille vide et pompeuse qui ne dit rien sur rien avec des moyens démentiels. La scénographie a beau être splendide, Les Incrédules met à l’épreuve une lassitude qui ne diminue aucunement durant ses 2h10 de spectacle. Nous voilà coi devant cette proposition pourtant prometteuse.

 

scène 5 – YES DADDY de Bashar Murkus

 

Un homme atteint d’alzheimer appelle un escort à son domicile. Très vite le jeune éphèbe se fait passer pour le fils de ce vieil homme dont il joue avec la mémoire par divers moyens. Cette création intrigante qui pose la question du mensonge, du fantasme et de la mémoire s’échoue dans une série de situations gênantes qui aboutissent à un propos creux. La pièce ressemble davantage à une psychanalyse névrosée et obscène qu’à une réelle proposition sur la solitude et la vérité. Le jeu de mot est prévisible mais ce sera NON, DADDY pour nous.

scène 6 – L’enfant de verre de Leonore Confino et Géraldine Martineau (m.e.s Alain Batis)

Cette fable onirique et touchante déploie un univers d’une grande fragilité. Au sein d’une famille qui s’aime, tout semble transparent mais tout est tranchant. Alors quand Liv brise la mésange de verre dont chaque femme hérite à 15 ans dans sa famille depuis de nombreuses générations, la cage se brise et les non-dits éclatent avec douceur. L’Enfant de verre demeure parfois trop suggestive, mais parvient à viser juste par ce conte théâtral porter au plateau avec beaucoup de poésie.

 

scène 7 – Cabaret Mythique des Mauvais élèves

 

Mis en scène par Shirley et Dino, ce cabaret queer explose les codes de la mythologie pour repenser entre autres la place des femmes et rire avec désinvolture  des mythes fondateurs de l’Occident. Avec légèreté et insolence, les Mauvais élèves rient et chantent pour déconstruire le cis het blanc mythologique et offrent une bulle de joie revigorante.

 

festival d’Avignon : Épilogue

festival d'avignon
FUTUR PROCHE
choregraphie Jan Martens scenographie Joris Van Oosterwijk avec Zoe Ashe-Browne, Viktor Banka, Tiemen Bormans, Claudio Cangialosi, Morgana Cappellari, Brent Daneels, Matt Foley, Misako Kato, Nicola Leahey, Ester Perez, Taichi Sakai, Niharika Senapati, Paul Vickers, James Vu Anh Pham, Kirsten Wicklund et la participation de figurants et la claveciniste Goska Isphording lumiere Elke Verachtert , video Stijn Pauwels costumes Jan Martens, Els Mommaerts, Joris Van Oosterwijk
crédit : Christophe RAYNAUD DE LAGE

Bien que l’ensemble soit inégal (et c’est aussi le plaisir du festival), la quantité foisonnante de pièce permet à Cendrillon, sa belle sœur et toute la famille de trouver chaussure à son pied. En dépit de la démultiplication gargantuesque du nombre de pièces dans la programmation du Off – dont le modèle économique et écologique peut en ce sens être questionné – Avignon sait se faire terreau de l’innovation artistique et crée trois semaines par an un rempart de culture enlevé et acharné contre la barbarie. C’est aussi le jeu de la création que de laisser sa chance à chacun.e. Et à une époque où la culture en France est attaquée et précarisée, Avignon et ses remparts renferment la joie d’un monde politique qui a parfois des allures de dernier bastion. Alors en dépit des magiciens misogynes et des opéras creux, Avignon rayonne et résiste avec ferveur pour cette nouvelle édition réussie.


We were liars, ou Nous les menteurs en VF est la nouvelle série teen qui fait sensation sur Amazon Prime. Le show inspiré du livre de E. Lockhart s’est offert une très belle campagne marketing et profite en plus à l’écriture de la présence de Julie Plec (Vampire Diaries, Scream) et de Carina Adly Mackenzie (The Originals , Roswell New-Mexico). Autant de promesses d’un moment taillé pour la télévision, de dialogues verbeux qui ne pourraient être pensés par des adolescents de 15 ans, de tensions dramatiques…. Et pourtant, même si on y retrouve autant les qualités que les défauts des shows qui ont valu le succès à ses deux créatrice, la série est un voyage doux-amer dans lequel il est aisé de se laisser prendre. Mieux que ça, ce thriller dramatique réussi ses paris et plongera le spectateur dans un long moment d’empathie et de questionnements. Forcément, on en redemande ! Critique et infos sur une potentielle saison 2 en fin de papier.

we were liars cadence sinclairWe were liars de quoi ça parle ?

La riche famille Sinclair, apparemment parfaite, passe chaque été sur son île privée au large des côtes du Massachusetts. Mais cette année, quelque chose va se produire pour Cadence, 15 ans.

We were liars est-ce que c’est bien ?

we were liars série amazon prime
les menteurs au complet

We were Liars pourrait de prime abord sonner comme un bon vieux plaisir coupable. Toutes les cartes sont là : la rivalité dans la sororité des trois mères qui composent la famille presque royale des Sinclair, l’amour naissant l’été, l’île paradisiaque, le groupe d’amis tous plus beaux les uns que les autres, les têtes blondes … Et pourtant, la série a bien plus à offrir qu’une suite de clichés déjà vus.  Notamment parce qu’en arrière plan d’une famille hautement privilégiée se cache un drame qui pourrait résonner dans bien plus de coeurs que prévu d’entrée de jeu. La série suit donc Cadence (Emily Alyn Lind), première-née des petits-enfants Sinclair. Narratrice  peu fiable, la jeune-fille que l’on avait déjà vu dans la suite du déjanté The Baby-sitter, tente à tout prix de se remémorer les souvenirs de l’été passé suite à un drame qu’elle ne peut identifier. Un été semé comme toujours de traditions familiales, toutes sous forme de compétitions plus ou moins malsaines mais perçues par la famille comme ce qui régit la normalité de leurs vies. Chez les Sinclair, l’amour se gagne et est constamment remis en question. Du moins celui du patriarche qui tient aussi les cordes du porte-feuille, Harris (David Morse). Sauf que tous les amours ne se gagnent pas et voilà que cet été là, Gat (Shubham Maheshwari) , neveux du compagnon de l’une des trois soeurs, ami fidèle depuis l’enfance du groupe de trois cousins auto-baptisé les « Liars », a bien changé. L’entrée dans l’adolescence fait donc basculer le coeur de Cadence. Et cet amour naissant, avec un membre de la classe moyenne, d’origine indienne, va bousculer tous ses codes, forçant nos petits menteurs à repenser doucement mais sûrement leurs privilèges, à s’interroger sur le racisme ambiant dans lequel ils existent. Et pour étayer le show, de nombreux secret viennent s’ajouter à l’affaire. Tromperies, divorce houleux, héritage parti en fumée, évènement grave et violent, rapports douloureux mères-filles … les rebondissements ne manquent pas pour étayer le spectacle.

We were liars : un énième teen show ?

we were liars gat mirren johnnyIl y a quelque chose de souvent malhonnête à la critique du teen show. Vu comme un sous-genre sans intérêt, le critique intègre devra toujours en dire le plus grand mal, le critique qui veut du click, lui, se contentera de jouer sur des pseudos-révélations sur les histoires d’amour. Pourtant il y a un véritable plaisir à regarder ces spectacles reflets d’une adolescence qui n’existe pas et n’a jamais existé, d’y trouver des problématiques vraiment intenses sur fond de premières romances. Et ici, le spectacle est loin d’être évidemment exempt de défauts mais il regorge aussi de qualités. La première étant que la trame de fond, que s’est-il passé l’été 16 à un petit quelque chose de la saison 1 d’How to get away with murder ? ou de la première saison d’Elite. Et si le schéma est déjà vu, il accroche toujours à condition qu’on se prête au jeu. Aussi le show sait créer des personnages attachants au moins pour les deux cousins Johnny (Joseph Zada) et Mirren (Esther Rose McGregor) et  amene le spectateur à se prendre pour un Sinclair le temps d’un été qu’on semble vivre ensemble. C’est aussi à ça que servent les teen dramas. Quelque part en parallèle de la réalité dure, froide, parfois cruelle de l’adolescence, on vit à travers des personnages imaginaires un quotidien exaltent, qui constitue à l’âge adulte un souvenir chéri.

We were liars : dans l’ombre de Dawson

we were liars bess sinclairIl faudra tout de même faire preuve d’un semblant de lucidité dans cette chronique, néanmoins plutôt très agréablement surprise par la série Amazon Prime du moment. Nous les menteurs, en français est l’oeuvre de Julie Plec et de Carina Adly Mackenzie. Nous le disions, on doit au tandem, des shows comme Vampire Diaries, The Originals, Roswell New-Mexico (la nouvelle génération). A l’origine il y avait Dawson et ce show était écrite par un certain Kevin Williamson. Il était aussi l’auteur de Scream, puis de Vampire Diaries sur lesquels travaillerait Julie Plec. Le rapport ? Evident et détonnant quand on se penche sur toute l’écriture des dialogues. Dans chaque film ou show cité si dessus, les adolescents se parlent comme de grands littéraires, cherchant toujours l’occasion de monologuer des heures de façon si verbeuse, que ça en devient comique. Aucun adulte ne parle comme ça dans la vie quotidienne, les adolescents encore moins ! Autre trait commun : le constant besoin de s’exploser ses quatre vérités en continue dans les liens familiaux. On se fait se psychanalyser en cherchant à se faire le plus mal possible en continue, tout le temps. Damon et Stephane vs Bess, Penny et Carrie, même combats. Les soeurs se balancent des horreurs et continuent de sourire comme les frères vampires. Le conflit familiale obsède nos scénaristes jusqu’à l’indigestion. On retrouve en plus au casting Candice Accola (Caroline de Vampire Diaries et de The Originals) autant dire qu’on était prévenu.es ! Pour autant si cet aspect, un brin ridicule vous amuse (c’est notre cas), le visionnage de cette saison devrait se faire en un rien de temps avec un véritable plaisir, qu’il ne faudra jamais rendre coupable. On vous invite à bien tenir jusqu’à la fin. Le retournement de situation bien amené promet une relecture de la série et soyons honnête son petit saut de larmes. Pas besoin de mentir au moins sur ce sujet.

We were liars : et une saison 2 alors ? (SPOILERS DANS CETTE PARTIE)

we were liars nous les meteursAttention si vous n’avez pas fini la saison 1, il faudra arrêter votre lecture maintenant puisque pour parler d’une suite, il faut évidemment parler de la fin … allons-y !

On spoile maintenant ! Gat et les cousins Sinclair ont donc tous péri dans le terrible incendie qui a ravagé la maison familiale ! Un feu lancé par Cadence (seule survivante) et les menteurs dans l’espoir de purifier les tensions familiales et de mettre un terme à leurs nombreux privilèges. Déjà c’était une idée de merde, il faut le dire et en plus le message passé reste très discutable. Ca fait un peu fable d’un autre temps : attention jeunes-gens si vous remettez en question les privilèges et les richesses détenues par une famille très blanche vous risquez la mort ! On repassera en terme de conviction sociale et d’appel à se révolter pour un monde meilleur. A partir de là, le roman de E. Lockhart n’a pas de suite. L’histoire s’arrête là. Mais, les producteurs et scénaristes du show, eux, envisagent une suite. Les pistes abordées? Elles tiennent dans la toute dernière scène, celle entre Carrie et son fils Johnny, qui laisse sous-entendre que les menteurs sont maintenant des fantômes, coincés sur l’île. D’autres éléments, notamment une discussion entre Beth et Carrie laisse entrevoir ce qui pourrait arriver dans le suite. On pourrait ainsi reprendre la trame du livre Family of Liars et cette fois suivre le 16ème été des mères, alors adolescentes sur l’île qui lui aussi renferme son lot de secrets. De son côté Julie Plec tease d’autres évènements : « Après le final de la saison 1, et le choix de Cadence de refuser l’héritage de sa familleelle doit maintenant affronter le monde extérieur et vivre avec sa culpabilité et les conséquences du rôle qu’elle a joué dans la tragédie familiale. Ce sera un long parcours pour elle. Et j’ai hâte de pouvoir en dire plus à ce sujet dans les saisons à venir »  Reste à attendre l’avis d’Amazon Prime sur une potentielle saison 2. Et à se demander si cette dernière saurait enrichir l’univers ou au contraire le perdre en le faisant trop trainer en longueur.

We Were Liars - Official Trailer | Prime Video

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Immense artiste que Kae Tempest. À la beauté et la douceur de ses mots s’ajoute la même précision de création. Une faculté insensée à composer, sublimer le hip hop, le rendre spoken word. Sûrement parce que le mot est au cœur de sa démarche poétique. Philosophe, l’artiste et auteur.trice écrit autant des albums que des ouvrages. En 2021 iel signait l’une des plus belles prouesses qui fut, l’incroyable « The Line is a curve » dont le simple titre était déjà une invitation à la réflexion et  à la perfection. Il fallait attendre 2025 pour enfin célébrer son retour avec un nouvel album : « Self Titled ». Verdict.kae tempest self titled

Kae Tempest : face à l’instant

Alors qu’on lance la précieuse galette, écoutée en avance comme un immense cadeau offert, une pensée vient à nous hanter. Ce n’est pas l’album qu’on devait avoir. Kae Tempest avait en effet écrit un tout autre opus, mais voilà, il ne collait plus au moment présent. Et l’instant présent, ne doit-il point toujours n’être que grâce comme iel le chante sur le single chef d’œuvre de son précédant jet ? Le.a voilà donc en séance avec le producteur Fraser T Smith (Adele, Stormzy…) pour débloquer un morceau. Et là, la magie opère, un autre album était en gestation, devait être écrit, une autre histoire devait être contée.  Il m’a dit : qui d’autre peut raconter l’histoire que tu peux raconter ? » explique Kae. L’album se fait d’abord rapidement, 3 morceaux par semaine puis iels lui laissent le temps de murir et de le regarder de loin. Le résultat est avant tout éclectique. En écoute globale, cette histoire racontée, la sienne, prend bien des visages. D’un hip hop franc et puissant en ouverture, force brute de la nature (« Stand on the Line »), les choses prennent d’autres tournants. L’âme de « The Line is Curve », elle va doucement planer sur « Know yourself » où le flow familier se pose plus légèrement. Toujours obsédant, il invite une base moins sombre, plus électro à prendre le dessus. Les riffs sont aussi pressés que pointus. Et puis, le chant s’invite, souvent sur les refrains. Non plus le flow mais les envolées lyriques. En parlant de iel, Kae Tempest, se fait plus dansant sans jamais perdre de sa superbe. L’introspection serait elle vectrice de joies ?

Kae Tempest : tes morceaux obsédants

Ce sont 13 titres qui composent cette incroyable galette. Parmi eux, « Bless the bold future », bénédiction bien nommée. Des chœurs viennent y parfaire un temps répété, dans son riff dès ses toutes premières notes, ses mots posés comme une certitude viennent cueillir l’auditeur.trice. Pour autant le morceau sait se découper, monter dans les tours. Kae Tempest sait créer toutes les émotions avec une retenue sublime, une élégance rare.

La joie sait aussi s’inviter dans les compositions de l’artiste, comme une célébration, une réflexion sur la vie, sur la prise d’âge à travers l’émouvant « Prayers to Whisper ». Il faut dire qu’en touchant sa vérité, Kae Tempest espère atteindre celle des autres. Ainsi « Self Titled » est un dialogue entre passé, présent et futur. Une façon d’atteindre en musique son soi d’un autre temps, celui d’une jeunesse passée. Le temps, cet ami / ennemi a  ouvert à notre musicien.ne un recul sur la vie, des amours aux frustrations, surtout la liberté propre à l’acceptation. Cette capacité à se raconter, elle se ressent, titre après titre.

« Le but, c’est que je m’amuse  » confie-t-iel en parlant du morceau « Statue in the Square » deuxième pépite de l’album. Et il est vrai que tout l’opus respire ce besoin de lâcher prise, de se vivre pleinement, loin de la gravité de « The Line is a Curve ». Ce dernier puise d’ailleurs dans les débuts de le.a chanteur.euse MC dans les soirées open mics. On vous le disait le passé est bien de la partie !

Universal self love

ll faudra finalement attendre « Til Morning », le tout dernier titre de l’album pour perdre en joie et prendre un temps plus introspectif, plus doux et moins électro. Avec sa voix si bienfaisante, ce temps calme fait toujours écho à un instant de bien-être où la réflexion est porteuse de beautés.

Pour cet album miroir d’une vie, Kae Tempest s’est bien entouré.e. On retrouve ainsi les écossais de Young Father sur « Breathe » en toute fin d’album. Le morceau coup de poing, s’emballe à toute vitesse, le flow est puissant, se débite sans jamais justement reprendre son souffle. Quelle modernité sans concession nous est ici offerte !  De son côté Tawiah pose sur « Bless the bold future ». 

L’amour dans un symbolisme universel, l’amour dans toute sa perfection est toujours présent dans les textes de Kae Tempest. « Laisse moi n’être rien d’autre qu’amour » chantait-iel d’ailleurs sur « Grace ». Il s’exprime encore pleinement et follement sur cet album. Pour Kae, le coup de cœur est toujours instinctif et surtout universel. Et ça fonctionne ! A chaque fois que je passe sa musique dans notre disquaire (The Mixtape à Abbesses), nombreux.ses sont celles et ceux à me demander qui crée un si beau son. Je réponds toujours son nom avec une joie non feinte. Ce « Self Titled »  n’échappera pas à la règle. Aimé universellement il sera aussi sans nul doute, un miroir qui permettra à chacun.e de mieux s’aimer soi-même.

Kae Tempest au YOYO du Palais de Tokyo (2025) Crédit Photo : Pénélope Bonneau Rouis
Kae Tempest au YOYO du Palais de Tokyo (2025) Crédit Photo : Pénélope Bonneau Rouis

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