We Love Green 2025 - Crédit photo : Louis Comar
We Love Green 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Coup d’envoi des festivals d’été à la réputation d’apporter un lot d’intempéries plus que de soleil, We Love Green n’en est pas moins un incontournable chaque année. Pour conjurer le mauvais sort, l’évènement avait invité le brat summer à prendre ses quartiers le samedi, sous la pluie certes, mais pour un temps épique. Dimanche sous un beau soleil comme finira par en parler Clara Luciani, la journée festive et engagée n’en était pas moins exceptionnelle. Sortez vos lunettes de soleil, on vous embarque avec nous !

Se  mettre au green après une brat journée

Ce dimanche 8 juin, We Love Green reprend ses esprits après l’énorme show de Charli XCX la veille. L’évènement affichait complet, plus complet même que jamais dans son histoire. La star, devenue super star il y a un an après plus de 10 ans de carrière, soufflait alors la première bougie de son album culte « brat ». Et en ce début de journée, le concert était encore évoquée de part et d’autre. Pour éviter toute FOMO il fallait absolument avoir pris son billet le samedi. L’insolente chanteuse avait alors livré une performance qui divisait. Etait-ce (b)raté  ?  Point du tout. La pop star offrait en effet un show minimaliste et irrévérencieux. Pas de musiciens, pas de grand décors, pas de chorégraphes. Seulement Charli, en culotte rose et mini haut blanc, enchainant les positions sexy, les danses de party girl, assumant sa sexualité pleinement, son envie de faire la fête. brat, un mot, des dizaines de définitions et pourtant un état d’esprit, celui qui marquait des générations bien plus tôt, qu’on pensait perdu dans les tréfonds d’années d’insouciance aujourd’hui révolues. Et pourtant, elle resurgissait, cette philosophie de vie – parce que nous en avions collectivement besoin. Faire ce qu’on veut, rendre la scène sale, le live vulgaire, offrir une performance, s’assumer, s’en foutre. Une heure au pays radical des party girls. On sait que l’art marque quand il divise, et ce samedi soir, le show de Charli XCX a autant enchanté qu’il a été décrié. Il rappelait aussi que le modèle de la pop star sexy pouvait faire sens quant il assumait l’identité féminine et n’était en rien la personnification du male gaze, souvent dominant sur cette scène particulière. N’en déplaise à nombre de pop star et leurs costumier.es, sexualiser le corps féminin (encore et toujours) n’a de sens que lorsque ça s’inscrit dans une démarche de libération et que ça a un sens artistique. Et alors que les conversations allaient encore on train sur ce concert, exceptionnel et parfaitement maitrisé puisqu’entièrement dans la DA minimaliste d’un album puissant, il allait falloir conjuguer notre journée au présent et suivre une palette d’artistes elles et eux aussi très attendus.

We love Green : soleil de plomb, concert à péter les plombs

Après la tempête électrisante de la veille, We Love Green un brin moins rempli a changé de visage. Toujours vert dans la démarche moins sur les t-shirts, le festival n’oublie pas ses associations. Avant les concerts,  leurs représentants montent sur scène, Amnesty International prenant ainsi le micro avant Lucky Love pour donner de la voix à ses causes. Avec eux, on parle de droits LGBT + et de féminisme en oubliant pas de rappeler les dommages causés par l’administration Trump. Et lorsque Lucky Love monte sur scène le tout fait sens. L’artiste en profite pour parler des personnes qui se battent contre le VIH. Invitant l’audience à fermer les yeux, il rappelle que c’est grâce à celles et ceux qui se sont battus contre la maladie et ont travaillé sans relâche pour lutter contre elle qu’il peut aujourd’hui pousser ses très jolis mélodies devant nous. Il faudra attendre que le set soit bien avancé pour pouvoir entendre son single culte « My Masculinity » qui lui valait la reconnaissance publique après l’avoir interprété aux Jeux Olympiques de Paris. Succès fulgurant pour un artiste à la voix exceptionnelle, grand meneur scénique, le musicien et ses choeurs bouleverse les coeurs en ce début de journée. Puissant messager, portant fièrement ses différences, il unie à travers un seul message :  l’amour encore et toujours. Quelle chance de pouvoir le voir ici !

We Love Green – Crédit photo : Louis Comar

Dans un festival, les bruits de couloirs son nombreux, les noms à voir se murmurent encore et encore. Devant la performance de Claude, le nom d’ FKA Twigs comme un must seen se fait déjà entendre. Il est encore tôt pourtant et le chanteur français attire un large public. Nouveau nom d’une scène française aux beaux bourgeons, le musicien pourrait bien être le rejeton de Zaho de Sagazan et d’Eddy de Pretto tant il croise leurs univers. Pour porter ses titres, une décors épuré et quelques étirement d’avant le sport répétés avec le public viennent compléter le show.

We Love Green sort l’artillerie lourde

La veille, Billie Eilish ne nous aura pas fait la surprise de sa présence scénique sur le titre « Guess ». On avait le droit de rêver, la chanteuse passe après tout quelques jours plus tard à Paris. Elle n’est pourtant pas la seul à s’être offert un feat avec Charli XCX sur une des nombreuses versions de « brat ». Il y a aussi The Dare. Et lui, est bien là aujourd’hui. Le chanteur américain en costume débarque sur une scène toute aussi minimaliste que sa pote la veille. Sûrement encore plus. Et pourtant, lui aussi en solo, fait vibrer toute l’assistance. Ses compositions dance punk, electro rave fonctionnent complètement et prennent une véritable puissance en live. C’est rock et pop, c’est aussi déjanté que sérieux. Et sans artifices, le musicien arrive à occuper tout son espace. Quelques coups sur une symbale portée dans les airs viennent peupler des rythmiques saccadées et novatrices. Si l’ombre de Charli plane, l’énergie novatrice des génies de  Sleaford Mods est de la partie.

The Dare - We Love Green 2025 - Crédit photo : Louis Comar
The Dare – We Love Green 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Comme toujours à We Love Green, l’éclectisme est de rigueur. Nous voilà devant la très souriante Clara Luciani. Tous les artistes expliquent toujours être ravi.es d’être présents mais notre chanteuse elle rappelle qu’elle l’est d’autant plus qu’elle n’avait pas pu jouer la dernière fois qu’elle était programmée. « Qui a déjà vu We Love Green aussi ensoleillé ? » lance-t-elle. Personne à priori, mais pour elle, le dieu météo nous demande de chanter ensemble pour célébrer ses bonnes grâces. Toujours entrainante, elle offre une performance aussi carrée que mouvementée et irrésistible. Le public chante volontiers son hommage à Françoise Hardy mais aussi « La Grenade ». Avec elle on respire encore et on pense aux fleurs. Voilà qui ressemble au parfait mantra des festivals d’été.

Clara Luciani - We Love Green 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Clara Luciani – We Love Green 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Des tableaux pluriels

Il aurait été si bon de dire du bien de la performance de Beach House mais ce sera compliqué. Le groupe frôle pourtant l’excellence sur album. Leurs fresques musicales émouvantes et cinématographiques bouleversent toujours et leur génie de composition en aura fait couler des larmes ! Sur scène reste la cinématographie ou plutôt la sensation d’écouter une bande originale épique. Pour autant, les musiciens et la chanteuse jouent dans le noir. Un écran diffuse quelques couleurs, quelques images alors que le show statique ne prend jamais d’ampleur. Le son au début du concert pèche également. Beach House est en définitive un groupe a écouter sur album pour mieux s’imprégner de leur atmosphère euphorisante. La formation a sûrement ce qu’il faut pour vivre un concert assis, fermer les yeux et se laisser porter. Sur le format plein air, il peine à hypnotiser. On salue néanmoins l’initiative de les programmer tant leur nom de toute beauté laissait présager un grand moment.

Beach House - We Love Green 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Beach House – We Love Green 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Sont-ce des peintures ? Est-ce un défilé de mode ? Le moins qu’on puisse dire est que la britannique FKA twigs fait des prouesses alors que la nuit tombe doucement sur Vincennes. Le show monstrueux de l’inclassable hybride est époustouflant. Trip hop et dream pop y forment une alliance qui a autant de force que celle de Portishead (et on ne dira jamais assez de bien de Portishead). Plus qu’un simple concert, la musicienne virtuose offre des tableaux, sortes de fresques imagées à chaque titre. Ses chorégraphes ont la grâce de danseurs de l’Opéra et jouent de toutes les acrobaties. Le travail scénique est immense alors que les scènes s’enchainent en une pluralité d’oeuvres d’arts, comme dans un musée. Les tenues s’enchainent, du rouge qui devient noir et blanc. Le monde d’FKA twigs a la force d’un clip, d’une image retouchée. Sombre et fascinant, les langues avaient raison, il fallait l’avoir vue !

FKA Twigs - We Love Green 2025 - Crédit photo : Louis Comar
FKA Twigs – We Love Green 2025 – Crédit photo : Louis Comar

We Love Green I love you, but you’re keeping me up late

Le soleil est parti et un froid glacial a pris d’assaut le festival. Après tout, chaleur et We Love Green sont rares (pas incompatibles, deux ans plus tôt la canicule avait pris d’assaut l’évènement, faut pas non plus mentir). D’autant qu’avant de conclure sur LCD Soundsystem, on pourra poser quelques complaintes. La première propre à tous les festivals concerne le nombre trop limité de toilettes, le samedi notamment. L’accès au toilettes est on le rappelle un enjeux majeur dans le monde et c’est aussi le cas sur festival. La seconde, puisqu’on y est, est pour les horaires. Avec une sortie massive la samedi et l’heure très tardive de la tête d’affiche, nombreux.ses sont les festivalier.es qui n’ont pas pu avoir accès aux transports en commun. Le dimanche avec une tête d’affiche de clôture à minuit, on savait qu’il faudrait encore courir, et avoir froid donc. Le bureau des plaintes ferme ses portes, We Love Green pas encore mais pour la bonne cause puisque voilà, nous le disions, que débute de le set d’LCD Soundsystem. Pas besoin de tourner autour du pot pour chanter les louanges d’une formation qui frôle autant l’excellence sur scène que sur albums.  James Murphy, au chant, a froid aussi et il le fait savoir avant de remercier l’audience de rester si tard. Les voila qui  pour nous réchauffer, balancent  une très belle setlist.  Celle-ci ne prendra fin qu’avec l’incontournable « New York I love you, but you bringing me down » dont la longueur du titre n’a d’égal que la longueur des morceaux de la formation. Non pas qu’on s’en plaigne, un tel talent de composition se sublime à mesure que les notes avancent.  C’est évidemment l’emblématique « All my Friends » qui sert de grand final.  Pour autant l’incroyable rythme saccadé du titre « Dance Yrself clean » marque l’un des temps forts de la performance ( et du festival). LCD Soundsystem a un pouvoir de sympathie exceptionnel sur scène, une festivité aussi contagieuse que sa musique est élégante et qualitative. Et la performance de Nancy Whang au clavier et chant y est toujours pour beaucoup. Quelques éclats de boule de disco plus tard et beaucoup de grelotement entrecoupés de pas de danse viennent à conclure la journée et donc l’édition 2025 de We Love Green. Moment suspendu dans un univers rêvé, en sortie de festival, le monde perd toujours quelques nuances de couleurs.


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