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juillet 2024

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Bob Dylan , l’un des hommes les plus influents de la musique actuelle. Souvent repris, mainte fois imité, pour ce qui est de l’égaler c’est encore autre chose. Parmi tous les wannabe Dylan du Monde, rares sont celles et ceux à avoir su faire vivre l’immense aura du maître au répertoire infini.  Et puis, finalement, comme lorsqu’il s’agissait de prendre ses traits, c’est une femme qui se réussi le mieux à l’exercice. Dans le film  » I was There », six acteurs.trices interprétaient le rôle du chanteur à travers les époques, sublimant ses traits de personnalité : de poète à hors-la-loi. A l’unanimité, la seule femme à s’y essayer, Cate Blanchette, était celle qui incarnait le mieux l’inclassable icône et roi indétrônable de la folk.

idée cadeau noel vinyle Cat Power - Sings Dylan the 1966 Royal Albert Hall concertLe film sortait en 2007, et pour retrouver un aussi bel hommage au maître il faudrait attendre 2023 et une autre Cat sans E cette fois. Cat Power dévoilait au mois de novembre dernier l’album Cat Power Sings Dylan : The 1966Royal Albert Hall Concert. Celle qui est aussi connue  sous le nom de Chan Marshall tient très vite à préciser le contexte de son projet : « Plus que l’œuvre de tout autre auteur-compositeur, les chansons de Dylan m’ont parlé et m’ont inspiré dès lors que j’ai commencé à les écouter à l’âge de cinq ans« . C’est ce qu’elle indique dès le dossier de presse de l’album et ce qui fait tout à fait sens. Lorsque l’on connait la discographie de Cat Power, l’âme de Dylan y plane toujours et le lien de parent spirituel semble évident.  Bien que Cat Power, plus aérienne, souvent plus sombre, joue ses mélodies sur les pointes des pieds cachant son génie derrière une sincérité à fleur de peau et une timidité évidente, elle emprunte à Dylan sa capacité à émouvoir, son éminente pureté folk, la beauté de son paysage musical. Alors, pour lui rendre un vibrant hommage notre musicienne a choisi de reprendre sur un album live son fameux concert au Royal Albert Hall de 1966. Royal Albert Hall vous dites ? Oui et non, si ce temps culte de la musique porte ce nom c’est en réalité à cause d’un bootleg mal étiqueté qui a fait croire à tord à tout le monde que le concert se déroulait dans cette salle au lieu du Manchester Free Tradehall où le concert a en réalité eu lieu. Mais pourquoi ce concert a-t-il une telle aura ?

De l’album au live, une reprise minutieuse

En 1966, chaque chose doit rester à sa place. Bob Dylan, adoré des fans de folk, est alors en tournée entre l’Europe et l’Australie. Il joue et sillonne les routes avec le groupe The Hawk, plus tard connu sous le nom de The Band. Au milieu de son set Dylan, comme il en a l’habitude sur cette tournée, change de registre passant à l’électrique avec l’aide de The Hawk. Voilà les tonalités folk qui se font rock. Dans l’assistance, un puriste se sent trahi. C’est seulement de la folk qu’il souhaite écouter. Il crie donc :  « Judas! » outré et pensant parler au nom de tous.tes. Dylan lui répond comme seul lui sait le faire : « Je te crois pas, tu es un menteur » puis d’ajouter en direction du groupe « Jouez ça putain de fort » avant de lancer « Like a Rolling Stone ».

bob_dylan-like_a_rolling_stoneDans une optique de coller à l’histoire d’origine, Cat Power, qui se produisait aux Folies Bergère de Paris les 15 et 16 juillet (suite à un report) a pris le partie de diviser sa performance en deux actes qui se succèdent spontanément. Le premier, particulièrement calme permet à la chanteuse d’entrer dans sa performance. Comme toujours, avec Cat Power, la rencontre avec le public se fait sur la pointe des pieds. Intimidée, perchée sur de hauts talons, tapie comme toujours dans l’ombre, elle s’essaie à une performance basée sur la voix. Quelques mouvements ponctuent le moment, toujours avec les bras.  Des mains qui se lèvent comme lorsque, focalisé sur son timbre, on en vient à se demander, quoi faire de nos dix doigts qui cohabitent si mal avec nous. Le temps est suspendu. Du bout des lèvres, si doux qu’il semble impensable pour le public de respirer trop fort. Le bruyant Dylan trouve ici une nouvelle âme, presque issue d’un rêve. D’un coup et sans prévenir, le set devient électrique, des musiciens s’ajoutent à la formation. Cat Power est maintenant pieds nus, plus assurée et le concert prend une toute autre âme. Pas au point non plus de pogoter en toute liberté, mais l’atmosphère change considérablement face à un public, loin de celui de 1966 qui ne se sent pas trahi, mais au contraire, apprécie particulièrement ce jeu en deux teintes jusqu’à son dernier acte sur « Like a Rolling Stone ».

Singin’ on Heaven’s door

C’est cette fois-ci et sans détour, au Royal Albert Hall que Cat Power enregistre son album. Nous sommes le 5 novembre 2022 mais nous pourrions bien être n’importe quel autre jour, n’importe quelle autre année.

La musique de Dylan est, on le sait, intemporelle. Son interprétation entre douceur  et son ton espiègles, parfois goguenard, en ont fait l’un des plus grands musiciens de la scène actuelle, un mythe, indétrônable.

Cat Power, ça se sent immédiatement, aime profondément l’œuvre de Dylan. Mais elle sait aussi la comprendre, la respecter. Elle signe titre après titre la meilleure cover faite à l’artiste, voir même la meilleure cover jamais réalisée. Et le chose se vérifie en deux points : le premier est la capacité à s’approprier une œuvre en en tirant l’essence même pour la faire vivre sans jamais la trahir. Le second tient au fait de re-créer une œuvre sans se contenter de la copier mais en lui apportant des nuances. Voilà un exercice complexe auquel se prête volontiers Cat Power, tantôt lune, tantôt soleil comme elle sait l’être dans les titres de ses albums et dans ses compositions. La folk s’y habille de jour et de nuit, de Dylan et de Power en une complémentarité redoutable.

Pour aller plus loin on vous raconte l’histoire du titre culte « Like a Rolling Stone » de Bob Dylan, juste ici.


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Like a Rolling Stone : l’histoire du titre qui a sauvé la carrière de Bob Dylan

Titre culte parmi les titres les plus cultes, monument de la musique, « Like a Rolling…

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Alors que le mois de juillet fait vivre pleinement la saison des festivals et profite d’une offre variée en propositions open air, le plus automnal des évènements parisiens, Le MaMA Music et Convention en profite pour doucement se préparer. Il promet une nouvelle édition placée comme toujours sous le signe de la découverte au gré de déambulations dans le 18ème arrondissement et le quartier de Pigalle. Et comme chaque année le programme fait mouche. Il ne faut pas s’y tromper l’évènement a le nez creux, repère les talents, annonce les carrière et offre toujours de très beaux moments de scènes.

MaMA 2022
La Cigale – MaMA 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Outre les nombreux concerts, ce festival pour le moins indispensable est l’un des plus beaux rassemblements professionnels de la musique en France. Entre les lives, rencontres, échanges, ateliers et conférences s’adressant à ses participants.

Prenez dès à présent vos agendas et notez les dates du 16, 17 et 18 octobre en rouge, vous ne voudriez pas manquer cette grande fête.

Cette année encore Pop&Shot est ambassadeur du MaMA Festival et Convention et vous entraînera dans notre folle course à travers les rues de Pigalle. Restez connectés, on vous réserve des surprises.

Il faudra attendre le mois de septembre pour connaitre l’intégralité de la programmation musicale. D’ici là, 33 nouveaux noms viennent s’ajouter au programme. La billetterie quant à elle est déjà ouverte.

Et Les nouveaux noms sont …

AAMO, AITA MON AMOUR, ASNA, ASTRAL BAKERS, BABYS BERSERK, CARLA DE COIGNAC, CÉLÉLÉ, DOFLAME, INÈS SOUKI, JEAN, JOUBe, LÉMAN, NIT, PLEASE, PORCELAIN id, SASHA NICE, SARAH LENKA, SERVO, SOFT LOFT, SWOOH, SYQLONE, TTSSFU, VISCERAL, ANTENN.E, BLANK\\, FISHTALK, HOT BODIES, KOUM, MAFALDA HIGH, MARLENE LARSEN, MELBA, ROUPEROU, ROXANE, SKINNY FISHERMAN
Les premiers grands débats ont eux aussi été annoncés. Parmi eux, on retrouve :la musique peut-elle sauver les océans ? une masterclass de Sandra Nkaké mais aussi la thématique de la musique en Ukraine à travers la présentation de l’ouvrage de Gianmarco Del Re.
La programmation complète sera dévoilée le 12 septembre.

Découvrez la programmation

MaMA Festival & Convention 2024 programme


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Alors que le Champs Elysée Film Festival touchait à sa fin il y a quelques jours et que les récompenses ont donc été décernées, retour sur un film ayant particulièrement retenu notre attention, grand Prix du Jury de la Meilleure Réalisation Française : Eat the Night de Caroline Poggi et Jonathan Vinel.

 

Eat the Night, de quoi ça parle ?

Une sœur et un frère, Apolline et Pablo, tous deux accros à un jeu en ligne nommé « Darknoon », soulagent leur quotidien morne au Havre grâce à cet échappatoire virtuel depuis plusieurs années. « Darknoon a toujours été là » précise la voix off de la jeune fille dès les premières secondes du film. Mais très vite, l’annonce de la clôture du serveur qui héberge le jeu va créer une vague de panique et de confusion chez les protagonistes, à l’origine, entre autre, d’un éloignement entre les deux. En parallèle, l’histoire d’amour que Pablo débute avec Night, un jeune homme de son âge, et leur rivalité avec une bande de dealers, vont catalyser les passions et les tensions…

 

Est-ce que c’est bien ?

Avant ce film, Caroline Poggi et Jonathan Vinel ont réalisé plusieurs courts-métrages ainsi qu’un premier long métrage en 2018 : Jessiva Forever. Le duo n’en est donc pas à son coup d’essai et montre ici une force d’écriture et de réalisation épatante.

L’intérêt premier du film réside en ce monde virtuel construit de toutes pièces pour le film. C’est ici que l’on atterrit, et c’est aussi là-bas que l’on quittera nos protagonistes. Darknoon, qui donne son nom au film, est, comme pour Pablo et Apolline, notre guide. Nous aussi, en tant que spectateurs, ressentons le besoin d’y poser pied, pour échapper à la réalité du film, sombre, froide, malgré l’amour qui tente de trouver sa place. En ce sens, les concepteurs de ce monde virtuel l’ont expressément rendu coloré et riche en éléments, textures, atmosphères, comme contraste fort à l’autre décor, celui de la vie banale, vide et violente.

Le développement des personnages, de l’ado recluse et solitaire à son frère tête brûlée à la vie est dépourvue de sens et de stimulations, en passant par celui de Night, plus apaisé, plus doux, plus ancré dans le réel, est pensé comme une fresque qui ne communique pas, mais qui dépeint un même thème : celui des fins. Fin de l’adolescence. Fin d’une histoire d’amour. Fin d’un jeu vidéo. Fins des illusions. Fin de vie.

Image issue d' »Eat the Night » de Caroline Poggi et Jonathan Vinel

Les acteurs/actrice incarnent brillamment ce déclin latent : Lila Gueneau dans le rôle d’Apolline, Erwan Kepoa Falé dans celui de Night et Théo Cholbi pour incarner Pablo. Ce dernier est aussi connu pour être le leader et chanteur du super groupe SUËUR, que nous adorons à la rédac et que nous avons eu plusieurs fois l’occasion de voir en concert. Le rôle de Pablo lui colle à la peau, avec son visage marqué et son air de dur à cuire. Son histoire d’amour avec Night, plus que crédible, le rend d’autant plus attachant. Le personnage de Night quant à lui, en tant que protecteur du frère mais aussi de la sœur par la suite, repose sur le jeu subtil d’Erwan Kepoa Falé, qui navigue entre envies de bien faire et difficultés à canaliser les deux autres protagonistes. On le sent droit, calme, mais à la fois un peu perdu lui aussi, face au chaos. Comme l’indique le jeu de mot du titre, son personnage ne tardera d’ailleurs pas à se faire « bouffer ». Lila Gueneau s’en sort elle aussi à merveille dans l’incarnation de cette ado rebelle dont le monde s’écroule à l’annonce de la fin de son jeu favori, auquel elle est d’ailleurs la seule à rester fidèle tout au long du film.

Le décor réel du film, la ville du Havre, rajoute une ambiance pesante. On y sent quelque chose de mort, de détruit… A la fin du film lors d’un temps de questions/réponses avec le public, la réalisatrice dira d’ailleurs à ce sujet « C’est une belle ville, avec un beau ciel coloré, flamboyante, et en même temps c’est une ville ouvrière qui a été reconstruite. C’est déjà la fin du monde. Il y a comme un sentiment d’amour/haine dans ce genre de ville, à la fois fascinante et repoussante. »

Eat the Night est donc une belle surprise, pleine de noirceur mais aussi de belles histoires, car les fins annoncent toujours des recommencements, et celles de nos protagonistes sont surement nécessaires, mis à part pour un des personnages (on ne vous dira pas lequel) pour trouver plus tard joie et paix. C’est à nous de l’imaginer.

Il sera dans les salles françaises le 17 juillet.


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La tempête frappera-t-elle aujourd’hui  – ou bien demain ? C’est la question qui se pose à l’ouverture des portes de Solidays en ce samedi 29 juin 2024. Le ciel nuageux menace et la chaleur confère en une électricité palpable qui électrise les festivalier. Demain, le premier tour des élections législatives fera écho à la météo, faisant craindre le pire des cataclysme. En attendant – ou non- que le ciel nous tombe sur la tête, reste à partager les valeurs du festival engagé, en toute solidarité et puis surtout danser, temps qu’on peut encore le faire. Et après nous ? On fera mentir l’adage qui aurait répondu après nous le chaos, parce qu’après nous la lumière.

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Solidays 2024 crédit : Louis Comar

You are my sister

Difficile pour la milieu de la musique de se détacher d’une actualité politique obsédante ces dernières semaines.  Il est évident que sur un festival qui oeuvre depuis 26 ans comme Solidays et qui cherche à faire sa part dans la création d’un monde plus inclusif et bienveillant, l’ombre de la menace ne quitte pas les esprits. Il en est d’ailleurs question dès l’un des premiers concerts de la journée. Petit prodige du new raï, et musicien formé au conservatoire, Danyl  qui se produit sur la scène JDôme lance les hostilité en interprétant un titre contre le RN qu’il a écrit quelques années plus tôt. « Il est malheureusement encore plus d’actualité aujourd’hui » regrette-t-il avant de lancer qu’on « Baise le RN ». Le ton est donné.  De son côté Johnny Jane, sur la scène Domino parle de son ex avec qui il « faisait beaucoup de sexe » en un show coloré et ultra pop. Il n’empêche que ses paroles – centrales dans son oeuvres – viennent à s’égarer du côté de la notion de fin du Monde. Doit-on célébrer l’approche du chaos ? Il faut beaucoup de chaos en soi pour enfanter d’une étoile qui danse disait Nietzche. Ici la phrase fait encore plus sens. La foule lumineuse danse à en perdre la raison, entre avant-scène et pelouses. Le public est déjà devenu une boule géante et unie, un énorme moteur brûlant qui peut gagner tous les combats et même sauver le Monde s’il le décidait. Et puis il fait encore lourd, et les nuages font office de menace lointaine, qu’on aimerait oublier.

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solidays 2024 crédit : LouisComar

L’oublie c’est pourtant ce qu’il ne faut jamais faire. Quelles que puissent être les circonstances. C’est aussi pour ça que l’hommage aux disparu.e.s sur la scène Paris est toujours aussi important. Comme chaque année, elle est l’occasion de se recueillir et de commémorer les victimes du SIDA, de leur redonner un nom et de célébrer leur existence et leur combat. Des patchworks de tissus créés en leur noms sont dépliés et exposés dans la foule. « Le pire des fléau c’est bien encore le rejet de l’autre. » Nous explique côté scène un survivant, membre de l’association du Patchwork des noms. Pour habiller le moment de recueillement, et faire parler l’émotion à travers la musique, le festival a choisi de diffuser en écrasante majorité les compositions de l’immense musicienne qu’est Anohni. Artiste d’une importance capitale, proche de Lou Reed quand il était encore parmi nous, femme trans et militante, elle se produisait justement à la Philharmonie de Paris quelques jours plus tôt. Là, elle portait ses messages avec le coeur. Celle qui  rendait hommage à Marsha P. Johnson ( militante historique des droits LGBT +  et des émeutes de Stonewall, engagée à ACT UP, ) racontait ses combats féministes et la création en 2012 de  la phrase aujourd’hui célèbre : »The future is female ». Elle en profitait également pour parler sans mâcher ses mots d’homophobie mais aussi de l’approche des élections en France. « Vous aussi comme dans mon pays, vous êtes au bord du précipice. » et d’ajouter « Mais vous avez cette force, qu’on a peu aux Etats-Unis de vous battre dans la rue ! Ca vous fait peur ici aussi ? ». Se battre voilà des mots qui résonnent encore plus en ce samedi nuageux, au milieu d’une foule émue, d’une foule qui apprend, partage et écoute. Les noms se succèdent dévoilés tour à tour au micro. Et pour la première fois, un patchwork en l’honneur des personnes trans victimes du SIDA est dévoilé. Lorsque résonnent les notes du titre « You are my sister », chanté en live si près si peu de de jours plus tôt, ses paroles font plus sens que jamais et les deux évènements se fondent en une notion d’unité, de ceux qui transcendent les générations. Ils se répercutent du public très jeune que constitue le festival aujourd’hui à celui plus âgé qui applaudissait chaque mot d’Anohni.

La fête doit reprendre parce que faire la fête est aussi l’une des plus grandes des libertés. Une fête plurielle, sécurisée, une fête pour dire que nous sommes là, que danser c’est aussi lutter. En la matière Anitta, aujourd’hui super-star est un nom qui fait sens. Ce soir, elle se produira deux fois, à Solidays donc, puis dans Paris à l’Elysée Montmartre. S’étant créée un public en un rien de temps elle lance les gros beats de sa brasilian funk, entre danseurs.seuses et beaucoup – énormément -de twerks. L’instant permet de lâcher complètement prise et de s’offrir un bain de foule plus bruyant que le tonnerre. Viendra-t-il changer le ton ?

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Anitta à Solidays 2024 crédit : LouisComar

A l’origine, l’amour

Le Ceasar Circus et sa tante accueillent l’Irlandaise de CMAT pour un show aux mélodies solaires qui retourne toute l’assemblée sur son passage. Un concert qui tape droit au coeur de la rédaction et qu’on vous raconte d’ailleurs en détails dans un article qui lui est entièrement dédié. Et si la pluie devait tomber maintenant ? Eh bien, elle attendra encore un peu.

D’autant plus qu’il faut courir sur la scène Paris où se produit la tête d’affiche de la soirée : Mika. Décidé à créer la set-list parfaite (a-t-on déjà vu meilleure sélection de morceaux ?), le musicien lance les hostilité avec son titre « Origin of Love ». Sur scène, le chanteur surprend par sa sympathie magnifique et son attitude aussi cartoonesque que pouvait laisser l’entendre le titre de son premier né, monument de la pop s’il en est, « Life in Cartoon Motion ».  « Et si la tempête devait arriver ? » harangue-t-il  » On ne lâcherait rien ! ». Pas le temps de souffler, Mika est une tornade. Le souffle court dès le second titre, il faudra danser à s’en rompre le coeur sur « Relax, take it easy ». Sur « Big girl, you are beautiful », la super star s’offre un bain de foule, allant saluer chaque membre de son public. En son sein, ses membres utilisent leurs téléphones et des banderoles pour diffuser des messages d’amour.  Pour le chanteur mais aussi ceux qu’ils aiment. De « Mika, épouse à moi » à des déclarations plus personnelles. Un hommage à Jane Birkin, la première femme à l’avoir aidé et accueilli au début de la gloire vient ponctuer l’instant. Tous les titres emblématiques sont là, « Elle me dit », dont toute l’assistance connait chaque mot mais aussi l’immense plaisir de retrouver l’inoubliable « Happy Ending ». « Little bit of love » chante le choeur, face à beaucoup d’amour. Aurons-nous droit aussi à une fin heureuse ? Ou comme le dit la chanson en serons-nous privé.e.s ? La fin est une notion qui pourrait nécessiter clarification, elle marque aussi un nouveau début et puis ce soir pour reprendre la mélodie « C’est la façon dont on aime comme si c’était pour toujours ». « Grace Kelly » permet à tout le monde d’hurler à pleins poumons, des cris de joie, qu’il est beau d’entendre. Les effets de scènes grandioses sont légions, d’ailleurs un arc-en-ciel géant sort du piano sur lequel l’artiste jouait et vient habiller le moment. Les tubes s’enchaînent. Cet homme n’a-t-il eu que des succès ? « Love Today » vient conclure ce très grand moment de festival, cette leçon de spectacle. Mika invite le public à danser sans regarder la scène mais en se regardant les uns, les autres. La réalisation est sans appel. La musique, c’est la communion. A l’origine était donc l’amour et à la fin, l’amour était partout, un remède assez efficace pour avoir encore un temps éloigné la tempête.

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solidays 2024 crédits: Louis Comar

We will survive

Pour s’apaiser, rendez-vous devant la scène JDôme et le concert d’Isaac Delusion. Sa jolie scénographie fait honneur à l’électro pop des parisiens. Toujours relaxante, particulièrement bien écrite, la discographie du combo défile devant une foule immense qui a autant pris d’assaut les pelouses que l’avant scène. Comme toujours avec le groupe, l’élégance musicale est synonyme de fête. Un démarrage parfait pour une nuit qui n’aura pas de fin.

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Solidays 2024 crédit Louis Comar

C’est finalement pendant que Dabeull lance son set en live band que la pluie qui a tant menacé finit par arriver. Une pluie à grosses gouttes il est vrai, mais loin du gros orage redouté. Sous la tante, les intempéries dehors semblent irréelles, peut-être même anecdotiques. Côté scène,  celui qui a composé aux côté de l’immense Sofiane Pamart n’a rien à envier à sa précision musicale. Sa funk fait mouche et frappe juste, les lettres qui habillent sa scène rappellent un club lounge pointu, et  la musique s’adresse à tous les publics, de l’oreille la plus experte à celles venues danser. Les corps se serrent et se déhanchent. La tante devient une maison loin des gouttes et des angoisses, ceux qui y sont présents en sont autant de pièce. L’abris partagé prend alors tout son sens.

solidays_2024_@LouisComar
Solidays 2024 crédit LouisComar

D’ailleurs, voilà déjà les nuages qui s’éloignent alors que la scène Bagatelle est devenu un dancefloor géant pour celles et ceux venus écouter l’électro puissant et déjanté de Brutalism 3000. Encore quelques pas, quelques notes et Solidays nous convie à son dernier temps très fort de la journée.

Solidays 2024 Diplo  crédit Louis Comar
Solidays 2024 Diplo
crédit Louis Comar

Sur la scène Paris, le président du festival compte bien rendre hommage à ses très nombreux.ses bénévoles. Voilà 26 ans que l’évènement existe, rappelle-t-il et partage ses valeurs, ses conférences, il éduque autant qu’il amuse. « On nous avait annoncé la tempête aujourd’hui et elle n’est pas venue ! » scande-t-il avec joie. Sur scène, il présente l’équipe chargée du montage, la remercie pour son travail si difficile et promet demain plus de 200 drones qui devaient être lancés l’an dernier mais dont le décollage fut décalé d’une année en raison de la météo. La preuve que tout finit par arriver. Qu’il n’est de rendez-vous manqué qui ne pourrait avoir lieu. Dans la foule, une jeune-fille perché sur des épaule appelle son ami. Toute la foule autours d’elle se met à l’appeler, répétant en coeur et en boucle le nom de l’être perdu parmi les visages. L’opération sauvetage est un succès, les voilà réunis pour célébrer l’instant ensemble. La preuve encore qu’ensemble on est plus forts. Comme le veut la tradition, le public est convié, après un temps de silence à chanter sur « I will survive »de Gloria Gaynor. C’est amusant pourrait-on penser, qu’un titre qui parle de se relever d’une rupture, de rester forte, soit aujourd’hui celui qui évoque le mieux la victoire. La faute à la coupe de Monde de 98 ? Certainement mais aussi une nouvelle façon de rappeler que se relever veut aussi dire grandir. Après quoi se sera au tour du DJ Diplo de se lancer dans un set électro endiablé qui reprend les plus grands classiques de la musique dont la queen Lana Del Rey (à retrouver à Rock en Seine cette année) mais aussi le trop peu rappelé aux souvenirs « Your love » de The Outfield. « I don’t wanna lose your love tonight » disent les paroles. L’amour, ce soir, on l’aura compris, aura été central. Demain, il unira encore le festival pour la journée. Mais c’est bien lui qui viendra à manquer dans les urnes alors qu’elles donneront une majorité effrayante au RN. Pourtant et si une journée de festival pouvait encore être synonyme d’espoir, elle rappellera à celles et ceux qui ont peur qu’iels ne sont pas seul.e.s. Ensemble toutes les luttes peuvent être gagnées, qu’il s’agisse d’échapper aux pires des politiques, à l’obscurantisme mais aussi de traverser et repousser les tempêtes. Ensemble, il est encore possible de souffler sur les nuages, d’en faire une petite pluie qui passera. Aucun n’homme n’est une île, complet en soit-même, et c’est ça la beauté de ce Monde.


solidays 2023

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