Pluralité et qualité. Ce sont les mots d’ordre du label Pias qui s’offre un catalogue toujours plus pointu. Il suffit de jeter un oeil rapide à la sélection d’artistes qu’il défend pour y retrouver celles et ceux qui savent faire battre les coeurs des plus mélomanes d’entre nous. Pour donner un aperçu de ses nouveaux joyaux, le label propose de les retrouver sur scène lors de ses Pias Nites. Des soirées qui riment avec découvertes et qui promettent toujours d’être inoubliables. Celle de ce 16 novembre n’échappe pas à la règle et s’offre une balade à 360 degrés entre les registres plaçant sur scène Jenys, Loverman et Structures.
Electro barjo
Le Nouveau Casino de Paris est plein à craquer ce soir. La foule compacte fait d’ailleurs rapidement oublier la pluie qui dehors coule à torrents. La chaleur des corps et les rires se mêlent alors qu’entre sur scène Jenys. Derrière ses platines, l’artiste est survoltée. Elle les quitte régulièrement pour danser joyeusement face au public. Le son est tout particulièrement fort et l’atmosphère se fait électrique. Les conversations elles aussi s’intensifient. Dans le public des visages connus, comme celui du chanteur de Last Train, se mêlent à ceux de la foule. L’électro continue d’augmenter comme se serait le cas en fin de soirée. La chaleur monte doucement, pas au point de se mettre à danser si tôt mais assez pour que les esprits s’étourdissent et acceptent ce cadre festif comme théâtre de l’instant. Nous vous le disions, la diversité est au programme et le registre lui, s’apprête à changer radicalement.
douces Serenades
Il est toujours intéressant de revoir sur scène un artiste qu’on apprécie. La première fois permet la surprise, le coup de coeur, la seconde comme un nouveau rendez-vous permet de confirmer et de mieux s’approprier un set. Il était aisé de follement tomber amoureux.se du set de Loverman lors du MaMA Music & Convention. Face à une Boule Noire emplie de professionnels de la musique, le chanteur créait l’évènement. Mais surtout, le séducteur sortait le grand jeu face à une audience restreinte mais réceptive pour mieux faire tourner les têtes. Ce second rendez-vous était tout autre. Exit l’intimité et le chant yeux dans les yeux, cette fois, le public était plus coriace. Il faut dire que chauffé à bloc par Jenys, l’exercice de concentration que requiert les performances du musicien s’avérait plus compliqué. Le voilà donc qui tente d’entrée d’attirer l’oreille. Pour se faire, pas besoin de grimper au balcon, notre homme se lance dans un exercice pourtant tout aussi périlleux préférant s’amuser avec sa guitare pour lui faire sortir ses rythmiques. L’acrobatie dure un moment. Et voilà qu’il lance sa sérénade. Loverman sait se faire calme, sa voix rauque prend les devants alors que la folk est clairement présente sur « Candyman ». La mélodie est belle et notre homme sait jouer de sa prestance scénique. Malheureusement pour bien profiter de la déclaration d’amour qu’est son album « Lovesongs », il faut être dans les premiers rangs. Derrière l’audience dissipée peine à entièrement entrer dans le set. Qu’importe, Loverman a plus d’une corde à son arc et se jette dans le public, il chante, traverse la foule et propose ses titres plus enjoués, cymbales à la main. La séduction doit s’opérer pleinement et pour se faire il sort le grand jeu. De retour sur scène, il alternera, de morceaux plus calmes qui subliment sa voix puissantes à ses titres endiablés, portés par un grain de folie hallucinant. Le rendez-vous se conclue sur « Differences Aside » au coeur de la foule, là où le musicien abandonne son micro tel un bouquet . Loverman n’est pas fleur bleu, même lorsqu’il chante ses mots bleus. Sa musique à fleur de peau est aussi épineuse qu’une rose, une beauté brute et sauvage où la sensualité est maîtresse. Si le cadre de ce nouveau tête à tête n’était pas idéal, cette histoire d’amour, elle commence très bien.
Une place pour les pogos
Cette Pias Nites, elle a aussi une particularité, celle d’être la release party du tout premier album studio de Structures, « A Place for My Hate ». Quand on voit que la formation est déjà nommée aux Victoires de la Musique, on comprend que l’enjeux est de taille. N’en déplaise à celles et ceux qui prédisent la mort du rock année après année, le courant ne fait que se renforcer. D’ailleurs pourquoi, le rock devrait-il choisir sa tenue de funérailles tous les ans ? Qu’a ce courant de si particulier que l’on cherche toujours à lui trouver une place au cimetière ? Toujours est-il qu’au contraire ses nouveaux arrivants lui refont une beauté, aussi sensible qu’enragée. Au Royaume-Unis, le post punk fleurit et offre ses trésors au Monde, tout autant que les scènes folk-rock, punk, metal… la France n’est pas en reste.
Structures y tient une place maîtresse. Anciens Inouïs du Printemps de Bourges, le groupe sait varier les registres, dépassant toutes les frontières qui cherchent à enfermer pour mieux créer un album multiple et surtout calibré pour le live. Dès sa montée sur scène, une fièvre puissante envahie la salle. Les pogos ne se font pas attendre. Il faut dire que la musique du groupe ne souffre d’aucune fioriture. En lieu et place une énergie brute vient à toucher l’audience, lui ordonnant de bouger frénétiquement. Derrière les notes déchaînées, l’âme des Smiths plane dans les instruments de Structures. Pas de quoi rougir face aux irlandais de Fontaines D.C qui eux aussi reprennent la mélancolie de Morrissey et sa bande et lui ajoutent des rythmiques puissantes et soutenues. Il ne sera d’ailleurs pas surprenant d’entendre résonner les notes de « There is a Light that never goes out » dans la salle une fois le concert terminé.
Loin de se contenter d’une référence, mais la voix de Pierre Seguin aussi grave qu’aérienne est pour quelque chose dans la comparaison, le groupe mélange ses ingrédients. Le tout donne naissance à un bouillon punk. Au milieu d’un set empreint de nouveautés, impossible de bouder son plaisir en retrouvant le titre « Long Life » l’un de ses tout premiers. Les guitares endiablées résonnent dans le Nouveau Casino et Rebecca, la chanteuse de Lulu Van Trapp vient s’offrir un featuring histoire de faire monter la température de quelques degrés supplémentaires. La foule vibre et bondit, tout comme le groupe qui lance ses notes acérées. Il reste important de souligner que le groupe gère parfaitement un équilibre compliqué : celui d’allier un rock qui va taper dans la noirceur et la mélancolie et donc sert de cathartique à celui bon enfant du punk qui prône la bonne humeur. Le dosage idéal pour rassembler les amoureux du genre. Plus que quelques larsens et beaucoup de transpiration et le concert touche à sa fin. En jetant un oeil au stand de merch saturé, nul doute que le moment a plu. Loin d’être un endroit pour déverser sa haine, le concert de Structures était le lieu idéal pour vivre pleinement toutes les couleurs des émotions. Un défouloir géant, un hymne plein d’amour au rock où la sincérité est maîtresse. Le Nouveau Casino de Paris se souviendra de ce décollage réussi bien longtemps.
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