Le 18 Août dernier sortait Unreal Unearth, le troisième opus de l’irlandais Hozier. Inspiré par la bibliographie de Dante, l’album nous entraine dans une tourmente au fin fond des enfers. Les amours impossibles hantent les parois terreuses de l’album et construisent un univers sombre un peu plus pop que ce à quoi Hozier nous avait habitués. Critique.
Hozier et les vers de terre
Quand Hozier touche le fond, il n’hésite pas à creuser dans la terre, pour aller juste un peu plus loin, dans les enfers de Dante. Unreal Unearth, le troisième album d’Andrew Hozier Byrne est pour le moins métaphorique. Il fait suite à un EP sorti le 17 mars dernier, Eat Your Young où on avait pu découvrir deux morceaux présents sur l’album : « Eat Your Young » et « All Things End ». « The Flood », troisième morceau de l’EP, semble avoir été évincé du projet final.
De Selby (Part 1) ouvre l’album et installe dès la première écoute une atmosphère omineuse qui nous suivra pour le reste de l’album. Le passage en gaélique irlandais a la qualité d’un hymne sinistre et habité. Puis tout s’accélère. De Selby (part 2) débute et nous entraine dans une valse macabre dont on ne saisit pas forcément la direction. Un bras part à gauche, la tête s’approche du sol, les jambes s’accrochent au plafond. Cette impression nous suivra sur tout l’album.
Un album qui submerge
Cette critique, je l’ai repoussée. Il y a quelque chose d’écrasant à cet album, c’est certain. Ce n’est pas facile de reconnaître que le dernier projet d’un artiste que l’on affectionne particulièrement… n’est pas notre préféré. Dès la première écoute, je me suis sentie trop submergée par l’épaisseur de cet album trop long, trop produit, trop dense, trop.
Certains morceaux nous font l’effet de « déjà-entendu », on pense notamment à « Damage Gets Done » en collaboration avec Brandi Carlisle. L’ensemble est inégal, les seize morceaux qui constituent l’album oscillent entre l’excellent et le moins mémorable. Pour faire court, il y a trop de morceaux moyens par rapports aux excellents pour en faire l’album extraordinaire que l’on voudrait désespérément qu’il soit.
Par ailleurs, l’album balance entre plusieurs genres. Il y a du rock (« Francesca »), de la balade (« Butchered Tongue »), une interlude majestueuse (« Son of Nyx »), du celtique (« De Selby (Part 1) »), du gospel (« All Things End »). Et c’est peut-être ça qui nous mène à ce sentiment de trop plein. On a été trop gâté.es et on ne sait pas vraiment quoi faire de cette offrande.
UN VOYAGE AU COEUR DE L’ÂME
Malgré ses imperfections, Unreal Unearth est loin d’être un mauvais album. Il offre un voyage captivant au cœur de l’âme humaine, explorant les thèmes de la douleur, de la perte et de la rédemption de la manière poétique et profonde qui est propre à Hozier. Unreal Unearth fait partie de ces albums dont l’écoute doit être proactive, attentive à chaque parole pour y déceler les détails. Les morceaux « Who We Are », « Francesca », « Abstract (Psychopomp) », « First Light » ou « Unknown/Nth » nous rappellent toute l’excellence élégiaque de la plume de Hozier.
Si Unreal Unearth ne m’émeut pas autant que son premier album sorti en 2014, il se hisse tout de même parmi les meilleures sorties musicales de cet été. Son côté ovni le place sur un socle trop instable pour le qualifier de parfait. Mais si la perfection existait, ça se saurait et ce ne serait pas forcément intéressant à commenter.
Hozier passe au Zénith de la Villette le 29 Novembre prochain.
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