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décembre 2022

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Le Bataclan accueillait dimanche 11 décembre dernier la folie furieuse Viagra Boys qui, depuis 2017 et son premier album Street Worms, a pris d’assaut le monde du rock indé. Venus de Suède, les mecs qui forment le groupe le plus badass du moment, loin de la caricature facile, étaient à Paris pour présenter leur dernière pinte de bière bien fraiche : « Cave World », ouverte plus tôt dans l’année. Même si ça n’est pas la plus gouteuse de leur collection, nous étions impatients de la déguster sur scène.

Viagra Boys – Bataclan 2022 — Crédit : Théophile Lemaitre

Fidèle à lui-même, le bide gonflé urgemment mis à nu comme si sa vie en dépendait, laissant apparaitre un corps entièrement tatoué, tantôt sublime tantôt repoussant, Sébastien Murphy, leader mythique du groupe, n’a pas donné tort à sa réputation ce soir-là. Il va de soi que si la musique de Viagra Boys résonne autant aujourd’hui, c’est en grande partie grâce à ce mec complètement barré. Tout chez lui respire de travers, de sa dégaine à sa démarche. Cette punk attitude, que l’on sent ici vécue de la plus honnête des manières, rend les concerts de Viagra Boys souvent mémorables, comme leur précédent parisien à l’Elysée Montmartre de cette même année. C’est un rock bourrin qui est à l’œuvre, mais toujours intelligemment fait, avec une base d’influences diverses, dont le blues en maître.

Viagra Boys – Bataclan 2022 — Crédit : Théophile Lemaitre

GIVE ME BLUES AGAIN AND AGAIN

Le groupe débute avec un duo de négation, bien en phase avec l’esprit des Suédois  :  « Ain’t No thief » issu de leur dernier album, et « Ain’t Nice », premier morceau explosif de Welfare Jazz, leur deuxième opus, où le sax fait son entrée. Ce début de concert bastonne déjà bien, mais ça demande encore à gagner en précision niveau sonore. Le groupe enchaine sur plusieurs de ses tubes, et on se rend compte que beaucoup de morceaux ont la carrure d’en être : de « Punk Rock Loser » aux allures Dandy Wharoliennes, à « Baby Criminal » qui retentit dans la salle comme un merveilleux coup de massue. Ce dernier prend aux tripes. Ça sera encore davantage le cas du morceau suivant : « Big Boi », trêve bienvenue au milieu de morceaux torpilleurs à la basse inarrêtable, construction presque systématique des morceaux du groupe. Celui-ci amène une cassure, dans un moment non moins puissant. Même sans la présence de Jason Williamson, chanteur de Sleaford Mods convié pour un couplet sur la version studio, « Big Boi » prend de l’ampleur comme le ventre de son interprète, surtout sur son refrain ici martelé avec consistance sonore, et son final perçant au sax. Un des sommets de la soirée.

SPORt et pinte : bon ménage ?

Mais attendez encore un peu, car « troglodyte » revient à la charge pour secouer une nouvelle fois le public en délire. Viagra Boys enchaine ensuite sur celle qui fera lever un peu plus de téléphones qu’à la normale. « Sports » a tout d’un tube, et encore plus que c’est Sébastien Murphy qui l’incarne. Leur clip mythique sorti en 2018 comptabilise non moins de 5 millions de vues. Pour du rock indé, c’est plutôt balèze. Sur scène, le caractère humoristique du morceau fait son petit effet puisque chaque personne qui scande le refrain tient évidemment une pinte dans la main. Comment continuer après avoir balancé son tube incontestable ?

des crevettes bien énervées

Si cette interrogation vous a réellement traversé l’esprit, c’est que vous ne connaissez certainement pas « Shrimp Shack » (cabane à crevette en français), aka le morceau le plus délirant des Suédois. La version studio, présente sur le premier album, dure 6 minutes. Et sur ces 6 minutes de pur blues bénies des dieux, il n’y a évidemment pas une seule seconde où vous n’êtes pas roulé compressé par ce combo basse – guitare hallucinant. Le morceau carbure à une vitesse folle et vous vous doutez qu’en live, il ne fait pas de cadeau. Sans surprises, c’est lui qui est chargé de nous asséner le coup final. Cela est fait avec classe et brutalité, avant un rappel dont on ne retiendra pas grand-chose et pour cause : « Shrimp Shak » était immense, et indétrônable. Mention spéciale tout de même au dernier morceau du rappel, que le groupe présente comme le premier qu’ils aient écrit. C’est une sorte de « Shrimp Shak » bis qui ne lui arrive pas à la cheville, mais dont l’intention ravageuse nous a fortement séduit, dans un esprit the Fall qu’on ne peut que féliciter.

Viagra est grand.  C’est le cas de le dire.

Viagra Boys – Bataclan 2022 — Crédit : Théophile Lemaitre

Porridge Radio - La Boule Noire - 2022

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Francis of Delirium au Petit Bain par Automne Trinh

La nuit est déjà tombée sur Paris et la Seine quand ouvrent les portes du Petit Bain. Un bref coup
d’œil à travers le hublot de la péniche donne un indice de ce qui se prépare : Une telecaster rouge,
brillant seule sur scène. Celle de Jana Bahrich. À la tête du groupe Francis of Delirium, la chanteuse
guitariste doit lancer la soirée, pour le deuxième jour du festival Les Femmes s’en mêlent.

Dans une ambiance feutrée comme le clapotis des vagues et les lumières qui s’y reflètent, le Petit
Bain se remplit. Puis, d’un riff cinglant, la Fender écarlate donne le feu vert : « Funhouse » chauffe la
salle encore clairsemée avec des faux airs d’ « Heart shaped box ». Manteaux et écharpes se défont
peu à peu, tandis que Jana et sa bande enchaînent sur « Red ».

La péniche se lâche

Une énergie rauque venue direct des nineties se dégage du trio formé de Jeff à la basse et Denis à la
batterie. Entre deux titres, Jana remercie la foule de plus en plus serrée par quelques mots, tout en
retenue. Mais ses yeux en disent déjà long : après avoir sorti son premier EP All Change pile pendant
le premier confinement Covid, la rencontre avec son public au fil des premières tournées est
forcément intense et émouvante. Comme un clin d’œil à cette période enfin derrière nous, Jana crie
« Aren’t you tired of being alone » et secoue sa longue chevelure en rythme sur « Let it all go ». Le
public ne s’y trompe pas, se laissant entraîner par leur grunge énervé et plein de fougue.
Nirvanesque, avec un soupçon de détresse dans la voix et les paroles, même aux moments plus
calmes (coucou, MTV Unplugged).

« Quit fucking around »

La ligne de basse de « Come out and play », les envolées d’ « I think I’m losing everything » et la
batterie percutante d’ « Ashamed » bousculent le Petit bain qui tanguerait presque sur l’eau. Juste
avant de jeter toutes leurs forces dans le dernier titre du set, Jana Jeff et Denis narguent gentiment
l’audience pour mieux lui faire hurler le refrain : « Quit fucking around », une des toutes premières
chansons du groupe. De quoi tirer leur révérence en beauté et laisser une salle brûlante aux
suivantes à l’affiche de la soirée, Contrebande et Emilie Zoé.

Première partie de Wolf Alice

À peine rentrés en bateau des Iceland Airwaves à Reykjavik, les trois membres de Francis of Delirium
ont joué à domicile en première partie de Wolf Alice au Luxembourg puis posé leurs flight cases à
Angers, Paris et Saint-Brieuc. Ils seront de retour en janvier 2023 pour une tournée du Royaume-Uni !
Leur album The compilation vient de sortir le 7 octobre, un mélange de titres issus des EPs
précédents (All Change en juin 2020, Wading début avril 2021 et The Funhouse plus tôt cette année)

Les artworks des pochettes et t-shirts sont tous réalisés par Jana – le pantalon customisé qu’elle
portait sur la scène du petit bain reprenait d’ailleurs les mêmes motifs !

Francis of Delirium au Petit Bain par Automne Trinh

Equality Song et 25/11…

Du haut de ses 21 ans, Jana a écumé une poignée de pays francophones : Belgique, Suisse, Canada,
Luxembourg… Tombée dans la musique dès l’âge de 5 ans grâce au violon, elle a grandi en même
temps que son groupe Francis of Delirium, créé à ses 15 ans. Tremplins au Luxembourg, scènes
exiguës et salles minuscules l’ont amenée jusqu’aux tournées d’aujourd’hui, de part et d’autre de
l’Atlantique. Une trajectoire empreinte de persévérance et chahutée par le Covid, mais ce n’est que
le début…
Gardez un œil sur Francis of Delirium, et écoutez en boucle le single « Equality Song », toujours
(tristement) d’actualité à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites
aux femmes le 25 novembre.

Article et photos : Automne Trinh


Thurston Moore poursuit sa fresque à Petit Bain (report concert Paris)

Si la période de fin d’hiver voit naître un retour chaleureux des concerts un peu…

We Hate You Please Die @ Le petit bain 2021

We hate you please die : amour, punk et tourbillon exalté en live (Le Petit Bain Paris)

Il aura fallu s’armer de patience pour retrouver les fous furieux de We Hate You…

wolf alice

Wolf Alice « Blue Week-End » : Maîtrise et réussite pour un des meilleurs albums de 2021 

Si nous nous adonnions à la fâcheuse tâche de la comparaison, nous pourrions dire que…

Sports team décoiffe. C’est le moins qu’on puisse dire. Six jeunes anglais rencontrés à l’université qui n’ont pas froid aux yeux depuis leur petite explosion dans le monde du rock indé en pleine période de pandémie. Deep Down Happy, leur premier album en 2020, en est pour beaucoup. Et c’est maintenant au tour du petit frère à la croissance impressionnante de prendre la lumière. The Gulp est sorti cette année. Et cela presque parait étonnant à dire tant il sonne déjà comme un bon vieux vinyle réconfortant de notre collection. Avec passage bouillant à la Boule Noire le 21 novembre dernier, le groupe a confirmé qu’il était l’un des plus excitants du moment. Alors attachez bien vos sangles, et voyons ce que Sports team a vraiment dans le ventre, et dans les jambes.

Démarrage sur les chapeaux de roues

Bon, il est fort probable que vous vous en foutiez des prénoms de tous les membres, mais par respect pour eux, on va quand même vous les donner. Sports team est donc fait de six mecs (putain les gars faites un effort, merde) : Alex Rice, Oli Dewdney, Al Greenwood, Rob Knaggs, Ben Mack et Henry Young. Leur début n’a rien de plus que d’autres groupes de leur genre, juste des potes de fac qui veulent faire du rock. Et y a-t-il une plus belle ambition dans la vie que celle-ci ? Non, surtout quand ça prend. Et pour Sports team, après un premier EP en 2019, c’est directement avec leur premier album en 2020 que l’engouement autour d’eux commence à monter. Il faut bien dire que Deep Down Happy est un concentré de rock geyser, celui qui vous cogne sans vergogne jusqu’à ce que vos muscles vous prient de vous remettre au sport. Un qui se pratique en équipe évidemment. Ce premier album est donc un excellent shooter, mais n’appelle pas tellement à l’addiction. Il se déguste modérément. Surement un peu lourd sur la longueur. A noter tout de même qu’il est parvenu à atteindre la deuxième place du UK albums charts et que le groupe a aussi été sélectionné pour le Mercury Prize grâce à lui. Un franc succès donc pour une entrée en matière. Mais attendez un peu la suite.

Gulp ! : LA Consécration

C’est une dynamite qui approche… Sur un visuel façon cartoon. Dessus, on voit apparaitre en gros Gulp !, en référence à l’image de Coyotte suspendu en l’air au-dessus de la falaise après avoir essayé d’attraper Bip Bip : « Gulp! est le moment où vous espérez rester suspendu » explique un des membres. Un saut dans le vide. La fameuse épreuve tant redoutée du deuxième album. Le voilà pour Sports team, composé durant la période du confinement et révélé en septembre dernier après un léger report de quelques semaines. Au niveau de leur jeune réputation ? Et comment ! Le groupe grimpe ici d’un cran. Gulp ! est l’album ultime d’un rock intelligemment divertissant. Le dosage est parfait, la recette menée avec excellence jusqu’au bout. Si bien que les thèmes sombres qu’il aborde, en lien avec le climat de l’époque, se retrouvent noyés sous puissante vague d’éclate musicale qui balaie tout sur son passage. « L’amusement est la clé de notre album implacablement sombre sur la mort ».

Mais sous ses airs de rock facile et déconnant, Sports team cache un véritable talent de composition. Qu’est-ce qui expliquerait sinon que l’on soit si trépignants à l’écoute de morceaux d’ores et déjà considérés comme des tubes ? Mention spéciale aux géniaux « the Drop » et « RU Entertainment ». Plus efficaces que ça n’existe certainement pas. Il suffit de les entendre en live, avec ce chanteur follement charismatique, qui nous rappelle la dégaine de celui de Geese, un jeune groupe de rock américain prometteur. Sur scène, les morceaux de ce deuxième album prennent encore une autre une dimension : l’urgence d’un rock qui a besoin de gronder dans l’éclate et la bonne humeur.

Pour le groupe, c’est une partie de leur identité à laquelle ils sont solidement attachés : pouvoir prouver que le rock est en mesure être amusant sans perdre de sa sincérité. The Gulp ! en est la représentation parfaite, et surtout utile. Dans la même veine que d’autres groupes de l’ère actuelle – on pense notamment à Yard Act ou Wet Leg – dont la musique reflète quelque chose de plus léger que ce qu’on a l’habitude de voir dans le rock indé, sans perdre pour autant de sa rigueur, la musique de Sports team est faite pour les amoureux des riffs et des mélodies qui rendent heureux comme un gosse.


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