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Frank Carter and The Rattlesnakes - @Pénélope Bonneau Rouis
Frank Carter and The Rattlesnakes – @Pénélope Bonneau Rouis

Elle est très rock cette seconde journée du festival Rock en Seine ! Et elle est aussi la première de cette édition 2024 à utiliser toutes ses scènes. Il est enfin temps de déambuler, courant de part et d’autre du parc de Saint-Cloud pour profiter d’un maximum de performances et travailler son cardio sans s’en rendre compte. Au programme une certaine vision du rock, une sélection d’artistes cohérente et deux coups de coeur scéniques : la tornade The Last Dinner Party, jeunes premières aux longues robes et aux riffs bien sentis et Frank Carter & the Rattlesnakes, boule d’énergie scénique et maître des foules s’il en est. On vous raconte.

THe Last Dinner Party : une invitation apres le lunch

Elles nous avaient déjà émerveillé.es lors de leur concert à La Maroquinerie en février dernier, The Last Dinner Party est de retour dans la capitale, cette fois-ci dans un cadre encore plus grandiose. En ce deuxième jour de festival, c’est le quintet de rock baroque qui a l’honneur d’ouvrir le bal, et elles ont sorti leurs plus belles robes pour l’occasion ! La robe rose poudrée à volants d’Abigail Morris fait tourner les têtes et pas que! Dans la foule, le public se trémousse, danse et laisse éclater dans l’air un parfum musqué de Feminine Urge ! En 50 minutes de concert, le groupe a enchaîné ses morceaux phares, de « Sinner » à « Caesar On a TV Screen », en passant par « Mirror » ! Un nouveau morceau fait même son apparition, « Second Best », qu’il nous tarde d’entendre en version studio, niché entre de nouveaux morceaux, au sein d’un deuxième album, qui surpassera sans aucun doute le premier. Oui, c’est possible. Deux moments phares lors de ce concert, le premier étant la reprise électrique de « Call Me » de Blondie où un public de plus en plus curieux se masse devant la Grande Scène. Le point culminant arrivera évidemment avec « Nothing Matters », chanté en dernier avec cette énergie théâtrale, magique, excessive, toujours aussi intacte. De quoi nous réveiller pour le reste des festivités. La semaine risque d’être intense.

Kasabian : la reconquête ?

Kasabian rentre maintenant sur scène. Depuis quatre ans maintenant, le groupe officie sans Tom Meighan (ex-chanteur) après avoir fait le choix juste et courageux de l’exclure après des plaintes pour agression adressées par son ex-femme puis confirmées par la justice. Ainsi, il y a presque dix ans, Kasabian était en tête d’affiche du festival francilien, ils jouent aujourd’hui à dix-huit heures sur la Mainstage. Et malgré un vrai plaisir à retrouver le groupe en live ainsi que ses tubes britrock, il se fait sentir que la bande désormais menée par Sergio Pizzorno, a tout à refaire, un public entier à reconquérir. Les classiques défilent dans un premier temps, sans grand engouement, avant de laisser de la place aux deux nouveaux albums d’une qualité bien faible. Progressivement, le public composé à moitié de fans de Måneskin se dévergonde et répond aux très (très) nombreux appels du groupe à sauter et danser. Mais les anglais sont heureux d’être sur scène et leur énergie est communicative, l’audience est réceptive. La fin du set avec les célèbres « Vlad the Impaler » et « Fire » concluent fièrement un bon concert marqué par une impression de voir un Kasabian ayant encore un peu besoin de ré-affirmer sa nouvelle composition. C’est avec grand plaisir que nous les reverrons en salle.

Frank Carter & The Rattlesnakes : man of the day

C’en est fini pour l’Angleterre sur la Mainstage, direction la Cascade pour l’accueillir maintenant. Car c’est au tour de Frank Carter et de ses Rattlesnakes d’électriser le festival. Sept ans et trois albums après leur dernier passage à Rock en Seine, le groupe de punk rock n’a cessé de voir sa fanbase grandir et de produire des concerts d’anthologie dans la capitale. Autant dire que la foule était au rendez- vous pour se prendre cette tornade en plein visage. Complicité naturelle avec l’audience, pogos, crowdsurfing, foule en délire et bienveillance (rien que ça !) ont mélangé l’artiste et ses fans lors du concert le plus marquant de ce jeudi. Il faut dire que Frank Carter sait captiver le public. Qu’il lui soit ou non conquis, le frontman ne laisse jamais personne sur la touche et va chercher jusqu’au plus récalcitrant pour le forcer à décroiser ses bras et ses joindre aux pogos. Sur neuf titres interprétés, quatre sont réservés au dernier album « Dark Rainbow » mais les succès du groupe trouvent toute leur place dans le set. « Man of the hour » sera l’un des temps forts de la prestation (ici son refrain nous fait fort penser à un autre morceau et on vous offre des bonbons et notre reconnaissance éternelle si vous nous dites à qui – les temps sont dures pour de meilleurs cadeaux). Un t-shirt Bob L’Eponge offert par un fan sera l’occasion d’un début de morceau en fou rire pour le chanteur. La preuve s’il en est de sa proximité au public mais aussi d’une sympathie naturelle qui pousse à se laisser porter, les yeux grands ouverts, dans toutes propositions scéniques.  Depuis les premiers disques, une vraie communauté s’est forgée autour de l’artiste et celle-ci va sans aucun doute continuer de s’accroître au vu de l’aisance avec laquelle le groupe a encore réussi à conquérir les cœurs aujourd’hui. Une vraie communion s’est ressentie autour de sa performance, un grand moment de ce festival.

de l’ère jurassique aux temps modernes

Il est toujours plaisant de retrouver des constantes. Non que les surprises ne puissent être plaisantes mais certains lives, ses trucs et astuces répétés méthodiquement année par année sont tout autant appréciables. Peut-être qu’ils confèrent à l’idée de toujours être chez soit, qu’importe où l’on se trouve. Et c’est ce que l’on ressent à chaque show de The Hives. Les suédois balancent depuis 1993 déjà, leur vision d’un punk garage made in Suède qui a toujours chercher à se mettre à contre sens de ce qu’est la planète punk. Si c’est pour emmerder ces derniers que nos compères menés par Howlin’ Pelle Amqvist ont choisi de prendre un uniforme noir et blanc, ils l’ont depuis garder. Qu’est ce qui pourrait être moins punk que le costume se demanderaient-ils ? Et en même temps qu’est ce qui pourrait l’être plus ? Sur scène, les voilà donc vêtus de leurs fameuses rayures alors que les sauts sont en nombre dès les premières minutes d’un live si énergique qu’il pousse le chanteur à se jeter immédiatement dans son public. Les classiques on les connait. « Tik tik Boom » vient d’ailleurs clôturer le set comme le veut la coutume et « Come on! » ne manque pas de le précéder. « Walk Idiot Walk » (Tyrannosaurus Hives) se glisse parfaitement dans la set list de nos dinosaures bien aimés. Un titre d’album qui n’est pas sans rappeler pour les experts que j’espère que vous êtes un épisode de « South Park » mais ne nous égarons pas, sans quoi on finirait par se demander quel Hives serait Randy Marsh. Des interactions bien souvent en français viennent ponctuer le live, incitation évidente à demander au public de se donner plus possible. Il y a pourtant eu de la nouveauté chez The Hives. Un nouvel album, plus de 10 après son prédécesseur : « The Death of Randy Fitzsimmons ». Une vraie réussite pour un groupe que l’on espérait encore capable du meilleur. L’opus qui ne connait aucun temps faible et avait su se placer au coeur des attentes, sans se perdre mais sans répéter un gimmick en boucle à l’origine du succès. Il avait été, au contraire, une petite bulle de fraicheur lorsqu’il était sorti l’année dernière, bien fait et jamais prétentieux. Sur scène il ne manquera pas au programme « Bogus Operanti » ouvrant le bal pour le prouver et « Rigor Mortis Radio » ajoutant sa dose de piquant. Ces dinosaures ne sont pas prêts de disparaitre !

Changement d’époque lorsque l’on retrouve Gossip, dont la modernité elle n’a cessé de faire parler et ce, depuis ses débuts en 1999. Le groupe vit depuis ses ères entrecoupées de longues périodes de pauses plus ou moins longues. Reste que sa sulfureuse chanteuse, l’incroyable Beth Ditto est toujours restée dans les parages. Féministe bien avant que toutes les scènes se revendiquent du mouvement, inspirée par les riot grrrl, la musicienne a toujours su défendre ses positions, choquant avant que finalement son propos ne soit enfin entendu comme il le fallait. Sur la scène Cascade, le groupe choisit de toujours se placer du côté des justes causes. Il sera donc celui qui fera entièrement signer son concert pour que les personnes sourdes puissent elles aussi profiter du moment. Un geste remarquable dans les propositions d’inclusivité actuelles. Côté scène, ce qui était vrai hier l’est toujours aujourd’hui. La voix de Beth Ditto marque les esprits. Si certains des titres semblent, à la longue d’un set, répétitifs, les temps forts eux dénotent. « Standing in the way of control » prend par exemple les traits d’un mash up et convoque Nirvana à ajouter son esprit rebelle à l’instant. « Heavy Cross » très attendu fait mouche et une clôture sur « L’Homme à la moto » d’Edith Piaf a cappella dans le public vient parfaire l’instant. On souhaite cette nouvelle ère de Gossip longue et prospère, la rumeur sur leur talent est elle avérée de longue date.

Alors que tous les yeux étaient tournés vers la Grande Scène et donc la performance de Maneskin, tête d’affiche de la soirée et fortement adulés depuis leur Eurovision, comme quoi tout peut arriver dans ce bas monde, il aurait été dommage de ne pas se faire un saut sur la scène du Bosquet. C’était l’occasion de rentrer en plein dans les temps modernes. Les incroyables Psychotic Monks y officiaient un concert pointu, preuve de leur amour profond pour la musique. Un concert vous dites ? Plutôt une performance, une véritable expérience. Brut, exalté, très indé et donc forcément sublime, le moment confére en une plongée  revigorante pour les connaisseurs. euses aux anges de se voir proposer quelque chose de novateur. Depuis leurs débuts en 2017 et le remarquable « Silence Slowly And Madly Shines « , le groupe n’a eu de cesse d’innover, proposant même aujourd’hui des ateliers pour apprendre à sortir des cases musicales établies et aller chercher des instruments de part le monde entier. Avec pour décors le drapeau palestinien et le drapeau transgenres, le groupe rappelle ses positions et défend perpétuellement ses valeurs. Humaines et musicales, l’un et l’autre étant bien souvent et à juste titre liés. C’est donc la tête pleine qu’il faudra quitter Saint-Cloud pour la journée, des riffs psychés y tourbillonnant dans l’attente  d’une toute nouvelle ère demain aux sonorités bien différente.

Article écrit à 3 mains par : Pénélope Bonneau Rouis, Adrien Comar et Julia Escudero


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