Tag

queer

Browsing

New-York, berceau de la musique, repère des nuits et ses multitudes de temples pour ceux qui ne rentrent pas dans les cases étroites de la société. En 1979, le Pyramid Club y ouvre ses portes dans l’East Village. Très vite il devient le repère d’une « nouvelle race de performers drag politisés ».  Parmi les premier.es à s’y produire : des personnalités : Ru Paul en tête de liste mais aussi Lydia Lunch,  Nirvana, Sonic Youth, les Red Hot Chili Peppers pour leurs premiers shows dans la grande pomme. Madonna elle y organise son premier concert caritatif contre le SIDA.  Le lieu devient un repère et une des emblèmes qui fait du East Village un quartier privilégié autant pour les scènes drag, gay, punk et artistiques que pour un public qui s’y reconnait.

black lips barEn 1992, ANOHNI, femme trans, connue pour sa carrière dans Antony and the Johnsons et pour sa proximité artistique avec Lou Reed s’unit avec Johanna Constantine et Psychotic Eve alors qu’elles sont dans leur vingtaine. Elles forment le Black Lips Performance Cult. Avec environ 13 autres personnes, elles décident d’écrire des pièces irrévérencieuses. Le Blackl Lips pose ses valises au Pyramid Club et prend le créneau des lundis pour présenter ses créations. L’esthétique prime alors qu’elles subliment autant la culture gothique que drag. Parmi leurs performances, « La naissance d’Anne Frank » mais aussi l’arrachage d’un faux foetus en sang du corps du performer James F. Murphy ou bien la troupe qui vomi le corps de Jake L’éventreur. A l’époque il était possible d’être subversifs et créatifs. Les voilà donc qui se mettent à la chanson. Leurs représentations sont parfois drôles, parfois dévastatrices et empreintes d’une réalité qui s’inscrit en parallèles avec la montée du SIDA.

Blacklips Bar: Androgyns and Deviants —  1992 – 1995

pyramid clubBlacklips Bar: Androgyns and Deviants — Industrial Romance for Bruised and Battered Angels, 1992 – 1995, de son nom complet est la compil qui s’inscrit dans trois années de cette histoire. A l’initiative d’ANOHNI, les 90 minutes qui la composent sont un hommage vibrant  au Black Lips Performance Cult, leurs prédécesseurs, inspirations et des enregistrements rares des titres composés par leurs membres. Le parcours y est incroyable, d’autant plus que la pluralité musicale est de mise alors que chaque piste profite d’une véritable force underground.

Meng & Ecker ouvre le bal avec un morceau plutôt dansant. Son histoire, à l’image de la compilation est atypique et barrée. Savoy Books fut fondé en 1976 en Angleterre. Les livres qui y furent publiés incluaient des contenus plus que sensibles allant du « Lord Horror » de David Britton avec parmi ses personnages principaux Hitler et le nazi Lord Haw-Haw (un ouvrage nihiliste et sadique) ou encore des romans graphiques entre pornographie et sci-fi et donc « Meng & Ecker » (illustré par Kris Guidio) qui retrace le parcours cauchemardesque d’une personne transsexuelle et punk dans un décor anarchique.Les ouvrages étaient si choquants qu’ils valurent à l’un des créateurs de Savoy, David Britton, deux ans de prison. En 1989, Denis Johnson et Rowetta créèrent un titre électro, illustration sonore du fameux texte « Meng & Ecker ».  Johanna Constantine, une membre du Blacklips, tombe sur la librairie alors qu’elle est étudiante à Leeds. Elle suit la trace de leurs bureaux jusqu’à Manchester non sans avoir pris le temps de fouiller et s’approprier leurs oeuvres. Lorsqu’elle les retrouve, Savoy vient de subir une descente de police. Pour y répondre, ils impriment des tee-shirts représentant le chef de la police locale la tête explosée. Voilà qui donne le ton d’un album pluriel qui ne rentrera jamais dans les cases.

ANOHNI : âme rebelle aux manettes

AnohniEvidemment ANOHNI étant à la tête de la création de ce joyau et de cette quête d’une histoire si significative, ses titres peuplent en nombre cette galette.  L’un des plus incroyables moments de cet opus est une version précoce du titre « Rapture » qu’elle éditera par la suite avec The Johnson puis en featuring avec Lou Reed. On retrouve également « People are Small » (avec Justin Grey), « Blacklips » ou « Love Letter ».  C’est elle qui raconte l’histoire de ce collectif artistique dont les créations sont parfois le reflet violent de la réalité toute aussi violente qui les frappe : les années SIDA. Pour  en parler, les titres s’entrecoupent d’extraits d’interviews, très vite on retrouve d’ailleurs Vito Russo, activiste d’AIDS. Des temps différents, parfaitement efficaces dans ce tourbillon mélodique souvent sombre, hallucinant, vibrant au plus fort.

Bouillon artistique

La noirceur, elle s’illustre aussi par l’horreur, le jusqu’au boutisme, les cris, les interludes. Un extrait d’une publicité pour un show d’Halloween rencontre des extraits de DJ sets. Pas étonnant donc d’y retrouver Diamanda Galás. Chanteuse, performeuse, peintre, pianiste. En 1991 elle publie l’album « Plague Mass »  enregistré dans une église new-yorkaise où elle livre une violente attaque contre l’attitude de l’Eglise face au SIDA. ANOHNI découvre son album « Panoptikon » quand elle est adolescente. Sa voix lui fait l’effet d’une arme qu’elle utilise pour défendre la cause. Son morceau « Double-Barrel Prayer » a donc une place centrale sur cet opus. Il faut ajouter que Galás est l’une des maîtresses des mélodies et esthétiques horrifiques et porte ces propos avec une voix de trois octaves et demi.

leigh bowery
Leigh Bowery

Autre artiste auquel la compilation rend hommage : Leigh Bowery prend place sur « Useless Man » par Minty. Présenté à ANOHNI par l’intermédiaire de Charles Atlas, il était un artiste, styliste, créateur de clubs australien. Son influence sur le monde de la mode a eu un impact considérable sur ses successeurs d’Alexander McQueen à Lady Gaga en passant par David Lachapelle ou encore Boy Georges, tous se revendiquent de ses créations. Pour cause, à l’ouverture de son club Taboo, sa phrase fétiche sera « Habillez-vous comme si votre vie en dépendait, ou ne vous déplacez même pas ».  Lunette de W-C en guise de collier, combinaison en latex, chapeau en forme de phallus ou robe gâteau d’anniversaire sont autant de ses tenues. A son décès, ANOHNI, dévastée décide de lui rendre hommage en vidéo. Avec le mot « YES’ écrit sur le front en hommage à Yoko Ono, elle grimpe sur une jetée en train de s’écrouler, sous l’œil horrifié des employés de la ville, elle s’avance sur ce cadre dangereux  filmée par la caméra qui l’accompagne. C’est la police qui la délogera.

Parmi les morceaux les plus importants de cet opus figure « 13 ways to die ». Un titre que l’on doit à Dr. Clark Render (dont le monologue était l’ouverture du show des Black Lips pendant des années) et joué par le groupe qui sorti en mars 1995. On retrouve là toute la mélancolie des Black Lips et une confrontation directe à la pandémie du SIDA et la découverte d’un New-York en mouvement et évolution, comme le Monde qui se transforme à toute allure. Une belle approche de la fin de cette incroyable compilation.

Fin 1995, ANOHNI  a commencé à se produire dans un autre club du East Village : le PS122 avant de se mettre pleinement à la composition musicale. Les autres membres du collectif ont poursuivi leurs carrières de performeurs drags, maquilleurs et DJ. De quoi clôturer une époque mais aussi s’inscrire dans les mémoires comme l’image d’une époque aussi sombre qu’artistiquement puissante. La compilation, disponible en vinyle et sur les plateformes est à chérir et écouter comme un trésor incontournable. Le Pyramid Club lui, qui avait fermé un temps à cause du COVID a pu être sauvé. Un lieu qu’il ne faut pas manquer lorsque l’on se rend à New-York pour garder vivante l’âme d’un temps important et très proche du nôtre.


cramps songs the lord taught us

The Cramps : à la (re)découverte du punk horrifique habité de « Songs the Lord Taught Us »

The Cramps sont de retour… du moins dans les oreilles. Remis au goût du jour…

album art - Ezra Furman - All Of Us Flames

Ezra Furman éveille la flamme en chacun de nous dans le parfait « All of us flames »

Quel grand raté cet été que d’être passé à côté du dernier né d’Ezra Furman.…

clip engagé

Sélection de clips engagés sociétaux aux messages importants à (re)découvrir !

Hozier : Take me to Church En 2014, impossible de passer à côté de l’immense…

compilation BBX1

Crée en 2004, Barbi(e)turix s’est lancé dans la création de soirées clubbing queers et lesbiennes. L’objectif? Offrif au public un espace safe et fédérateur mais aussi faire la part belle aux compositrices. Pour se faire,  le collectif composé de 15 riot girls bénévoles, comme elles aiment à se définir, a investit les salles parisiennes pour y proposer ses soirées. De l’Olympia à la Gaîté Lyrique en passant par la Machine du Moulin Rouge, se sont avant tout des lieux non identifiés comme LGBT+ qui ont pris les couleurs de Barbi(e)turix le temps de soirées déchaînées, et ce, aux côtés de 200 artistes.

C’est notamment à ce collectif que l’on doit les soirées Wet for me mais aussi un site internet dédié à la culture lesbienne et féminine comme un fanzine distribué gratuitement dans les bars, galeries et concepts stores parisiens.

 

BBX#1, une première compilation survoltée, blindée d’artistes incontournables

 

Bonne nouvelle pour les fans du collectif et de musique en général puisque voilà que sort le 4 octobre, sa toute première compilation. On y retrouve 18 titres interprétés par 20 artistes issus de ses soirées. Que du beau monde puisque artistes renommés et indés se partagent la vedettes entre composition, covers et remix.

Au programme, des artistes engagés et extrêmement talentueux: Jeanne Added, Léonie Pernet, Hyphen Hyphen, Flavien Berger et Julia Lanoë, Calling Marian, Rebeka Warrior ou encore Sônge pour les plus connus jouent aux côté des tout autant indispensables Flore, Vale & Theodora, Franky Cogo, Mila Dietrich, Irène Drésel, Regina Demina, Sara Zinger, Gonthier, Üghett, Maud Geffray, Virile et Deena Abdelwahed. En sort une compilation instinctive, queer, plurielle, déchaînée entre pop et électro qui ne pourra que vous donner envie de danser et de faire la fête toute la nuit.

A noter que cet album engagé est auto-produit, une (bonne) raison de plus de le défendre et de se le procurer d’urgence.

 

[divider style= »solid » color= »#eeeeee » width= »1px »]

Ne manquez pas la release party de BBX#1

 

Vous avez envie de faire la fête sur les morceau hypnotisant de cette compil’? Envie de partager un moment bienveillant, inclusif, musicalement au top avant de danser dessus toute la nuit dans votre salon? Et bien, ça tombe parfaitement puisque Barbi(e)turix vous invite à fêter cette belle sortie à l’occasion d’une soirée follement électro. Rendez-vous le 18 octobre de 22 heures à 6 heures du matin à la Station-Gare des Mines en présence notamment de Jeanne Added. Pour les billets c’est par ici que ça se passe. 

Et pour se procurer la compilation: elle est disponible sur toutes les plateformes & édition limitée de 200 CD numérotés et en
vente exclusive à la release party.