Le vendredi 19 avril s’annonce comme la journée la plus « Printemps de Bourges ». En effet la programmation enchaine entre Inouïs, anciens Inouïs, artistes habitués et consacrés au Printemps de Bourges qui s’entremêlent sur les différentes scènes. Le festival garde année après année sa place d’institution de la musique, c’est parce qu’il est constitué de surprises toutes plus ingénieuses les unes que les autres. Le Printemps ouvre des portes que nous n’aurions jamais pensé pousser et propose pour nos yeux ébahis les prochains coups de coeur qui hanteront nos iPod (ou nos plateforme de streaming).
DESAINTEX
Cheveux courts, lunettes rondes et petit pantalon de velours, Desaintex a une allure de gentil garçon et sa musique va dans ce sens, il susurre des paroles romantiques, douces, sur des instru électroniques comme des balades envoûtantes.
EPHEBE
EPHEBE a de l’énergie à revendre et ça se ressent : chorégraphies, drop the mic et lancé de baguettes dans la fougue de son show, EPHEBE est le premier artiste des inouïs qui subjugue aussi rapidement le public.
HERVÉ
Toujours dans cette vague électro-pop, c’est seul qu’Herve convainc à l’unanimité le public du 22. Ses instrus electro nous fait penser à celle de Lescop, ses textes a du Bashung dont il reprend La « Peur des Mots ».
T-shirt blanc et jean, pas d’exubérance, des lumières en contre-jour, c’est la musique qui fait le travail. Hervé est un nom qu’il faut retenir. Côté pro beaucoup en parle. D’ici quelques mois il fera sûrement parti de la nouvelle vague et remplira des salles beaucoup moins intimiste que le 22.
INUIT
Inuit qui nous faisait déjà danser en décembre au Festival Les Aventuriers investit cette fois l’immense salle du W. Ce sont eux qui lancent les festivités de la journée pour cette salle qui accueille des milliers de spectateurs jusqu’à la nuit.
Avec un concert plus électro que celui que nous avons connu, Inuit se met le public dans la poche très vite, ils jouent leurs chansons les plus connues, la plupart sorties sur leur dernier album, Action mais aussi Dodo Mafutsi extrait de leur premier EP, l’occasion de faire chanter la salle entière sur le refrain de cette chanson qui prend des airs d’hymne que l’on chante avec fierté.
JEANNE ADDED
Ce n’est pas sur une scène mais bien sûr un ring que
Jeanne Added est montée.
Des les premières notes, elle parcourt la scène en courant pour ne plus jamais s’arrêter, un micro ou une guitare dans la main, Jeanne donne le change, sa voix reste imperturbable et son humeur électrique est communicative à commencer par les musiciens derrière elle, deux femmes et un batteur sur scène, déchainés, bien décidés à en découdre avec cette impressionnante salle qui réunit un public de plus en plus nombreux pour l’occasion. Elle déborde tellement d’énergie qu’il est parfois difficile de la suivre du regard. Quand elle s’arrête elle jette des coups de pied dans les airs plus haut que sa tête. La veille elle reprenait Higelin. Aujourd’hui elle irradie la foule de sa présence, de sa prestance, de ses morceaux qui nous transporte et nous donne des frissons. Avec son deuxième album sorti en septembre, l’artiste à la formation jazz est devenue une des personnalités que seul Bourges sait révéler.
FLAVIEN BERGER
Après le ring, Flavien Berger nous propose de visiter son laboratoire expérimental dans lequel il confronte ses titres les plus connus aux possibilités de ses synthétiseurs.
C’est un drapeau à la main et ses lunettes sur le nez qu’il entre en scène pour se placer derrière deux claviers et plusieurs micros. Il prend la parole, créé un lien avec le public qu’il entretient tout au long du concert. Et il s’avère qu’en plus d’être bon, il est drôle !
Le nouveau Sebastien Tellier arrive sur scène, retire le drap qui recouvre ses instruments et entame plusieurs minutes de sons électroniques. Sur les côtés, 4 piliers, eux même recouvert de tissus bleu encadrant l’artiste. Ils font office de chorégraphes, tournoyant au rythme des morceaux, tel des derviches tourneurs modernes. Il propose tout de suite la mise en place d’un petit jeu qui fait craquer le public : quand il décrochera son micro de façon non-chalante, le public devra « manifester son contentement » pour que les auditeurs qui suivent le concert à la radio en soient informés.
Il reprend ses titres, Océan Rouge, Pamplemousse, Brutalisme… et les pousse à leur paroxysme, les réarrange, ajoute des paroles, il joue et s’amuse avec ce qu’il fait de mieux : innover.
De son côté le très en vogue Flavien Berger, lunettes greffées sur les yeux en impose. Avec une sobriété et un calme exemplaire, il communique régulièrement avec un public d’adeptes qui danse dès les premières secondes du set. Sa voix grave et ses incantations en français dans le texte captivent. Il y a du Katherine du début dans ses morceaux. Un trip élitiste qui s’adresse néanmoins à un public averti.
CLARA LUCIANI
La scène plongée dans le noir, la voix céleste de Clara Luciani entame un prologue. Quelques mots et une histoire : celle d’un combat contre le cancer du sein semble-t-il. Ces mots comme un poème nous rappelle à la vraie vie et jette un petit froid dans la salle.
Puis Clara Luciani apparaît avec ses musiciens qu’elle prend le soin de présenter devant des faux vitraux tendus. La messe peut commencer et les messages d’amour à Clara Luciani avec.
Un public ou un barre-terre d’admirateurs, la frontière est mince !
La nouvelle étoile, que l’on voyait déjà partout l’année dernière a pris en assurance. Elle racontera à la radio qu’elle était aussi stressée qu’à l’Olympia. Ce qui est passez totalement passé inaperçu.
Clara propose un spectacle résolument plus rock que son album avant de proposer un tête-à-tête avec le public sur la chanson Drôle d’Epoque quand ses musiciens la quitte. Clara joue avec la performance de son compagnon guitariste qui se déchaine autant qu’à un concert des Gun’s. Un moment qui amuse la chanteuse.
Elle invite le public à chanter avec elle, un public de connaisseurs qui n’avait pas déjà hésité à chanter a tue tête avec elle avant qu’elle le leur propose.
Très rapidement elle annonce qu’elle va jouer un morceau qu’on attend tous. Quelqu’un dans la foule qui avait du apprendre la setlist des précédents concerts crie « eddy ». Elle répond simplement « non, les fleurs ». Le premier single fait l’humanité dans le Palais. Elle conclura par son réintreprétation de « The Bay » de Metronomy et comme une réponse à l’ouverture de son spectacle, Clara termine son spectacle par le désormais incontournable titre La Grenade.
THÉRAPIE TAXI
Thérapie taxi prend d’assaut le W devant un public très jeune qui visiblement les attendait depuis longtemps. Le groupe affirme une fois de plus qu’ils n’ont pas de limites, ni la bienséance ni la morale ne dictent leurs lois. Distribution de whisky-coca, service à même la bouche par un Raphael torse-nu… Ils n’hésitent pas pour faire vivre un vrai moment inoubliable à leur public et hésitent encore moins quand il s’agit de faire chanter un magistrale « Joyeux Anniversaire » pour la chanteuse du groupe, Adélaïde. D’ailleurs cette célébration se conclut par un douche au champagne et une danse avec un lapin rose.
CATASTROPHE
Catastrophe nous reçoit dans le palais Jacques Coeur, dans un bâtiment riche en histoire du XVeme siècle en pierres blanches.
C’est aux pieds de la cheminée que la scène est installée, un piano à queue placé discrètement sur la droite de la scène. Les spectateurs, assis, sont une poignée de privilégiés accueillis dans cette petite salle.
Le concert débute, chacun vêtu d’un costume de couleur, le spectacle débute et promet d’être étourdissant ! Ils adaptent ingénieusement leur débit de concert au lieu, en faisant le point de départ de l’histoire qu’ils vont nous raconter pendant l’heure de spectacle. Ils rappellent la majestuosité du lieu et offrent une chanson inédite qui se prête à la situation à merveille. Un tour de passe passe qui démontre une fois de plus leur esprit d’adaptation et leur inventivité.
Blandine propose son traditionnel tour sur elle-même, vertigineux qui dure assez de temps pour nous donner le tournis alors même que nous sommes assis sur nos chaises. Puis nous les voyons traverser la salle en courant, monter sur les chaises restées vides. La narration qui sert de fil conducteur au concert laisse place à des vrais moment d’échange avec le public qu’ils fait se lever pour faire se rasseoir dans un premier temps ceux qui croient que leur horoscope influe sur leur vie, puis ceux qui croient que les animaux communiquent entre eux… Jusqu’a devoir faire plier ce monsieur qui reste intangiblement debout mais forcé de s’assoir pour avoir un jour vu la mer. Un moyen astucieux de permettre à Blandine de se faufiler parmi le public et de faire reprendre le spectacle au plus près du public. Et des idées comme celles-ci, ils en ont tellement qu’il est impossible de toutes les citer.
Même la seconde fois, Catastrophe surprend et subjugue. Jusqu’ou peuvent-ils aller pour nous faire passer un moment inoubliable ?
Skip The Use
De retour avec sa formation initiale, Matt Bastard plus en forme que jamais a fait trembler le W et son public. L’hyperactif qui occupe la scène comme un enfant qui ouvre des cadeaux de Noël, prend sont le temps d’interagir avec la foule. Dès le deuxième morceaux il s’excuse par avance aux personnes qui vont « mourir ou finir blessés ». S’en suit un 1-2-3 Soleil géant avec 6 000 festivaliers qui suivront les indications de Matt, oscillant dans l’esplanade de droite à gauche. Le caméraman sur scène perd le jeu et est condamné à payer une tournée à tout le monde. Sa bonne humeur et sa manière de parler qui rappelle David Boring, instaure une ambiance détendu dans la foule. Certains morceaux au contraire poussent à l’agitation. Comme à Shaka Ponk, mieux vaut avoir les genoux solides pour finir entier quand on est dans les premiers rangs. Le temps s’enfuit, mais Skip ne vieillit pas et continue des shows à vivre une fois (et une dernière pour certains ahah) dans sa vie.
Texte : Philippine Berda Et Kévin Gombert
Photo : Kévin Gombert