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Et voilà déjà un an d’écoulé depuis le dernier MaMA Music & Convention ! Sans qu’on ne s’en rende compte, les saisons sont passées, et les feuilles sont de nouveau sur le sol. Ce fait acté rime avec rituels d’automne. Chaque année voit son calendrier se peupler d’évènements, chacun synonyme d’un temps précis. Immanquable, immuable. Octobre est le temps des découvertes et des courses endiablées dans le quartier de Pigalle. Nous voilà donc vestes sur les épaules pour affronter les premiers froids et faire le tour des salles et écouter le fleuron de la musique francophone, mais pas que. Suivez les  guides !

MaMA Festival 2025 - Crédit photo : Louis Comar
MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar

De la douceur folk avec Augusta mama

Augusta - MaMA Festival 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Augusta – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Notre périple, sous forme de carte au trésors nous conduit d’abord aux Trois Baudets. Le lieu profite de cette soirée du jeudi pour mettre en avant les femmes du Metronome. Le Women Metronum Academy nous vient donc tout droit de Toulouse et compte bien jouer sur la diversité pour séduire. A pas de velours, la musique délicate d’Augusta s’invite à l’ouverture du bal. Seule derrière  sa grande guitare la musicienne distille ses jolies notes folk. Le parcours des merveilles pourra bien s’arrêter un temps pour l’écouter. Après tout, l’instant est suspendu. Voix profonde et capacité de composition, en anglais, viennent d’emplir la pièce. On regrette toujours le gros poteau des Trois Baudets qui ne permet pas de pleinement profiter du spectacle. Parce que même si la scénographie est minimaliste, la chaleur qui se dégage de l’instant, elle, est contagieuse. Elle vient prendre chaque spectateur par la main pour l’inviter dans une intimité salvatrice. Pigalle est loin, seules les notes comptent et quelques plaisanteries sur scènes viennent à resserrer nos liens. Comparée à Laura Marlin et Joni Mitchell, Augusta a la beauté créatrice et la douceur des deux, une gamme rassurante en plus, la détresse en moins. Il y a du Sufjan Stevens dans ses compositions. Il faut pourtant reprendre notre route, le rituel nous attend, la chasse aux découvertes également.

Voilà donc que la carte aux trésors nous conduit jusqu’à la Machine du Moulin Rouge et plus précisément à la Chaufferie pour découvrir le set endiablé de Cannelle. Artiste à part à la personnalité singulière. Sa présence scénique frappe fort et son mélange des genres séduit immédiatement l’assistance, surtout grâce à ses textes qui vont droit au but. Un peu d’électro, un brin de sensualité, des références à « son boule », et un ton urbain. Ce petit brin d’épices est dans l’air du temps.

On a qu’à prolonger l’été avec The K’s mama

Mine de rien ce dernier passe vite et voilà donc qu’il faut monter les escaliers, après quelques pas sur la marelle posée là, pour se prendre un bain de musique anglosaxone. The K’s vient en effet de débuter son set sur les planche de la Machine. Groupe rock originaire du Royaume-Unis, les quatuor est venu défendre son deuxième opus paru en juillet 2025. On découvre un rock, certes convenu, mais aussi facile d’accès. Solaire et plein de bon humeur, le groupe publiait son deuxième album  » Pretty On The Internet » au mois de juillet. Un condensé de titres pêchus au rock qui lorgne sur la pop à la sauce Good Neighbours, très en vogue en ce moment. Sur scène, le set souffre d’une configuration statique qui manque à insuffler le tonus des compositions. Pour autant et malgré une salle encore relativement peu remplie, l’instant plaisant fait facilement croire qu’on aurait volé à l’été quelques beaux rayons de soleil pour les placer face à nous.

Adès the planet, c’est le bruit de couloir de la journée. Nous parlions de rituels, de traditions. Il en est une évidente au MaMA, celle de se rendre dans une salle parce qu’un nom a été répété en boucle de part et d’autre des rues que nous traversons. Nous voilà donc à la Cigale. La musicienne est venue présenter son album tout juste publié : « Bâtarde sensible ». Un nom évocateur, tout comme le décors qui nous attend, peuplé de chaines. Rappeuse et productrice originaire d’Abidjan, elle crée immédiatement une atmosphère pensante, lourde de sens. Danse se mélange aux douleurs propulsés par une trap hypnotisante. Le cadre sombre donne lieu aux plus intenses des chorégraphies, plus qu’un spectacle, une expérience.

Vendredi, tout est permis mama

A peine le temps de prendre quelques heures de sommeil et nous voilà déjà de retour sur site pour l’ultime journée du MaMA 2025. Ce vendredi, intense promet son lot de coups de cœur et de surprises. Les rues sont bondées, l’approche du week-end donne au festival un second visage. De celui réservé aux pros et conférences pour les deux premières journées, le voilà plus largement peuplé de public pour son final.

MaMA Festival 2025 - Crédit photo : Louis Comar
MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Loin d’être une découverte, on retrouve rapidement l’élégance de Béesau sur les planches de la Cigale. Evidemment, son style musical dénote avec le reste de la programmation. Tout comme un certain Sofiane Pamart, le musicien prend un instrument classique, la trompette ici et un registre plus difficile d’accès au grand public, le jazz donc, pour le faire l’adresser à tous.tes. Le jazz peut effrayer, sembler s’adresser à un public expert et pourtant, il regorge de merveilles à découvrir. Rémy Béesau, de son véritable nom, lui ajoute du Hip hop, un brin d’électro et créé un son à la production soignée. Logique pour un producteur ! Il publiait récemment deux ops « Coco Charnelle » ‘part 1 et part 2″ et son nouveau single laisse présager le meilleur pour le suite. « Pas encore », de son petit nom ne pourra pas être interprété ce soir. Prévu en fin de set, le concert avait duré trop longtemps aux yeux de la salle qui devait fermer. A défaut néanmoins de prendre la route pour ce nouveau voyage, c’est un concert sensoriel, empli d’émotions et de beautés d’écriture qui est offert ce soir. Vécu comme un bœuf entre musiciens, composé et interprété avec talent, le spectacle permettra peut-être à certain.es de faire leurs premier pas dans le registre.

Béesau - MaMA Festival 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Béesau – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Ivre de plaisir avec Dressed Like Boy mama

Nous parlions de bruits de couloirs, certains sont plus tenaces que d’autres. Celui qui concernait Dressed Like Boys a passé la soirée à nos côtés. Il était donc impossible de ne pas prendre le temps de découvrir le  nouveau prodige de la pop made in Belgium. Et, il faut admettre à nos sources qu’elles avaient raison, puisque le spectacle donné en ce vendredi soir aux Trois Baudets était le plus beau de ce MaMA 2025. D’entrée, le ton est donné alors que notre homme officie derrière son piano avec la grâce d’un certain Elton John à ses débuts. Grandiose et captivant sans avoir besoin de surjouer, le musicien à le voix de velours attire autant les sympathies qu’il captive.

Dressed Like Boys - MaMA Festival 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Dressed Like Boys – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Pas un bruit ne vient troubler le spectacle en configuration assise. On pourrait aisément comparer son timbre à celui de Mika, puisqu’il faut bien souvent parler d’autres artistes pour définir un univers. Ce ne serait pourtant qu’une infime évocation de l’univers onirique ici offert. Entouré d’un groupe majestueux, le musicien attire sur lui tous les regards alors qu’il offre des mélodies accrocheuses, entre la grandeur de Broadway et les plus belles des balades pop. On se surprend à chanter les refrains entre nos dents dès leur première écoute. Il en profite pour se réjouir de jouer dans la petite salle parisienne, où est passé comme il le rappelle Brel « le plus grands de tous les belges avec Tintin ou encore Gainsbourg ». On passera sur le terme salle mythique, sur-utilisé aujourd’hui et balancé à toutes les sauces dès qu’on dit l’Olympia, au point de rendre le mot en lui-même irritant. Le CBGB lui aussi était mythique avant de devenir une boutique de vêtements après tout, le temps n’épargne rien. Est-ce vrai ? Il épargne les souvenirs, les magnifie, les transcende. Et celui de ce live comptera parmi ceux qui se gravent dans nos mémoires. Le chanteur prend quelques gorgées de bière entre deux titres « Baudelaire disait qu’il faut toujours être ivre » lance-t-il, sourire aux lèvres.  « Que les fins de journées d’automne sont pénétrantes !  » disait il également,  » car il est de certaines sensations délicieuses dont le vague n’exclut pas l’intensité » ajoutait-il dans le « Confiteor de l’artiste ». Voilà des vers qui viennent à parfaitement décrire la performance de Dressed like boys, aussi pénétrante qu’intense. Le chanteur confie ensuite être un homme gay pour mieux introduire le titre «  »Jaouad » », ode à la tolérance et à la douceur inébranlable qui réussit l’exploit de s’offrir quelques mots en français « J’aime sucer des bites toute la journée ». Chanté avec le virtuose d’une ballerine, sur la pointe des pieds. Tous les mots peuvent trouver de la beauté et résonner de bien des manières, tout dépend de leur contexte.  Ici, ces paroles crues deviennent poésie, et se magnifient par leur effet de surprise. « L’étude du beau est un duel où l’artiste crie de frayeur avant d’être vaincu » à moins que Baudelaire n’aie tord et qu’il ne crie ses textes, avant de vaincre toutes les barrières pour mieux conquérir le cœur du  public. Il faut toujours être ivre du bonheur de la découverte.

Dressed Like Boys - MaMA Festival 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Dressed Like Boys – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar

La soirée ne pouvait s’arrêter ici, il fallait au moins, avec de faire nos au revoirs à cette nouvelle édition, et de craindre le début de l’hiver faire un dernier tour sur les planches de la Machine du Moulin Rouge où la soirée se prolongera la nuit durant.

MaMA Festival 2025 - Crédit photo : Louis Comar
MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Je suis même pas désolée (brRRaaa) mama

Il est aujourd’hui difficile d’émettre une critique négative. Il faudrait toujours trouver du bon en toute chose. L’idée même qu’une critique existe, surtout placée au rang de métier vaut toutes les moqueries et tous les rejets. Tout serait également de même qualité : un repas dans un restaurant étoilé et un sandwich triangle auraient-ils la même saveur ? On peut tout aimer évidemment, c’est un droit, mais il existe des critères pour juger de compositions et placer des mots dessus. Ce long préambule sert surtout à s’octroyer le droit de s’interroger quand à la performance de Doc OVG. Le rap français, actuel qui plus est, regorge de très belles découvertes, bien écrites et composées. D’autres, parce que le courant est à la mode, se permettent de surfer sur des clichés datés, sans originalités et irritants. La même chose existe dans le rock, les langues tirées, les bandanas et maquillages à outrances. Du rock à papa démodé. Eh bien , Doc OVG, trio en avant-scène, doudoune sur les épaules et masque sur le visage pour se donner l’air méchant joue de ces mêmes codes désuets pour créer un live au mieux ridicule. Les crew de rappeurs laissent souvent pantois. Ils s’invitent sur scène pour ne rien y faire. Cette fois-ci la chose est flagrante : on a un rappeur qui donc rappe (avec un ton agressif), son pote qui balance de manière aléatoire des « wowww » ou des « brrraaa », comme ça lui prend on est à ça d’entendre les faux bruits de mitraillettes. Ne vont-ils rien nous épargner ? Non, rien puisqu’on a même le droit au pote gênant qui arpente la scène d’un bout à l’autre en regardant le vide et dab parfois, quand même. Ce chorégraphe de folie, agite quelques fois ses bras quand  même, pose un pied devant l’autre puis un autre. Grosse performance !  Le résultat est sur-vu et laisse hermétique. A moins qu’on en profite pour en rire. Wowww !

OVG - MaMA Festival 2025 - Crédit photo : Louis Comar
OVG – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Mélanger les genres, faire tourner les têtes mama

Sami Galbi - MaMA Festival 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Sami Galbi – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Heureusement la critique sert aussi, surtout, la plupart du temps on l’espère, à donner des conseils, mettre en lumière des projets puissants, à suivre. Nous terminerons ainsi celle-ci pour vous inviter à écouter Sami Galbi qui offrait un set époustouflant à la Chaufferie ce soir-là. Le multi-instrumentiste et producteur helvético-marocain bluffe par sa capacité et mélanger les registres pour les rendre précis et puissants. Les percussions, puissantes sont à largement saluer. Entre raï, chaâbi, urbain, électro, dance, le musicien fait tourner les têtes et excelle. La modernité ultime vient de cette capacité à reprendre un héritage musical établie et à la confronter à des façons de composer plus actuels. Ici, l’essai se transforme en prouesse. En trans, en danse, en sueur, la salle de la Chaufferie a rarement aussi bien porté son nom. Plus que quelques petits pas avant de quitter cette nouvelle édition du MaMA. Il faudra passer ensuite une nouvelle année, ses joies, ses peines et ses rituels, avant de retrouver celui-ci, si cher à nos cœurs.

Sami Galbi - MaMA Festival 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Sami Galbi – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar

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Que de choix en ce lundi 27 mai 2024 à Paris ! Le choix cornélien, presque celui de Sophie en somme,  devait être fait entre deux des meilleurs artistes du moment qui se produisaient ce soir dans la capitale. D’un côté Beth Gibbons avec en première partie Bill Ryder Jones, de l’autre, à la Cigale, Fat White Family. Les artistes les plus fous de la scène rock actuelle. C’est donc, et ce n’est pas un spoiler si vous avez lu le titre, vers ces derniers que notre choix s’est porté. En cause, une réputation d’immanquables qui nous faisait trépigner d’envie. Avons-nous eu raison ?  On vous raconte.

THE FAT WHITE FAMILY CIGALE 2024
©KEVIN GOMBERT

le Chapelier fou : Lias au Pays des merveilles

Dès l’entrée, notre bon goût est d’office validé par les bruits de couloirs. La veille, l’incroyable famille se produisait au festival Levitation. La prestation avait fait l’unanimité, d’autant plus que le meneur de notre formation jouait à présent entièrement sobre. Voilà qui laissait songeur. 21 heures sonne enfin, il est l’heure ! La tornade se met en marche, la foule se contracte, on ouvre grand les yeux. La famille est là, un joyeux non anniversaire à vous !

C’est sur « Angel » de Robbie Williams qu’entre le groupe sur scène, le décalage se fait. Quoique Robbie Williams, malgré ses mélodies mielleuses est connu pour son sens de l’humour et son plaisir à montrer des photos de ses fesses. D’ailleurs Lias Saoudi, lui, compte bien en dévoiler plus que Robbie. Vêtu d’un imperméable ouvert, il cache à moitié un collant couleur chair, seul vêtement plus que suggestif et qui moule comme vous vous en doutez, chaque partie de son anatomie ( mais ce soir il n’y aura pas de chute). « John Lennon » ( issu de Forgiveness is yours)  ainsi que « Without Consent » ouvre la partie, alors que le dit imperméable dévoile un peu mieux les parties du chanteur. Et les premières secondes ne laissent aucun doute planer : le concert va être un pur moment de folie. Si la notion semble se répéter au cours des précédentes lignes, c’est parce qu’elle représente le mieux la scène qui se déroule ce soir. Lias aurait été un bien meilleur Joker que ne le furent Heath Ledger et Joaquim Phoenix. Il a, du très célèbre personnage, la théâtralité, mais quelque chose dans sa gestuelle vient redistribuer les cartes. Au lieu d’être passive comme on peut l’être en regardant les célèbres films, la foule devient partie intégrante de l’immense asile de Gotham Ci(ty)gale. Il faut donc moins d’un titre pour que les spectateurs n’entrent dans l’ambiance, moins de deux pour que le chanteur ne s’offre son premier bain de foule face à un membre de la sécu déjà débordé qui court donner du fil à son micro. Au troisième morceau, notre homme s’est déjà roulé sur le sol, a hurlé dans son micro, donné une leçon de chant tout en se déchaînant tant qu’il parait improbable d’avoir encore du souffle. « Polygamy is only for the chief » scande-t-il face à une foule transpirante, de corps entremêlés.

L’heure du thé

La grand messe cathartique se poursuit. Tout comme le cinéma d’horreur peut l’être, les concerts de Fat White Family sont d’immenses exutoires. La foule est particulièrement réceptive d’ailleurs à la thérapie par l’absurde qui lui est proposée. Et cette foule a des visages bien variés. Le rock transcende les générations, nous dirons-nous, et c’est peut-être ce qui est le plus beau à voir ce soir. Les plus âgés, les cheveux gris, vêtus de leurs chemises de bureaux, là dans les premiers rangs, en train de pousser dans les pogos et de slamer à toute allure. Au tout premier rang, téléphone à la main, photographiant chaque instant, la fan a toujours 15 ans. Tout comme celle juste à ses côtés qui les a encore sur ses papiers d’identité. Il n’y a pas d’uniforme quand on fait partie de cette grosse famille. D’ailleurs un homme au balcon, et son sage cardigan, félicite du pouce une performance qu’il qualifie d’excellente, pendant qu’une toute jeune femme, au look gothique elle court dans les escaliers pour se prendre un bain de foule. Une famille inter-générationnelle, rassemblée derrière le tonton fou furieux, qui lui est maintenant en eaux. Pour revenir aux sources, peut-être changer de position dans la famille, le voilà qui adopte en avant-scène une position de fœtus, les bras se tendent vers lui, comme dans les films de zombies. « Touch the leather », « Bullet of dignity », « Visions of Pain » ou encore « Hits hits hits » résonnent très fort. La folie continue alors que deux bémols viennent entacher un moment qui pourtant rappelle que les bons concerts existent encore et qu’on peut prendre un plaisir « fou » en concert. Le premier tient du son qui retient trop l’énergie déployée et peine à se répandre dans la salle, laissant parfois de côté certains membres de l’audience. L’autre tient à la répétition de certains gimmicks, qui donnent à une partie du concert une sensation de redite. Non que l’instant ne soit agréable mais une fois la température du bain déjanté prise, l’énergie déployée pourtant en continue vient moins tabasser le public, qui s’était pris une grosse claque pendant une bonne heure de live. Pour autant la fosse bouillante, elle, se fiche bien de toute objection que pourrait donner un critique musical. La critique est papier mais l’instant lui est torride. Les slams sont légions, et les bières volent dans les airs depuis la première heure. Lias jette les éco cups qui lui sont envoyées d’un air machinal et les instruments eux ne sont que mouvement. D’autant plus la flûte traversière qui épouse parfaitement l’instant, insolite et logique à la fois. Côté public, les slammeurs fous remarqueront peut-être la présence des membres de Lulu Van Trapp, eux aussi auront préféré la Fat White Family à Beth Gibbons.

Vol au dessus d’un nid de cigale

Les slams sont nombreux dans la foule et les corps volent dans les airs d’une Cigale pleine à craquer et en parfaite ébullition.  La Fat White Family entame quant à elle la fin de son concert survolté. « Whitest Boy on the beach » résonne avant que le set ne se calme radicalement. Lias Saoudi marque un temps de pause pour interpréter à l’acoustique le titre « Borderline ». Un moment bienvenu puisqu’il permet un reset du concert et de repartir de plus belle pour se dire au revoir. « Work » et « Bomb Disneyland » viennent conclure l’instant survolté, et redonner au grain de folie distillé la puissance dont il a besoin. Lorsque les portes s’ouvrent, le public électrifié et transpirant se déverse dans un Paris tiède que la pluie a délaissé un temps. Aurions-nous dû préférer Beth Gibbons finalement ? Impossible à dire tant les deux soirées promettaient d’être inoubliables. Une chose est certaine, ce moment dément ne saurait sortir des esprits. Comme le dit l’habituellement tristement commun proverbe : les folies sont les seules choses qu’on ne regrette jamais. Ce soir donnons lui raison.

THE FAT WHITE FAMILY CIGALE 2024
©KEVIN GOMBERT

 

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Big Thief jeu concoursJeu concours ! Tente ta chance avec Popnshot  et remporte peut-être deux places pour assister avec la personne de ton choix au concert de Big Thief le 6 juin 2022 à la Cigale de Paris. Le sublime  groupe mené par Adrianne Lenker s’y produira deux soirs d’affilée pour défendre son nouvel album, notre coup de cœur, « Dragon New Warm Montain I Believe in You ».

Qui est Big Thief ?

Au cœur de l’année 2020, le groupe formé par Adrianne Lenker, Max Oleartchik, Buck Meek et James Krivchenia a décidé d’écrire et d’enregistrer un compte-rendu décousu de leur évolution en tant qu’individu·e·s, musicien·ne·s et famille artistique, au cours de 4 sessions d’enregistrement distinctes. Dans le nord de l’État de New York, à Topanga Canyon, dans les montagnes Rocheuses et à Tucson, en Arizona, Big Thief a passé 5 mois en création et en est sorti avec 45 chansons terminées, dont les 20 plus résonnantes forment ce corpus de titres qu’est DNWMIBIY.

Comment participer ?

Pour participer, rien de plus simple : commente cet article en nous indiquant pourquoi tu souhaites assister à ce concert. Maximise tes chances en jouant sur nos réseaux sociaux. Les gagnants seront tirés au sort et contactés par mail. Bonne chance !


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« Tu vas au MaMA Festival, tu vas écouter de la musique de bobo » lâchait un ami alors qu’il était question de faire un saut au célèbre festival parisien pour l’équipe de Pop&Shot. Qu’est-ce que la musique de bobo? Je ne sais pas vraiment mais si le MaMA en est, alors la musique de bobo c’est la découverte et un éclectisme sans limites. Le festival qui prend d’assaut toutes les salles de Pigalle 3 jours durant est l’événement de l’année pour qui est friand de multiplier les coups de coeur.

 


Outre 40 concerts programmés par jour et ce, issus de toutes les formes et de tous les genres, le MaMA festival offre également aux professionnels de la musique de nombreuses conférences et rencontres. De quoi vivre donc des journées hyper remplies.

 

Le 18 octobre pour son jour 1, c’est une programmation spectaculaire qui attend les très nombreux festivaliers. Difficile même de faire un choix sans sacrifier de trop nombreuses pépites. Pourtant, ce choix il faut le faire et courir d’une salle à l’autre oblige à faire des concessions. Dehors, il fait incroyablement doux pour la saison. Les terrasses des bars alentours sont donc prises d’assaut par de nombreux détenteurs de pass pros pendus au cou mais aussi de mélomanes avertis. L’énergie est là et Montmartre, à deux pas, longtemps connu pour abriter tout le gratin artistique de la capitale retrouve ses lettres de noblesses. Nous voilà plongés dans l’univers de cet événement au court duquel la quête de découverte fait loi.
Les premières heures de la soirée sont occupées par des rencontres au Trianon et à l’Elysée Montmatre. On y discute musique autour d’un verre, d’un thé bio ou d’une huître ( oui une huître). Vient enfin l’heure tant attendu des concerts. A vos marques….

 

Trois coups de coeurs en cette première journée du MaMA festival:

 

« Il faut voir Eddy De Pretto en live, il est extraordinaire. » C’est ce qui se dit absolument partout. Le lauréat des Inouïs du Printemps de Bourges remporte une fière unanimité chez les festivaliers. Alors, sans trop réfléchir, hop hop on y va. Le Backstage du Sullivan fait patienter la foule en extérieur, la queue est longue, dense, prête à se précipiter à l’intérieur. L’occasion d’entendre encore du bien du musicien: « J’ai assisté à ses balances, lance le régisseur de la salle, c’est vraiment top! », nous voilà prévenus.
Et nous ne sommes pas les seuls a avoir été informés des qualités de l’artiste à en juger par la salle, pleine, très pleine, trop pleine qui attend les spectateurs. A l’intérieur, pas un millimètre d’espace, tout le monde est coude à coude tourné vers la scène. Topo la chaleur monte… beaucoup. Heureusement, le set est à la hauteur de sa réputation. Petit génie des mots plein de sensibilité, il entraîne la foule dans ses rêves ainsi qu’à Créteil, de là où il est originaire. Aidé d’un acolyte à la batterie, notre nouveau talent qui fait déjà le buzz profite d’un débit hallucinant. Pas timide, ce débutant habite pleinement la salle de ses textes. Dans l’assemblée ça murmure « C’est superbe non? » et aussi « Holala, il fait chaud » mais ça finalement c’est une autre histoire.

Eddy de Pretto Mama festival 2017 Eddy de Pretto Mama festival 2017

 

Cette histoire là pousse néanmoins la foule à sortir massivement prendre l’air à la fin de la performance. Direction la Boule Noire pour y voir l’Inspector Cluzo. Ne parlons pas de découverte pour un groupe qui a 10 ans d’existence et a, selon ses dires, tourné dans 45 pays. Là encore, la salle parisienne est pleine, mais pas à ras bord. Tant mieux, les riffs rock’n’roll de cette formation géniale donne envie de se défouler. « Ça fait plaisir d’être là, lance le chanteur barbu, mais la sono c’est de la merde. C’est pas de la faute des techniciens, ils sont adorables mais franchement ça n’envoie pas assez pour faire du rock. On se croirait à Rock en Seine! » Le ton est donné, la guitare balance, le batteur se déchaîne et c’est vraiment bon. On en profite pour « emmerder » avec le chanteur les gros groupes anglais comme Royal Blood et pour écouter cet avis «  On mange du foie gras. Si vous voulez être écolo faut quitter la grande ville sinon ça ne veut rien dire. Nous on cultive nos patates! » Sans concession donc comme du vrai rock. Du vrai rock avec un vrai final à base de batterie renversée et de musicos qui continue à taper dessus. De la vraie musique de bobo comme je vous le disais au début donc.

Inspector Cluzo mama festival 2017

Inspector Cluzo mama festival 2017

C’est au théâtre du lycée J. Decour qu’il faut maintenant se rendre. Comme ce doit être cool d’ailleurs que son lycée se transforme en salle de concert, le temps d’un festival… Là Cabadzi devenu pour l’occasion Cabadzi X Blier monte sur scène pour ce qui sera certainement la plus grosse claque de la soirée. Le duo est venu équipé d’un décor, des rideaux qui se déplacent fait de petits fils pour jouer sur leur transparence. Dessus, sont projetées des scènes sous forme de dessins-animés graphiques proche de la bande dessiné. Les scènes et les paroles sont crues, la composition musicale est extra-ordinaire. On pense à Fauve parfois sur certains couplets mais à un Fauve acide qui aurait bouffé du Virginie Despentes. Et puis pas tant que ça, Cabadzi qui existait bien avant les début de la carrière éphémère de Fauve a sa propre pâte et cet univers hypnotisant, bouleversant. « Vous voulez chanter? lance le chanteur à la foule avant de murmurer « Elle est fatiguée, elle a trop baisé. » L’audience reprend doucement en chœur comme si elle murmurait quelques incantations sacrées au court d’une grande messe. Cette initiative artistique, ce sublime mélange de la création musicale et du cinéma de Bertrand Blier vaut absolument toutes les éloges. A vivre sans réfléchir si l’occasion vous en est donnée.

Cabadzi X Blier Mama festival 2017 Cabadzi X Blier Mama festival 2017 Cabadzi X Blier Mama festival 2017
Le seul regret qu’on puisse avoir au MaMA c’est de savoir d’avance qu’on ne pourra pas tout voir. C’est le cas pour Adam Naas au Carmen, complet de chez complet et rendant impossible l’entrée à un bon paquet de spectateurs. Spectateurs qui n’hésitent d’ailleurs pas à doubler la file d’attente pour maximiser leurs chances de rentrer et minimiser leurs chances d’être polis. Qu’à cela ne tienne, on (re)verra Adam Naas, découvert au festival des Inrocks, au Chorus des Hauts-de-Seine. Quant au MaMA, demain est un nouveau jour riche en découvertes…

Bonus, quand deux photos coïncident parfaitement:

Inspector Cluzo mama festival 2017

 

DR Photos: Kévin Gombert