La jeune chanteuse et compositrice britannique Joséphine (Jojo) Orme, sous le nom d’Heartworms, vient de sortir un premier album fascinant, où se déchire à l’intérieur un rock machine combiné à une pop obscure et magnétique. On vous dit pourquoi on en est tombés amoureux.

Noir Noir Noir (& blanc)

Glutton for Punishment. De but en blanc, on vous accorde que le titre de l’album a quelque chose d’un peu repoussant. Encore plus si on le fait suivre du nom de scène qu’a choisi Jojo Orme pour se révéler : Heartworms, en référence au verre du cœur, une maladie qui touche principalement nos pauvres amis les chiens.
Les deux ensemble – album + nom de scène – ouvrent un espace noir où chaque mot, chaque syllabe, chaque particule sonne bizarre, glauque, laid. Autant dire que la musique derrière ne s’annonce pas de très bonne humeur. Léger coup d’œil à la cover avant de se lancer, et c’est encore plus sombre que ce qu’on craignait : peinture abstraite de blanc sur fond noir torturé. Pareil avec les clips et l’identité visuelle globale : absolument tout est en noir et blanc. Zéro particule de couleur. Il n’y a plus qu’à…
Premier contact difficile avec l’univers heartworms
Les indices ne trompaient pas, Glutton for Punishment est dark comme il se doit. Il faut s’accrocher pour briser la glace, du fait de sa production lourde et menaçante, quelque peu rebutante. Derrière ce voile pourtant se nichent des morceaux de taille, superbement écrits, terriblement addictifs. Passé la première barrière, l’album fait son effet, commence à nous ronger de l’intérieur, d’abord le cerveau pour ensuite s’en prendre à notre corps qui finit par gesticuler involontairement au rythme de ce rock bizarroïde situé entre Interpol, PJ Harvey et Nine Inch Nails. Interpol pour son pop rock, PJ Harvey par la profondeur de sa voix lancinante, et Nine Inch Nails pour son aspect industriel.
Sortez l’artillerie lourde !
Après une courte intro atmosphérique, l’album s’ouvre sur le morceau « Just to Ask a Dance », parfaite entrée en matière dans laquelle l’art de la chanteuse se déploie en grande pompe. D’abord dans une rythmique militaire aux violons possédés, ensuite au travers de son chant transperçant, puis enfin dans l’explosion sonore finale. Puissant, enivrant, maitrisé. Une première claque. Et Heartworms n’en a pas terminé, loin de là.
Un bon équilibre
Ce qui est bien avec les albums de neuf morceaux, c’est que la plupart du temps, il n’y a pas grand-chose à jeter, ni même une chose un peu en dessous d’une autre. Les 37 minutes qui composent Glutton for Punishment sont en ce sens très bien construites. L’enchainement des morceaux à intensité variable nous fait très vite arriver au bout avec un sentiment d’épanouissement, surtout après la pièce finale où la chanteuse reprend de manière bien plus subtile la mélodie et les paroles du premier morceau bourrin. Magique.
Force de composition
Au-delà de l’aspect sonore rugueux et obscur, auquel on finit par s’accrocher, et qui nous donne l’impression de marcher aux côtés des bestioles mécaniques du jeu Horizon au sein de l’univers apocalyptique de the Last of Us (shoutout à tous les amoureux de la playstation), les morceaux brillent avant tout par leur force de composition, avec des instants d’une puissance folle comme sur « Warplane » et « Smugglers Adventure », deux grandes pièces hypnotisantes. A côté d’elle, des morceaux plus légers placés au milieu, mais non moins géniaux : « Mad Catch », le morceau le plus pop et catchy, et « Extraordinary Wings », balade obscure entêtante.
Glutton for Punishment n’est donc pas si noir après tout. Si l’on y trouve la porte d’entrée, bien que ce soit celle de la cave, on pénètre un monde singulier, sensible, sublime, qui utilise un rock métallique comme moyen d’expression brut. Il y a peu de couleurs, certes, ni d’espoir, mais Heartworms trouve quand même, en dépit ou grâce à cela d’ailleurs – cela dépend de votre sensibilité personnelle – le moyen de nous séduire par la force de son talent.
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