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Le soleil brille dans le ciel francilien. Après des semaines de grisaille et de temps hivernal, la clémence semble être enfin de rigueur ce week-end. Et ça tombe bien, puisque ce 3 septembre 2021 voit de nombreux festivals ouvrir leurs portes. Parmi eux, le champêtre Essonne en Scène à Chamarande. Evénement familiale au décors somptueux s’il en est, il promet trois jours de festivités comme au bon vieux temps d’avant. Pour ceux qui n’habitent pas dans le coin, le long trajet promet un dépaysement à la hauteur de ce moment hors du temps, à déguster comme un weekend loin de la grande ville. Pour cadre, l’évènement a pris possession d’un château et de son immense parc. La scène lui fait face alors que food trucks et bars l’encadrent.

Sur les pelouses, les familles s’installent en position assise. Le décors pourrait bien rappeler un tableau impressionniste et ses déjeuners sur l’herbe. Il est 18 heures quand la musique envahi les âmes. La programmation soignée ne décevra pas et fera plaisir à une assemblée plurielle.

Et c’est parti !

 

Carole-Pele_Essonne-en-Scene_2021
Photo : Louis Comar

Carole Pelé à la lourde tâche d’ouvrir les festivités. La belle est venue conquérir les coeurs des foules et distiller ses maux avec force et énergie. Vêtue d’une combinaison blanche, assistée d’un musicien, elle happe immédiatement l’attention. « Essonne en Scène j’ai rien à raconter » lance-t-elle en guise d’amuse-bouche avant de lancer son titre du même nom. Son flow fluide et la justesse de son timbre promettent un moment entre intimité et danse. Se canalisant sur l’avant-scène, la musicienne propose un show travaillé et pointu et des mélodies d’une modernité juste. Elle tape fort et vrai et se dévoile. D’angoisses face à elle-même aux amours déchus, la gravité de cette introspection musicale à la belle fibre artistique se fait plurielle lorsqu’elle devient festive. Comme Fauve avant elle, la chanteuse joue de notes sombres et d’un ton grave pour évoquer des peines universelles tout en parlant aux coeurs. Elle en profite pour faire un hommage à sa mère en lui dédicaçant un morceau qui contient des enregistrements de la voix de cette dernière.  Voir Carole Pelé sur scène évoque un instant privilégié, de ceux à vivre lorsque l’on assiste aux premiers pas d’une future grande de la musique. Comme pour un grand cru, la musicienne ne pourra que gagner avec le temps et les capacités à pousser ce projet esthétique en son apogée. « Nuit Blanche » conclut la performance avec beauté, la foule commence à s’électriser, la soirée sera belle et la nuit claire.

Le soleil est encore là et il serait regrettable de ne pas profiter des pelouses. Qu’à cela ne tienne pour mieux décoller plus tard, il faut reprendre des forces. Alors que certains, malins, commencent leurs repas ou en profitent pour boire quelques verres, Før débarque sur scène. Le duo homme femme, dévoile ses compositions pop rock entre guitare acoustique et violoncelle. Les voix aériennes se mélangent et n’ont pas à rougir face à une scène britannique pourtant avare de  ce type de composition. Les notes perchées s’envolent haut alors que le groupe assis invite avec poésie à l’introspection. Ce sera le dernier temps calme de la soirée.

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Photo : Louis Comar

Danser le nouveau Monde

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Photo : Louis Comar

La foule est prête, elle veut danser maintenant. Et ça tombe bien puisque la pop française de Videoclub s’invite maintenant à l’évènement. Sur scène, le trio inspire une sympathie immédiate. Les traits juvéniles de sa chanteuse ne trompent pas : les titres précis offrent une modernité bien construite. Avec ses accents 80’s, les compères ne sont pas sans rappeler Les Pirouette. La voix elle, déclinée en chant des sirène est aussi pointue que bienveillante. Avec Video Club, la fête promet d’être belle. Quelques classiques sont revisité, pimpés entre candeur et fraîcheur. La foule oscille sur « Un autre monde » de Telephone.  Elle ne s’assoira plus. Sauf peut-être si on lui demande de s’accroupir pour mieux bondir dans les airs. Volontaire, elle réagit à chaque mot de la maîtresse de cérémonie, qui la remercie chaleureusement de faire « revivre la culture et la musique en live ». Le moment pourrait sembler être la norme d’un été vibrant. Il n’en était plus rien depuis des mois. Difficile donc, de ne pas sourire franchement et voyant ces scènes d’euphorie partagées. Elle se prolongent d’ailleurs sur le titre « Euphories » que beaucoup reprennent en choeur. Il y a du Thérapie Taxi dans la formule de Videoclub et ce n’est pas le titre « Amour Plastique » qui fera mentir ce constat. Sa chanteuse, Adèle aujourd’hui seule face au départ du groupe de Matthieu promet de se lancer en solo. Avec ses accents qui sentent le chamalow et les fêtes foraines à deux, la belle garde le sourire face à cette séparation amoureuse aux relents doux-amers qui lui aura pourtant permis de se lancer. La suite ne pourra que lui sourire.

C’est aussi pour 47 TER que la foule s’est déplacée. Cette fois-ci dense et debout, elle se masse au premier rang en un tourbillon compact. Les membres les plus jeunes de l’audience sont en émoi. Le temps se rafraîchit à peine et l’atmosphère, elle, se fait bouillante. « C’est pas compliqué, expliquent les intéressés, on est trois, on va diviser le public en trois et voir qui sont les plus chauds ! ». Les demandes de faire du bruit, de sauter et d’interagir se font nombreuses. Bonne joueuse, la foule répond à tout. Le rap des compères est chaleureux comme l’été qui s’installe ne serait-ce que pour quelques jours sur la capitale. Les notes sont précises, sucrées et accessibles. Facile donc de chanter et de reprendre en choeur toutes les notes proposés. L’instant se fait grand messe pour mieux devenir leçon de gestion de foule, tous les rangs dansent volontiers alors que l’atmosphère familiale réjouit petits et grands. Lorsque « Côte Ouest » est joué, le public reprend ses paroles.  Avec légèreté mais en gérant sérieusement la scène, le trio attire naturellement la sympathie.  L’effervescence est telle que lorsque les musiciens sortent de scène, un groupe d’adolescents les attendent et tentent d’escalader les barrières pour les saluer.

Vianney, coqueluche de la soirée

Tout n’est pourtant pas parfait en ce moment champêtre. La faute peut-être à des mois compliqués avec une jauge impossible à prévoir, la restauration sera le point noir de l’évènements. Malgré la multitude de food trucks présents, la queue ne dégrossit pas et les estomacs gargouillent. Certains attendent plus de deux heures pour obtenir un burger ou une crêpe. Le lendemain, les festivaliers seront prévenus : il faudra commander tôt ou venir avec un pic-nique.

Vianney_Essonne-en-Scene_2021
Photo : Louis Comar

Pas le temps néanmoins de penser à manger puisqu’à Essonne en Scène, les concerts s’enchaînent sans laisser de répit aux spectateurs. Et c’est tant mieux puisque les saveurs musicales elles, se dégustent à l’infini et laissent un goût plaisant en bouche. C’est d’ailleurs au fils chouchou de la France, Vianney, de faire son entrée sur scène. Au cours des années, le gendre idéal a pris le temps d’évoluer et de devenir une figure inconditionnel de l’espace médiatique français. A mesure que la cote de popularité du chanteur grandissait, les a priori se sont formés. Certains préférant mettre en avant son aspect tout public en oubliant pourtant un fait d’une importance central : Vianney est un artiste live d’une grande qualité.  C’est bien ce qui avait été marquant lors de son tout premier concert au Café de la Danse et c’est bien ce qui reste vrai : cette machine à tubes qui fonctionnent sait particulièrement bien gérer son audience et se donner à fond. Vianney est une toupie qui s’approprie son espace scénique à la perfection. Les blagues fusent, grand public, construites alors que l’homme à la guitare saute dans les airs. Ne vous affolez pas s’il n’a pas besoin de toute une attirail de musiciens pour le suivre, comme il l’aime à l’expliquer, sa pédale de loop lui suffit amplement. L’air est encore chaud et la foule, compacte, n’à d’yeux que pour le chanteur. Il en profite pour enchaîner ses morceaux repris en choeur par l’assistance. Le moment de communion est beau d’autant plus qu’il unie en son sein toutes les générations. « Je m’en vais », « Dumbo », « Beau-Papa », « Pas là » ou encore « Moi aimer toi » sont scandés  face à un maître de cérémonie qui bondit dans les airs et fait des dingueries de ses acrobaties. Alors que le chanteur remercie le public qui a dû braver les contraintes sanitaires pour faire revivre la musique live, une pensée pourrait bien traverser les esprits. Si la musique est le langage universel, il est intéressant de noter à quelle vitesse un titre peut devenir culte et à quelle vitesse des paroles peuvent devenir une appropriation collective. La popularité d’un musicien en fait facilement un trésor national. C’es sûrement pour cette raison que la foule à tant de mal à laisser partir la tête d’affiche de la soirée. Malgré l’absence à la set-list de « Je te déteste » – un incident regrettable- il signe un sans faute retenu par des tonnerres d’applaudissements rappel après rappel. La fin des festivités semble tomber bien trop tôt alors que des navettes attendent les festivaliers souhaitant rentrer chez eux. Des souvenirs plein la tête, les oreilles qui bourdonnent, avec un silence à peine troublé par quelques conversations passionnées, les couches-tard ont loisir de se remémorer l’instant à mesure que les lumières de la ville s’approchent inexorablement.


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