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Eddington est la nouvelle pépite d’Ari Aster. Le réalisateur génial nous avait habitué au genre horrifique et surtout à de fortes émotions après « Hérédité » et l’incroyable « Midsommar ». Mais, comme il n’a eu de cesse de le dire, l’horreur pour lui n’a finalement que peu d’importance. C’est donc ainsi qu’on le retrouve aujourd’hui à la création d’un western moderne loin d’être commun. A l’affiche de cette critique d’une Amérique à la dérive on retrouve Joachin Phoenix et l’acteur le plus en vogue du moment, Pedro Pascal. Au delà de l’utilisation du nouveau registre, l’un des maîtres de l’elevated horror nous offre cette fois-ci un elevated western, critique sans concession ni limite d’une Amérique actuelle en proie au complotisme et à l’image. On décrypte et on en parle.

Eddington Ari AsterEddington, de quoi ça parle ?

Mai 2020 à Eddington, petite ville du Nouveau Mexique, la confrontation entre le shérif et le maire met le feu aux poudres en montant les habitants les uns contre les autres.

Eddington, est-ce que c’est bien ?

Eddington Joaquim PhoenixAvec Beau is affraid, son troisième et précédent métrage, Ari Aster s’était déjà éloigné de l’horreur, lui préférant un sorte de thérapie sur écran géant, hallucinante, barrée et particulièrement perturbante. Les avis avaient de fait été partagés quant à la qualité de l’œuvre mais aussi sa (trop) grande générosité. A titre personnel, j’avais adoré le métrage d’Aster, le fait de se sentir suffoquer comme son personnage principal sur toute la première partie du film y était pour beaucoup. Ressentir si fort les émotions d’un personnage perdu est rarement donné au cinéma. C’est pourtant une toute nouvelle étape qui nous attend ici, puisque le réalisateur mais aussi scénariste et producteur du film tient cette fois à coller au réel. Le voilà donc qui nous retransporte dans le cadre paranoïaque du confinement lié au Covid-19. Est-ce trop tôt ? Pas vraiment, puisqu’il est fascinant de découvrir qu’à travers un écran, la pandémie que nous avons vécu semble si éloignée, presque imaginaire et fictive. A moins qu’il ne s’agisse de l’envie d’avancer et d’oublier. Elle a pourtant été, et c’est de ça qu’Aster souhaite parler, la clé pour donner à une société déjà en souffrance, la capacité de plonger dans un précipice et de craqueler une surface qui ne semblait lisse qu’en apparence. A Eddington, le shérif, Joe (Joaquin Phoenix – qu’il retrouve après Beau is Affraid) , est en perdition. Sa belle-mère, Dawn qui vit chez lui est complotiste, sa femme en proie à un traumatisme et souffre de dépression. Joe est asthmatique mais ne croit pas au port du masque. Il s’oppose en raison d’un conflit passé, un conflit rapporté, déformé, au maire la ville Ted Garcia (Pedro Pascal). Le masque est le premier sujet de discorde, celui qui pousse Joe a vouloir se présenter à l’élection municipale. Il s’agit pourtant de l’arbre qui cache la forêt, le prétexte à ce que tout explose jusqu’à un acte final qui ne laissera personne indemne. Puisque, le cadre de le pandémie sert à Aster à taper fort sur toute les dérives de l’Amérique, ses débordements, sa colère hors cadre de compréhension. Et au cœur de ces problématiques : une vision déformée, nourrie d’informations contradictoires, portées par les réseaux sociaux, un discours qui devient la réalité dès qu’il est dit sans s’interroger sur sa réalité tangible, sans accepter aucune nuance de gris. Comme toujours avec le cinéma d’Aster, le rythme lent des premiers instants ne sert qu’à préparer d’une main de maître un final puissant, jusqu’au-boutiste, d’une violence profonde.

Eddington, là où  » Je me sens observée »

Eddington Emma StoneCette sensation c’est d’abord celle décrite par Louise Cross, la femme de Joe, interprétée par Emma Stone, observée par sa mère, Dawn (Deirdre O’Connnel) mais pas seulement. C’est pourtant lui qui va peupler le film, ça et une brouhaha continue : celui de la radio, de la télévision, des réseaux-sociaux, blogs et propos balancés en tout genre pour devenir une vérité qui créera la discorde constamment. L’ère d’un sophisme ultime qui utilise la peur pour créer la conflit. Eddington, Nouveau-Mexique n’est pas prête. La bourgade n’est en rien préparée à un monde qui change, qui réclame une évolution rapide. Joe n’a de cesse de le dire comme un vœu pieux, « ce n’est pas une problème d’ici ». Ici pour lui, tout est question de « communauté » un terme bien aimé d’une Amérique qui se ment et qui finalement ne veut plus rien dire. Alors quand le mouvement Black Lives Matter débarque en ville, l’incompréhension et la peur de l’autre ne font que s’accroitre. Aster interroge alors tous les ressorts qui en suivent utilisant le microscope d’une ville pour pointer les incohérences à plus grande échelle. ll s’amuse à moquer le jeune homme blanc qui se fait Social Justice Warrior alors qu’il n’y croyait pas quelques jours plus tôt pour faire le beau. Il interroge la crédulité aux discours, quels qu’ils soient, l’absence de réflexion. Le seul personnage noir du film, Michael (Michael Ward) est policier. Et du fait de sa couleur de peau, chacun va y aller de ses injonctions, de ses clichés et poser sur lui ses envies et besoins sans jamais l’écouter. Le réalisateur interroge aussi la bourgeoisie blanche et ses motivations à se lutter contre les inégalités. De celles et ceux qui sont sincères à celles et ceux qui utilisent les révoltes pour leur intérêt personnel, se faire bien voir et exposer des croyances qui ne sont pas les leurs. Il questionne aussi la réception qu’il en est faite, l’incompréhension d’aînés dans leurs privilèges qui refusent de se questionner. Surtout au pays d’Eddington,  les victimes ne sont jamais écoutées. Au contraire, on leur coupe la parole. Quand le personnage d’Emma Stone tente par ailleurs de s’exprimer au court d’une vidéo, elle ne sera jamais écoutée en entier. On prend ce que l’on souhaite prendre. Difficile aussi de ne pas voir une critique du trumpisme, avec des politiques qui jouent d’une perpétuelle victimisation, qui préfèrent  larmoyer et se dire aux prises à de mauvaises intentions plutôt que de parler de réelle politique. De son côté, Ted Garcia, maire actuel n’a qu’une obsession, faire entrer le progrès dans sa ville par l’implantation d’un data center. Joli clin d’oeil à ce qu’Internet et sa trop grande domination peut créer comme discordes dans une « communauté ».  Aster est gourmand, il multiplie les sujets et les prises de positions. Le port d’arme sujet central en Amérique, est encore pointé du doigt et va venir punir ses défenseurs. Les droits du peuple indien, sont accueillis par d’un côté du racisme, d’un autre l’envie de parler pour eux sans jamais plus simplement leurs accorder les droits qui sont les leurs. A Eddington, les bourreaux se transforment en martyrs  au grés de narrations insensées  et le vainqueur est loin d’être le mieux intentionné. Le film n’a de cesse de tourner en dérision l’oreille attentive à tous les complots allant jusqu’à évoquer une obscure secte utilisant les angoisses face à la pédophilie et les théories les plus folles qui circulent sur le sujet. Abordant par le même occasion, l’idée de groupes de puissants prédateurs d’enfants, dans un story telling incohérent, sujet qui anime notamment les adeptes de Twitter, aujourd’hui devenu X sous la patte du très dangereux Elon Musk.

Eddington, miroir grossissant

Eddington Pedro PascalC’est vrai dans tous les films d’Ari Aster et c’est encore vrai ici aussi. Le cinéaste de 39 ans utilise perpétuellement son cinéma pour faire l’effet d’une loupe. Prendre un trait et le montrer sous son jour le plus monstrueux. « Hérédité » traitait du poids de la famille, « Midsommar » de relation amoureuses toxiques, de sociétés qui aliènent et brisent en se montrant sous leur plus beau visage, « Beau is affraid » cristallisait les relations parent-enfant toxique et la peur qui coupe les possible. Ici Eddington se sert de l’actualité lui offrant son lot de clins d’œil, du pro-Trump James Wood à la conservatrice Marjorie Taylor Greene qui prennent leur taquet mérité, pour fixer une société perdue complètement à la dérive. Si l’on pourra pointer du doigt ses longueurs, devoir prendre le temps d’analyser sa fin pour mieux la comprendre, le film dénote avec humour et une noirceur infinie d’un combat qui est aujourd’hui perdu. Comme toujours, ce traitement à la grande intelligence ne laissera pas de marbre. Au Champs Élysées Film Festival quelques années plus tôt, le réalisateur expliquait avoir déjà plus de 13 scénarios en tête. Cette boulimie créatrice est toujours salvatrice et donne à chaque essai l’envie de voir le prochain. Au jeu des cow-boys, l’Amérique y perd la tête et non pas le scalp qu’ils utilisaient pour toujours pointer du doigt un ennemi fabriqué par elle-même.

EDDINGTON - Bande-annonce VOST

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Et voilà, le festival de Geradmer 2020 c’est fini !  Comme chaque année la petite ville située dans les Vosges a accueilli en son sein, cinéma dit  » de genre » et autre bizarreries sur pellicule pour permettre à ses festivaliers de découvrir les nouveautés et pépites qui vous feront frissonner dans les mois à venir. Chaque année, l’événement choisit entre autre son grand prix qui apporte une nouvelle vision du genre, voir l’encre dans un thème de société. Puisque oui, n’en déplaise à certains, le cinéma d’épouvante peut aussi être un miroir de notre société, accentuer nos peurs pour dénoncer une situation existante, et se servir de violence graphique pour marquer les esprits. Bonjour « Dark Touch » de  Marina de Van, qui  à titre d’exemple exposait dans une oeuvre particulièrement difficile les conséquences de l’inceste traduisant la souffrance psychologique en violence graphique.

Cette année donc le festival s’est attaché par la sélection de son grand prix à défendre une autre thématique actuelle et importante: celle du fanatisme religieux ainsi que les dérives de ses croyants. Le jury présidé par Asia Argento a ainsi choisi de récompenser le film Saint-Maud de Rose Glass.  Si d’accoutumé, le cinéma de genre utilise la thématique religieuse pour contrer les problématiques démoniaques,  c’est à une protagoniste trop pieuse, ayant récemment trouvé la foi que nous avons à faire ici. Pourtant la première recette est bien connue : croyants et athées sont bien obligés de trouver « Dieu » seul rempart contre un mal venu les posséder et / ou les tuer. « L’Exorciste »  fut l’un des plus beaux succès de ce genre à part entière jouant sur des peurs induites culturellement dans notre société. Le fameux combat du bien contre le mal se livrant sur Terre face à de pauvres personnages faits de chair et d’os et donc incapables de contrer seuls les divinités venues leur faire du tord. Nombreux furent les dérivés de ce métrage qui compte dans ses rangs beaucoup de redites et de films inégaux du mauvais « Dernier exorciste »  à « The Taking of Deborah Logan » en passant par « Conjuring: Les Dossiers Warren » et sa suite médiocre ( au mieux ) , sans oublier le comique tant il est désastreux « Annabelle »,  ou encore « Unborn »  « Possédée » et son Dibbouk qui a le mérite de présenter une créature issue de la mythologie juive, « Under the Shadow » ( lui aussi grand prix à Gerardmer), qui s’inscrivait de plus dans le contexte politique révolutionnaire de Téhéran en 1988 ou encore « Djinn » de Tobe Hooper ( Massacre à la tronçonneuse ) et son démon issu de la mythologie musulmane, la liste est longue. Un Dieu par l’intervention d’un religieux délivre alors les héros du mal qui le hante. Ces œuvres, il faut le dire se contentent de jouer sur des peurs simples mais efficaces et donnent corps à des doctrines binaires en s’appuyant sur la peur du noir et le prisme de la peur de l’enfer. Le cinéma d’horreur est aussi là pour ça, avoir simplement peur. Et pourquoi pas ? On ne demande pas aux gens s’il est légitime de faire des grands-huit.

Pourtant lorsque le cinéma de genre choisi de traiter de thématiques sociétales et de mettre du sel sur des plaies ouvertes, il devient un objet pertinent et essentiel à la lecture du Monde environnant. Il peut ainsi illustrer une violence tue par une violence graphique, marquer les esprits, mettre en garde et pousser à la réflexion. Suite au visionnage de Saint-Maud qui et on s’en réjouit, aura droit à une véritable sortie sur grands écrans ( probablement en avril ), nous vous proposons un petit tour des films d’horreur à voir qui traitent des dérives des croyances religieuses et qui questionnent ses pratiques.

Saint-Maud de Rose Glass

saint maud

De quoi ça parle ? 

Maud, infirmière à domicile, s’installe chez Amanda, une célèbre danseuse fragilisée par la maladie qui la maintient cloîtrée dans son immense maison. Amanda est d’abord intriguée par cette étrange jeune femme très croyante, qui la distrait. Maud, elle, est fascinée par sa patiente. Mais les apparences sont trompeuses. Maud, tourmentée par un terrible secret et par les messages qu’elle pense recevoir directement de Dieu, se persuade qu’elle doit accomplir une mission : sauver l’âme d’Amanda.

A savoir :

S’il est dit que « Saint-Maud » alterne régulièrement entre réalité tangible et hallucinations qui peuvent être prises pour la réalité, le partie pris tranché du film ne permet pas de douter de la véracité des apparitions bibliques. En effet, avec des plans bien ficelés et une descente en enfer palpable, la réalisatrice Rose Glass, choisit pour son premier métrage de mettre en garde contre les dérives religieuses de la fraîchement convertie et fragile Maud. Sa capacité à juger du bien et du mal alors liés à une foi débordante et une interprétation personnelle des préceptes bibliques sont les thématiques centrales de cette oeuvre pas comme les autres. Dans les faits, l’intérêt du jury pour « Saint-Maud » est évident. Une thématique actuelle, une oeuvre intimiste et un final marquant en font une oeuvre à part. Reste néanmoins à prendre son mal en patience. Le film bien que bourré de très bonnes intentions prend trop son temps pour n’explorer qu’une infime partie de son sujet et de son personnage. Son apogée s’avère un ton en dessous de ce qu’elle aurait du être. Puisque quitte à utiliser la grande famille de la thématique horrifique pour mettre en garde sur certaines dérives psychologiques autant utiliser sa violence pour qu’elle soit l’illustration d’un fanatisme religieux aussi dangereux pour celui qui le pratique que pour son entourage. Saint-Maud s’avère manquer de corps pour appuyer son propos. Reste néanmoins à saluer son envie, ses intentions et le jeu de ses actrices qui lui valent en plus une sortie en salle, qui même pour le distributeur s’avère complètement inattendue.

Midsommar de Ari Aster

midsommar

De quoi ça parle ?

Dani et Christian sont sur le point de se séparer quand la famille de Dani est touchée par une tragédie. Attristé par le deuil de la jeune femme, Christian ne peut se résoudre à la laisser seule et l’emmène avec lui et ses amis à un festival estival qui n’a lieu qu’une fois tous les 90 ans et se déroule dans un village suédois isolé.
Mais ce qui commence comme des vacances insouciantes dans un pays où le soleil ne se couche pas va vite prendre une tournure beaucoup plus sinistre et inquiétante.

A savoir :

L’horreur a un nouveau visage en la personne d’Ari Aster. Le réalisateur avait déjà sublimé le genre en offrant au Monde son incroyable « Hérédité »,véritable bijou aux nombreuses scènes jusqu’au-boutistes. Il reprend du service avec l’incroyable « Midsommar », conte noir fabuleux sur les relations toxiques mais également démonstration par l’extrême que culte et convictions extrémistes peuvent rimer avec atrocités pourtant acceptées par une communauté entière. Ici rien n’est épargné aux spectateur qui plonge dans une horreur solaire où tout ce qui est tordu est irradié de beauté. Il fallait le créer ce village isolé, ce danger couvert de couronnes de fleurs. Pourquoi se tourne-t-on vers une religion extrémiste ? interroge Aster alors que son héroïne bascule petit à petit dans le folie qui l’entoure. Et bien parce qu’elle répond à vos maux, en l’occurrence ici à ceux d’une héroïne blessée qui trouvera l’écho de ses larmes et de ses cris dans une magnifique scène, mise en perspective de l’introduction du film, et répétée cette fois entourée de la bienveillance des villageoises qui l’imitent. Si les apparences sont belles, si le culte est attractif il est alors possible d’adhérer au monstrueux: d’un âge de mort annoncé à la perfection se trouvant dans la consanguinité. Le culte est ici vu comme une folie collective, un particularisme culturel et qui sommes-nous donc pour juger de pratiques différentes ? Semble interroger le métrage qui met même en scène des étudiants anthropologues afin de constamment expliquer et mettre en perspectives les pratiques auxquelles ils assistent. La belle palette de protagonistes « invités » à ce festival d’été permet également de placer nombre de réactions face à la religion. Des deux étrangers qui rejettent immédiatement ce qu’ils voient, des curieux penseurs qui en font un sujet de thèse, du personnage fragile propice à être endoctriné à l’irrespectueux manquant de jugement. A ces visions s’ajoutent celle d’un village, justifiant le bien fondé de ces actes discutables et de ses pratiques ancestrales.    Midsommar ne laisse pas insensible, marque autant que « Martyrs  » de Pascal Laugier avait su le faire, questionne, traumatise et émerveille. Une oeuvre entière, à part, à voir, revoir et analyser sans fin.

Red State de Kevin Smith

red state

De quoi ça parle ?

Trois adolescents vivant dans le Midwest américain répondent sur Internet à une annonce promettant des relations sexuelles. Ils sont loin de se douter qu’ils vont tomber entre les mains d’une secte d’extrémistes religieux aux intentions macabres.

A savoir :

Kevin Smith a habitué son public a des thématiques plus ou moins volages, marquant l’horreur par l’absurde et l’humour. Ses « Tusk »  avec un homme transformé contre son grès en morse et « Yoga Hoser » qui compte parmi ses rangs des saucisses nazies,  sont d’ailleurs là pour le prouver. Il est donc étrange de trouver dans sa filmographie un film aussi singulier, violent et engagé que ce « Red State ». D’ailleurs s’il s’ouvre sur une exposition potache, il devient rapidement d’une violence extrême. Les méfaits d’une secte, ses sources religieuses, son besoin de rester centrer sur elle-même,  sont alors autant de sources de conflits qui deviennent une grande boucherie malsaine dont on ne peut sortir indemne. A la critique de l’extrémisme religieux, Kevin Smith ajoute une critique de l’homophobie qui lui est liée. Et quand les autorités se mêlent en plus de l’affaire, le jeu de massacre de ce film entre horreur et film d’action ne fait que s’accentuer. Ce qui est également une bonne parabole d’une réalité conflictuelle entre autorités et affaire de culte. Un bordel visuel qui porte à l’écran une colère indéniable. Réservés aux spectateurs accrochés qui ne seront pas déstabilises par ce film parfois « brouillon ». Puisqu’à trop vouloir en dire, finalement, le propos devient confus.

Emprise de Bill Paxton

emprise

De quoi ça parle ?

Le Texas vit sous la terreur d’un tueur en série qui se fait appeler « La Main de Dieu ». Un soir, un homme sans histoire, Fenton Meiks, se présente au QG du FBI et déclare connaître l’identité du coupable. Ce dangereux criminel ne serait autre que son frère, Adam, qui vient de se suicider. Alors qu’ils roulent en direction du « Jardin des roses », où les corps des victimes d’Adam sont enterrées, Fenton raconte aux agents fédéraux comment tout a commencé vingt ans plus tôt, en 1979. A l’époque, il était âgé de douze ans et son frère de neuf. Tous deux vivaient une enfance heureuse avec leur père, veuf depuis la naissance d’Adam. Pourtant, une nuit, leur vie bascula lorsque leur père leur annonça qu’un « ange » lui était apparu et qu’ils devaient accomplir une mission. Alors que l’un des deux fils accepte sans réserve cette vision divine, l’autre pense que son père sombre dans la démence.

A savoir :

« Emprise » profite probablement de l’un des traitements les plus intéressants de la religion chrétienne portée à l’écran dans le cinéma d’épouvante. Il réussi d’ailleurs à ne pas tomber dans les pièges dans lesquels « Saint-Maud » se vautre. Puisque pour créer la confusion dans l’esprit du spectateur, les motivations de cette famille sont portées à l’écran avec un point de vue neutre. Le père a-t-il réellement été missionné par un ange ? Sombre t-il dans la folie ? Au spectateur de se faire son opinion et ainsi cautionner ou nom ce à quoi il assiste. La thématique du bien et du mal est également présente. Peut-on tuer au nom de la religion ? Quels actes sont assez répréhensibles pour mériter pareil traitement ? Voilà les thématiques abordées et portées par le jeu d’acteur toujours très juste de Bill Paxton et Matthew McConaughey.

The Witch de Robert Eggers

the witch

De quoi ça parle ?

1630, en Nouvelle-Angleterre. William et Katherine, un couple dévot, s’établit à la limite de la civilisation,
menant une vie pieuse avec leurs cinq enfants et cultivant leur lopin de terre au milieu d’une étendue encore sauvage. La mystérieuse disparition de leur nouveau-né et la perte soudaine de leurs récoltes vont rapidement les amener à se dresser les uns contre les autres…

A savoir :

Adulé, novateur, « The Witch » a su s’attirer la sympathie d’un public varié amateur ou non de cinéma de genre. Sans pour autant être la merveille qu’on a pu en dire, cette œuvre complexe joue sur une réalisation parfaite pour séduire. La photographie y est bluffante tout comme le casting qui compte à son actif la jeune Ana Joy Taylor. Vous en garderez en tête des scènes puissantes, aussi belles et froides que des tableaux de maîtres et l’image inoubliable d’un certain corbeaux… Et si la chasse à la sorcière est le thème centrale de cette oeuvre, elle se base sur une véritable peur historique. Derrière l’idée de brûler les sorcières, la thématique du féminisme se dessine et de l’extrémisme religieux prêt à renoncer à toute forme de liberté et à détruire un foyer pour se préserver du mal. Et en plus, il est disponible sur Netflix, si vous êtes tentés.

Carrie de Brian de Palma ( remake de Kimberly Peirce )

carrie

De quoi ça parle ?

Tourmentée par une mère névrosée et tyrannique, la vie n’est pas rose pour Carrie. D’autant plus qu’elle est la tête de turc des filles du collège. Elle ne fait que subir et ne peut rendre les coups, jusqu’à ce qu’elle ne se découvre un étrange pouvoir surnaturel.

A savoir :

Que se soit dans l’oeuvre originale de Stephen King ou dans ses adaptations, toutes deux, il faut le dire ratées puisque manquant une grande partie de  l’ouvrage d’origine, Carrie aborde deux thématiques fortes. La première est celle bien connue de l’adolescence et du rejet de l’autre qui pousse Carrie dans ses retranchements. C’est pourtant sa mère, pieuse à l’excès qui fait de Carrie un personnage blessé et sensible qui ira jusqu’au mass murder le plus violent pour évacuer sa rage. Bercée par des concepts sexistes et extrémiste, l’adolescente est notamment poussée à croire que ses règles apparaissent parce qu’elle n’est pas assez pure. Les châtiments et sévices sont nombreux et se font l’échos d’une certaine Amérique puritaine dont la violence morale l’est tout autant que celle couchée sur papier. Il faut aussi rappeler qu’il s’agissait du tout premier roman de Stephen King qui alterne textes romancé et coupures de presse ainsi que journaux intimes. Malgré leurs tentatives de comprendre le livre original, aucun de ses deux remakes n’a réussi à saisir l’essence même de Carrie, qui n’a jamais été une grande méchante du cinéma d’épouvante mais plutôt la victime de maltraitance, se révoltant dans une déferlante de rage contre ses nombreux bourreaux. A voir autant qu’à lire donc.

The Wicker Man de Neil LaBute (2006 ) et de Robin Hardy (1973)

the wicker man

De quoi ça parle ?

Le sergent Howie est chargé d’enquêter sur la disparition d’une petite fille sur une île isolée. Au cours de ses investigations, il découvre que la population locale se livre à d’étranges cérémonies d’un autre âge et que la jeune disparue a peut-être été victime d’un sacrifice humain…

A savoir :

Moins complexe et abouti que les autres films de cette liste, ce « Wicker Man » avec l’acteur spécialisé dans les navets, Nicolas Cage, n’est pourtant pas exempt de qualités. Notamment pour se traitement sous forme de thriller d’une secte isolée mais aussi pour son final qui reste en tête et donne encore des frissons bien après la fin de son visionnage. Un métrage qui à défaut d’apporter une vision novatrice de l’extrémisme religieux s’avère être un honnête divertissement et donne son lot de sueurs froides. A noter qu’une première version du film datant de 1973 est également disponible. Celle-ci, avec une vision propre à l’essence hippie de mai 68, s’évertue à dénoncer les religions de façon totalement transgressive. D’ailleurs, cet objet cinématographique s’amuse à passer de la comédie musicale au film policier, du glauque à l’ironie, du kitch au pertinent sans relâche. Une manière intelligente de parler du culte et de moquer ses pratiques.

Starry Eyes de  Kevin Kölsch et Dennis Widmyer

stary eyes

De quoi ça parle ? 

Sarah Walker a un petit boulot sans avenir sous le joug d’un patron qui la prend de haut, elle subit des amitiés superficielles avec des acteurs concurrents et participe à des castings qui n’aboutissent à rien. Après plusieurs auditions humiliantes face à un duo pour le moins bizarre, elle décroche le rôle principal dans leur nouveau film. Malgré le fait qu’ils lui demandent de faire des choses de plus en plus étranges, elle sera prête à tout pour réussir, aveuglée par son fantasme de célébrité.

A savoir : 

Hollywood est un monstre qui broie ceux qui s’y risquent. L’affaire Harvey Wenstein en est la preuve criante. « Starry Eyes » donne de la poésie à ce constat. On y suit la descente aux enfers d’une jeune actrice obligée de faire la serveuse pour survivre. Une très jolie fille qui finit par tomber sur un producteur prêt à faire d’elle une star, ou autre chose… Avec un petit budget et l’envie de dire énormément de choses, cet oeuvre ne manquera pas de réfléchir. Et vous, jusqu’où irirez-vous pour réaliser votre rêve? Ici l’extrémisme prend alors deux visages : celui du producteur véreux, obsédé par une divinité (peut-être l’ombre de la scientologie) et celui de l’obsession de la célébrité. Les pratiques extrêmes deviennent ainsi un moyen d’accéder à un rêve, et au pouvoir. Une oeuvre indépendante aussi sublime que dérangeante.

La secte sans nom de  Jaume Balaguero

la secte sans nom

De quoi ça parle ?

Cinq ans après le meurtre de sa fille, Claudia reçoit un coup de téléphone de celle-la, lui demandant de la délivrer. Aidée d’un ex-policier, elle part a la recherche de sa fille et va découvrir la terrifiante vérité.

A savoir :

C’est d’abord pour le film « Rec »  que Jaume Balaguero s’est fait connaitre du grand public. Bien avant ce film culte, Balaguero traumatisait ses adeptes avec « La Secte sans nom » et  sa notion de souffrance ultime. Un film d’une grande violence psychologique qui a cette sensibilité propre au cinéma de genre espagnol. Un pays sorti tard d’une dictature et qui en garde en mémoire ses séquelles et ses traumatismes…

Under the Shadow de Babak Anvari

under the shadow

De quoi ça parle ? 

Téhéran, 1988. Shideh, mariée et mère d’une petite fille, va débuter une école de de médecine. Son mari est appelé au front durant la Guerre entre l’Iran et l’Irak. Shideh se retrouve alors seule avec sa fille. Mais bien vite celle-ci commence à avoir un comportement troublant et semble malade. La mère se demande alors si sa fille n’est pas possédée par un esprit…

A savoir :

Si dans sa mise en scène « Under the Shadow » n’est pas exempt de défauts, notamment en raison d’une certaine lenteur du scénario et d’un danger surnaturel trop peu palpable, sa thématique même en fait un film à voir. Déjà puisqu’il se penche sur le conflit au Moyen-Orient à la fin des années 80 expliquant un contexte politique trop peu connu en France et rythmant le quotidien de nos protagoniste par de nombreuses alertes à la bombe. Le Djinn qui hante les lieux devient la métaphore paranoïaque de ce conflit. Côté religion puisque c’est le thème qui ici nous intéresse, bien que non centrale dans l’histoire, elle épouse ici la forme du totalitarisme. En effet, elle est utilisée par les autorités pour maîtriser le peuple et faire face à la révolution. D’ailleurs, une certaine scène qui suit la fuite de notre héroïne arrêtée par la police parce qu’elle ne porte pas le voile pourrait inviter à débattre de la séparation entre l’Etat et la religion. A voir donc pour tout son sous-titre politico-religieux.

 

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