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Léonard Pottier

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La ressortie en salle d’un film de Fritz Lang est régulièrement alléchante. Le réalisateur allemand dont la gloire fut dans les années 20 attire encore aujourd’hui toute la curiosité cinéphile désireuse de voir ou revoir des chef-d ’œuvres du septième art. Lorsque des films comme Metropolis, M le Maudit ou encore la trilogie du Docteur Mabuse repassent en salle, les amateurs de cinéma et même certains autres curieux non forcément passionnés s’y précipitent sans hésitations.

House by the river film 1950En cette période de milieu de printemps, le cinéma indépendant Le Grand Action, situé dans le 5e arrondissement, propose la projection inédite d’une œuvre relativement méconnue du maître allemand : House by the River (ou Au fil de l’eau en français). Ce film fut réalisé en 1950 durant la période américaine du réalisateur et apparaît comme un long métrage minime, ou du moins peu considéré, de sa carrière. En est-il pour autant inintéressant ? C’est ce que nous allons voir ici.

Tout d’abord, l’histoire est celle d’un écrivain raté, bientôt coupable du meurtre plus ou moins accidentel de sa maîtresse de maison. Le frère du personnage principal, au courant du drame, est tiraillé entre volonté de soutien fraternel et désir de dénonciation. S’ensuit alors une enquête, entremêlant pactes et trahisons, où aucun des personnages n’est à l’abri de rien.

House by the river film 1950Simple dans sa narration, le film regorge néanmoins d’idées de mise en scène toutes aussi bienvenues les unes que les autres. La scène du meurtre, finement travaillée au niveau de son suspense, est la preuve du talent de Fritz Lang en tant que metteur en scène constamment à la recherche du cadre parfait. La tension est à son comble durant l’entièreté du film et participe à une sensation d’oppression des personnages, qui, chacun, semblent au fur et à mesure perdre pied face à la situation. Entre doutes et fausses croyances, Fritz Lang nous fait naviguer dans un monde sinistre à l’atmosphère angoissante. Tout cela à travers un héros qui ne cesse d’étaler son égocentrisme.

L’image est belle, d’un noir et blanc empreint de souffrance et de tourment, renforcée par de captivants jeux de lumières, et donne à la narration la force lui étant nécessaire pour porter un certain discours sur l’homme et sa perversité, notamment au niveau des relations qu’il entretient au quotidien, qu’elles soient familiales, conjugales ou professionnelles…

Toutefois, même s’il convainc, le film n’égale aucunement les grandes œuvres du réalisateur allemand, et se présente comme un long métrage de second plan. Réalisé en pleine période d’essoufflement dans la carrière de Fritz Lang, House by the River fait son apparition à un moment difficile, où l’intérêt porté au travail du cinéaste est de moins en moins prononcé. Le film n’échappe malheureusement pas à cette baisse de régime, mais s’en tire tout de même de manière honnête. Fritz Lang ne perd pas toute sa maîtrise en la matière et prouve qu’il peut continuer en 1950 à réaliser des films captivants et dignes d’intérêt, sans forcément vouloir retrouver sa puissance d’autrefois désormais inatteignable, car fruit d’une jeunesse ambitieuse.

Verdict ? House by the River est un bon film mais ne surprend pas grandement. Malgré son réalisateur allemand, on y ressent l’inévitable influence du pays dans lequel il fut réalisé, à savoir les Etats-Unis, notamment au travers de sa narration relativement basique, mêlant meurtre, suspicion et procès, un schéma fortement exploité par les films noirs américains de cette époque. Toutefois, Fritz Lang fait preuve d’une certaine maîtrise au niveau du cadrage et de l’esthétique qui permet à l’œuvre de rendre séduisante l’histoire qu’elle dépeint.

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