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Julia Escudero

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Bien plus qu’un festival classique, le Pitchfork Festival qui nous vient de Chicago, est une véritable expérience.  Installé à la Grande Halle de la Villette de Paris trois jours durant, l’évènement promet de mettre en avant des artistes encore confidentiels et à découvrir aux côtés de grands noms pointus mais pas que.

pitchfork music festival 2018

Le temps est encore doux sur la capitale lorsque le festival ouvre ses portes. Côté public, la jeunesse fait loi. Vingtenaires et trentenaires se croisent, tous habillés à la pointe de la mode. Une mode qui allie les 90’s aux accessoires décalés britanniques.  D’ailleurs, il n’est pas rare de croiser parmi la foule des anglo-saxons venus partager ce moment aux côtés des parisiens. A l’extérieur, food trucks et tables de pique-niques se partagent l’espace. On trouve des galettes comme des burgers, des bobuns et de la cuisine libanaise. L’intérieur, lui propose une grande fête à ses participants. Deux scènes reparties dans chaque espace du lieu permettent d’alterner les performances sans pauses. A l’étage les ambiances se succèdent. Un premier espace offre un moment shopping aux participants. Un saut sur les stands de vêtements donne envie de se lancer dans une folie d’achats frénétique. Les petits créateurs mettent à dispositions des pièces travaillées à prix abordables. Bijoux et autre maroquineries se partagent le lieu. Mais d’autres produits innovants sont aussi de la partie. On peut s’y faire tatouer un flash, se faire couper la frange ou acheter un clip. Un clip tu dis? Il s’agit de la marque Clap, stand qui retient particulièrement notre attention. Des jolis clips de toutes formes ( nœuds, triangles, hexagones, homards et autre pierres) ont été crées pour être habiller vos sacs, chaussures, bonnets et même décolletés. Un must have fashion et originale qui comme beaucoup d’objets sont ici proposés à tarifs réduits. Changement d’ambiance alors qu’un bar à vin propose de la gastronomie italienne. Il vous en faut plus? Pas de soucis! L’espace Greenroom, situé à l’autre bout de l’espace accueil des espaces photos, karaokés et même de nombreux jeux concours permettant de repartir toutes les cinq minutes avec un vinyle.

Même le marshandising du festival, d’habitude très simple est particulièrement fourni, les tee-shirts et tot bags sont savamment travaillés et il est possible de se procurer les albums des artistes programmés.

Le shopping c’est super mais il est temps de passer aux concerts

pitchfork 2018 scène


Les bras pleins de nos achats, il est temps d’aller danser et de faire des découvertes.  Yellow Days se place dans le top des curiosités du jour alors que l’artiste distille un joli mélange de soul et de blues. Spleen et surf music se côtoient alors harmonieusement et rappellent un certain Mac Demarco programmé plus tard ce même jour.

Un hamburger aux fallafels avalé et hop nous voilà de retour pour écouter le live atypique de John Maus. Seul sur scène, l’artiste n’a pas un seul musicien à ses côté, le chanteur cherche à fédérer la foule. Les performances solos sont une chose courante, nombreux sont les musiciens à jouer d’une pédale de loop ou d’une guitare pour pousser la voix et se tester sans l’aide des copains. Cette fois pourtant l’expérience est poussée à un stade rarement vu. Puisque le chanteur ne dispose d’aucun instruments sur scène pour s’aider. Il ne gère pas non plus un ordinateur qui diffuserait ses mélodies. Non, John Maus est seul sur scène avec pour seul arme son micro et un background instrumental diffusé sur les enceintes. Une particularité qui lui permet de se déchainer et de danser. Le résultat surprend dans sa configuration scénique mais l’énergie est réellement de mise. Côté mélodies, le musiciens offre une new wave sombre à la Depeche Mode portée par une voix puissante qui finit par rassembler une troupe d’aficionados.

Changement d’ambiance et de scène alors que le grand Etienne Daho prend la relève entouré de musiciens qu’il présente volontiers. La foule très réceptive danse dès les premières notes de l’icône pop rock française. D’abord vêtu de masques noires sur les yeux, la troupe s’appuie ensuite sur ses jeux de lumières changeant pour créer une cohésion visuelle. Les titres s’enchaînent à toute vitesse alors que la voix de ce grand monsieur transperce l’assistance. La candeur de ses titres livre un aspect festif là où les paroles donnent du contenu à la performance. Pas besoin de connaître l’intégralité du répertoire pour prendre part à ce voyage sonore ponctué de nombreux remerciements.  » Le mal que l’on nous fait », grand classique donne la note finale à cette prestation.

De l’autre côté de la salle entrent alors en scène The Voidz avec à leur tête l’idole Julian Casablancas. Il faut le temps de rentrer dans ce concentré de rock bourrin, le temps de prendre part à l’univers du chanteur excentrique, véritable bête de scène qu’est l’ancien membre de The Strokes. Pourtant passé la surprise, il devient impossible de détacher son attention de la scène. Les musiciens, parfaits, gèrent le show comme des grands du rock. Le chanteur, lui, n’a aucune limite.  Il charrie le festival qui l’accueille comme raconte que Laureen Hill disait que « Quelques hommes sont des connards. » avant d’ajouter:  » Elle a tord, se sont TOUS des connards ». Les morceaux bruts, travaillés, promettent d’être l’avenir du rock. Lorsque ce dernier reprendra la pas sur le hip hop qui aujourd’hui domine et que lassé d’être si lisse et électro, il redeviendra le grand défouloir qu’il fut jadis. Ils prennent parfois l’oreille pour ne plus la lâcher ou appellent aux pogos. La salle les vit, certaines grimpant sur les épaules de leurs compagnons pour mieux en profiter. « J’embrasse la première fille qui monte sur scène » promet un Casablancas qui pense arrêter son set un brun trop tôt. « J’ai encore le temps pour un morceau apparemment alors je le joue ou vous préférez partir? » demande-t-il avant de lancer son ultime titre du soir.

La folie Pitchfork n’est pas finie ce soir puisque c’est enfin au tour du très attendu Mac Demarco de se lancer. La pop rock s’invite à la partie alors que le bavard  musicien doit  » faire le show ce soir » selon ses propres dires. On danse volontiers sur les notes douces et sucrées de la star. Un homme épuisé s’appuie sur l’épaule de son conjoint et danse lentement, puisque même si Halloween a été fêté la veille, il n’est pas question de rentrer si tôt. La magie est surtout de mise pour un jeune fan de l’artiste. Le petit garçon âgé de 11 ans est ainsi invité à vivre le dernier morceau  de cette soirée, « Still Together » sur les épaule de l’artiste. Un rêve devenu réalité qui ne manque pas de toucher tous les festivaliers qui ont encore rendez-vous deux jours durant avec cet évènement novateur.

 

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Du 17 au 19 octobre 2018, le MaMa festival investissait les salles du quartier de Pigalle et ses alentours pour présenter au public et professionnels les artistes qui vont compter dans les mois à venir. Au programme des performances dans tous les registres, dans une variété de salles hallucinante mais aussi des conférences et des débats. Retour sur trois jours de course aux lives, de découvertes, de retrouvailles et de rencontres qui nous laissent les jambes en compote et des étoiles plein les yeux.

Déambuler dans les quartiers de Pigalle

La Boule Noire, la Cigale, Le Carmen, le Backstage by the Mill, la Machine du Moulin Rouge, le Bus Palladium… Entre le Moulin Rouge et ses touristes, les sex shops qui amusent, les rues typiques, les boutiques d’instruments, les bars tendances et les brasseries, les salles du quartier de Pigalle prennent toutes vie en même temps, trois jours et trois nuits durant pour le MaMA Festival. La musique les unie et prend plusieurs visages au court de ces soirées-là. Pourtant, la ville elle-même, sa chaleur du premier jour, l’automne qui la gagne en fin de course, fait partie intégrante de cette expérience qui réuni une fois par an professionnels de la musique et public. De découvertes en découvertes, en courant d’une salle à l’autre, on découvre les derniers nées du quartier, un restaurant à lasagnes comme un traiteur mexicain, des bars bondés et branchés où l’on déguste une mozzarella de Buffala en sirotant du vin, des troquets et des restaurants à burgers aux couleur roses de leurs néons. Le quartier grouille de monde qui rient et vivent. On les aperçoit en changeant de salle, d’ambiance, de couleurs de décors et de musique. La vie bat son plein. Elle fait plaisir à voir. Pas d’arrêt dans ces lieux là pendant trois soirs. Il y a tant à découvrir et si peu d’heures pour se réaliser.

Du rock, du bon vieux rock avec MNNQNS!

Vous les connaissez? C’est normal! Voici un petit moment que MNNQNS a quitté le monde des artistes confidentiels pour entrer dans le panthéons de ces artistes qu’il faut avoir vu en live. Logique donc de les retrouver au MaMA ce mercredi 17 octobre. C’est au Backstage bu the Mill que la magie opère. Une salle bien remplie les accueille, pourtant il ne faut pas plus de deux titres du groupes pour qu’elle soit pleine à rebords. Cheveux aux vent à la mode des 70’s, le combo livre un live enragé, old school et maîtrisé. Ses compositions sentent bon le rock du CBGB, une pointe de punk à l’ancienne relevé par les sonorités new-yorkaises des Strokes. Sur scène la pression monte, on bouge volontiers aux rythmes des guitares qui se balancent. Si le rock s’essouffle aujourd’hui en France, il avait repris de jolies couleurs avec Last Train. Dans ce même mouvement, ce même amour pour ses classiques, MNNQNS est un allier de taille. Pas étonnant que le combo soit signé en Angleterre!

Petit oiseau pop: Naya

Pop&Shot l’avait rencontré à ses débuts. La jolie Naya, jeune-fille au talent incroyable nous avait alors fait le plaisir de nous interpréter en acoustique « Girl on the moon » son premier single. Lorsqu’on lui parle, cette passionnée des Beatles regorge de l’enthousiasme de la jeunesse. Lorsqu’elle chante, elle laisse son public bouche bée. Pourtant, les radios? L’industrie? ont décidé d’aller contre ses instincts de créatrices. En sort alors le titre « La fille de la lune », en version francisée (franglisée?) de son premier jet, avec quelques mots d’anglais et une mélodie quelque peu retouchée. La transformation se verra-t-elle sur scène? Réponse au Bus Palladium ce mercredi. Ses fidèles Doc Marteens à paillettes aux pieds, sa coiffure à la Princesse Leia sur la tête, toute habillée de blanc, notre prodige entre en scène. Adorable, sincère, généreuse, Naya a déjà tout d’une grande. Tout et même une touche de fraîcheur en plus. S’il est vrai que la pop folk que proposait la jeune fille semble plus lissée, notre petit brun de compositrice n’en reste pas moins une artiste entière. Véritable touche-à-tout, cachant bien toute forme de timidité derrière un grand sourire, elle alterne guitare et pédale de loop avec aisance. Adorable, elle propose même un morceau sur son chat. Naya a ce qu’il faut pour conquérir le cœur du jeune public, la preuve en est faite ce soir, mais elle devra pour ça suivre ses instincts et garder ce qui la rend unique.

Parenthèse dans un nuage avec Leonie Pernet

Le Backstage by the Mill déborde. Il fait chaud à l’intérieur. La foule est si dense qu’il est plus simple de fixer les écrans pour suivre le live que de regarder simplement la scène. Et pourtant dans ce chaos, des frissons naissent. Les notes de clavier emplissent la salle et la possèdent. A cela s’ajoutent les percussions. Avec une voix puissantes et des morceaux d’une beauté éclatante Léonie Pernet signe un tour de force musical à côté duquel il ne faut surtout pas passé. Aérien et maîtrisé, le concert donne envie de se jeter sur sa discographie intégrale. Reste à travailler les interractions avec le public, trop peu nombreuses, pour signer le sans fautes.

Le rap a de très beaux jours devant lui

Le hip hop est mort, vive le hip hop! C’est un retour fracassant pour les musiques urbaines qui s’annonce depuis quelques années. Le MaMA confirme la tendance avec sa soirée du mercredi soir à la Boule Noire. Pour y entrer, il faut faire une queue sans fin qui rejoint celle de la Cigale accueillant également le fleuron du rap urbain, dont Vald, mais hors MaMA ( il fallait quand même dire bonjour). Composé majoritairement d’adolescents et d’adolescentes, un public adulte se joint au mouvement. Au programme L’Ordre du Periph, Apollo Noir et Concrete Knives.

Beat box man: Saro investit la Cigale

La soirée démarre doucement ce jeudi 18 octobre. Il n’est pas si tard, il est pourtant déjà l’heure de faire la fête. C’est du moins ce que propose Saro devant une salle qui se remplit au fur et à mesure que les minutes passent. Seul face au public dans un lieu un brin trop sombre, le musicien propose de danser sur ses beats de DJ. Bruitages avec la bouche, loop, paroles répétées et instrument qui entonne des rythmes dansant s’enchaîne. Le musicien communique volontiers avec l’audience de son titre de champion du beat box « parce que je suis champion du monde » à celui pour son « meilleur ami qui est parti. », les titres s’enchaînent et la salle répond volontiers. Elle chante même quelques mots. La machine est lancée bien qu’à la longue, les morceaux semblent se répéter en boucle.

La Boule Noire déchaînée avec Lüt

La Boule Noire, LE croisement entre Pigalle la nuit et la musique. La petite salle en longueur la plus chaleureuse du quartier est aussi la seule à proposer des dessins à caractère SM sur ses murs. Une merveille hors temps en somme pour boire une bonne bière fraîche en écoutant du rock, du vrai. Ce jeudi c’est Lüt qui s’y colle et met toute son énergie à être à la hauteur du lieu qui l’accueille. Les guitares sonnent d’entrée de jeu alors que la voix se fait puissante, ça balance avec puissance et à peine deux morceaux plus tard,  voilà déjà le chanteur dans la foule. « Est-ce le meilleur concert de votre vie? » tente-il un peu trop rapidement. Pas de réponse, il faut faire la cour plus longtemps au public pour qu’il te suive sur ce terrain-là. Meilleur coup de live d’une vie ou pas, l’intention elle est là!

Arthur Ely, le Phonomuseum, un miroir et de l’urbain

En face de la Cigale, au milieu des boutiques d’instruments se cache un lieu magique: le Phonomuseum. Nous vous en parlions précédemment, le lieu retrace l’histoire de la musique enregistrée et des différents appareils permettant de l’écouter. Au milieu des appareils d’autre fois qui ont fait danser des générations de mélomanes et pas que, des chaises sont installées. Elles font face à une petite scène joliment décorées. On y trouve aussi bien des instruments qu’un miroir en pied. Celui qui s’apprête à monter sur scène s’appelle Arthur Ely. Arthur Ely. Il le dit à son entrée de scène et il le fait même chanter à l’assistance « Je dis Arthur, vous dites Ely. » Avec l’air enjoué, avec l’air déçu. Le jeune chanteur amuse son audience autant qu’il la captive. Barré et soigneusement habillé avec sa veste bleue et sa chemise à froufrous, le jeune homme joue de ses charmes et de ses notes. Sa confiance en lui est celle d’un habitué des scènes. Un brin enfant gâté le personnage, mais surtout déluré. Il balance son flow à pleine vitesse, lui donne des notes d’électros, emprunte des riffs à la pop, fait sourire et ne fait pas une fausse note. Si le patron du Phonomuseum affiche une mine ravie, c’est aussi le cas du chanteur qui s’amuse avec un public rapidement enclin à le suivre. On vous redit une fois de plus son nom est Arthur Ely, retenez le, il pourrait bien faire un carton prochainement.

Du hip hop et du gin avec Comme1Flocon

Le Carmen est une petite salle. Une salle sublime mais une salle minuscule. C’est pourquoi en temps de MaMA y entrer est un défi. Sa programmation y est pourtant léchée. Ce jeudi soir c’est THE SOIR. Nous voilà enfin entrés. Et hop. Grands miroirs, murs sculptés, la salle aux allures de boudoir vaut le détour. Son bar propose une variété de gins impressionnante. L’alcool y est distillé avec un nombre de saveurs à tomber par terre: thé fumé, matcha, safran… chaque bouteille fait briller les yeux. Sur scène c’est au tour de Comme 1Flocon de donner la tonalité de l’instant. Originaires de Suisse, le rappeur et son DJ assurent. On lève la main dès les premiers instants et le voilà déjà dans la foule. Quelques membres de l’assistance, déchaînés se prennent au jeu et se lancent sur ses notes. La Carmen vaut définitivement le détour.

Adam Naas. Le Bus Palladium. Et la magie opère

22 heures 30. Le Bus Palladium est plein à craquer. Si dehors les températures baissent, dedans la chaleur humaine fait l’effet d’un radiateur. Il arrive et tous les regards se tournent vers lui. Tee-shirt blanc, jean noir, boucle d’oreilles, cheveux frisés. C’est bien lui. Adam Naas, entouré de deux musiciens, se lance dans un premier titre à cappella. Le silence se fait, et puis des murmurent. « C’est chaud! », « C’est fou! », « C’est magnifique! ». L’expérience est sublime, elle le reste quand les claviers reprennent. Du grave à l’aigu, les tonalités changent et se mélangent. Il y a du Asaf Avidan dans l’air, cette capacité à générer du frisson, à sublimer son timbre avec aisance, à prendre à la pop et à la folk ce qu’elle a de meilleur. Mais il y a surtout du Prince dans les arrangements et la gestuel. C’est une évidence. Loin d’être aussi calme que ne le laisse entendre ses titres Adam Naas n’a peur de rien, un problème technique est pour lui l’occasion de raconter une très courte histoire « Une fois j’ai vomi sur mon caca. » Ah oui, ça se pose là. « Je vais vous appeler les pétasses. » poursuit le petit génie qui peut bien nous appeler comme il le souhaite du moment qu’il continue à chanter. Le final 40 minutes plus tard semble arriver en une poignée de secondes. Si les pétasses demandent un rappel, la salle elle rallume ses lumières. xoxo bitches!

 

The G et One Sentence Supervisor feat Bahur Ghazi

the g mama festival 2018 boule noire

Vendredi soir la Boule Noire ouvre avec deux groupes rock’n’roll. Le premier The G, est une Inouï du Printemps de Bourges et se la joue plutôt heavy metal, le second complètement psyché est venu avec un parasol pour créer son décors scénique. Avec ses dreds et ses guitares qui sonnent, The G ne révolutionne pas la genre mais propose une performance diablement efficace qui réjouit l’assistance. Malgré un nom incroyablement long, « hey tu veux venir voir One Sentence Supervisor feat Bahur Ghazi? » à dire sans le lire c’est compliqué, le combo s’en sort plus diablement bien. Les instrumentaux entraînent le public dans une transe sans fin et les interactions sont nombreuses.  Une petite proposition marshandising amuse même l’assistance « On vend des CD pour ceux qui savent ceux à quoi sert cet objet… »

One Sentence Supervisor feat Bahur Ghazi MaMA festival 2018 à la Boule noire

Roni Alter: un piano, une voix, et tellement de frissons

Roni Alter mama festival 2018 phonomuseum

Au Phonomuseum, la salle plein à craquer ne peut détourner les yeux de la scène. Logique c’est Roni Alter qui joue. Un musicien pour l’ assister, son piano, sa guitare et surtout sa voix. C’est tout ce qu’il faut à la belle en short léopard pour convaincre. Les morceaux se suivent mais ne se ressemblent pas alors que les interactions se font nombreuses. Douceur et puissance s’alternent au court de cette performance émouvante aux nombreuses surprises. Pour la première fois la chanteuse s’essaie à un morceau en français. Et pas n’importe lequel, c’est une reprise de PNL que choisit notre artiste.  » J’aime beaucoup PNL, je trouve que leur titre a tout d’une immense ballade. » Si d’instinct, il est plus facile de se dire que whattt? La chanteuse prouve largement son point de vue. En sort un morceau puissant servit par une voix qui sait sublimer les graves. On finit sur un titre plus joyeux, point trop quand même mais le joli sourire de Roni Alter suffit à transformer cette traversée pop en morceau dansant. Difficile ensuite d’accepter de la laisser partir.

God bless the craziness of Coco Bans

coco bans mama festival 2018 boule noire

De retour à la Boule Noire, la petite salle aux murs habillés de jeunes femmes à moitié nues. La tornade Coco Bans débarque alors sur scène. Ce petit brun de femme franco-américaine est une véritable boule d’énergie incontrôlable. Barrée, la musicienne enchaine en français, un bon nombre de blague qui la font rire d’un de ces rires contagieux. Le virus Coco Bans lancé, le public n’a plus d’autre choix que de se déhancher. Les premiers titres incroyablement pêchus mettent tout le monde d’accord. Il faut dire que la voix surpuissante de la chanteuse y est pour quelque chose. Le bouche à oreilles fait son travail. Voilà que d’un coup, la petite salle parisienne est pleine à craquer. Un temps plus calme vient alors, pour deux morceaux seulement. Mais deux morceaux instinctifs et puissants. Les larmes aux yeux, l’artiste entière confie que ce titre est écrit pour une amie.  « Elle venait de perdre son père et elle n’arrivait pas à le finir, elle m’a fait l’immense honneur de me demander de continuer à l’écrire pour elle. » Le résultat est bluffant. Les émotions de notre chanteuse, à fleur de peau, transpercent le public.  Une réussite totale!

Are you still having fun?

Eagle Eyes Cherry débarque au MaMA

eagle eye cherry le mama festival 2018 machine du moulin rouge

Changement de décors. Cette fois-ci le rendez-vous est donné à la Machine du Moulin Rouge. Madame Monsieur, connus pour avoir participé à l’Eurovision terminent leur set dans un costume rouge. La salle n’est pas encore remplie. Ca ne saurait tarder. La preuve, à peine Eagle Eyes Cherry débarque-t-il sur scène, plus de 10 ans après son dernier passage dans la capitale, qu’il est déjà impossible de circuler dans la salle. Assisté de ces musiciens, le chanteur n’a rien perdu de son talent. Au milieu de tous ces artistes internationaux, le set de l’Américain parait bien différent. Rodé, propre, parfaitement huilé, les musiciens d’outre-Atlantique sont des machines à créer du spectacle. D’ailleurs la recette est toujours aussi efficace. Le musicien communique régulièrement avec une foule de plus en plus dense. Elle répond à chaque interpellation, pousse pour se rapprocher de la scène, chante. Pour s’assurer de sa communion, le maître de cérémonie enchaîne les titres : »Falling in love again », « Are you still Having fun »,  l’excellent nouveau titre « Streets of you » ou encore  » Long Way Around » se succèdent. Le final en feu d’artifice se fait sur l’inoubliable « Save Tonight » face à une foule qui en connait chaque parole. Un moment de partage magique.

What the f****? Bobun Fever fait avoir des hallucinations

La soirée est bien avancée au Backstage By the Mill alors que Bobun Fever livre sa performance. Bobun peut-être puisqu’ils le disent mais fever certainement. En débarquant dans la salle, il est impossible de ne pas se demander ce qui se passe. Les membres de la formation à moitié nus ( body très très suggestifs et torse nus) semblent tout droit sortis d’un des club qui ornent le boulevard Pigalle. La musique en elle-même pourrait être la BO d’une rave. A consommer avec modération…

Photo :  Kévin Gombert

 

pitchfork music festival 2018

C’est reparti! Du 1er au 3 novembre 2018, l’heure sera à la fête à la Grande Halle de la Villette qui accueillera la 8ème édition du Pitchfork Music Festival. L’occasion pour les parisiens mélomanes et leurs copains qui viennent des quatre coins du monde, de s’offrir 3 jours de musique non stop, qualitative et diversifiée. La programmation, alléchante, promet de mettre en avant la crème de la crème de la scène indé internationale.

Qui sera là?

Le jeudi 1er novembre:  Le chanteur canadien le plus tendance du moment et son pop rock dansant, Mac DeMarco ouvrira le bal. Etienne Daho, qu’on ne présente plus fera également parti des têtes d’affiches . Tout comme les rockeurs de génie de The Voidz dont le leader n’est autre que Julian Casablanca, des Strokes hein no big deal. S’ajouteront à cette soirée John Maus, Yellow Days, Rolling Blackouts Coastal Fever Cola Boyy  et G Flip.

Le vendredi 2 novembre: Ce sera au tour de Kaytranada de représenter le Canada, cette fois à base de sons hip hop, house et funk. Il faut quand même rappeler que le monsieur s’est fait connaître en proposant des remixes bien maîtrisés de Missy Elliott ou encore Janet Jackson . Suivront des notes plus groovies avec  Blood Orange et CHVRCHES Chromeo. Ensuite nos chouchous de Bagarre, les mecs qu’il faut absolument voir en concert parce que c’est complètement dingue, crois moi, feront danser l’assistance (c’est garanti). Enfin on retrouvera Car Seat Headrest, Dream Wife Tirzah, Lewis OfMan et Boy Pablo pour clôturer la soirée.

Le samedi 3 novembre: Jour 3 variation du délice. Bon Iver, grand habitué du festival puisqu’il s’y est déjà produit deux fois sera le meneur de la soirée. Sur scène une pluie d’artistes de talent lui succèderont. Avec une vague d’électro comme Daniel Avery, figure immanquable de cette scène, DJ Koze, le français Jeremy Underground et sa bien aimée house américaine des années 90. Stephen Malkmus & the Jicks seront aussi de la partie et si vous connaissez le nom du meneur de la formation c’est parce qu’il était dans Pavement ( oui Pavement, rien que ça). Il apportara sa touche de rock à l’édifice tout comme Unknown Mortal Orchestra Peggy Gou, Avalon Emerson, Muddy Monk. Autre show à ne pas manquer puisqu’il s’agira des premiers pas d’une future star, celui de Snail Mail  avant de conclure avec Michael Rault.

Je veux mes places, vite prenez mon argent!

Jusque là, logique, vous avez bien suivi cet article. Pas de panique le Pitchfork Music Festival n’est pas encore complet, pour l’instant, il faut quand même faire vite. Pour se procurer vos pass, rien de simplce, rendez-vous ici sur le site officiel du festival. 

J’en veux encore plus!

Et tu as bien raison. Le festival ne s’arrête pas là. Il a aussi son before intitulé le Pitchfork Avant-Garde qui se tiendra les 30 et 31 octobre. Son concept? Présenter les talents de demain à travers de nombreux concerts et ce dans un large panel de salles parisiennes: du Café de la danse au Badaboum en passant par le Pan Piper. Et le samedi soir la fête sera plus folle avec un line-up programmé jusqu’à 6 heures du matin. Si tu es un oiseau de nuit tu peux donc également te procurer des places uniquement pour l’after!

Du 5 au 16 septembre 2018, au Forum des Images, s’est tenue la vingt quatrième édition de L’Étrange Festival. Retour sur un festival de très bonne qualité qui a réservé quelques belles découvertes ou redécouvertes et qui aura permis au spectateur de voyager d’Haiti à la Pologne, des Philippines au Chili. Une incitation à l’ouverture et à la curiosité en découvrant une multitude de nuances du film de genre.

L’Étrange Festival 2018 : Un cinéma de genre à variations multiples

Avec le recul, il n’aurait pu y avoir meilleure soirée d’ouverture du festival. Si cette dernière a fait l’effet d’un focus , elle surtout permis de donner le ton du festival à venir. De la variation des genres ( comédie musicale et invasion zombie), du fun pour Anna & The Apocalypse, du nettement moins léger et plus dérangeant avec Perfect Skin. Les deux extrémités d’un spectre dans lequel allait nous plonger L’Étrange Festival… Le lendemain, jeudi 6,vint ensuite le tour de The Darkpremier coup de cœur du festival avec un conte noir imparfait mais vraiment touchant. Le vendredi 7 aura vraiment été la journée du « grand écart » pour L’Étrange Festival puisque les deux films visionnés par l’équipe de Pop&Shot nous auront marqués comme étant le pire et le meilleur de tout le festival.

 

 

« Meurs, Monstre, Meurs« , pour citer un festivalier, est vraiment de ces films ou l’on se sent bête en le voyant. Bien évidemment, on pressent une métaphore, une symbolique, bien évidemment, on sent une critique probablement sociétale dans cette co-production franco-argentino-chilienne. Mais trop de flou et de rupture de ton n’auront définitivement pas emporté l’adhésion de notre équipe. Mention spéciale néanmoins à la « créature de fin », lovecraftienne en diable et profondément malsaine. Pour un film de 109 minutes, c’est peu. Marquant mais peu. Trop peu. Dans la foulée, Mandy, dont nous avons déjà pu vous vous dire le plus grand bien, est apparu comme franchement euphorisant, tant dans le fond que dans la forme. Une véritable lettre d’amour au genre, au fond évidemment moins marqué que d’autres œuvres vues dans le festival, mais d’une générosité et d’une sincérité rare, comme on aimerait en voir plus souvent dans le cinéma de genre contemporain!

L’Étrange Festival : Horizons lointains du genre

Au cours du premier week-end de festival, la compétition du Grand Prix Nouveau Genre offrit Buybust, A Vigilante, The Spy Gone North, L’heure de la sortie et enfin Dachra. Commençons par le décor plus commun de A Vigilante qui se situe aux Etats Unis. Si le décor est connu, ainsi que le vigilante movie depuis Un justicier dans la ville avec Charles Bronson, le fond dans lequel il s’inscrit semblait plus original. Semblait. En ces temps de #meetoo, la remise à jour du vigilante movie avec un personnage féminin en tête d’affiche pouvait permettre de dire beaucoup de choses. Il y a quatre décennies déjà, dans le mythique « Day of the Woman« , une femme se vengeait des hommes l’ayant agressé. Il y a une dizaine d’années, l’oscarisé Neil Jordan mettait en scène l’oscarisée Jodie Foster dans A vif pour un résultat…convenu. L’idée en tant que telle n’est donc pas si neuve. Là ou le premier film de Sarah Daggar-Nickson pouvait tirer son épingle du jeu c’était en faisant de sa vigilante (incarnée par une Olivia Wilde méconnaissable), une vengeresse itinérante se faisant la porte parole des femmes abusées et violentées. Efficace dans sa réalisation, efficace dans son interprétation, Olivia Wilde se met en valeur dans plusieurs scènes lui permettant de mettre en valeur ses qualités d’interprétation, de façon un peu trop marquée et faisant parfois passer le film pour un « véhicule à performance » (Olivia Wilde est aussi productrice du film ceci expliquant -peut être- cela). Glaçant en début de métrage, l’intrigue prend malheureusement un tour plus convenu dans son dernier tiers, la « nemesis » étant trop caricaturale pour que les notes d’intention du début du film soient pleinement maintenues jusqu’au bout. Un honnête thriller.

Buybust l'étrange festival 2018

« Buybust » était présenté comme un « The Raid horizontal » (là ou son modèle faisait de la verticalité le cœur de son concept). N’atteignant pas les cimes de son illustre prédécesseur, le film d’Erik Matti n’en est pas moins un solide film d’action où sont mis en valeur, tant le champion d’arts martiaux Brandon Vera que l’actrice Anna Curtis qui sort pour l’occasion de sa zone de confort habituelle des romcs coms locales. Gros bémol néanmoins : le son. Particulièrement saturé, il dessert le film et impacte son appréciation globale, surtout que le basculement de l’intrigue survient dans une scène ou le son est prépondérant. Le gros message politique passé dans les dernières minutes du film, courageux mais désabusé, est néanmoins à relever et permet à « Buybust » d’être une des bonnes révélations de ce festival.

The Spy Gone North l'étrange festival 2018« The Spy Gone North » est un film de genre…d’un genre inattendu dans L’Étrange Festival : un film d’espionnage. C’est cette originalité ainsi que les réelles qualités graphiques de la mise en scène de Yoon Jong-Bin qui ont du plaire au public et au jury, le film s’octroyant le Grand Prix Nouveau Genre ainsi que le prix du public! Un beau film aux thématiques d’actualité ( espionnage entre la Corée du Sud et la Corée du Nord). En découvrant le sujet de « L’heure de la sortie » ( pour qui n’a pas lu le livre de Christophe Dufossé), on se projette dans ce qui pourrait être une excellente variation de « La nuit des enfants rois« . Et l’un des avantages du film de Sébastien Marnier est justement…de jouer avec nos attentes. Insufflant de l’humour dans une excellente proportion, le film glisse habilement vers le thriller pour se conclure sur une fin sombre qui fait écho avec l’actualité… Une bonne réussite française (cocorico) servie par le toujours impeccable Laurent Lafitte (qui nous avait déjà marqué l’an dernier dans KO). Enfin « Dachra« , film horrifique tunisien présenté à la Semaine de la Critique de Venise, bénéficiant d’indéniables qualités visuelles, aura réussi à surprendre le spectateur, la critique du mysticisme du film se concluant dans un cadre réellement horrifique ou malaise et suspense sont présents.

Tout au long de la dernière semaine de compétition, ce sont « Luz« , « Killing » et « Perfect » dans des genres radicalement différents qui auront été visionnés par l’équipe de Pop&Shot. En découvrant Luz, on a l’impression de se trouver devant une des premières bobines de ceux qui font le genre actuellement : Del Toro, Balaguero,etc… Avec un grain si particulier et une ambiance sentant bon la fin du siècle dernier, Tilman Singer, avec son film de fin d’études (!!), annonce la couleur : il faudra compter sur le cinéaste allemand dans les années à venir à coup sur! Tant dans le fond que dans la forme, Luz est pleine de promesses et s’il peut avoir certains défauts, ils sont ceux de la jeunesse et l’on peut clairement rêver à ce que sera l’oeuvre de Tilman Singer dans les années à venir. Une belle pellicule de festival qui aura permis de découvrir un cinéaste prometteur. Un autre premier long formellement irréprochable est bien  » Perfect » d’Eddie Alcazar. Malheureusement, si la plastique du film fait de Perfect un bel objet, il sonne désespérément creux, les monologues pontifiants du dernier tiers du film finissant d’achever le spectateur.  » Killing » de Shin’Ya Tsukamoto dynamite totalement le film de sabre en s’attaquant au fondement même de celui ci : la notion d’honneur. Car c’est bien cette notion qui est à la base de tout les malheurs des personnages principaux, ces derniers souffrant, mentant et au final mourant pour cette notion énoncée par tout le monde mais respectée par personne.

L’Étrange Festival : Genre et polémique

Ironiquement, c’est avec deux films parmi les plus polémiques de ces derniers mois que la compétition s’est terminée. The House That Jack Built, dernier film en date de Lars Von Trier, présenté de façon hilarante par Gaspar Noé. Reprenant la forme qu’il avait adopté pour Nymphomaniac, l’autoportrait d’une nymphomane, Lars Von Trier fait de même avec … son autoportrait. Véritablement glaçant, l’humour à froid du Danois fait mouche tout au long du film. Les cinq vignettes, cinq tranches de vie, choisies au hasard dans le parcours sanguinolent du serial killer « Mr Sophistication » (Matt Dillon véritablement épatant de sobriété et de justesse), permettent une véritable progression dans l’horreur, le comique des situations finissant par s’atténuer progressivement devant la noirceur des situations. Un tour de force, rappelant, dans un tout autre genre (encore que…), « C’est arrivé près de chez vous ».  Interrogeant le spectateur, de façon pertinente et non pompeuse, sur des notions telle que l’Art, Lars Von Trier livre une oeuvre fleuve, intelligente, précieuse et nécessaire. La descente aux Enfers, littérale, du tueur marque les esprits et divise. Mais comme l’aura fait remarquer Gaspar Noé dans sa présentation en rappelant l’exemple de « 2001, l’odyssée de l’espace » qui avait eu de très mauvaises critiques au moment de sa sortie,  » quand vous avez des critiques unanimes avec vous, ça sent pas bon »… Choquer pour forcer à réfléchir, Lars Von Trier réussit pleinement son objectif avec The House That Jack Built. Et le tout en faisant rire son spectateur!

Utoya, 22 juillet l'étrange festival 2018Utoya, 22 juillet , le film d’Erik Poppe proposait un sujet encore plus polémique en illustrant la tuerie d’Utoya perpétrée en 2011 par le terroriste d’extrême droite Anders Behring Breivik. C’est probablement l’un des films ayant fait le plus parler après ses projections. Utoya a divisé. Clairement. La volonté de mise en scène atypique de la part de Poppe ( raconter les événements en temps réel à travers un seul point de vue et en un seul plan séquence de 90 minutes) est en grande partie responsable des critiques. Se concentrer ainsi sur la survie d’une jeune fille présente sur les lieux à la recherche désespérée de sa sœur a été interprétée parfois comme une recherche de pathos gratuite. Le fait de ne jamais voir Breivik, et juste de le deviner au loin, ni même de le nommer dans les encarts présentées au début et à la fin du film ont été vus comme des moyens de l’iconiser. Si la question de la représentation du terrorisme, dans nos sociétés contemporaines, a toujours été source de débat, l’actualité rend le sujet d’Utoya encore plus brûlant. La toute fin du film, choquante, lève toute ambiguïté qu’on voudrait bien prêter au réalisateur, glaçant le sang et invitant, si ce n’est à une prise de conscience, au moins à la réflexion.

L’Étrange Festival 2018 : Des découvertes ou redécouvertes de tout les genres ou pour tout les goûts

Si la compétition a doublement couronné « The Spy Gone North« , l’Étrange Festival ce n’est pas que de la compétition et ce dernier aura permis aussi d’aller à la découverte de petites pépites.

Ainsi, l’année 1971 aura été à l’honneur (de façon fortuite a priori) avec la diffusion de deux films dynamitant, à leur façon, la petite bourgeoisie. La Saignée, tout d’abord, film franco-italien de Claude Mulot, thriller à cheval entre New York et la Normandie. Racontant la cavale du témoin d’un double meurtre commis par un ponte de la mafia new-yorkaise, un jeune serveur part se réfugier dans sa Normandie natale ou il va être confronté à son passé. Il y a quelque chose de savoureux en (re)voyant La Saignée. L’ambiance unique, qui ne pourra jamais être parfaitement reproduite de la petite ville de province de l’époque de Georges Pompidou, la critique « chabrolienne » en diable de la petite bourgeoisie. De même, le ressort comique incarné par les deux personnages américains, l’un flic, l’autre tueur à gage chargé de récupérer le personnage principal et qui assiste, goguenard, en spectateurs bien loin de chez eux, aux différentes péripéties animant la petite bourgade normande est assez savoureux. Un bon film de genre, dont la découverte (ou redécouverte pour certains) 47 ans après sa sortie fait grandement plaisir.

De même, L’Hôpital d’Arthur Hiller s’est avéré une excellente comédie satirique. La journée du suicidaire docteur Bock (brillant George C. Scott), en pleine crise de la cinquantaine, permet de dresser un portrait sans concessions malgré sa drôlerie du système hospitalier américain. Sa conclusion (« autant pisser dans un violon ») résonne particulièrement avec les commentaires quasi unanimes des spectateurs en quittant la séance : 40 ans après, rien n’a changé.

Plus récent, le film Lifechanger de Justin McConnel est annoncé comme une excellente série B. Pari tenu? Haut la main puisque le métrage nous place dans la tête d’une entité qui pour survivre doit passer de corps en corps tuant par la même occasion son hôte. Comprenant rapidement les motivations d’un tel personnage nous voilà plongés au cœur d’une histoire d’amour obsessionnelle et à sens unique. Comment aimer quelqu’un qui de toute évidence n’a pas d’existence à proprement parler? Les scène d’épouvantes particulièrement soignées méritent à elles seules  le détour. Glaçant, effrayant et dérangeant ce « Lifechanger  » réussit haut la main son pari. De l’horreur simplement orchestré et sans fond? Point du tout puisque le métrage s’amuse à interroger le spectateur, qui sommes nous au fond? qu’est-ce qui nous définit? Comment s’accepter? Est-ce dans les yeux de l’être aimé? Donnant au détour d’un final bougrement malin la plus inattendue des réponses.

Le 13 septembre, l’équipe de Pop&Shot mourrait d’envie d’assister à la séance d’Amalia qui promettait de nombreux moments hypnotisant. La salle complète la pousse néanmoins à se rabattre sur Liverleaf … pour son plus grand plaisir. Inspiré d’un manga ce revenge movie, complètement barré n’a pas laissé la salle indifférente. Vendu comme un nouveau « Battle Royal », le métrage s’éloigne de ses classiques pour offrir un bain de sang sérieusement gore et franchement drôle aux spectateurs. Si le métrage ne cherche pas tellement à rester dans un univers logique (il y a quelque chose dans l’eau du village qui expliquerait l’attitude de ses habitants? Pourquoi ce grand-père est-il toujours aussi heureux?) il n’en procure pas moins une bonne dose de cinéma horrifique, sans prise de tête qui fait plaisir à voir. Mention très spéciale pour la scène de la professeur d’école, complètement jouissive!

Liverleaf l'étrange festival 2018

Up Upon the stars de Zoe Barriatua aurait pu être le dernier né de Michel Gondry tant ses artifices avaient quelque chose de « La Science des rêves ». S’il n’en est rien, il est pourtant impossible de ne pas se laisser prendre par ce tourbillon émotionnel, vibrant et vivant et cette lettre d’amour au cinéma. Les déboires de Victor, alcoolique depuis le décès de sa femme, menteur invétéré et de son fils, Ingmar qui l’idolâtre, se pressent sans cesse à la frontière de l’imaginaire. Un moment de douceur, entre mélancolie et renaissance, le tout porté par une imagination qui ferait rougir Tim Burton, lui qui a oublié comment réellement avoir la tête dans les étoiles.

Upgrade quand à lui fait office de bonne série B  » à l’ancienne », qui ravira les fans de Terminator et de « Shadowrun« . Un très bon divertissement, se suffisant à lui même et dont la fin, délicieusement sombre, est particulièrement savoureuse.

Clôture du festival: ce n’est qu’un étrange au revoir

Restait à dire au revoir à notre bien aimé festival le dimanche 16 septembre. L’occasion d’applaudir comme il se doit l’équipe des bénévoles de cette édition 2018. Une équipe de passionnés investis et à l’écoute du public qui méritent toute la reconnaissance des fans du cinéma de genre. Puisque oui, n’en déplaise à certains, ce cinéma à part draine un public investit, connaisseur, intelligent et dévoué qu’on aura eu plaisir à croiser, à entendre débattre, creuser et dont l’énorme curiosité sans fin est elle aussi à saluer.

Reste à dire un mot sur The Man with the Magic Box, fable de science-fiction polonaise, un nouveau métrage sur les sauts dans le temps situé dans un univers futuriste aseptisé. Puisqu’il faut se l’avouer la science-fiction ne promet pas du tout un brillant avenir à l’humanité. Le métrage connait ses classiques et s’offre même une référence à l’immense Fight Club . Au détour d’une histoire d’amour impossible, l’œuvre joue sur le suspens et l’humour pour convaincre. Verdict? On ne peut pas plaire à tout le monde. Malgré une esthétique léchée digne d’un clip le métrage souffre de quelques longueurs.

The Man with the Magic Box l'étrange festival 2018

Rien qui n’entache l’expérience entière qu’est l’Etrange Festival qui rappelons le, ose miser sur la diversité pour parler à un large public. Vivement les 25 bougies!

 

Alexandre Bertrand et Julia Escudero