Vendredi 3 février 2017, les (très pop) punk rockeurs de Green Day prenaient d’assaut un AccorHotel Arena complet ( Bercy quoi). Live attendu s’il en est, on comptait alors dans les gradins comme dans la fosse des fans, des vrais de tout âge.
Toujours aussi pimpant depuis qu’il a fait peau neuve, notre Paris-Bercy voyait pendant la première partie de ce live, ses couloirs se faire envahir de spectateurs s’achetant bières, coupes de champagne, hot dogs, nouilles sautées thaï ( quoi ? Oui).
Si cette énumération fait plus penser à une soirée spectacle qu’à un concert, c’est pour mieux se mettre dans l’ambiance. A 20 heures pétantes, Green Day fait donc une entrée (magistrale) sur scène. D’entrée, le trio mené par un Billie Joe Amstrong qui tient la forme, balance des morceaux efficaces. Ça saute dans tous les sens, c’est énergique, ça sent le rock, ça marche comme du rock, ça parle comme du rock et ça enchaîne les singles. « Know your Enemy », « Bang Bang », « Holiday » et même « Boulevard of Broken Dreams » (dont les premières notes ressemblent quand même vachement à « Wonderwall » mais ceci est une autre histoire) s’enchaînent avec fluidité. L’assistance comblée répond le bras levé en pogotant, slamant, sautant…
Et tout ça est follement agréable, tout cela est même grisant. On pourrait se laisser aller à retrouver nos 15 ans, à vanter l’énergie folle de ce groupe culte. On pourrait s’arrêter à ça, ce serait facile d’écrire des lignes et des lignes pour raconter comment Billie Joe amuse la galerie en lui adressant le parole. « Si vous me regardez derrière vos appareils photos vous ne me regardez pas vraiment » lance d’ailleurs (à raison) l’intéressé pour faire réagir ses fans. Le même qui bien loin d’accepter d’abandonner la fougue d’un « American Idiot », qui n’arrivera qu’en fin de set, balance régulièrement des « Fuck You Donald Trump ! ».
Alors qu’est ce qui cloche ? Ce constat un peu triste que tout, même un concert de rock’n’roll, peut aujourd’hui être bien lisse, bien propre, un beau show certes, un très beau show, oui évidemment!
Mais lorsque le chanteur de la formation balance qu’il pense que le rock’n’roll nous sauvera, il est facile de se poser la question. Quel rock ? Où est la rébellion dans un AccorHotels Arena blindé, au milieu d’un set où la pyrotechnique fait loi ? Les effets se multiplient alors que le live semble organisé à la seconde près. Grosses lumières pour éclairer la foule et covers /hommages qui déchirent. Un medley propose d’ailleurs d’entendre les classiques revisités « Shout », « I Can’t get no Satisfaction », « Always look on the bright side of life » et « Hey Jude ». Une réussite alors que notre chanteur n’hésite pas à se rouler par terre sur scène pour se remettre de plus d’une heure de course sur scène. Un joli moment en somme certes mais bien loin de l’esprit qu’était supposé vendre le rock’n’roll et encore plus son enfant terrible le punk rock. Parfois, dans un monde où l’image est vitale, où chaque seconde d’un concert peut être partagé sur les réseaux sociaux il pourrait être bon de découvrir un peu d’impro et que le rock (re)devienne cet espace de liberté dans lequel tout est permis. Puisque l’avantage du punk même s’il est pop est de laisser une part d’anarchie et d’extravagance à ses représentants…
Le rock’n’roll nous sauvera-t-il ? Green Day a envie de nous le faire croire alors que la formation laisse régulièrement le micro à l’assistance et même la possibilité à l’un des membres du public de jouer de la guitare aux côtés de ses idoles et de garder l’instrument. Pour la magie du moment, on taira le fait qu’un même cadeau avait été offert au Zénith de Paris il y a de cela au moins 13 ans à une jeune femme dans des circonstances similaires…
C’est malgré tout des étoiles dans les yeux que la grande salle parisienne se vide. Elle pourra ainsi garder en mémoire un Bercy tant illuminé par des téléphones portables pour faire office de flamme sur « Good Riddance ( Time of your life) » qu’il y faisait jour et une énergie tellement contagieuse qu’on en oublie tous les artifices.
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