Mardi 12 juin 2018 se déroulait dans la salle du Gaumont Marignan la cérémonie d’ouverture du Champs Elysées Film Festival 2018 qui met à l’honneur les productions indépendantes de France et d’Amérique. En guise d’apéritif une apparition de Tim Roth ( Reservoir Dogs, Little Odessa, Pulp Fiction) et la présentation du jury présidé par Serge Bozon (réalisateur de Mods, la France ou bien encore du récemment sorti Madame Hyde). Pour le dessert, était prévu les fous furieux de Faire en showcase à la Maison du Danemark. Le plat de résistance a consisté en la projection du dernier film de John Cameron Mitchell » How to talk to girls at parties« . Retour sur cette soirée d’ouverture du Champs Elysées Film Festival 2018.
Le Champs Elysées Film Festival est le « bébé » de Sophie Dulac, on le sent jusque dans la voix de la fondatrice et présidente. Quand il s’agit de rappeler les notes d’intentions et la raison d’être du festival. Quand il s’agit de parler de la genèse du projet à la lumière de l’événement Un dimanche de cinéma, fruit du partenariat entre la Mairie de Paris et les cinémas Gaumont, qui verra la projection d’un classique du cinéma français en plein air sur les Champs Elysées. La reprise d’une idée formulée il y a quelques années par Sophie Dulac mais hier l’heure n’était pas à la polémique mais aux festivités pour ouvrir ce Champs Elysées Film Festival 2018!
Champs Elysées Film Festival 2018 : Présentation
Tim Roth tout d’abord a fait son entrée sur scène, le temps de dire quelques mots malgré un petit problème de micro et de faire un selfie avec une salle conquise. Le meilleur moyen de teaser sa masterclass qui aura lieu vendredi soir et sa mise à l’honneur avec la projection de trois de ses films –Meantime, un de ses premiers rôles, Little Odessa, le classique de James Gray et The War Zone, sa seule réalisation- au cours d’une rétrospective. Ce fut ensuite le tour de passer à la présentation des membres du jury long métrage et court métrage. Le jury long métrage, présidé par Serge Bozon est composé de Naidra Ayadi (César du meilleur espoir en 2012), Sébastien Betbeder(2 automnes 3 hivers, Marie et les naufragés et Le Voyage au Groenland), Damien Bonnard (Rester Vertical.), Judith Chemla ( Camille Redouble, Le sens de la fête), Pierre Deladonchamps( Nos Années Folles) mais aussi Ana Girardot ( Simon Werner a disparu, Ce qui nous lie). Le jury court métrage, présidé par la réalisatrice de Réparer les vivants, Katell Quillévéré, est composée de Hubert Charuel, Esther Garrel, Christophe Taudière et enfin Arnaud Valois. Les présentations ainsi effectuées, place à un taquin John Cameron Mitchell multipliant les plaisanteries pour parler de son quatrième film et officiellement débuter la septième édition du Champs Elysées Film Festival !
Champs Elysées Film Festival 2018 : How to talk to girls at parties en avant première!
1977 : trois jeunes anglais croisent dans une soirée des créatures aussi sublimes qu’étranges. En pleine émergence punk, ils découvriront l’amour, cette planète inconnue et tenteront de résoudre ce mystère : comment parler aux filles en soirée… Et le moins qu’on puisse dire c’est que le trio formé par Enn ( Alex Sharp), John (Ethan Lawrence) et Vic (A.J Lewis) est qu’ils sont très loin d’avoir trouvé la clé de ce mystère et de s’en approcher au début du film. Pathétique trio d’ados apprentis punks ( Enn va quémander une avance sur son argent de poche à sa mère pour aller à un concert en tout début de film) qui vient d’échouer à rejoindre une after et perdu au milieu de la banlieue londonienne un vendredi soir… C’est alors que les trois punks rentrent dans une maison ou se passe une fête pour le moins étrange….
Si je vous dis, sans réel spoils, Punks, Aliens, Latex, Fluo, Romance, Fist, Parentalité, Cannibalisme et Coming of age movie, ça ressemble à un gros foutoir,non? Absolument. Et c’est ce qu’est How to talk to girls at parties. Est ce que cela veut donc dire que le film est raté ou bien bourré de défauts? Et bien non! Et c’est en cela que le film et surtout la mise en scène de John Cameron Mitchell est remarquable. Véritable maelstrom d’idées, prenant régulièrement le contre pied du chemin qu’il semblait emprunter quelques minutes auparavant, How to talk to girls at parties désarçonne et emporte avec lui le spectateur tout au long des 142 minutes de ce véritable voyage.
Le background du mouvement punk est progressivement délaissé au fur et à mesure du film, n’était il qu’un prétexte mi nostalgique mi folklorique pour rechercher un peu d’originalité? Pourtant, il suffit de quelques répliques pour dresser un portrait du mouvement punk en 1977. Les Clash ont signé chez NBC et l’un des trois héros jure qu’il ne pardonnera pas cette trahison. Le personnage de Boadicea, incarnée par une Nicole Kidman déchaînée ( et cabotinant un tantinet), sorte de gardienne du temple punk, pure de chez pure, est une ancienne de chez Vivienne Westwood qui met en avant des jeunes groupes prometteurs en espérant qu’une chose : qu’ils signent pour un label. » Ta métaphore présente quelques contradictions » assène le personnage de Zan ( superbe Elle Fanning) à Enn qui tente de lui expliquer ce qu’est le punk. Portrait d’un mouvement révolutionnaire qui déjà périclite…
How to talk to girls at parties est-il alors une bluette, un « Romeo et Juliette avec des aliens et des punks » comme le décrit le réalisateur lui même ? Pendant toute une partie, il l’est, notamment quand le personnage de Zan obtient 48 heures de permission pour découvrir le monde des humains. Mais, John Cameron Mitchell réussit à ménager suffisamment ses effets pour laisser le spectateur s’attendrir juste ce qu’il faut pour s’attacher aux personnages et passer ensuite à autre chose. How to talk to girls at parties nous parle de nombreux sujets, notamment aussi de politique lors d’un échange entre les « parents » de Zan en fin de métrage. Prenant des risques, John Cameron Mitchell réussit un numéro d’équilibriste en ne tombant jamais dans aucun écueil qui aurait pu lui tendre les bras (cf la scène de duo), notamment au niveau de l’esthétique du film.
Champs Elysées Film Festival 2018 : Conclusions de film et de soirée
Et si How to talk to girls at parties était tout bonnement un coming of age movie ? La question se pose tant, en un weekend, deux des trois punks adolescentins se révèlent avoir grandement mûris lorsqu’on leur pose une question similaire au titre du film et que leur réponse est à des années lumière de ce qu’ils auraient répondu au début du film. Oui, dorénavant, pour certains d’entre eux, ils sauront quoi dire aux filles quand ils seront en soirée… Si le film d’ouverture des Champs Elysées Film Festival 2018 est un coming of age-movie, c’est l’un des plus attendrissants et surtout barrés qui soient. Un film punk ? La question peut se poser mais pour cela encore faudrait-il définir ce qu’est vraiment le punk, et si ce genre de considérations pouvait encore se trouver dans la tete des spectateurs en se rendant du Gaumont Marignan jusqu’à la Maison du Danemark, très vite les chanceux participants au showcase ont eu quelque chose d’autre à penser.
Est ce du lieu, magnifique il faut le noter? La qualité du service? Irréprochable. Absolument pas. Tout a été balayé, pour le plus grand plaisir d’une partie du public par la tornade Faire ! Refusant les clichés et les étiquettes, et loin de chercher à savoir si on navigue dans le rock ou l’electro, le trio a étalé sa « Gaule Wave » pour un public très rapidement conquis et enthousiaste. Si certains showcases recueillent un enthousiasme poli de la part du public, il n’en était rien à la Maison du Danemark, tant plusieurs dizaines de spectateurs se déhanchaient, voire plus, avec entrain au son des » Mireille se rappelle« , « Marie Louise » ou encore « Anastasia« . Un lieu élégant, de la nourriture sophistiquée, du très bon champagne et un public sautant au son de » Mireille se rappelle Mireille se rappelle Mireille se rappelle Qu’elle était bonne à l’université !« . Et si c’était FAIRE, le moment punk de la soirée d’ouverture des Champs Elysées Film Festival 2018 ?
Pour se faire une idée sur FAIRE