Ce 17 avril promettait une nuit inoubliable. En effet, Clément Froissart prenait d’assaut la Maroquinerie de paris pour présenter au public son premier album solo : « Nuits Agitées ». Un opus à la mélancolie solaire, où la douceur prime. C’est d’ailleurs le mot d’ordre d’un concert onirique où précision la dispute avec émotions à fleur de peau.
Le calme après la tempête. L’album « Nuits agitées », premier né de la vie post Concorde de Clément Froissart traite un peu de cela. De la pluralité de nuits blanches mais pas d’idées blanches. Les joies y côtoient les douleurs. Les nuits peuvent être empruntes d’amour, d’amitiés, de folies, de tristesse et s’éterniser sans jamais y rencontrer le sommeil. La mélancolie s’y dessine avec joie et lors de ces heures particulières, les ombres deviennent des amies fidèles. En cette fin de journée, la météo semble s’être mise en accord avec l’opus du chanteur. La journée grise, morne et froide laissait place, alors que la lumière diminuait doucement à une douceur plus agréable. Dans la cours de la Maroquinerie, rouverte après des déboires absolument rocambolesques, le public profite d’un verre en attendant de rejoindre la salle pour accueillir avec bienveillance un concert agité .
Si la salle n’est pas pleine à craquer, elle profite de sa configuration idéale. Le public est bien là mais il est possible de respirer, chanter, danser. Lorsque Clément Froissart monte sur scène, son look de crooner fait mouche. Vêtu d’un costume ample, les cheveux gominés, il donne le ton dès ses premières notes : la bienveillance sera de mise. Bien souvent, les artistes changent de personnalités à la minute où ils montent sur scène. Ils deviennent un personnage, celui de leurs compositions, une forme d’objet à destination du public. Ici, la chose est différente. A la ville, le chanteur inspire aussi bien confiance que sympathie, s’exprime avec douceur, prend le temps d’écouter. Sur scène, la chose est aussi vraie. Venu aidé de ses amis et anciens coéquipiers de Concorde pour l’accompagner aux instruments, Clément tend l’oreille. Il écoute les mélodies en même temps qu’il les joue et de cette faculté née une harmonie enivrante. La précision musicale profite de la beauté de ceux qui savent jouer et qui aiment leurs instruments. Les synthés apportent leurs touches rétros à des compositions modernes qui s’inscrive dans une nouvelle vague française construite.
Notre maitre de cérémonie se revendique de Brian Eno et lui emprunte sa force créative. Contrairement à Eno en revanche, la noirceur ne sera pas reine de la soirée. Rapidement les racines rock du chanteur se rappellent à lui. Les guitares s’accélèrent, les synthés s’amplifient, la batterie s’énerve, le tout prend de l’ampleur. Le rendu est communicatif et la salle se met à onduler franchement en répondant à la voix et aux instruments. Au premier rang, certains ne manquent pas une syllabe et connaissent les morceaux par coeur. A tel point que Clément Froissart finit même par s’offrir un bain de foule et rejoint ainsi la fosse pour chanter avec elle. La set list elle, se délie et fait la part belle aux nouveaux titres du chanteur. « Aux Larmes » version étendue, « Rendez-vous », « La Vague aux cheveux d’or » se succèdent. « Nuit Agitée » le pendant au singulier du titre de l’album apparait à mi-parcours alors que « Soeur » plus tardif permet au chanteur d’avoir un mot pour sa soeur, présente dans la salle : « Je t’aime » lâche-t-il.
Nostalgie estivale
Il s’adresse d’ailleurs régulièrement à la salle, prend le temps de raconter ses titres comme il se raconte et se dévoile sur son album. Avec fierté il demande également à Leea, sa première partie de le rejoindre sur scène le temps d’un duo « Elle est tellement talentueuse. », ajoute-il. L’alliance fonctionne parfaitement, tout comme les lumières, particulièrement maitrisées ce soir et dont les teintes ajoutent à la prestation du chanteur et son esthétique estivale. La Maroquinerie est transportée dans une fin de journée chaude et ses nuances douces qui invitent déjà à la nostalgie de l’instant passé.
Même le nuits les plus agitées doivent malheureusement prendre fin. Après un rappel, il est temps de tirer sa révérence et de poursuivre ses déambulations nocturnes dans un Paris en lutte qui quelques heures plus tôt offrait un concert de casseroles à ses fenêtres pour montrer son désaccord contre l’allocution d’Emmanuel Macron. « Je reviendrai avec un plus de morceau et un second album » promet sourire aux lèvres notre homme. Reste à lui espérer quelques insomnies créatrices pour s’exaucer. En attendant, le retour dans le nuit se fera sur l’air de ses titres, le doigt sur repeat pour mieux contrer la mélancolie qui s’installe trop vite une fois un bon moment terminé.
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