Shame avait finalement choisi le 1er avril pour se produire à Paris.  La semaine précédente, la capitale française était baignée de soleil. Ce jour là, il neigeait à gros flocons. De quoi faire de la ville, un lieu maussade abandonnée de toute lumière et donc chercher un peu de chaleur dans un grand bain de punk déchaîné et de public en sueur. En outre, la pertinence sur album des londoniens laissait percevoir de grands espoirs quant à la qualité de la soirée en préparation. De quoi rendre aux flacons une beauté fragile pour autant ?

Retourner au Bataclan

C’est au Bataclan que la formation est ainsi programmer. Les terribles attaques qui ont touché la salle se sont produits en 2015, et en un claquement de doigts, voici que le calendrier laisse supposer que nous sommes en 2022. L’eau à coulé sous les ponts, la mémoire pourtant, enfermée dans ce lieu reste toujours aussi vive. S’il est primordial que le lieu perdure, existe et même soit rempli, il n’en est pas moins toujours douloureux de s’y rendre.  Il est impératif de ne jamais oublié qu’un soir ici, certains, qui eux aussi assistaient à un concert ont perdu la vie. S’y rendre remet donc à chaque fois en tête une nuit traumatisante et ses souffrances. Pour autant ce devoir de mémoire à fleur de peau ne doit pas entamer le ressenti d’un live et sa qualité scénique. Plonger directement dans l’univers de l’artiste est d’ailleurs le besoin central en cette soirée.

Shame mouille le maillot

Le groupe peut se vanter d’avoir su réunir une belle bande d’afficionados pour son concert. La salle n’est certes pas pleine mais elle déborde de cette passion pour un nouveau rock qui transperce les générations . Derrière, près du bar, un cinquantenaire  hoche la tête et porte un t-shirt aux couleurs de l’Etrange Festival, festival cinéma qui fait la part belle au genre, au antipodes, dans la fosse une vingtenaire au look soigné se dandine, tous chantent en choeur. L’envie est là, elle est palpable.  C’est d’ailleurs à ces « Beautiful People » que le chanteur, Charlie Steen,  s’adresse leur demandant presque s’il peut interpréter ses nouveaux titres. Avec plaisir semble approuver l’assistance.  Si « Concrete » issu du premier jet signe le temps le plus fort de cette performance en demie-teinte, c’est maintenant au tour de 4 titres tout neufs de faire leur entrée. Quelque chose manque pourtant dans cette performance. Le son est le premier que l’on peut blâmer alors que la sauce peine à prendre. Trop étouffé, trop en retrait, il ne fait pas honneur à l’énergie garage du groupe à sa crasse structurée et hypnotisante. Derrière les enceintes, Shame semble presque gêné de balancer la grosse machine qui sait pourtant faire son succès. C’est peut-être pour ça que le public lui aussi, en retrait, attend le coup d’envoi pour lâcher prise. Même les premiers rangs restent timides. Une jeune fille tente un slam qui s’il a le mérite d’exister se produit à une certaine lenteur comme si elle surfait sur une vague timide. Charlie Steen lui, vit ses titres. Il les mime en de grands gestes du bout des doigts, se concentre. Il lui faut du temps, pour entrer lui même dans sa performance. Les musiciens eux se déchaînent plus volontiers, les guitaristes Sean Coyle-Smith et Eddie Green en tête de liste avec quelques pas de course d’un bout à l’autre de la scène. Le tout ne suffit pourtant pas à entrer pleinement dans cette performance.

Les nouveaux titres au coeur d’une set-list tiède

Au diable le jeu de scène, ce qui compte c’est bien encore de faire sonner les instruments. Et puis enfin au cinquième titre, les lumières s’emballent, les corps de nos hôtes aussi, au moins un peu. Un temps. Une grosse pincée de sel ne sait pimenter la soirée. Le chanteur lui, monte d’unn cran, exit les températures hivernales. Il y laisse son haut. Au centre de la foule, le thermomètre semble afficher un 15 degrés confortable. Pas de quoi mourir de froid, mais certainement pas non plus de quoi se réchauffer pleinement. « Concrete » issu du premier album marque le temps fort du concert. Beaucoup de nouveaux titres sont interprétés de « This slide of the sun » à « Wicked Beers » en passant pas « Everything in this room ». Le manque d’appropriation du public de leur version studio est peut-être à blâmer pour cet entrain mou. A mi-set, le premier album fait une apparition sur « Tasteless ». Le moment sera de courte durée, il faudra attendre « Dust on Trial », ouverture de ce même opus pour se replonger dans le jus si savoureux des débuts du quintet. « Drunk Tank Pink » est lui aussi relativement peu interprété. De cet opus ressort « Alphabet », « 6/1 » mais surtout en fin de course le très pertinent « Snow day » puisque, faut-il le rappeler, dehors, il neige, un 1er avril, à Paris. Ce dernier, plus énergique et franchement percutent marque la quasi finalité de la performance. C’est sur un autre titre de ce deuxième jet, d’ailleurs que ce termine ce concert « Station Wagon ». Comme à chaque fin de concert, la chaleur est à son maximum, la foule est plus compacte, plus habitée par le jeu de nos anglais. Pas de quoi pourtant échapper pleinement au dehors morose qu’il faut maintenant rejoindre. C’est avec une question en tête que les spectateur retournent à un Paris, bouillonnant et glissant « doit-on avoir honte d’être meilleur en studio? ».


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