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mai 2025

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caroline. Joli prénom pour merveilleux groupe. Court, direct. A l’opposé de leur musique, labyrinthique, complexe. La puissance évocatrice en commun. La majuscule comme différence. Leur nouvel opus, sobrement intitulé caroline 2, monte sacrément la barre de plusieurs niveaux par rapport au précédent. Ca respire d’inventivité, porté par des tentatives musicales toutes plus réussies les unes que les autres. On navigue parmi des guitares qui se tordent et des rythmes qui se mélangent dans une sorte d’harmonie chaotique. Ce qui en ressort est brillant. Oui vraiment, c’est le mot. caroline 2 est brillant. Si ce groupe ne vous dit encore rien, l’interview qui suit est là pour vous le présenter, et vous convaincre d’aller les écouter. Ils sont 8 en tout mais ce jour-là devant notre micro apparaissait seulement la tête pensante de la formation anglaise : Jasper Llewellyn et Mike O’Malley, deux jeunes hommes cools et à l’aise, pour une discussion chaleureuse et amicale.

caroline band - Photo : Henry Redcliffe
caroline – Photo : Henry Redcliffe

Pop & Shot : Salut les gars. Dans quel état vous vous sentez à un mois de la sortie de votre deuxième album ? Excités ?

Mike O’Malley – Caroline : Carrément mais tu sais quoi ? J’ai même pas réalisé qu’on était un mois avant parce qu’on a pas encore annoncé l’existence de l’album. On l’annonce jeudi prochain ! 

Jasper Llewellyn – Caroline : Il sort dans 6 semaines.

Mike O’Malley – Caroline : Je me sens… nerveux… Est-ce qu’on se sent nerveux ?

Jasper Llewellyn – Caroline : Pas vraiment de mon côté !

Mike O’Malley – Caroline : Dès que tu finis un album, tout ce qu’on tu attends, c’est qu’il paraisse.

 

Pop & Shot : Il est prêt depuis longtemps ?

Mike O’Malley – Caroline : Très peu en réalité. On a la moitié depuis très longtemps disons. L’autre est plus récente, je dirais deux mois !

Jasper Llewellyn – Caroline : On a fini d’enregistrer en mai dernier et on a passé six mois sur la production.

Mike O’Malley – Caroline : Presque tous les jours.

 

Pop & Shot : Vous êtes huit membres dans le groupe. C’est rare autant de monde ! C’est pas trop compliqué parfois de s’accorder ?

Jasper Llewellyn – Caroline : Ca peut l’être oui. Mais à vrai dire, ça n’est pas totalement démocratique parce qu’on est en réalité trois à prendre les grosses décisions. Nous deux avec un autre membre. 

Mike O’Malley – Caroline : D’abord, on trouve les chansons tous les trois, on en parle ensuite avec les autres, on les enregistre, puis on revient en format trio pour l’après : comment donner vie aux enregistrements ? 

 

Pop & Shot : D’où vient ce nom, Caroline ?

Jasper Llewellyn – Caroline : On trouvait tout simplement que ça sonnait comme un bon nom de groupe *rires*. Il nous est venu assez naturellement. 

Mike O’Malley – Caroline : On trouvait que ça collait bien avec notre musique. Ca sonnait américain. Le nom est tellement naturel maintenant que je l’associe pas à une histoire en particulier. C’est comme si c’était mon nom de naissance. Tu peux t’habituer à toutes sortes de noms pour un groupe, aussi bizarre qu’il soit. Ca n’a pas vraiment d’importance.

 

Pop & Shot : Votre approche de la musique est hyper originale. On ne sait jamais où les morceaux vont atterrir, ils nous prennent systématiquement par surprise ! D’où vient cette envie de faire un rock si peu conventionnel ?

Jasper Llewellyn – Caroline : Je suis ravi que ça procure cet effet. Merci. Ca n’est pas quelque chose de vraiment d’intentionnel, on fait juste de la musique qui nous excite.

Mike O’Malley – Caroline : On se demande toujours : est-ce que c’est assez bon ? Est-ce que c’est assez intéressant ? Ca donne peut-être des rendus éloignés de ce qu’on a l’habitude d’entendre, c’est vrai…

Jasper Llewellyn – Caroline : On cherche quelque chose qui nous porte, qui a un certain effet émotionnel sur nous et qui a du sens. D’une manière non superficielle ni cliché. On évite les chemins basiques. C’est difficile à décrire quand on a le nez dedans à longueur de journée.

Mike O’Malley – Caroline : Mais en tout cas, on ne cherche pas à tout prix à être en dehors des sentiers battus !

 

Pop & Shot : C’est quoi les différentes étapes de composition de vos morceaux et quelle est la part d’improvisation ?

Jasper Llewellyn – Caroline : Ca commence régulièrement avec une petite idée de l’un de nous, à la guitare ou autre. Puis on travaille dessus en petit groupe.

Mike O’Malley – Caroline : Même quand c’est improvisé, ça part toujours d’une première idée. Mais ça sonne complètement improvisé. Il y a une période où on enregistrait tout, on se rassemblait toutes les semaines et on improvisait ensemble. Une bonne partie de ces enregistrements a fini par devenir des morceaux. 

Jasper Llewellyn – Caroline : Le mieux, c’est de lancer l’enregistrement dès qu’on pose un pied dans le studio pour que tout soit sauvegardé à n’importe quel moment et que tu n’ai pas besoin de te dire après coup : « oh celle là était super, on devrait la refaire en enregistrant cette fois ». Parce qu’au deuxième essai, ça n’est jamais tout à fait la même chose. Tout documenter, c’est important.

 

Pop & Shot : Vous laissez la place aux accidents ?

Mike O’Malley – Caroline : Sur cet album, tout est minutieusement sélectionné. Il y a pas un pas de travers. 

Jasper Llewellyn – Caroline : Ce qu’on pourrait penser être des accidents en studio ne l’est pas. 

Mike O’Malley – Caroline : Tu en trouves quelques uns quand même mais ça c’est propre à tous les enregistrements.

Jasper Llewellyn – Caroline : En un sens, il y a des formes d’accidents qui se produisent quand on joue par exemple deux chansons en même temps superposées. Ca arrive plusieurs fois dans l’album. Elles se lient entre elles dans une forme que l’on pourrait qualifier d’accidentel, que l’on ne contrôle pas vraiment. Les rythmes et mélodies superposés sont parfois complètement différents mais finissent par s’imbriquer d’une manière imprévue.

Mike O’Malley – Caroline : En fait, on crée un terrain propice à l’accident, donc c’est en quelque sorte volontaire. 

Jasper Llewellyn – Caroline : Comme un laboratoire d’expérimentations.

 

Pop & Shot : En parlant de rythmes superposés, tous vos morceaux sont effectivement construits à partir de rythmes fracturés et empilés. Quelle importance a le rythme dans votre musique ?

Jasper Llewellyn – Caroline : Très important. C’est un aspect de l’album que l’on souligne assez peu. Il y a énormément de rythmes différents qui se croisent… C’est central dans notre musique. Comment ces rythmes, ces tempos, vont cohabiter ? Comment créer cette forme de groove désarticulé par trois rythmes qui ne sont connectés par aucune logique ? Mais miraculeusement, ils fonctionnent ensemble. C’est un gros défi.

Mike O’Malley – Caroline : En y mettant toute la conviction du monde, ça finit par coller. Surtout sur cet aspect enregistrement live.

Pop & Shot : Et puis, il y a ces moments complètement inattendus dans l’album, comme quand vous arrêtez un morceau soudainement en plein milieu pour partir sur autre chose.

Jasper Llewellyn – Caroline : Oui, c’est un sujet qu’on a peu abordé. Le « hard-cut » produit par logiciel informatique. Ca arrive plus dans la musique électro, mais l’appliquer à un groupe de rock, on trouvait ça intéressant. C’est quelque chose qu’on ne peut pas faire nous même en live, de couper un morceau aussi brutalement. 

 

Pop & Shot : Cet album sonne plus avancé techniquement.

Jasper Llewellyn – Caroline : Les morceaux sont écrits en ayant déjà l’idée de la manière dont ils seront enregistrés. Ils ne peuvent pas exister sans le concept de l’enregistrement et de la production qui a un rôle primordial. Dès le début, on pense à comment ça va sonner, comment ça va être mixé… Les décisions viennent rarement après. Ca n’arrive jamais par exemple que l’on se dise après coup : « là, on devrait ajouter de la reverb ». Non, parce que les morceaux tiennent d’abord debout grâce à la réflexion en amont autour de ces éléments.

Mike O’Malley – Caroline : On conceptualise les morceaux en même temps que leur écriture. Ce qui change sur cet album, c’est qu’on a écrit les morceaux dans le but de les enregistrer avant tout, et pas de manière à pouvoir faire des concerts comme c’était le cas pour le premier album. Non, l’enregistrement tient cette fois un rôle majeur.

 

Pop & Shot : Caroline Polacheck figure sur le troisième morceau. C’est surprenant de la voir ici et le feat fonctionne super bien ! C’est vous qui lui avez proposé ?

Jasper Llewellyn – Caroline : Oui, on l’a invité parce qu’on savait qu’elle aimait bien notre musique. On pensait que cette chanson allait bien coller avec sa voix et son style. On l’a contacté sur Instagram. Elle est formidable.

 

Pop & Shot : Vous utilisez beaucoup d’autotune sur cet album qui apporte vraiment une autre dimension à votre musique. Qu’est-ce qui vous a donné envie d’explorer ça ?

Mike O’Malley – Caroline : Il n’y avait pas d’auto-tune sur le premier album mais on en utilisait en live. 

Jasper Llewellyn – Caroline : En 2022, on a fait une reprise de Clara Ysé sur laquelle on a ajouté de l’auto-tune, sur ordinateur après l’enregistrement. On a beaucoup aimé et à partir de ce moment, on a commencé à intégrer cet élément à notre identité musicale. On a acheté une boite pour l’utiliser en live, crée par la marque zoom [matériel audio]. Ca sonne un peu cheap et trashy mais on aimait bien improviser avec !

 

caroline - caroline 2 cover
caroline – caroline 2 cover

Pop & Shot : J’aime beaucoup la cover du nouvel album. La photo a été prise de manière spontanée ou est-ce un cadre réfléchi ?

Jasper Llewellyn – Caroline : Merci ! Un peu des deux à la fois. On savait qu’on voulait prendre cette image, à l’intérieur d’une voiture, montrant une vue vers l’extérieur au travers d’une fenêtre, avec une main. On a fait plein de tentatives mais rien n’était convaincant. Puis un jour, Magdalena, une membre du groupe, qui était en vacances avec son copain, a prise cette photo avec son iphone pour rigoler. Comme une parodie. En mode : « ahah, voici la cover du nouveau Caroline ! ». Finalement, elle était bien meilleure que nos précédents essais. Puis on l’a beaucoup édité pour obtenir ces couleurs etc. 

Pop & Shot : Merci les gars, à bientôt !

caroline 2 est disponible partout. Le groupe sera en concert le 15 septembre à Petit Bain (Paris) et le 16 septembre à l’Aéronef (Lille)

Nous avons rencontré dans un bar proche des Balades Sonores où ils jouaient le soir même, Merrill Garbus et Nate Brener qui composent le duo américain Tune Yards, actif depuis plus de 20 ans. Les deux sont à l’origine d’une musique home-made faite de collages et de boucles rythmiques. Ils viennent de publier « Better Dreaming », leur sixième album studio, un concentré de ce qu’ils savent faire le mieux, transcendant, énergisant et surtout arme de rébellion contre un monde et une Amérique de plus en plus injustes et liberticides.

Tune Yards - @Shervin Lainez
Tune Yards – @Shervin Lainez

Pop & Shot : Comment est-ce que vous vous sentez juste avant la parution de ce nouvel album ?

Merrill Garbus – Tune Yards : Je me sens excitée, et nerveuse à la fois. Parce qu’on est actuellement dans une période très trouble, partout dans le monde et spécialement dans notre pays. Nate m’a dit ce matin : beaucoup de choses peuvent advenir en un mois. Nerveuse par rapport à ça donc, mais heureuse de la musique et de l’album qu’on s’apprête à publier.

Ca fait aussi sens que l’on soit nerveux parce que notre précédent disque est sorti durant la pandémie, une période difficile pour les musiciens qui ont fait paraitre des albums à ce moment-là. Ca fait un peu égoïste à dire mais il y a cette peur que le monde se mette en travers de notre album, tu vois ? Mais c’est notre travail donc on espère que l’on ne sera pas trop perturbés, dans une période pleine de perturbations justement.

Pop & Shot : Vous habitez toujours aux Etats-Unis ?

Merrill Garbus – Tune Yards : Oui, en Californie.

Pop & Shot : Avant d’évoquer de ce qu’il se passe là-bas, parlons d’abord de musique. Vous en faites depuis une vingtaine d’années et votre approche est toujours restée la même. Une démarche qui relève du collage, avec des boucles rythmiques et une grande liberté dans la voix. C’est important pour vous de garder cet aspect fait-maison ?

Merrill Garbus – Tune Yards : Je crois que oui. Avec le temps, on s’est améliorés sur bien des aspects. Musicalement notamment…

Nate Brenner – Tune Yards : On est revenus là à certains des sons originaux du groupe. On a évolué d’années en années pour aujourd’hui revenir à la source de cette démarche de collage sonore. Sons DIY. Les précédents albums étaient plus produits. On a bouclé la boucle. Retour à la case départ.

Pop & Shot : Vous êtes aussi revenus à une formule en duo.

Merrill Garbus – Tune Yards : Pour cette tournée, oui, majoritairement.

Nate Brenner – Tune Yards : Mais il y a des invités sur l’album. Des amis à nous. Le guitariste du groupe Phish notamment, qui s’appelle Tray Anastasio.

Pop & Shot : Il y aussi votre fils de trois ans qui apparait sur un morceau.

Merrill Garbus – Tune Yards : A l’époque du premier album, j’étais aussi nounou. Je baby-sittais des enfants en bas-âge et j’aimais le collage de la vraie vie et de la musique. Qu’il y ait presque pas de séparation entre ces deux mondes. Aujourd’hui, étant donné que notre fils est le cœur notre vie, on a voulu lui laisser une place sur l’album. Et lui était excité de prendre le micro. Il était très impliqué. Il a écouté toutes les versions des chansons, en les jugeant ! *rires*

Pop & Shot : L’album est hyper dynamique et émotionnellement puissant. Quel a été le point de départ ?

Merrill Garbus – Tune Yards : D’abord à cause d’une deadline personnelle qu’on s’était fixés : il était temps de faire un nouvel album. Notre enfant venait de naitre…

Nate Brenner – Tune Yards : … et pourquoi on s’était fixés cette deadline ? tu ne l’as pas dit.

Merrill Garbus – Tune Yards : Parce qu’on avait besoin d’argent ? *rires*

Nate Brenner – Tune Yards : Voilà ! Après la pandémie et l’arrêt de nos concerts depuis cinq ans.

Merrill Garbus – Tune Yards : Notre compte bancaire diminuait drastiquement. Et puis c’est notre travail ! Et je dis ça dans le bon sens du terme. On a quand même fait entre temps de la musique pour une émission télé. On composait donc pour le projet d’une autre personne, le réalisateur Boots Riley, avec qui on travaille encore sur un film actuellement. J’ai eu envie de réécrire des chansons pour moi après cette expérience.

Pop & Shot : Où est-ce que vous avez enregistré ce nouvel album ?

Merrill Garbus – Tune Yards : Majoritairement dans notre studio, à Oakland. On loue un espace là-bas dans lequel on a accumulé au fur et à mesure des années beaucoup de matériel.

Pop & Shot : Cet album, peut-être encore plus que les précédents, renvoie une énergie assez joyeuse et parfois très dansante. Est-ce votre principal moyen d’expression et de combat ? Par la célébration, la vitalité et la solidarité ?

Merrill Garbus – Tune Yards : Je ne saurais pas comment faire autrement ! *rires* Mais le verbe « combattre » (fighting en anglais) a quelque chose de négatif je crois. Il s’agit plutôt de donner aux gens une vision joyeuse du future. C’est ça qui est puissant et que je souhaite transmettre : regardez, on peut être là ! Continuez comme ça ! Il est nécessaire de lutter dans les temps actuels mais il est aussi nécessaire de rendre ça attractif.

Pop & Shot : Vous êtes plutôt optimiste ou pessimiste en général ?

Nate Brenner – Tune Yards : Je suis optimiste sur le long terme et pas du tout sur le court terme. On affronte des temps très difficiles actuellement. Peut-être que l’homo sapiens va évoluer sur une nouvelle espèce. L’état actuel de l’humanité, le système actuel, ne fonctionnent clairement pas. On est devenus trop avancés, au niveau de la technologie notamment, au point de s’auto détruire. On doit trouver une balance.

Merrill Garbus – Tune Yards : Ca ne sonne pas vraiment optimiste ce que tu dis ! *rires*

Nate Brenner – Tune Yards : Non c’est vrai *rires*. Mais je pense qu’on arrivera à quelque chose un jour.

Merrill Garbus – Tune Yards : Je pense souvent aux artistes qui créent durant des périodes de guerre. La musique du Congo par exemple, est l’une des musiques les plus belles, joyeuses et dansantes. C’est des exemples comme ça qui donnent de l’espoir.

Pop & Shot : La chanson « Better Dreaming », qui donne son nom à l’album, se démarque des autres par un côté beaucoup plus calme et posé. Comment vous est-elle venue ?

Merrill Garbus – Tune Yards : En Amérique, on a cette idée du rêve américain, qui te fait croire que si tu travailles d’arrache pied, en tant qu’individu, tu grimperas les échelons et tu obtiendras ce que tu veux. Mais comme Nate l’a dit, ce modèle ne fonctionne clairement pas. L’idée de « Better Dreaming » est que nous devons changer ce rêve pour arranger les problèmes qui découlent de ce rêve. Ca fait sens ? Et on a choisi ce nom pour l’album parce qu’il a plusieurs significations, pas seulement en lien avec le rêve américain. On laisse aux personnes choisir leur interprétation.

 

Pop & Shot : La voix a une place importante dans les compositions, hyper malléable. C’est par exemple marquant sur le morceau « See You there ». Comment vous travaillez cet élément et de quelle manière elle trouve sa place dans les compositions ?

Merrill Garbus – Tune Yards : Je travaille beaucoup sur ma voix oui. C’est mon principal instrument. Je démarre toujours avec quelque chose, souvent un tempo par exemple, puis très rapidement je commence à chanter dessus. Sur « See You there », c’était justement intéressant vu que c’est quasiment un morceau a capella. Ca m’a permis de me focaliser sur ma voix.

Nate Brenner – Tune Yards : Selon moi, ce qui rend Merrill si unique et incroyable, c’est effectivement sa capacité à chanter de pleins de manières différentes, aussi bien douces que puissantes. On ne peut pas en avoir marre de sa voix tellement elle ne cesse de changer.

Pop & Shot : Vous évoquez dans l’album un besoin pour le monde en général, pour les individus, de savoir rester concentrés au sein d’une ère de distraction. Est-ce un des principaux problèmes de notre monde moderne ?

Merrill Garbus – Tune Yards : On a choisi de livrer nos vies à des grosses entreprises de tech parce qu’elles nous facilitent le quotidien. Et on persiste encore et toujours dans ce choix. En échange, ils nous volent notre attention. On est constamment dans un rapport de transaction : « je te donne mon attention si tu me donnes mon taxi quand je veux. ». On peut en sortir mais c’est compliqué. Je suis aussi là-dedans malheureusement.

Pop & Shot : La situation politique aux Etats-Unis vous fait peur ? Comment les gens réagissent ?

Merrill Garbus – Tune Yards : Oh regarde Nate, un camion poubelle français ! Notre fils adore les camions poubelles *elle prend une photo* yeaaaaaaaah *rires*

Pop & Shot : C’est dans le thème *rires*

Merrill Garbus – Tune Yards : Il y a plusieurs mouvements de mobilisation pour protester contre ce qu’il se passe. C’est très pernicieux. Ce qui m’effraie le plus, c’est qu’il n’y ait plus d’élections dans le futur. Ils travaillent vraiment là-dessus. Mais encore une fois, on en revient à cette question des transactions que j’évoquais tout à l’heure : on adore Amazon, on adore Meta, on adore ces gens qui veulent nous contrôler… La résistance doit donc se faire à l’encontre de cette nouvelle administration politique, mais aussi contre notre propre participation à ce système. Cela passe par repenser la manière dont nous voulons vivre, et quelles transactions on est prêts à abandonner.


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