Fin 2020, Lombre dévoilait son EP « La Lumière Noire », une mise en bouche tranchante qui n’était pas sans rappeler les premiers pas de Fauve dans leurs compositions et leur noirceur. De quoi piquer la curiosité et rester alerte quant à ses prochaines sortie. Le 12 mai 2023, les choses s’emballaient avec la sortie d’un premier album : « Ailleurs ». De Fauve, il garde l’âme, s’en extrait pour créer son univers, plus lumineux qu’à ses débuts et aux nombreuses facettes.
Ailleurs : ici et maintenant
L’ombre aurait-elle quitter la musique du musicien ? Dès le premier titre « Tout le temps », Lombre donne le ton d’un album jusqu’au boutiste qui s’étend sur 12 morceaux. Confession à fleur de peau où l’urgence est maîtresse, le rythme s’intensifie, à la manière dont pourrait le faire le groupe de Théo Cholbi, Süeur. Un jet acide telle une déferlante de riffs se dévoile. On y retrouve en trame la furie de Fauve, planant toujours au-dessus u travail d’un musicien qui sait reconnaître ses inspirations. Côté paroles, l’heure est au bilan. Le besoin de s’exprimer traduit ici par la grande famille de l’urbain s’y fait spoken word presque chanté. Loin du rap classique, le musicien emprunte à ses pairs et mélange les registres. Comme Fakear qui sur son dernier jet s’est inspiré de ses voyages pour puiser ses créations musicales dans le monde entier, Lombre pioche dans les sonorités dites « world music » pour brouiller les pites et créer un album pluriel. C’est d’autant plus criant sur un titre comme « Dors, petit, dors » dont les paroles acerbes se confrontent à un riff joyeux comme une lueur d’espoir qui finit par se refléter dans le propos du musicien. Cette luminosité des premiers instants d’ailleurs s’estompe à mesure de l’écoute. Le beau existe, la lumière aussi certes mais la part d’ombre n’est jamais si loin. Pour paraphraser Morgan Freeman dans « Seven », « Le Monde est un bel endroit, il vaut la peine qu’on se batte pour lui. Je suis d’accord avec la seconde partie ». Se battre pour le Monde et son monde personnel, c’est ce que fait Lombre titre après titre.
Les paroles vont à toute allure et les rythmiques, elles, apportent la part solaire d’un opus en demi-teinte où la mélancolie et les douleurs la disputent aux refrains entêtants. « Fête » est de ceux dont le ton coloré donne une bribe dansante à un opus complexe. De son côté, « Ailleurs » qui donne son titre à l’album s’écrit comme une confidence. A la façon de « Blizzard », les faiblesses y sont exposées, à fleur de peau. La suite se fait au piano, le flow affolé prend le temps de poser ses maux. Doucement « Désir » appuie sur ses touches blanches et noires, la balade se délie et donne le La d’une seconde partie d’album où la noirceur mélodique l’emporte et qui est bien plus proche des débuts de notre homme. C’est bien un reflet en miroir de ressentis, de vécus, d’émotions que le musicien décrit en musique. Les invitations à danser, dictées par les notes n’évitent en rien l’introspection. « Si la chaleur de la planète nous fait fondre un par un, que restera-t-il de nos cœurs abimés ? Sûrement une tonne de regrets. » s’interroge l’artiste sur « Qu’est ce qu’on a fait ». Une ode à l’écologie, une part à prendre dans ce ici puisque lorsque l’on parle planète Terre, il n’y a plus d’ailleurs.
Une lueur d’espoir
Rien dans les compositions de Lombre n’est égoïste. Qu’il s’agisse de paroles qui s’adressent à tous ou de notes généreuses et inspirées. Les rythmiques dosées répondent aux nombreuses instrus : les cordes du Quartuor Debussy sont bien présentes et évoquent l’énergie d’un album de Ben Mazué. Réalisé par Clément Libes (BigFlo et Oli), cet opus habite son auteur et ses auditeurs. La précision des mots, l’importance du propos y sont autant de rêves et déambulations dont on souhaite à tout pris extraire le regret.
« Lueur à l’horizon » conclut l’essai comme une promesse emprunte d’espoir. La lueur y est un mot clé parfaitement traduite à la mélodie. On y retrouve la bouffée d’oxygène des « Hautes Lumières » de Fauve, l’un des plus grands titres du collectif mais aussi , son dernier single. Les mêmes lumières qui projettent Lombre dans les hauteurs de la sphère urbaine française. Elles se reflètent sur les courants pour mieux brouiller les pistes et créer un album à part, hors des frontières des genres, là où les mots priment sur le reste.
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