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octobre 2022

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Chaque année qui dit festival de musique francophone dit débarquement des specimens canadiens. Un univers pluriel venu de l’autre côté de l’Atlantique pour défendre une autre vision de la musique francophone. La scène montréalaise particulièrement riche et prolifique fait partie de ces découvertes. Mais pas seulement, le pays qui défend la langue française au-delà de toute notion que l’on a chez nous, la chouchoute à travers ses mélodies et prouve comme le veulent aussi les Francos de Montréal qu’on peut tout chanter en français. A Paris, à l’occasion du MaMA festival, de nombreux artistes sont venus défendre d’autres façon de composer et de créer. Découvrez ceux qui nous ont touchés.

Bibi Club

Duo composé d’Adèle Trottier- Rivard et de Nicolas Basque, ex Plants ans Animals, nom très connu de la scène montréalaise, Bibi Club se produisait à la Machine du Moulin Rouge pour un public uniquement composé de professionnels. Le grand public aurait pourtant tout intérêt à les découvrir. Le 26 août le groupe sortait l’album « Le soleil et la mer », un opus affirmé électro-pop rock minimaliste. C’est pourtant avec une touche de pop aérienne et une pincée de folk que la formation séduit. Adèle y officie avec candeur et des paroles à la douceur enivrante. La mélancolie et là mais elle s’y fait fait douce comme une pointe de nostalgie rétro dans des titres savamment pop et joliment mis en place. Bande originale du temps qui passe ( un titre sur le dernier né s’appelle « Le Matin », un autre « La Nuit »), Bibi Club construit son set et ses titres comme un cocon où il fait bon se vautrer. Le soleil y est tamisé alors que les compositions sont des amis qui murmurent aux oreilles. Sur scène, le duo prend une touche plus indé en précisant ses sonorités. Sur album, la voix féminine touche alors que des titres comme « Parasite » ont un petit quelque chose proche de Belle & Sebastian. Des morceaux sobres mais efficace, un bol d’air marin dans lequel il est bon patauger. A mettre entre toutes les mains.

MaMA-Festival_Bibi-Club-Paris_2022
Bibi Club au MaMA 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Choses Sauvages

Montréal toujours certes mais registre différent. Il y a un an, le groupe dévoilait son second album « Choses Sauvages II » un trip enivrant entre dance-punk et funk. En France, si ce type de courants parait abstrait, en pratique, la scène canadienne regorge de pépites qui font le pont entre ces registres et propose des tubes dansants et solaires. Côté studio, la formation clairement dansante offre une touche estivale et des musiques au ton groovy. Il faut attendre la scène pour mieux s’approprier le côté sauvage du groupe qui s’y livre corps et âme. Torse nu, jusqu’au-boutiste, il interpelle l’assemblée, va chercher chaque membre du public. La voix aiguë et la pop s’y distillent sous forme bien plus rock. Le show devient l’un des temps forts de cette édition du MaMA Festival. Synthétiseur et boite à rythmes s’y délient à la perfection. Un coup légers sur l’album, ils se font bien plus denses – à moins que ce ne soit danse – en live. A écouter un soir festif pour mieux les retrouver lors d’un prochain passage dans l’Hexagone.

Vanille

Pause douceur avec Vanille qui porte bien son nom. Comme le célèbre parfum, la musique de Rachel Leblanc est douce, sans artifices mais ne manque pas de saveurs. C’est au Phono Museum, le musique de l’histoire de la musique enregistrée qu’il était possible de la découvrir. Son univers onirique raconte la fin de l’adolescence, il regorge de cette candeur vive, de ces émotions à fleur de peau. Rien de mieux pour personnifier le tout que sa voix délicate. Au milieu de titres aux saveurs d’une autre époque, ce n’est pas pour rien que la chanteuse a repris « Les copains d’abord » de Brassens, Vanille ajoute des morceaux bien plus festifs. Une sorte de « Call Me By your Name » dans un Canada estivale et d’amourettes solaires mais si intenses. Entre le sol et le ciel, comme son titre, la chanteuse prend le public par la main et l’entraine dans son cocon sous forme de journal intime. Son premier opus « Soleil ’96« lui a valu un vrai intérêt au Canada où elle enchaîne les festivals et les couvertures de presse. A Paris, pour le MaMA c’est dans une ambiance tamisée que l’artiste invite à son périple. Un moment enivrant qui a sublimé la dernière soirée du festival.


MaMA 2022

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MaMA 2022
La Cigale – MaMA 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Du 12 au 14 octobre 2022, le quartier de Pigalle vit et vibre au sons de la musique indépendante. Les professionnels s’y sont donnés rendez-vous, le public y est venu en masse, chacun vient y célébrer sa vision de la musique. De mises en avant hip hop au rock, d’une part belle faite aux femmes en passant par du rock dernier crie ou de la chanson, la ballade sera dense pour qu’on y danse.

Here comes the Sun

Le metal est mort, vive le metal. Courant toujours adoré par des fans qui ne demande qu’à agrandir son public, le voilà qui fait son grand retour sur les scènes du MaMA Festival. Vous le pensiez masculin ? Eh bien vous aviez tord. Comme le rap avant lui qui s’ouvre aux femmes, le metal voit en la personne de Sun l’occasion de se refaire une réputation. Les clichés y persistent pour mieux qu’on leur torde le cou. Topo, la blonde  joue sur un ventilateur sous ses cheveux pour mieux les faire voler dans les airs. Un jogging avec une jupe en tulle par dessus vient combler le tableau alors qu’elle est accompagnée par deux musiciens. Les riffs sont acérés et vifs, en anglais dans le texte alors qu’elle pousse clairement sa voix. Inspirée par la scène US, la musiciennes remercie en anglais et français, confie ne plus savoir quelle langue utiliser et fait sonner fort sa guitare. A voir pour ce qu’il dit d’un retour entre traditions et non prise au sérieux de ses dernières.

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Sun – MaMA 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Chaleur chez Kalika

A 21 heures 45, en ce premier jour c’est à la Cigale qu’il faut se rendre pour découvrir la sensation Kalika. Un coup d’œil dans le public permet de très vite se rendre compte que celle qui doit sont nom à Sara-la-Kali, vénérée par la communauté des Gitans de Sainte-Marie-de-la-Mer, a déjà une belle fan-base. Parmi eux Théo Lavabo, illustre chanteur de l’immense morceau « Chipolata » ( oui , c’est très drôle effectivement) se trouve dans l’assistance. Voilà qui donne le ton. En soit Kalika qui assume un féminisme affirmé balance fort dès les premières notes. Les mélodies sont r’n’b et urbaines, les paroles barrées. La chanteuse demande s’il y a des chaudasses dans la salle. D’ailleurs elle fait reprendre le mot en boucle à l’audience qui y va franchement. On peut y voir un décalage et de l’humour ou une vraie envie d’affirmer une sexualité féminine en forme de pussy power comme elle le revendique en une de Longueur d’Ondes. Le tout ne laissera pas indifférent. D’une vraie appréciation à un manque de compréhension d’un sujet qui parlera on le sait à une jeunesse qui s’appropriera cette force scénique, les avis seront variés. Quoiqu’il en soit, nul doute que ses titres seront chantés en boucle dans les cours de récré.

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Kalika – MaMA 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Rock psychotique

On leur consacre un article entier pour autant, impossible de parler du premier jour du MaMA 2022 sans évoquer à nouveau les très attendus Psychotic Monks. Le groupe de rock psychédélique progressif livrait face à une Machine du Moulin Rouge hypnotisée un set sur le fil du rasoir où les instruments mélangés prenaient clairement possession de l’instant. Cette dernière habitait aussi le chanteur de la formation, à fleur de peau, blindé d’une sensibilité exacerbée. De quoi s’offrir un tour dans le public cathartique en fin de set. De la noirceur à la Rowland S Howard aux essais presque chimiques des chimériques Black Midi, le moment fut dense, lourd et solide. Un concert qui restera en mémoire.

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The Psychotik Monks – MaMA 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Urban Feminisme

Grande gagnantes des Inouis du Printemps de Bourges, Eesah Yasuke n’a laissé personne indifférent.e en cette deuxième journée du MaMA Festival. Alors que la veille, les rappeuses en liberté donnaient une touche de féminité au courant urbain usuellement masculinisé, la musicienne aux textes précis et engagés a poursuivi le mouvement. Testant pour la première fois une configuration scénique incluant un danseur à ses côté, elle a sans nul doute créé une véritable osmose au Backstage by the Mill. Son flow maîtrisé, chanté, mélancolique et inspiré a su se frayer un chemin parmi les cœurs et les oreilles. A tel point que dans l’assistance il était aisé d’entendre qu’elle « est la musicienne qui méritait le plus de gagner les Inouis ». Malgré ses morceaux viscéraux et douloureusement justes, Eesah Yasuke a su fédérer à coup de communication bien sentie avec l’assistance. « Qui est plus chaud ? la droite ou la gauche ? » a-t-elle lancé en demandant aux deux côtés de crier l’un après l’autre. « C’est chaud, la droite est plus forte que la gauche. » Une petite phrase bien sentie qui prête au franc sourire au milieu d’un moment intense et essentiel.

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Eesah Yasuke – MaMA 2022 – Crédit photo : Louis Comar

DE LA Chanson A GRANDES GORGEES

Digne représentant d’une nouvelle version de la chanson française, c’est vêtu de noir que s’est présenté St Graal sur la scène du Backstage By The Mill. Le musicien qui officie dans la même veine qu’Odezenne ou encore Hervé pousse de la voix au gré de riffs entraînants et entêtant. Avec une énergie folle, le musicien joue dans les pas d’Orelsan lui empruntant parfois son timbre sur les couplets pour mieux voler en éclat sur ses refrain. La performance dansante a su conquérir la salle entière. Toute ? Oui puisque le chanteur n’oublie pas de remercier comme il se doit son équipe technique. Et les plus récalcitrants au fond de la salle ? Eh bien, le musicien bordelais part à leur conquête les enjoignant comme la fosse à s’asseoir avec lui pour mieux sauter dans les airs. Un show festif a réveillé les « Pulsions » les plus joviales comme son bien nommé EP.

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St Graal – MaMA 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Danser seul avec vous

Les couches-tard ont été largement récompensés en cette nuit du jeudi soir. En effet, il fallait tenir jusqu’à 1 heures 30 pour retrouver sur scène la grand messe en forme de club que seul Bagarre sait proposé. Les 5 musiciens givrés ont en profité pour inviter à les rejoindre sur scène une Drag queen pour une performance à l’image d’un groupe engagé et inclusif. Un joyeux bordel lancé par le titre « Ecoutez-moi ». Une fois l’écoute attentive, voilà la bande lancée dans une fête barrée, portée par l’un de ses chanteur en pyjama et au bras cassé. Les tubes s’enchainent de « Béton armé » à « Diamant » qui parle de masturbation féminine. L’occasion de mettre une bonne claque sur « Claque le » à l’intolérance et de refaire du club un espace de liberté. « AU REVOIR A VOUS » arrive en bout de parcours qui voit également toute l’assistance monter sur scène. Un sprint en fin de marathon pour promettre un lendemain difficile mais une tête pleine de beaux souvenirs.

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Bagarre – MaMA 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Aucun groupe ne ressemble à Astereotypie au MaMA

S’il y avait un album à ne pas manquer cette année c’était bien l’incroyable « Aucun mec ne ressemble à Brad Pitt dans la Drome ». Cet opus hallucinant met en vedettes cinq artistes neuroatypiques et les musiciens qui les accompagnent. Au programme un son d’une modernité sans faute, des textes à fleur de peau parfois douloureux, parfois amusants construits comme une promenade dans le quotidien de ses interprètes. Il va donc de soit que leur performance à la Cigale en cette dernière journée de festival était celle à voir de l’édition. Et comme toujours l’émotion est au rendez-vous. Nombreux.ses seront celles.eux qui sortiront de la salle les larmes aux yeux. Avec leurs titres qui frôlent le post-punk on fait du « vélo à Saint-Malo, du kayak à Saint-Briac » pour mieux plus tard écouter une confidence sur la prise de médicaments et leurs effets sur les consciences. Nos hôtes se racontent chacun leur tour, s’écoutent entre eux d’une oreille aussi attentive que celle de la salle. Comme toujours Claire s’attire l’amour de l’assistance lorsqu’elle chante le titre éponyme de l’album. Personne ne ressemble à Brad Pitt dans la salle non plus mais on y est tout de même beaux sous ses lumières tamisées.  La Cigale devient un cocon où la bienveillance est maîtresse et où les coeurs vibrent. Lorsque Yohann conclut le set, il descend dans la fosse pour s’offrir un bain de foule. Un petit groupe le soulève alors dans les airs, lui offre un slam tout en douceur, une ovation personnelle. Les salutations suivent et les remerciements face à une Cigale au visage humide et au sourire sincère.

Mou-vement- Stache

C’est avec son titre « Coeur Meringue » que Stache tourne actuellement sur les plateformes de streaming. Côté tournée, le chanteur officie en solo ce dernier jour de festival à la Boule Noire. Le musicien pose une ambiance bienveillante sur son set et joue sur de nombreuses interactions pour conquérir la Boule Noire offrant par exemple un titre pour que l’on puisse rappeler notre ex. De quoi amuser régulièrement et mieux s’approprier l’instant. Côté mélodies, le chanteur se dévoile sur un terrain populaire entre phrasé et chanté. Le registre varie et touche des airs latinos à la Kendji Girac, de l’urbain accessible comme chez Keen V, de la chanson française qui entre en tête comme le fait Vianney. Le tout pourrait facilement se retrouver sur les ondes des grandes radios, d’autant que le set profite du sourire de son interprète qui mise sur son esthétique solaire. Un tour au Club Med l’été en somme.

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Stache – MaMA 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Saint Makoto

Chaque année, le MaMA Festival est l’occasion d’une découverte ultime qui émerveillera l’évènement et sera celle  dont on parlera longtemps. Cette année les inclassables Makoto San raflent la mise et gagnent le titre de l’OVNI qu’il fallait découvrir. Avec des tenues à la « Squid Game » et des masques sur les visages, le groupe distille une atmosphère asiatique en mélangeant les influences du continent. En créant un électro savamment travaillé, en lui injectant des percussions au bambou, des lanternes en papier en décors, le combo brouille les pistes. Le renouveau de la musique passe aujourd’hui par des expérimentations et des mélanges entre musiques traditionnelles « world » (un mot bien trop fourre-tout, on convient) avec celles de la scène actuelle européenne. Une réussite ici, moderne, surprenante mais surtout très prenante. La salle est hypnotisée par ce jeu millimétré, cette véritable proposition. De quoi finir cette édition en beauté et tomber en grâce.

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Makoto San – MaMA 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Le Bilan

Cette nouvelle édition du MaMA Festival s’achève dans un tourbillon d’effervescence. Malgré la pluie, l’évènement a rassemblé public et professionnelle derrière une scène indépendante forte, des conférences, rencontres et laisse des souvenirs magique en tête. Quelques chiffres pour conclure. Le MaMA 2022 c’était :

• 6823 professionnel·le·s présent·e·s sur l’édition 2022 avec 51 nationalités représentées
• 2512 structures présentes
• 432 intervenant·e·s
 461 accréditations médias délivrées
• 497 personnes pour mener à bien ce marathon
• Un budget global de 1,5 million d’euros
• 5428 pass publics délivrés
• 153 artistes/groupes programmé·e·s sur les 9 scènes du festival, représentant 451 artistes et musicien.nes.

Vivement l’année prochaine !


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Oete – MaMA 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Il a bien grandi en un rien de temps le jeune prodige Oete. Un an plus tôt, nous le découvrions et tombions fous amoureux de son immense talent mais aussi de sa touchante candeur. Carcan brillant comme un diamant brut aux nombreuses facettes. Entre temps, le colibri a pris son envol, la pierre a été taillée : il publiait en octobre son premier opus « Armes et paillettes », faisait un passage remarqué aux Inouis du Printemps de Bourges et passait sans transition des déambulations dans Pigalle pour voir des concerts pendant le MaMA à une place de choix au coeur de la programmation pour mieux devenir l’une des coqueluches de l’évènement.

Alors qu’il annonçait une date aux Etoiles, c’est déjà au Backstage By The Mill que le chanteur avait choisi de briller. Un show hautement attendu, repéré et suivi. Un constat qui allait de soit côté public alors que la salle se faisait de plus en plus dense à mesure que les titres défilaient.

 

Montée en puissance et perte de l’innocence

Oete n’est plus le colibri fragile qui virevoltait de ses débuts. A la place, notre oiseau rare, s’est paré d’une cape à paillettes et surtout d’une aisance scénique remarquable. Le voilà d’ailleurs qui s’avance sur scène comme le maître des lieux. Sa voix inspirée se répand, l’envie de très bien faire se fait sentir. Le trac lui a quitté le nid. Le chanteur propose d’emblée de découvrir ses nouveaux titres « Ami à mort » en tête de liste. Mais aussi l’une de ses plus récentes sorties « Défense » que l’on peut d’ailleurs entendre maintenant dans la pub Carte Noire. Une synchro qui vient à prouver la montée en puissance du musicien. Un détour par « HPV », titre à fleur de peau, confidence à coeur ouvert des premières heures, ravive la flamme. Exit la reprise de Niagara, c’est maintenant au tour de Bernard Lavillier de se faire une seconde peau à travers la voix d’Oete. C’est « Idées Noires » qui a sa préférence à lui.  « Où es-tu ?  » Il y a de quoi avoir la tête qui tourne et perdre ses repères dans la salles parisienne. Sauf que dans les bras du musicien, personne ne veut s’enfouir. On vit de l’amour, du plaisir, de la folie… Dans son interprétation, il lui donne un corps plus jovial, moins sombre et crasseux. Un jet de paillettes sur un classique.

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Oete – MaMA 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Notre star s’approprie la scène comme une évidence. Déchaîné et possédé, il joue moins de ses danses endiablées pour mieux se focaliser sur la musique, ses arrangements et sa voix. Cette dernière prend en puissance à mesure que le set avance, elle se stabilise, peut-être parce qu’Oete se focalise maintenant moins sur son envie de bien faire pour mieux appréhender l’instant. Lorsqu’il remercie en chanson ses idoles de Christophe à Daniel Darc, l’évidence qu’un jour il profitera d’une aura similaire se fait sentir. Aujourd’hui il porte au moins leurs âmes et garde en main le flambeau comme une promesse que la chanson française continue d’exister à travers les âges, qu’elle se fait plurielle et change de visages.

La tête libre

Le passé fait une nouvelle apparition dans le set. Cette fois, le chanteur nous invite à découvrir l’un des premiers morceaux qu’il a écrit alors qu’il était étudiant. Mais avant, il demande à la salle d’être la plus silencieuse possible. Le voilà donc en train de chanter sa « Liberté chérie » mais cette fois-ci en guitare / voix. Exit son final sur ce même titre à la Boule Noire, une bonne année plus tôt, le piano comme arme et les yeux embrumés d’un jeune premier encore bien proche du temps où elle avait été écrite. Entre les deux un océan, une determination sans faille et les armes qui sont maintenant couvertes de paillettes. Reste à conclure la soirée sur une confidence. Il a aussi arrêté de fumer et puis cette victoire il veut la partager avec son plus jeune fan. Un garçonnet de 10 ans qui le suit date après date. Ce soir, le bonhomme monte sur scène. On chante sur « La tête pleine », pleine d’espoir et de demain pour notre oiseau rare. Les yeux rivés sur un jeune enfant qui chante avec son idole et un homme qui en a fini avec l’enfance. Le MaMA Festival continuera lui à jeter ses paillettes au bout de cette nuit mais aussi demain.

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Oete – MaMA 2022 – Crédit photo : Louis Comar

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Crédit photo : Louis Comar

En ce samedi 8 octobre 2022, la météo est clémente. Pas au point de passer des heures en terrasse, certes, mais suffisamment pour percevoir un avant goût d’un automne qui fait virevolter quelques feuilles au sol tout en laissant le temps de s’habituer aux températures qui baissent et aux nuit qui tombent trop tôt. Pour autant, le besoin de se réchauffer et de conserver au creux de nos mains un peu de la chaleur des beaux jours se fait sentir. Quoi de mieux donc qu’un concert d’Hot Chip pour faire entrer un peu de soleil et beaucoup de dance alternative dans notre soirée ?

C’est pour défendre son nouvel opus « Freakout/ Release » paru en août que la troupe londonienne pose ce soir ses amplis à Paris dans la salle de l’Olympia. On pourra dire que cette dernière a quand même perdu, les années passant de sa superbe. Loin du mythe qu’elle a créé et de son image de salle où l’on allait voir les Beatles, elle laisse tout le monde se produire sur sa scène, jusqu’à Wejdene. Il est donc plaisant de revoir en son sein des artistes à la belle notoriété dont le nom est toujours écho avec qualité, comme c’est le cas avec Hot Chip.

Hot-Chip_Olympia-Paris_2022
Crédit photo : Louis Comar

Il est 21 heures lorsque la troupe débarque sur scène et ouvre son set avec son titre éponyme « Freakout / Release », le plus Daft Punkien d’ailleurs de ce jet porté par ses voix robotiques. Il n’est certes pas le plus représentatif de l’album mais a le mérite de plonger dans le bain. La foule est relativement compacte côté fosse. Les concerts du groupe font surtout office de dancefloor géant et c’est bien ça qu’introduit le titre. Comme toujours avec un nouvel album surtout pour un groupe qui a plus de 20 ans, les attentes se focalisent sur les titres les plus anciens. Le live est l’occasion de varier les plaisir et de prouver que les nouveaux titres eux aussi ont ce qu’il faut pour devenir cultes. C’est donc « Eleanor » qui succède et devient rapidement celui des derniers nés qui prend le mieux en concert. Clameur du concert oblige, premiers instants aussi , la foule y réagit franchement. Si le son pèche dans un premier temps, laissant des basses trop fortes pour bien profiter des qualités mélodiques d’un groupe de touche à tout, la situation se stabilise à mesure des morceaux qui défilent. Le troisième morceau « Flutes » issu d' »In our heads » paru en 2012 permet de se mettre pleinement dans l’ambiance. Déjà parce que son intro construite en boucles répétitives augmente à mesure que les notes défilent et invite clairement à suivre le traditionnel pas de danse chorégraphié proposé par le groupe. Mais aussi parce que les mouvements prêtent à l’amusement autant qu’à l’envie de les suivre. La soirée est clairement lancée, la foule est hypnotisée. La boucle a fonctionné. La temporalité se brouille maintenant. Le moment passe à toute vitesse comme il en est coutume quand le temps est bon. Il fait chaud, on dirait le sud…

Extravagante sobriété

Côté mise en scène, le groupe, équitablement réparti sur l’espace dédié, mise sur la sobriété. Point de grands effets, mais beaucoup de jeux de couleurs et de lumières. Les mélodies sont pastels, c’est aussi le cas du cadre qui varie sans cesse, vert, bleu et rose, le paysage s’alterne comme une boule de disco. Les tenues sont également au plus sobre sauf pour Alexis Taylor, le chanteur qui change par trois fois de chemise, toujours rose, toujours ample, comme dans un dessin animé. Outre ses tenues, ses intonations lyriques changent elles du tout au tout, passant du grave à l’aigu comme habité de plusieurs personnalités vocales. Les remerciements sont là, la joie de retrouver Paris exprimée mais là encore, le groupe et ses sept musiciens y consacre peu de place. La musique avant toute chose et la musique seulement. Et il faut dire qu’à elle seule, elle est un matériau riche pour la formation. Comme avec ses lumières, Hot Chip change de ton, de registre à mesure des titres qui passent. Du carrément soul, du profondément pop, de la french touch, de la synthpop, les riffs oscillent comme la foule sous forme de vagues. Les titres se dessinent parfois comme de gros rouleaux. Et la fosse, qui retrouve ici le bon goût des vacances saute comme des enfants essayant de monter plus haut que la mer. C’est lorsque la groupe prend ses couleurs nu-soul qu’il est pourtant le meilleur. C’est le cas sur « Down », que l’on retrouve aussi sur le nouvel album. L’occasion de rappeler que si la formation mise sur une teinte festives dans ses compositions, ses paroles bien plus douloureuses jouent sur les émotions et les cordes sensibles. Avec nos hôtes anglais on danse sur les douleurs et les souffrances, on les chante ensemble pour mieux peut-être les rendre moins effrayantes. Les voilà dominées.

New release, new set

Le public attend ses titres cultes se sont pourtant en écrasante majorité les compositions issus du nouveau jet qui priment ce soir. « Hard to be funky » et sa construction pop déroule particulièrement bien. Pour mieux contenter les attentes, les gros hits se glissent dans une set list soignée. A chaque note connue, une explosion de joie. Le bien aimé « Hungry Child » single phare issu d' »A bath full of Ecstasy » paru en 2019 se place en milieu de concert. Cet avant dernier album profite d’une aura toute particulière pour les amateurs de la formation qui y voit l’un de ses plus grands accomplissements. Une cover se glisse aussi, celle de « Dance » du groupe de no wave new-yorkais ESG. Une dernière montée en puissance avant de balancer clairement sur « Over and over » l’un des hits massifs sorti en 2006. Toute l’assemblée chante encore et encore et encore. L’Olympia est très très hot.

Ce serait dommage de se laisser comme ça, un rappel vient donc s’ajouter au tableau. Côté bar, ça ferme ses portes à 22 heures. Le groupe lui compte bien pousser un peu plus tard. Il reprend sur le très smooth « Huarache lights » avant de mieux redonner une grosse gorgée de son dernier opus avec le titre « Out of my Depth ». Deux de passés déjà,  il n’en reste donc plus qu’un. Comme une confidence, une promesse, comme pour personnifier le booster qu’a été le concert, la performance s’achève sur « I feel better ».  « When you hold me I feel better » disent les paroles. Quelques part portés dans cette foule, avec les visages lumineux de ceux avec qui on a choisi d’assister à ce moment, elles deviennent particulièrement vraies. Les oreilles bourdonnants et les cœurs sont chauds, on peut poursuivre la fête dans les rues tièdes de la capitale.


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