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avril 2022

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Lulu Van Trapp - Maroquinerie - 2022
Lulu Van Trapp à la Maroquinerie – Crédit photo : Louis Comar

Reportée à deux reprises, le 7 avril 2022 avait enfin lieu la release party à la Maroquinerie de Paris du premier album des Lulu Van Trapp : I’m not here to save the world. Véritable pépite pop-rock et baroque, le charismatique quartet n’a pas cessé de tourner l’année passée jusqu’à jouer en premier partie de Last Train à l’Olympia le mois dernier. Ce « Bal de l’Amour » dans la mythique salle parisienne s’annonçait comme une consécration absolue pour les Lulu. Alors, près d’un an après la sortie d’un  bouillon musical prodigieux, de teasings et de tournée, débrief d’une soirée très attendue.

Lulu au Far West

20h, la salle s’éteint, il n’y a qu’une vingtaine de personnes puis une batterie, une basse et deux guitares sur le par-terre de la fosse. La mise en scène prévue par Lulu Van Trapp mène les Agamemnonz, groupe instrumental de surf-rock western (rien que ça), à jouer dans la fosse. Vêtus de leurs plus belles robes, les quatre rouennais offrent un set vitaminé et solaire apprécié d’un public grandissant. Après 40 minutes de chorégraphies endiablées, les Agamemnonz laissent une Maroquinerie pleine à craquer, chauffée à bloc pour accueillir les stars de la soirée.

Que le bal commence

Les membres du public acclament leurs rockeurs préférés alors qu’aux grilles entourant la scène a été ajoutée une avancée dans la fosse. Enfin, Lulu Van Trapp investit le plateau sous une pluie d’applaudissements. Début de set calme derrière ces barreaux de désir bestial. Rebecca, la chanteuse, débute ses danses aphrodisiaques et le public parisien chante à tue tête. Puis, lorsque les grilles, finalement peu exploitées (à notre grand regret), disparaissent, le quartet enchaîne ses titres les plus rock et énergiques. Lulu, Valley of Love et Brazil s’enchaînent et mettent le feu à la Maroquinerie. À l’image des quatre copains qui mettent toute leur âme dans leur prestation de ce soir, la salle parisienne brûle de désir.

STRIP – TEASE SURPRISE

Aux grandes occasions, de grands moyens ! Les Lulu Van Trapp ont réservé à leurs fans de nombreuses surprises pour le Bal de l’Amour. De ce magnifique moment acoustique exécuté dans un silence d’or aux deux nouveautés interprétées ce soir, le public de la Maroquinerie a été régalé. Puis comment ne pas évoquer la performance de Love on the Brain (cover de Rihanna) qui restera longtemps dans la tête des spectateurs. En effet, après avoir dédicacé cette chanson à la France Insoumise, six danseur.ses nu.es ont débarqué sur scène pour se mouvoir au rythme de la sensualité du titre. Moment suspendu, parfait pour préparer le terrain au morceau phare du jeune groupe: Les Mots d’Amour. Ce titre aux allures de tube des années 80 finit de mettre tout le monde d’accord et amorce la fin du concert.

AMOUR, TOUJOURS ?

Ce soir, les Lulu Van Trapp avaient mis les petits plats dans les grands et s’étaient préparés d’arrache-pied pour leur Maroquinerie à guichets fermés. Ce moment tellement attendu par les musiciens ne leur a peut-être pas laissé le temps de profiter pleinement de leur soirée. Une pression pas tout à fait redescendue s’est laissée ressentir et quelques bémols ressortent de ce show bien huilé. Rien de grave, la sympathie, la joie et l’abnégation totale du groupe à sa musique sont venimeuses. Bien qu’un peu jeune dans sa globalité, le Bal de l’Amour était une superbe réussite.

Lulu Van Trapp a entièrement conquis la Maroquinerie, sous le charme après un set chargé en surprises et marqué de moments fascinants. La prestance du groupe français est indéniable et leur talent scénique évident. De plus, les titres sont tous aussi réussis les uns que les autres. Les quatre copains auraient surement gagné à en mettre un peu moins dans un tout déjà bien fourni, mais ce n’est pas grave. Les Lulu sont doués, c’est certain. Et s’ils n’étaient pas là pour sauver le monde, ils ont bien réussi à sauver l’amour et la Maroquinerie le temps d’un bal tellement spécial.


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Deux gueules bien marquées de cinquantenaires britanniques. Jason Williamson et Andrew Fearn. Le premier chante parfois, scande surtout, et le second… enclenche… puis danse… inlassablement. Il est en charge de toute la partie musicale qui, sur scène, tient sur des pistes enregistrées dans un ordi. Vous les connaissez probablement. Sleaford Mods étaient à l’Elysée Montmartre jeudi 07 avril dernier.

Ils sont experts du minimalisme, de la répétition et du spoken-word. Pour les deux compagnons, rien besoin de plus qu’une basse entrainante foutue en boucle sur laquelle étaler cette voix typique d’anglais au caractère bien trempé, toute droit sortie de la classe ouvrière que Ken Loach aura durant des années filmée et défendue. Leur dernier album, Spare Ribs, sorti en janvier 2021, ne change pas de recette mais continue, sur les pas de l’album précédent, d’emprunter un chemin davantage pop/électro qu’à leurs tout débuts. Ce qui a contribué à leur succès perdure néanmoins. Et cet élargissement récent de leur palette sonore et mélodique leur permet aujourd’hui de gagner encore et toujours de nombreux adeptes. Ce soir-là d’ailleurs, la salle est comble.

 

LICE : Tout sauf lisse

Lice en première partie de Sleaford Mods Elysee Montmartre
Lice à l’Elysee Montmartre ; Kevin Gombert©

En première partie : LICE pour ouvrir le bal. Ils étaient déjà en ouverture du concert de Thurston Moore à Petit Bain. Nous les avions globalement appréciés. Le chanteur a indéniablement quelque chose qui le destine à la scène. Joyeux luron à l’attitude exubérante, il s’amuse comme un chef-d ’orchestre. Sa drôle de gestuelle est celle d’un enfant un peu à part qui joue de son l’excentricité. Contre rock-star, il se place dans une dynamique qui prête autant à l’envoûtement qu’à l’amusement, dans un jeu d’estime de soi. La musique qui l’accompagne n’y va pas par quatre chemin : c’est un rock féroce, loin pourtant des clichés, tant il parvient à mélanger différents genres. Nous avions la première fois relevé un défaut au niveau des fins de morceaux, comme quoi ils n’avaient pas l’air très doués pour les arrêter. Ce n’est pas ce qui nous a dérangé ce soir-là, mais plutôt la qualité sonore. Faute à la salle ? Très certainement, puisque Petit Bain nous avait offert meilleur rendu. Cette fois-ci, c’est en tout cas too much : trop brouillon, trop fort, trop épuisant. Pas une minute de répit pour une musique pas simple d’accès. Alors quand le son ne s’y met pas, on a du mal à accrocher… On restera sur la note positive du précédent concert. LICE doit encore faire des efforts pour ne pas assommer ses auditeurs même si, derrière, les morceaux valent le coup.

Lice en première partie de Sleaford Mods Elysee Montmartre
Lice à l’Elysee Montmartre ; Kevin Gombert©

SLEAFORD modère la température

Suite à cette petite déception, rien de mieux qu’une musique qui ne s’éparpille pas. Pour aller droit au but, il faut dire que celle de Sleaford Mods a tout d’un modèle du genre. Les deux hommes entrent en scène tandis que la musique de fond défile encore et que les lumières sont toujours allumées. Surprenant. Mais cohérent. Reflet d’un refus de toute starification. Après tout, ils n’étaient pas vraiment prédestinés à rencontrer le succès qui est aujourd’hui le leur. Les voilà pourtant sur la jolie scène de l’Élysée Montmartre, n’ayant rien perdu de leur humilité et simplicité de départ. La scénographie en témoigne : une table sur laquelle est posée un ordi et un long néon lumineux tout le long du fond de scène. Efficace. Le simple nécessaire pour un concert qui n’est pas là pour se regarder. Même entre eux, les deux ne se regardent que très rarement, comme chacun plongé dans son monde. A vrai dire, il leur faut être diablement concentré, puisque leur présence sur scène relève de l’exercice physique. Pendant que Jason Williamson déblatère sans relâche, presque toujours de profil, son acolyte fait le pitre à côté. Sinon enclencher les pistes, ce dernier n’a pas grand-chose à faire. Alors il court sur place. Pourquoi pas tout compte fait… C’est plutôt rigolo à voir. Et quand au bout d’1h20, il continue encore et toujours ses mouvements avec l’exacte même énergie, force est de saluer son acharnement. En soirée, il est celui qui ne cesse de s’agiter maladroitement mais qui ne gêne personne. Alors laissons-le tranquille.

L’attitude des deux à l’image de la musique qu’ils prodiguent : obstinée et pulsative. Sur le morceau d’ouverture du concert, qui est aussi celui de leur dernier album, Sleaford s’échauffe. « The New Brick » est un peu maladroit  et flottant. Comme sur l’album, l’effet est voulu, puisqu’il est justement fait pour introduire le morceau suivant : Shortcummings, qui fonctionne en rupture. Lui est bien plus rigide avec sa boucle de basse minimaliste. Voici déjà Sleaford parfaitement résumé en un seul morceau. A ce moment du concert, le son n’est pas tout à fait rôdé. Il manque de vivacité. On sent pourtant qu’avec un peu plus de punch, il serait capable de nous avoir en un rien de temps. Patience, c’est en approche.

« I don’t rate you », issu du dernier Spare Ribs, sera l’élément perturbateur. Il intervient vite, au bout de quatre morceaux. Son corps est gras, chaleureux, et s’adresse directement à nos tripes. Les quelques notes sonorité futuriste du refrain nous plaisaient déjà sur l’album. Alors en live, comme couche complémentaire à cette basse baveuse remplie d’effets, elles nous agrippent de suite. Maintenant que le son est moins compressé et s’adresse à nos tripes dans une ampleur tout à fait convenable, le concert est vraiment lancé.

Il durera 1h15 environ, pour plus de 20 morceaux interprétés. Ceux-là sont pris dans les différents albums, avec un accent mis sur les derniers, dont le génial Eton Alive de 2019. Le morceau « Kebab Spicer » qui intervient après « I don’t rate you » est une belle réussite dans sa manière de capter l’attention par son rythme effréné. « Discourse », vers la fin du concert, sera de la même teneur intensive.

Who runs the hits ? GIRLS

Entre les deux, le public a évidemment le droit aux singles du dernier album, « Nudge It » et « Mork n Mindy » sublimement portés par la participation de deux meufs qu’on aime beaucoup dans la musique actuelle : Amy Taylor du groupe de punk bien vénère Amyl and the Sniffers et Billy Nomates, sœur jumelle de Sleaford dans le style mais avec une patte bien à elle. Elles ne sont pas vraiment là sur scène, mais, dans la logique du tout enregistré (à part la voix), ça ne dérange pas de les entendre ainsi. C’est même plutôt très apprécié tant ces deux morceaux parviennent à gagner la clameur de la foule.

Jason Williamson remplit son rôle comme il se doit. Son parlé chanté est toujours aussi captivant, et cela appuyé par une posture visuellement notable : de profil le regard vers le bas. Il y a dans cette manière de faire une profonde humilité et gentillesse, qui contraste avec son ton généralement rude et acerbe. En amicale compétition avec la mécanique instrumentale à l’œuvre derrière, il apporte au concert un peu de vivant et d’inattendu, même si les versions sont calquées sur celles en studio. Mais cette écoute et cette vue font du bien, puisque derrière le protocole se dévoile une justesse d’intention encore plus incarnée.

AAAAAAAHHHHHHHHH

Le concert prend fin sur « Tweet Tweet Tweet » et ses mémorables « ahhhhhhahhhhhh ohhhhhhohhhhhh » en guise de ligne mélodique. La rythmique mouvementée assure le spectacle. Sur cette dernière chanson, le volume a grimpé d’un cran. C’est particulièrement prenant. Dommage que ça ne dure que deux minutes, et qu’aucun rappel ne donnera suite à cette frénésie réclamée. On leur pardonne, en considérant l’effort qu’ils viennent d’accomplir. Ils s’éclipsent rapidement après un dernier « Paris, you’ve always have been good to us ». Contrairement à beaucoup d’autres, on sent celui-ci sincère.

Les lumières se rallument rapidement dans le public, et à défaut de recommencement, on regagnera le trottoir à l’écoute d’un morceau de John Carpenter qui passe en fond. Les similitudes nous sautent aux oreilles : punk, rock, en boucle, ambiance sonore électro minimaliste. Sleaford ressort plus grand que jamais.

Printemps de Bourges - 2022
Printemps de Bourges 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Le Printemps de Bourges et de retour ! En ce 19 avril 2022, le festival qui donne le top départ de la saison des festivals ouvre ses portes pour une édition en configuration normale. La ville grouille de cette énergie propre à ce monument de la culture française. Les stands de bijoux, tee-shirts, porte-clés gravés et autres sarouels la disputent à ceux de ripailles, du sandwich raclette aux ramens. Les visages sont nombreux et variés, des jeunes bambins aux joues rosies par l’excitations à ceux qui ont connu les premiers premiers printemps il y a 46 éditions de ça, et leurs joues parfois rosies par quelques breuvages d’adultes. Il faut dire que l’évènement particulier fait vibrer toute une ville comme un coeur qui bat la chamade alimenté d’un oxygène d’une pureté sans limite : la musique.

Une performance éternelle et pas artificielle

Premier soir des festivités oblige : un concert unique se tiendra  sur le festival. Il aura lieu au W, le fameux chapiteau géant installé pour l’occasion. A 20 heures l’assemblée est invitée à y prendre place pour découvrir deux compositions made in France offertes par leurs plus grands patriarches. La salle est emplie de chaises, pas une seule n’est vide. Au contraire, certains sont contraints de se tenir debout, privés de places pour pouvoir profiter du spectacle. « Je ne comprends pas ceux qui sont assis à un concert. » ironise  un suisse qui a fait le déplacement spécialement pour profiter de ce nouveau printemps « Il faut vivre ça debout ».

Gaetan Roussel- Printemps de Bourges - 2022
Gaëtan Roussel au Printemps de Bourges 2022 – Crédit photo : Louis Comar

D’ailleurs dès que l’occasion lui sera donné, il partira se perdre devant la scène, au creux d’une foule d’anonymes heureux. C’est Gaëtan Roussel qui ouvre le bal. Là dans le noir, le grand monsieur passe entre les rangs agitant une lampe torche pour mieux éclairer les festivaliers « Est-ce qu’il y a un public ce soir ? » lance-t-il « Oui » « Parfois je suis un peu sourd, il faut répéter ». Le bonhomme sait gérer son audience, c’est indéniable. L’effet Roussel est immédiat, et il n’a pas besoin d’un titre entier pour déjà embraser le W. L’espace avant scène est empli et imprégné de cette atmosphère bon enfant loin de tous les soucis du quotidien. Le meneur de Louise Attaque délecte l’audience d’une chaleur concentrée. Très vite il reprend les titres emblématiques de la formation qui l’a mené au succès « Ton invitation » et « Léa » se succèdent. Evidemment tout le monde chante en choeur. Les plus réticents à danser se retrouvent pourtant propulsés sur des ressorts devant leurs chaises, hypnotisés par la bienveillance se dégageant de cette scène peuplée de point d’interrogations géants. A scénographie simple, performance généreuse. Le talentueux monsieur Roussel s’appuie, il faut le dire sur une troupe de musiciens rodés qui savent donner de belles couleurs printanières à des titres connus et aimés de tous. Pas besoin d’ailleurs d’être fan de son répertoire pour se laisser emmener aux vent de sa set list. Loin des « Nuits parisiennes » qu’il interprète d’ailleurs volontiers, c’est à une folle nuit berruyère que l’audience est confrontée. Dehors, il fait encore bon, le soleil est parti emplissant derrière lui son air réparateur et ses effluves de printemps.  Il en sera de même pour le concert de Gaëtan Roussel qui laissera ses marques dans les esprits. Cette belle invitation, ponctuée de chaleureux remerciements se conclut sur « Help myself (Nous ne faisons que passer) ». Un passage qu’il aura été si bon traverser.

Gaetan Roussel- Printemps de Bourges - 2022
Gaëtan Roussel au Printemps de Bourges 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Rockeurs de père en fils

Si une tête d’affiche ouvrait les festivités, ce sont deux têtes, hydre indomptable de la chanson française qui lui succèdent en la personne de Dutronc père et Dutronc fils. Avec ses allures de vieux rockeurs aux indécrochables lunettes de soleil, le père, possède la scène de toute sa puissance acquise au court des années. Anciennes vieilles canailles aux côtés de  Johnny Hallyday et Eddy Mitchell, le monsieur a tous les airs du loubard au grand coeur. D’ailleurs sur scène un décors entre studio d’enregistrement et bar domine les festivités. Sur ce dernier, des portraits : ceux d’un père et d’un fils mais aussi justement de Dutronc et Mitchell copains comme cochons. Et ce décors a toute son importance notamment parce qu’il raconte visuellement ce à quoi prétend ce concert : offrir une part d’intimité et sûrement transmettre le flambeau à la plus jeune génération : Thomas. Pas avant néanmoins d’avoir transmis au fiston quelques derniers tour de passe à passe et surtout au public une très belle leçon de live. La voix si particulière du père, encore plus rauque (ou rock) qu’à l’accoutumé met d’ailleurs tout le monde d’accord.

Gaetan Roussel- Printemps de Bourges - 2022
Printemps de Bourges 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Parfois debout, parfois accoudés à ce bar créé, les deux hommes aiment à discuter, inviter à leur intimité, avec l’aisance de ceux qui ont eu mainte fois à se dévoiler sur les plateaux de télévision. Les grandes tubes de Dutronc défilent, joués avec facilité face à un public plus que réceptif qui en connait chaque mot. D' »Et moi, et moi, et moi » qui ouvre le concert en passant par « L’opportuniste », « il est cinq heures » ou encore « J’aime les filles » les classiques s’enchainent transmis par deux générations aux nombreuses générations présentes, elles, côté public. Les deux maîtres de la soirées n’hésitent à dédier une chanson à la femme la plus importante pour eux « Sa mère, Fraçoise Hardy ». De quoi resserrer les liens entre artistes et public.  Thomas Dutronc de son côté dévoile ses titres, parfois seul sur scène pour mieux en capter la lumière. Humble pourtant, il n’a de cesse de la porter sur ceux qui l’entourent : ses musiciens. Ne perdant jamais une occasion pour rappeler le talent d’un guitariste, d’une violoncelliste  ou  d’ajouter qu’il marche dans les pas d’un grand homme. Le chanteur officie tant sur la pointe des pieds qu’il semble presque s’excuser parfois de sa présence scénique. C’est pourtant cette alliance forte réfléchissant au futur en évoquant avec grâce un passé musical entré dans l’ADN de toute la planète France qui crée une magie indomptable. Et c’est pour ces mêmes raisons, que le Printemps de Bourges, joyau élégant conjuguant au passé, au présent et futur la scène français, pourra se targuer d’avoir superbement ouvert son édition 2022.


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orla gartland
crédit Em Marcovecchio

Le mercredi 6 avril 2022, la chanteuse, productrice et guitariste irlandaise Orla Gartland a illuminé Les Étoiles lors de la première date de sa tournée pour promouvoir son premier album Woman on the Internet. Tout en humour et en légèreté, elle a entrainé un public déjà conquis dans une valse folle pendant près d’1h15. 

Pour la première date de sa tournée pour promouvoir son premier album, Orla Gartland est passée par les Étoiles, petite salle de concert sympa située dans le 10ème arrondissement de Paris.

Orla Gartland, c’est avant tout une fougue, un humour, une sensibilité. Sa musique se fonde sur le prosaïsme de la vie, les émotions que l’on traverse tous que l’on ne nomme pas forcément. La peur du rejet dans Left Behind, la peur du passage à l’âge adulte dans You’re Not Special, Babe, l’anxiété et l’overthinking dans Why Am I Like This? Et a même dédié une chanson à sa psy avec Madison. 

Orla Gartland n’a pas de tabou, ne se prétend pas parfaite, se considère même comme un work in progress. Elle apporte des mots aux émotions de tous les jours avec des morceaux tantôt indie pop, tantôt rock. Et mercredi soir, elle a fait salle comble, ce qui n’avait pas été le cas lors de son premier passage aux Étoiles en novembre 2019.

Public captif pour une étoile qui brille

Orla Gartland
crédit Em Marcovecchio

À 20h06, la première partie arrive sur scène. Anna Majidson, accompagnée de son ordinateur, et de temps à autre, d’une bassiste, offre une musique aux tonalités électro-pop française et R’n’B américaine. Le public est hyper en forme et hurle en soutien.  « Vous êtes très chaud, ce soir! » lance-t-elle. Certes.

À 21h, alors qu’Edge of Seventeen de Stevie Nicks retentit dans la salle, la lumière s’éteint brutalement, le silence se fait à peine quelques secondes… et Orla monte sur scène, accompagnée de la batteuse Sara Leigh Shaw (ou Sara Stix) qui a joué notamment avec Garbage, Charli XCX ou Hans Zimmer et du bassiste Pete Daynes, également bassiste pour Dodie Clark. Le public les accueille dans une euphorie totale.

Les premières notes de Pretending, une chanson sur le sentiment de se sentir en décalage dans un groupe, résonnent et le public devient intenable, chantant à tue-tête les paroles avec elle. Il ne cessera de chanter jusqu’à la fin du concert. Chose qui aurait pu entraver la voix d’Orla si les balances des sons n’avaient pas été aussi bien gérées…!

L’ambiance dans la salle est folle, « unificatrice » dans un sens. Chacun trouve chanson à son mal, à sa joie, dans une atmosphère festive et électrique. Tout le monde chante, hurle, saute, danse ou pour les plus timides secouent la tête avec modération. Car à seulement 26 ans, Orla Gartland a réussi l’exploit d’attirer et de séduire un public extrêmement enthousiaste et hétérogène, avec des jeunes, des moins jeunes, des hommes, des femmes, entre les deux, aucun des deux.

À la fin de oh GOD, chanson sur sa bisexualité et cette catholic guilt qui la ronge, elle déclare, hilare : « I really enjoy getting angry with you, Paris! » avant de s’énerver de plus belle et d’entamer la chanson aux tonalités un peu plus rock Codependency. 

Confidences et medley

orla gartland
crédit Em Marcovecchio

La voix d’Orla est claire, souple, sans aspérité et pure. Elle peut tout à la fois pousser des gueulantes comme sur Figure It Out, que s’apaiser, s’adoucir sur des chansons plus calmes comme Why Am I Like This? Car ses paroles d’introspection sont présentées sous un jour, musicalement parlant, festif, fier et dans la bonne humeur pour la plupart.

Et petite surprise du set… au beau milieu de la dernière chanson avant le rappel, Flatline, elle nous invite à chanter avec elle, on avait pas attendu sa permission pour le faire, et elle entame une chanson qui… hmm… semble familière… Mais oui! Running Up That Hill de Kate Bush! Le public a à peine le temps de se remettre de sa surprise qu’elle est déjà passée à Hit Me With Your Best Shot de Pat Benatar ! Ah ! S’ensuit You Can Go Your Own Way de Fleetwood Mac et pour finir I Wanna Dance With Somebody de Whitney Houston… avant de reprendre Flatline. Petit medley des familles qui met tout le monde d’accord et comble un public qui l’était déjà.

Le rappel vivra, la musique indépendante vaincra

Le trio quitte la scène sous les clameurs du public. Mais pas d’inquiétude car ils reviennent bien vite avec un final explosif!

Lors de la première chanson du rappel, Left Behind, Orla est seule sur scène au piano et remercie le public d’être venu et d’avoir rempli la salle pour cette tournée qui a failli ne jamais avoir lieu. Notamment à cause du Brexit, et parce qu’Orla est une musicienne indépendante – qui produit ses titres sous son propre label New Friends. 

Bref, nous on est bien contents qu’elle ait eu lieu cette tournée parce que la dernière chanson Zombie! Est probablement, de toute sa discographie, sa chanson la plus vive, la plus speed et qui invite pour une dernière fois mémorable, le public à bouger dans tous les sens et à laisser tous ses maux ressortir. La prouesse de ce concert aura été d’exorciser nos émotions négatives, passagères à travers l’un des médiums les plus fédérateurs qui soit, la musique. Le public en ressortira comblé et des étoiles plein les yeux et, plus particulièrement plein le cœur.

 

Ecrit par Pénélope Bonneau Rouis


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