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avril 2022

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Festival Chorus 2022

Le samedi est arrivé et le soleil avec lui. Certes, les températures sont toujours beaucoup trop basses. Mais comme tous les parisiens ( et habitants du chaleureux département des Hauts-de-Seine), il suffit aux festivaliers de quelques rayons de soleil pour se convaincre que ça y est l’été est enfin dans la place. C’est donc le coeur empli de cette pensée magique que ces derniers se rendent dans l’immense Seine Musicale de Boulogne. La programmation y sera hétéroclite, les festivités nombreuses.

On crie « Bingo »

Festival Chorus 2022
Festival Chorus 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Si le public est moins nombreux aujourd’hui, il s’est tout de même déplacé en masse, une occasion de faire la fête en musique ne se perd pas. Il est encore tôt, il faut se mettre dans l’ambiance. Et rien ne rime autant avec bonne ambiance que disco bingo (même si j’en conviens il n’y a pas de o à la fin de ce mot). C’est donc au milieu de la salle, sur la scène du DJ peuplée d’une deux chevaux et d’écrans de télé rétros qu’est organisé ce jeu. En avant scène, une belle bande de danseurs habillés de vêtements pailletés à prédominance dorée. Pour les pies dans la salle, le sommet du bon goût (il n’y a aucun sarcasme ici, il faut toujours dire du bien des paillettes que l’on croise). Des stylos et des grilles sont distribués aux participants alors que le maître de cérémonie, fait comme il se plait à la dire « claquer ses boules ». Les heureux gagnants remporteront des shots de Get 27, des bulles et des paillettes. De quoi revivre la jeunesse dorée de nos grands-parents.

Pas le temps de niaiser pourtant, malgré une défaite par chaos et une incapacité flagrante à aligner les bons chiffres, le talent ne se force pas, il est temps d’aller écouter un peu de musique live. A commencer par celle de Romane sur la Petite Seine, là bas au fond à droite, vers le quai 9 3/4. Avec son timbre soul, la musicienne distille ses titres au fond pop où la voix prédomine. Elle présente son dernier single et empli le lieu de son timbre puissant. Sil faut convenir d’un certain jet soul, il y a un peu d’Alanis Morissette dans certaines de ses compositions. Ce petit quelque chose qui confère à la balade 90’s bien sentie et accrocheuse. Une chose est sûre, dans les premiers rang, une femme chante de bon coeur sur tous les titres et ne manque pas de les filmer chaque instant du concert.

Romane - Chorus - 2022
Romane au festival Chorus 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Des déhanchés et des astres

Aujourd’hui, un rayon de soleil a donc réussi à faire son nid au milieu des nuages. C’est pour cette bonne raison qu’il faut absolument se rendre sur le parvis et profiter du show tout aussi chaud (jeu de mot  de qualité supérieure) de David Walters. Ce touche à tout, globe trotteur aux nombreuses vies brouille les pistes en mélangeant les musiques traditionnelles du monde. Sonorités indiennes rencontrent des consonances  cubaines, brésiliennes ou encore africaines. Le mélange prend aux jambes un public en demande qui délaisse les hot dogs pour se déhancher proche de la scène ou plutôt la seine (parce qu’on est dans les Hauts-de- Seine, faut suivre) du parvis.

Festival Chorus 2022
Festival Chorus 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Dehors il fait chaud, c’est plaisant (pensée magique toujours) et c’est donc avec quelques engelures provoqués par ce beau temps printanier, qu’il est temps de se rendre sur la Grande Seine pour profiter d’un des shows les plus attendus de la journée : j’ai nommé le retour de Disiz. Vous vous souvenez de lui, le monsieur avait débuté sa carrière en 95 ( ces années là…) et rencontré le succès en 2000 avec un premier titre « Le Poisson rouge ». Il est important de souligner l’immense travail fait aux lumières pour cette performance face à un public nombreux. Parfois bleues et rouges, parfois multicolores, la réalisation est impressionnante. La foule, connaisseuse des classiques du rappeur attend avec impatience de chanter sur ses plus gros succès. Beaucoup pourtant de ses nouveaux morceaux seront passés en revue alors que le mise en scène donne un ton relativement pop à la performance. La grand messe populaire est très bien accueillie malgré quelques ratés quand il s’agit de reprendre les paroles en choeur. De quoi peut-être frustrer notre hôte qui pourtant se donne à coeur de créer un show dynamique. En guise de preuve de bonne volonté et d’amour sincère, l’audience répond volontiers à chaque mouvement que propose le chanteur,  et vas-y que ça lève les bras, danse, chante, le tout hypnotise, comme à chaque fois.

Hydromancie : divination aquatique

La nostalgie est maîtresse, c’est chose connue. Elle touche les années 90, 2000 mais pas que. Voilà donc qu’il faut retrouver les élégants Oracle Sisters sur la scène Riffx. Le trio a connu un certain succès avec la sortie de son premier EP « Paris I ». Aucun cours ne sera aujourd’hui donné par la formation, ils ne se priveront pas pourtant d’inviter l’audience à se prendre une belle leçon de folk dans les oreilles. Groupe pluri-nationales, de Bruxelles à New-York en passant par la Finlande, ses membres multiplient les origines, ils dévoilent avec une jolie retenue une folk qui sent bon les années 70. Deux chanteurs s’affairent de concert et il est aisé de penser aux immenses Simon & Garfunkel (dans cette parenthèse va se glisser une pause conseil : écoutez le « Songbook » de Paul Simon pour rendre votre vie plus belle). Les morceaux ont la simplicité et l’éminence précision tubesque des Beatles, rien que ça. « Ecoutez Simon & Garfunkel en allumant une bougie et vous verrez votre avenir » disait Zooey Deschanel dans « Presque Célèbre », c’est surement pour cette bonne raison que les Oracle Sisters ont cette vocation d’oracles…

Festival Chorus 2022
Festival Chorus 2022 – Crédit photo : Louis Comar

En empruntant les couloirs de la Seine Musicale pour se glisser vers la scène Rodin en extérieur, on croise une performance artistique. Un jeu d’eau aux nombreuses couleurs projetés sur les murs. En pratique, le tout ressemble à une sorte de kaléidscope géant, un brin hypnotisant. Il suffit de s’asseoir en face pour se sentir soudainement serein, détendu (un brin défoncé). Les cercles bougent lentement, l’eau coule, encore un rond, c’est beau parce que ça bouge lentement, et puis c’est si coloré, c’est incroyable de … reprenons le fil de cet article même si tout le monde aurait bien aimé savoir comment cette histoire d’eau allait se terminer.

 

 

Ah les jolies colonies de vacances

Pas de vacances pour les braves mais un petit tour à la Colonie de Vacances. Le nom amusant d’un projet colossale où quatre scène extérieures jouent de concert et se répondent entre notes de guitares et de batterie pour un rendu rock qui swing. Le tout est complexe à l’oreille d’autant que le son y est très fort mais la performance en elle-même, mérite un tonnerre d’applaudissement. Au centre de cette orgie instrumentale, le public danse volontiers et ondule, comme les reflets d’eau colorés qui étaient si beaux.

A l’intérieur, sur la Grande Seine, il est temps d’aller faire coucou à Caballero & Jeanjass loin du vent qui souffle en extérieur. Le rap sombre du duo, assisté d’un DJ prend des couleurs pastels en live. Les punchlines fusent alors que le set a tout pour faire échos à une génération qui adule ses réseaux sociaux. Les deux jouent sur des phrases travaillées pour distiller un rap accessible et surtout dans l’air du temps. La foule est réactive et prend à grandes plâtrées ce qu’elle est venue chercher, des beats qui balancent et l’envie de se déhancher. En ça, le cahier des charges est respecté.

Du rock au rap, il n’y que quelques pas

L’accès aux stands est un peu plus aisé que la veille. L’affaire était encore vraie en début de journée. Il est pourtant difficile de se procurer à manger sans faire une longue queue dès 22 heures. Quelques chanceux attraperont un met rare en festival, on se demande bien pourquoi d’ailleurs : une bonne assiette de saucisses lentilles. Bingo terroir ! Ou pas, puisque l’une des performances les plus chaudes de la soirée  va débuter: celle des très attendus Structures qui en profitent pour présenter leur nouvelle musicienne. Comme toujours le groupe de rockeurs balance avec une énergie survoltée un son qui tape juste et fort. Les musiciens balancent telle une tornade qu’on ne peut stopper un tourbillon aux notes post-punk qui sent bon les voisins d’Outre-Manche. Le tout fait osciller en masse dans l’optique de faire monter de quelques degrés la chaleur caniculaire de la journée et faire sentir la transpiration dans la petite salle. L’ardeur est un brin moins présente que lors de la prestation spectaculaire du groupe au MaMA festival, pour preuve les musiciens ne tomberont cette fois pas le haut. Il faut aussi admettre que les réglages sons ne tabassent pas assez pour rendre parfaitement honneur aux incroyables rockeurs. La voix de son chanteur au timbre aussi sombre que du Joy Division, n’a  pourtant pas à rougir face aux autres membres d’une scène voisine à la Fontaines D.C ou encore Murder Capital en tête de liste. Le tout donne lieu à l’un des temps les plus fort la soirée.

Celle-ci touche presque à sa fin alors que le classique de festival IAM clôt le moment sur la Grande Seine.  C’est sans leur traditionnel banc qu’ils débutent une performance soignée et donnent une belle leçon de Hip Hop à une nouvelle génération qui ne demande qu’à revisiter ses classique. Le flow fait danser, la bande ne lâche rien, enchaîne tubes sur tubes. Le débit est certes toujours impressionnant mais surtout la cohésion d’une équipe de chanteurs qui se connait par coeur et fait sonner ses voix à l’unisson. IAM est une bête de festival, une machine huilée et rodée qui saurait acquérir à sa cause jusqu’au plus réticent des spectateurs.

Il faut maintenant rentrer, demain, il faudra voter avant de retrouver le chemin du festival qui profitera de quelques degrés de plus. Prévoyez vos maillots de bain!


Sea Girls - Nouveau Casino - 2022
Sea Girls au Nouveau Casino – Crédit photo : Louis Comar

Il y a du Sam Fender chez Sea Girls. C’est bien la première chose qui frappe lorsque l’on découvre le nouveau jet du quatuor originaire de Londres. Formé en 2015, le groupe a su rapidement asseoir une certaine notoriété auprès d’un public anglo-saxon mais aussi international. En cause, une recette qui marche à tous les coups : un rock indé accessible mais soigné, des refrains accrocheurs, une bonne humeur communicative,quatre garçons dans le vent ( ou bien dans la mer). C’est le 18 mars 2022 que les compères revenaient avec l’efficace et millimétré « Homesick ». Une belle machine rodée de 13 tubes paramétrés pour les ondes de radios, les festivals,  le live et ces soirées d’été qui ne finissent pas entre barbecues et bières entre amis.

Surfer sur le feel good

Un premier titre « Hometown » et le ton est déjà donné. Dans les bras du groupe, le public retrouve une certaine candeur adolescence qu’il est bon revivre. Les guitares promettent d’avoir éternellement 15 ans, de pouvoir à jamais profiter d’une naïveté désirée et d’amours torturés. De quoi faire chanter immédiatement les foules et provoquer une addiction instantanée pour ceux qui cherchent à se procurer un filtre de jouvance. C’est d’ailleurs ce premier titre qui est le plus Sam Fend-esque de l’opus. Deux notes et nous voilà déjà plongés dans un tourbillon feel good sans prétentions mais pas sans saveurs. L’artiste n’est pourtant pas le seul auquel il sera aisé de comparer le quatuor mené par Henry Camamile. L’âme des Kooks plane immanquablement sur « Lonely », troisième titre de l’opus. On y retrouve les montées aiguës, le sens du rythme et les clubs anglais propres à « Junk of the Heart ». Quelques part la voix de Luke Pritchard dans son approche vocale semble également avoir déboulé sur l’album. Avec ses instruments, armes tranchantes dont tout est fait pour séduire, Rory Young (guitare), Andrew Dawson (basse) et Oliver Khan (batteries),  ne se privent pas de convoquer l’âme de The Killers. C’est sur son premier essai « Open up your head » et le titre « Ready for more » que la comparaison est la plus évidente. Single en puissance, le tube se décline et explose à l’oreille. Il n’en fallait pas plus pour lancer une grosse machine et faire mordre à l’hameçon au combien attractif un public qui deviendrait rapidement accros. D’ailleurs, nos savants musiciens usent de tous les éléments à leur disposition pour séduire s’offrant sur leur nouvel album quelques balades accrocheuses notamment sur « Cute Guys » où voix claire et guitare acoustique ouvrent un bal à fleur de peau qui prend en ascension et en montées vertigineuses.

Comme pour beaucoup le confinement a été l’occasion d’une véritable remise en question. Vingt dates européennes étaient programmées, toutes en tant que tête d’affiche et voilà que le monde s’est arrêté. Trois ans que le groupe n’avait pas pris le temps de souffler et battait des records sortant ainsi 44 titres en 4 ans et demi. Prolifique certes, mais difficile de se centrer sur une écriture plus personnelle dans ce tourbillon fou. C’est donc dans le creux de la vague, en barbotant parmi les écumes que Sea Girls décide de publier un album personnel et sincère. Le rêve de son chanteur en somme. « Homesick » de son propre aveux traite du besoin de se sentir à sa place quelque part que se soit un lieu ou avec une personne. De quoi finir la galette sur une promesse à demi-mot « I Got You ». Et il faut bien admettre que la musique a le pouvoir magique de vous faire appartenir à une communauté confinés ou pas … à moins bien sûr que le live ne vous y encre encore plus. D’ailleurs, nous allons y revenir.

Sea Girls : ras-de-marée en live

Sea Girls - Nouveau Casino - 2022
Sea Girls au Nouveau Casino – Crédit photo : Louis Comar

Rien ne permet de mieux se plonger dans l’univers d’un groupe que de s’y confronter en concert . Et pour cette approche parisienne, c’est au Nouveau Casino de Paris qu’il fallait se rendre le 2 avril 2022. La formation y avait donné rendez-vous à un public d’afficionados chaud bouillant. D’ailleurs, comme pour  illustrer son potentiel à être adoré par un public en demande, un membre de l’assistance s’était déplacé avec une pancarte en forme de cœur et rappelait qu’il peut encore être bon flirter entre l’amour musical et l’amour … tout court. Les français étaient là, mais les anglais aussi venus en masse soutenir leur scène bien au-delà des frontière. Bouillants avant même les premiers notes, les voilà qui chantent sur tous les titres un à un. Il faut dire que le groupe leur donne de quoi s’en donner à cœur joie. Non seulement la machine à tubes est parfaitement rodée en concert mais en plus l’énergie est présente, donnée en grosse dose. Quelque part, il est clair que la formation a vocation à aller chercher jusqu’au spectateur le plus réticent de la salle pour le faire rentrer dans sa performance. C’est ainsi qu’en sueur, le frontman se retrouve sur le bar de la salle à chanter au milieu de fans clairement en trans. En live, la musique de Sea Girls prend clairement une vocation entre pop et rock où efficacité est maîtresse. Si quelques morceaux peuvent sembler trop proche de titres déjà entendus chez d’autres groupes, l’atmosphère électrique et les sourire cajoleurs de nos compères font mouche. Le passage du studio à la scène se fait impeccablement, les morceaux y défilent avec la même vocation, entrer dans les esprits et les conquérir. Le public fait des vagues et se tasse aux premiers rangs, les copains s’en amusent avec une fougue proche d’une scène très années 2000. Sea Girls avaient déjà conquis le Reading Festival en Angleterre, la France sera la prochaine sur sa liste. Et c’est bien de cette scène sans prétention, digeste mais bougrement efficace dont il est ici question, puisque c’est elle qui sait créer l’union et faire chavirer nos salles de spectacles.