Mercredi 17 novembre 2021, après une journée beaucoup trop fraîche dans la capitale française, le froid a laissé passer quelques rayons de soleil, et une chaleur mitigée. Assez du moins pour permettre à quelques fans téméraires d’attendre le retour de la légende suédoise, The Hives, devant les portes de l’Olympia. Amassés devant la grille, ces fans inconditionnels espèrent bien prendre d’assaut le premier rang pour vivre la fameuse tornade venue du Nord de pleine face. Logique, le groupe de trente ans d’âge est réputé pour ses incroyables performances live.
Quelques heures avant de monter sur scène, Howlin’ Pelle Almqvist, le chanteur sirotait dans les loges un café chaud, confiant au passage être un peu malade. La faute à de nombreuses journées sans repos à courir les salles et les scènes. Pourtant rien ne pourra l’arrêter ni l’empêcher de tout donner en concert. C’est la passion de la scène qui les pousse, lui et sa folle troupe de compères en noir et blanc, à exister. « Je suis content que vous soyez là les gars, mais personne ne viendrait, je continuerai quand même à faire des concerts. » s’amusait-il d’ailleurs.
Come On !
Il est 20 heures lorsque le concert commence sur une performance survoltée de The Dahmers. Originaire de Suède, le groupe de rock garage féru d’horreur, arbore des costumes de scène noir et blanc mais cette fois à l’effigie d’un squelette. Enervés et énergiques, la joyeuse bande balance franchement, bondit et rugit tout en insistant sur sa passion du gore et son envie de donner des frissons. Pas vraiment étonnant quand on sait que la fine équipe a choisi le nom d’un tueur en série comme étendard. Côté public, la chaleur monte d’un cran et les notes acérées font mouche. Aiguisée comme une pointe de couteaux, les morceaux entrent autant en tête que les périples du célèbre serial killer qui n’avait pas hésité à ouvrir le crâne d’une de ses victimes. Détail atroce, on en conviendra.
Les lumières se rallument, avec une violence presque douloureuse. L’heure pour certains de se ruer sur l’un des nombreux bars de la salle et prendre quelques victuailles avant de se lancer dans l’arène. Un show de rock se doit de sentir la bière et la sueur. Pour la deuxième partie, l’audience peut compter sur The Hives qui débarquent enfin, à 21 heures sous un tonnerre d’applaudissements. Sans grande surprise les musiciens balancent d’emblée leur titre « Come On » en invitant le public à se déchaîner. Dans leurs nouveaux costumes du meilleur effet, qui brillent dans le noir, ils transforment immédiatement l’Olympia en un immense garage où le rock est roi. Le costume, expliquait le chanteur, est bien la façon d’être encore plus punk que les punks. Après tout, faire un pied de nez aux tenus traditionnellement associées au courant, n’est-ce pas la meilleure façon de se rebeller ? Le ton est donné.
L’heure du crime
La sauce prend complètement alors que les titres s’enchaînent « Main Offender » précède « Go right ahead » alors que Pelle enchaîne les sauts et les bonds, se jetant régulièrement de son ampli, les cheveux au vent. Garder le rock’n’roll sexy malgré les âges ? Voilà l’une des problématique d’une formation qui une fois sur scène n’a rien perdu de sa superbe et de sa folie. Le frontman n’a de cesse d’interpeller la foule, de lui parler. En anglais, en français avec aisance et un fort accent qui lui fait prononcer le U d’album. L’initiative est appréciée de tous alors que la foule maintenant devenue un seul corps répond favorablement à chaque demande et à chaque note distillée par les maîtres de la soirée.
Il est temps d’écouter un nouveau morceau et « Good Samaritan »parue en 2019, ce qui dans l’histoire des Hives est particulièrement récent, fait trembler les murs de la mythique salle. Le groupe sait composer son histoire et s’inspirer de ses icônes, recréant l’univers particulier d’un the Sonics, Social Distortion ou même des Dead Kennedys en un nouveau jus dosé et actuel. La set-list défile : « Two Timing Touch », « My Time is coming », « Hate to say I told you so » s’enchaînent.
Les yeux écarquillés, la tête pleine de notes, voilà que notre frontman interpelle la foule pour lui expliquer qu' »It’s my time ». Evidement après les confinements, les restrictions, les interdictions, qu’il est bon que l’heure soit enfin au lâcher prise, à l’amusement. L’anarchie rock, le tourbillon d’ondes déchaînées, vibrantes, larsenantes, enragées n’aura jamais été si pertinente, si bestiale et primordiale. Voilà donc que le messe est dite « If it’s my time, then it’s your time! » balance-t-il comme un cris de guerre. La troupe est alors mise à contribution. Il faut lever les mains, il faut répondre, il faut crier, et le tout fait office d’exutoire parfait. Un show de The Hives laisse les chichis au placard. Pas d’écrans, pas d’artifices, seule l’énergie compte. Et cette dernière se propage en ondes de chaleur et de notes. Elle percute chaque membre du public maintenant électrisé comme un pantin, sommé de danser. Quelques sauts en plus et voilà que l’onde touche jusqu’au plus réticent des spectateurs, qui a maintenant les bras dans les airs.
Une petite pause ?
« On va prendre 10 secondes de pause. » explique maintenant le leader. Non, impossible, les corps et les esprits sont chauffés, personne ne peut s’arrêter. « C’est pour mieux repartir pourtant. » justifie-t-il. Les pieds tapent, l’audience en demande plus, l’apogée du show, bouillante comme si son équipe venait de marquer un but, l’Olympia est un stade qui réclame d’être nourri et le rappel arrive alors comme une délivrance. Il en faut plus, laisser les pensées vagabonder et se perdre, encore dans les guitares saturées. Le groupe revient sur « I’m Alive » avant d’inviter toute l’assistance à s’accroupir. Ceux qui sont familiers des concerts de rock connaissent bien le principe, rester assis pour mieux bondir tous ensemble. The Hives faisait partie des précurseurs du mouvement. Le dernier saut de la soirée est collectif et enragé. Côté morceau, c’est « Tik Tik Boom » qui clôt les festivités. Tik, tik, tik, le temps passe si vite quand on s’aime.
Frank Carter & The Rattlesnakes : entre intensité et collaborations pour « Sticky » (Chronique)
Frank Carter & The Rattlesnakes sont de retour avec un quatrième album studio : le très…
« White Riot » : quand le rock se mobilise pour faire trembler le fascisme
White Riot. Dans l’Angleterre de la fin des années 70, en pleine apogée punk, le…
Plague Vendor : punk rock déchaîné au Point Ephémère de Paris (report)
La 19 août 2019, la déjà très rock salle du Point Éphémère s’apprête à redonner…