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juin 2019

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Saint Frances: confidences entre femmes

Parler des femmes au cinéma en 2019, un sujet d’actualité me direz-vous? Peut-être et pourtant il y a encore beaucoup à dire sur la question de la femme et de sa représentation actuelle. Après des tentatives de les mettre à l’honneur, de les montrer sous les traits de super-héroïnes fortes ou de personnages badass voilà que débarque le fin et plaisant Saint Frances qui aborde le sujet avec un tout autre registre, celui de la comédie dramatique. On y suit les aventures de Bridget, 34 ans, serveuse paumée dans la vie qui voit tout son entourage avancer, là où elle, stagne sans vraiment avoir l’envie d’aller plus loin. Elle se voit confier la garde de Frances par ses deux mamans le temps d’un été alors qu’elle a recourt à une IVG. Cette parenthèse estivale permet à ces quatre femmes de créer des liens et d’exposer leurs forces et leurs faiblesses.

Le ton est donné dès les premières minutes, alors que l’héroïne est en opposition complète avec un homme expliquant qu’il préfèrerait se suicider que de n’avoir ni famille, ni carrière. Bridget, elle, est loin de ça. Loin d’aspirer à la stabilité demandée par la société, faisant pression sur les trentenaires, elle déambule sans but précis dans la vie. Saint Frances n’épargne alors plus rien au spectateur, réussissant le pari fou de maîtriser pleinement les émotions qu’il souhaite leur véhiculer. Les tabous sautent et on parle sans complexe et sans jugement aucun des règles, de l’IVG, du corps de la femme qui subit seule les désagrément qui suivent, de l’allaitement, de la dépression post-partum, du regard sur la religion, d’athéisme, de couples homosexuels. Pourtant et malgré la présence de tous ces éléments, le métrage est avant tout une comédie légère, d’une sympathie et d’une douceur plaisante. Les plaisanteries de la jeune Frances et ses bêtises, les gênes des protagonistes sont abordés avec bienveillance, rappelant aux femmes dans la salle que la perfection n’existe pas et qu’elles devraient parler plus librement des problématiques qui entourent ce corps fait pour procréer. Il est alors facile de se prendre d’affection pour chacune d’entre elles, de comprendre leurs ressentis et de se sentir accueilli(e)s dans leurs univers les bras ouverts. Les scènes émouvantes sont joliment écrites, on rit souvent, pas de ce rire gras qui cherche à séduire dans la plupart des comédies. Non, de celui que l’on peut avoir au détour d’une rue ou d’un moment du quotidien. Le métrage n’oublie pas pour autant de balancer ça et là quelques réflexions bien senties qui laissent une marque quant au rapport d’un homme impuissant face à une IVG, aux difficultés des jeunes mères ou aux bonnes et mauvaises raisons qui poussent à vouloir ou non le devenir. Une pause douceur plaisante et bien construite, pleine de sang et de pipis qu’on ne contrôle pas, vraie, accessible, à découvrir absolument.

A noter que le jury du festival est également tombé amoureux de ce film qui remporte le prix du public et le prix de la critique. 

réalisé par: Alex thompson avec: Kelly O’Sullyvan ( attendrissante Bridget mais également scénariste), Charin ALvarez ( Maya), Lily Mojekwu, Ramona Edith Williams ( la tumultueuse petite Frances) et Laura Fisher. 

L’angle mort : nous sommes tous invisibles

  Dans une France aux allures apocalyptiques, où l’obscurité de la nuit semble déteindre sur le jour, le monde tourne lentement. Entre existences monotones et quotidiens marqués par l’ennui et l’affaiblissement, les travaux pénibles et laborieux ainsi que les difficultés relationnelles gouvernent les hommes. Dominik Brassan, le héros ou plutôt anti héros du film, essaie de s’en sortir tant bien que mal à l’intérieur de cet univers inconfortable, avec ce que l’on pourrait imaginer être un avantage: le pouvoir d’invisibilité. Peu commun me direz-vous, et sûrement amusant ! Il doit en faire, des folies ! En réalité, ce pouvoir, loin d’être super comme dans certains films débiles et horriblement faux, est ici un lourd fardeau pour le personnage, qui ne sait pas vraiment quoi en faire, sinon se faire chier à… ne pas être là. La difficulté à utiliser sa capacité l’entraîne à ne le faire qu’occasionnellement, pour se cacher des autres ou au contraire, les espionner. Mis à part traîner nu (et oui, les vêtements ne se volatilisent pas eux) dans les couloirs de son immeuble, Dominick s’emmerde, et n’arrive pas à trouver un partenaire de vie pour égayer son existence, sinon cette mystérieuse voisine aveugle qui semble l’apercevoir même invisible. Vérité ou mirage ? Le film brouille les pistes, et questionne le spectateur sur la solitude, l’identité, l’amour et la quête de soi. Mieux que de se vanter auprès de tous de ce don extraordinaire, Dominick le garde pour lui et prend le contrepied des fantasmes et délires liés aux pouvoirs magiques, comme ont pu le faire avant lui la série « Misfits » ou le film « Chronicles ». Tout le monde l’est déjà un peu de toute manière, invisible, sur cette Terre. Entre penser l’être et l’être réellement, il n’y a qu’un pas.

  A la fois proche des personnages et très distante d’eux à certains moments, la caméra nous rappelle que nous ne sommes jamais très loin de disparaître nous aussi.Un beau travail sur le son a été effectué pour rendre audible cette atmosphère lourde et obscure. Sa réalisation originale et malicieuse, signée par le duo Patrick-Mario Bernard et Patrick Trividic, fait de « L’angle Mort » un cercle fermé duquel il est difficile de sortir sans avoir l’impression d’être soi-même avalés par l’invisibilité.

Océan par Océan : témoignage d’une transition

Océan que nous avons d’abord connu sous le nom d’Océane-Rose-Marie présentait ce lundi en séance spéciale du festival son film documentaire éponyme. Un film dans lequel il retrace sa transition « f to m », du genre féminin au genre masculin. Tout d’abord de manière terre-à-terre grâce aux rendez-vous médicaux mais aussi avec tout l’affect que cela implique grâce à de nombreuses conversations intimes avec ses proches : amis, soeurs et parents.

Ce film c’est avant tout la volonté d’ouvrir la voie à un cinéma qui parle librement de la communauté LGBTQI+. Il s’est affirmé comme une nécessité pour l’acteur-réalisateur lorsqu’il propose un scénario de comédie sur un transgenre enceint à ses producteurs. Ils le refusent catégoriquement. Un choix que l’on regrette parce qu’on le sait, les comédies sont le meilleur moyen de toucher le grand public. Même si elles ont moins de valeur informatives qu’un documentaire, elles ont plus de chance d’être vues.

Mais un documentaire, c’est une autre façon de s’adresser au public. Océan met de côté sa pudeur et va chercher au plus profond de sa sincérité, ne cache rien: les étapes de sa transition, ses doutes jusqu’à la violence des mots de ses proches. Il ne cache rien non plus de l’agacement face à ses amis qui se trompent sur le pronom à employer, des actes banalisés qui ne sont pas sans conséquences sur les personnes transgenres.

Le film est à la fois une proposition de savoir vivre ensemble et un témoignage pour mieux comprendre ces transitions dont on parle encore trop peu. Le film qui réunit les épisodes déjà disponibles sur France TV Slash sortira en octobre dans les salles de cinéma alors allez-y, nous avons encore beaucoup à apprendre !

Texte: Philippine Berda, Léonard Pottier, Julia Escudero

The dark l'étrange festival

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Les enfants sauvages film 2018

LES GARÇONS SAUVAGES – dans la lignée des films couillus (critique sans spoiler)

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Extrait de Paris est une fête paris est à nous 20192018

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Qu’ont en commun Silly Boy blue et Hervé ? Leur passage au Inouïs du Printemps de Bourges indubitablement, avec une victoire pour la première, un immense talent, un public conquis prêt à les porter vers les sommets et maintenant un showcase sur le magnifique rooftop du Publicis pour le Champs-Elysées Film Festival.

En effet, non content de faire la part belle au cinéma indépendant français et américain, le festival qui prend d’assaut toutes les salles des Champs Elysées s’offre également une très belle programmation musicale à la suite de ses séances puisque musique et cinéma s’accordent à merveille. Les selects showcases profitent d’abord d’un cadre d’exception. Situé en face de l’Arc de Triomphe, le rooftop offre une vue imprenable sur la plus belle avenue du monde. L’occasion de rappeler aux parisiens, mais pas uniquement, que l’avenue, loin d’être seulement un passage obligatoire pour les touristes est également l’une des nombreuses merveilles de la capitale. Pour s’y rendre un personnel accueillant propose d’emprunter un ascenseur qui propulse directement sur le toit de l’établissement. A l’étage, luxe et beauté sont de rigueur. On croise quelques festivaliers munis d’un pass illimité et le fleuron du cinéma comme de la musique. A l’entrée le pop corn salé comme sucré s’invite en met d’honneur et est relevé par les bulles rafraîchissantes d’un bon champagne ou d’une bière artisanale. Les showcases auront lieu toute la semaine. Le mercredi 19 juin c’est pourtant à la belle Silly boy Blue d’ouvrir les festivités.

Silly Boy Blue, douceur envoûtante pour un showcase raffiné

A peine deux heures plus tôt, la pluie s’est invitée sur Paris. Une de ces pluie forte qui trempe le passant jusqu’à l’os. plus de peur que de mal, celle que l’on connait bien trop cette année a accepté de se taire un temps pour laisser sa place à Silly boy Blue. Au milieu des robes de cocktails et autres tenues de soirées, la chanteuse tranche par sa simplicité bienvenue et sa tenue mainstream. En effet, la timide musicienne préfère son jean noir et son tee-shirt du film Roméo + Juliet aux talons hauts. Sur scène, comme toujours, la jeune femme prend possession de son audience. Alors que la douceur s’installe de ce lieu extérieur, les notes travaillées donnent des frissons à l’assistance. Touchante, frêle et pourtant si puissante, Silly Boy Blue n’a pas besoin de s’entourer de musiciens: sa guitare et son synthé la secondent. Profondément fidèle à sa personnalité, elle occupe pleinement la scène sans en avoir conscience. Quels mouvements doit-on faire sur scène? semble-t-elle se demander. Elle y répond par des gestes amples, ceux qui lui viennent naturellement, invite la foule à se rapprocher. Lorsque la pluie revient, personne ne semble s’en préoccuper.

silly boy blue champs elysée film festival

L’excellent « Cecilia » marque les esprit et les notes s’envolent quelque part ver l’Arc de Triomphe. Une voix cristalline, aussi belle que l’avenue qui en est témoin s’élève portée par des mélodies puissantes et savamment écrites. La chanteuse pourra surement, avec le temps, gagner en assurance scénique, battre le traque et devenir ainsi aussi profondément douée sur scène que sur album. A moins que sa touche en plus ne soit justement cette candeur honnête qui se perd souvent trop vite. c’est sur « The fight » qu’elle quitte l’assemblée. Si le public est conquis, la belle pourra se vanter d’avoir en plus su gagner à sa cause le très talentueux Arthur Teboul, de Feu! Chatterton, présent ce soir-là. Suite au showcase, cet artiste complet en profite d’ailleurs pour échanger quelques mots avec le réalisateur de The Montain, diffusé ce soir-là. Et avec l’équipe de Pop&Shot, toujours ravie de discuter avec un musicien si passionnant.

Hervé: et tu danse, danse sur les toits de l’avenue

21 juin, fête de la musique. Le tout Paris découvre, se déhanche et s’émerveille. Le festival fait de même. Cette fois-ci pour accueillir celui qui, on le sait, remplira bien vite les Zénith. Alors, bien avant, qu’il ne devienne inaccessible, on lui vole volontiers ce bref moment de showcase. Il faut dire qu’Hervé profite d’un pédigrée impressionnant: c’est lui qui a ouvert de nombreuses fois pour un certain Eddy De Pretto, lui aussi Inouis en son temps. En solitaire, également, le voilà qui monte sur scène. Comme Silly Boy Blue, il ne renonce pas à sa personnalité. Une tenue simple et un synthé lui suffisent. S’il commence seulement à se hisser vers les sommets, rien dans ses arrangements ne peut trahir ce fait. Celui que l’on compare volontiers à Bashung propose des pas de danses bien à lui et ce, dès les premières secondes.

Hervé printemps de bourges 2019
Hervé au Printemps de Bourges

Penché sur son instrument, il transporte la foule dans son univers à part, dansant, phrasé, puissant, tranchant et si bien écrit. Le rooftop répond bien volontiers à son appel et si ce soir là la chaleur est de mise, ce sont les pas de danse qui font transpirer les convives. « Va Piano » conclut la soirée… à moins que… on lui demande un autre titre « Je voulais faire semblant mais j’ai bien envie de vous faire un autre morceau. » avoue-t-il avant de reprendre son set le temps d’une ultime chanson.  Petit Fantôme profite de cette foule grisée pour installer ses platines.

La soirée se poursuit ainsi à danser sur les toits de Paris et, on le sait, partout dans les rues. Rien n’unit plus que la musique et ça même le cinéma le sait bien.

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Cette année et pour la huitième année consécutive, le Champs Élysées Film Festival reprends ses quartiers et investi celle qui est devenue la photocall le plus convoité de France, celle qui s’offre les plus belles vues d’un bout à l’autre de ses longs couloirs de bus et de ses trottoirs foulés chaises jours par des centaines de privilégiés, j’ai nommé l’Avenue des Champs Elysées.
L’avenue se pare cette année encore des affiches du film à l’effigie d’une Marilyn Monroe devenue au cours des dernières éditions la mascotte du festival. 

Champs-Elysées Film Festival

 

L’occasion de lever un nouveau regard sur notre architecture et c’est peu dire quand on se trouve au sommet du Publicis Cinéma. C’est sur cette terrasse à la vue imprenable sur notre Arc de Triomphe que se tiendront les showcases. Une programmation qui présente cette année encore ceux que l’on considère comme les nouvelles pépites émergentes de cette pop française qui revient en force et qui n’a pas peur : Corine, Adam Naas, Hervé, Irène Drésel, Claire Laffut et Silly Boy Blue dont le nom vous dit forcément quelque chose : c’est notre chouchoute et surtout l’Inouïe du Printemps de Bourges 2019.

Comment assister aux showcases?

En se procurant des pass spéciaux:

  • l’accès aux showcases est réservés au pass illimités ( 49 euros/ 35 euros – de 26 ans)
  • et au pass illimités Week-end ( 39 euros/ 30 euros – de 26 ans)
  • les soirées d’ouverture et de clôture sont elles au tarif de 35 euros ( 20 euros avec le pass ilimité)

Et pour se les acheter c’est ici.

Et le cinéma dans tout ça?

Côté cinéma, le festival frappe un grand coup pour sa séance d’ouverture avec le film Yves qui a fait battre le Festival de Cannes cette année. Et des rétrospectives en l’honneur des invités : Debra Granik, Kyle Maclachlan et Christopher Walken et une rétrospective hommage à Craig Zeller. 

Alors attendez-vous à découvrir des pépites du cinéma indépendant français mais surtout celles du cinéma américain que vous ne verrez sûrement pas ailleurs. 

Le festival se tiendra du 18 au 25 juin 2019, propose des séances à 7€ ou un pass illimité à 49€ pour ne rien manquer des avant-premières, projections des films en compétitions et autres séances spéciales.