Présenté pour la première fois en septembre 2017 au TIFF ( Toronto International Film Festival), Downrange, la dernière réalisation en date de Ryûhei Kitamura ( Versus, Midnight Meat Train, No One Lives) a depuis fait le tour des festivals à travers le monde. Passé notamment par le PIFFF (là ou l’équipe de Pop&Shot l’a découvert en décembre dernier), Downrange avait reçu un accueil plus qu’euphorique, c’est à cette occasion que Pop&Shot a eu l’opportunité d’échanger avec les deux créateurs de Downrange : Joey O’Brian et Ryûhei Kitamura
Questions à Joey O’Bryan, scénariste de Downrange
« Je n’avais aucun doute sur le fait que Downrange serait très graphique mais Ryuhei était toujours prêt à aller encore plus loin que prévu! »
Pop&Shot : Downrange est un film très visuel, quel part a le scénariste, et donc le scénario, dans la représentation graphique de l’oeuvre?
J’aime les films qui sont très visuels avec peu de dialogue, où l’histoire, les personnages et les thèmes s’expriment par des images et des actions. J’ai eu la chance de travailler avec des réalisateurs très visuels, comme Ryuhei. J’écris en donnant beaucoup de détails et en faisant mon possible pour les inspirer.
C’est plus dangereux d’écrire comme ça avec, par exemple, des exécutifs d’une société de production, parce qu’ils sont habitués à ne lire que les dialogues.
Je n’avais aucun doute sur le fait que le film serait très graphique, avec notamment toute cette violence, mais Ryuhei était toujours prêt à aller encore plus loin que prévu!
Quand il m’a décrit comment il envisageait que la caméra puisse traverser une blessure par balle, ma perception a légèrement changé sur la façon dont la violence dans ce film allait se réaliser, et comment le connecter à mon propre imaginaire « gore » – c’était pas difficile, à cause de mon respect pour les films d’ horreur des 70s/80s, particulièrement ceux en provenance d’Italie, mais aussi du cinéma français « extrême ».
Bien sûr, je comprends que ce film ne plaira pas à tout le monde, mais personnellement, je trouve la violence aseptisée dans les PG-13 ( NDLR : équivalent US de l’interdiction aux moins de 12 ans en France) est plus problématique, surtout quand elle fait qu’il n’y a pas vraiment de conséquences pour les protagonistes de l’intrigue.
P&S : Le scénario est le fruit d’une collaboration entre vous et Ryuhei Kitamura, le réalisateur. Qu’est ce que cela fait de travailler avec un réalisateur aussi créatif que lui ?
J’étais un fan des films de Ryuhei avant que nous nous rencontrions, donc parfois c’est encore surréaliste de me dire que nous sommes devenus amis et que nous travaillons ensemble.
En fait, c’était une vieille histoire qui traînait au fond d’un tiroir. Je l’ai mentionné pendant que Ryuhei et moi faisions un brainstorming pendant un déjeuner. Nous évoquons toujours beaucoup d’idées en essayant de concevoir de nouveaux projets, et je pensais que la conversation allait continuer. Cependant, à ma grande surprise, il a vraiment aimé le concept, et nous avons commencé à le développer à ce moment-là.
Au moment où nous avons quitté le restaurant, nous avions beaucoup de choses à faire. J’ai écrit un premier jet d’une vingtaine de pages en utilisant tout ce dont nous avions discuté. Ryuhei m’a transmis des annotations, j’ai corrigé, et il a commencé à chercher un producteur.
Cela s’est avéré être Taro Maki, qui a produit des films fantastiques pour Satoshi Kon, Sogo Ishii, SABU et Sunao Katabuchi. Je me préparais à changer pour changer la fin, mais il nous a donné plus de libertés que je n’aurais pu l’imaginer. Ainsi, Ryuhei a non seulement sorti le projet du placard, mais il a fait venir ce partenaire incroyable qui l’a soutenu dans toute sa folie.
Avec Maki à bord, j’ai commencé à écrire le script, et j’envoyais à Ryuhei une dizaine de pages à la fois, afin que je puisse obtenir ses commentaires, ses préférences et ses suggestions en même temps que j’écrivais. Au moment où nous avons eu un brouillon fini, il était déjà fait sur mesure pour lui, au lieu d’avoir à faire des allers-retours avec des brouillons complets.
J’ai continué à faire des ajustements avant et pendant le tournage, en nous ajustant aux réalités budgétaires, au lieu du tournage et au calendrier. Alors que les acteurs avaient la possibilité d’improviser, la structure du récit et les décors restaient les mêmes.
P&S : D’où vient l’idée de ce huis clos à ciel ouvert?
Il s’est développé naturellement lors des échanges entre Ryuhei et moi.
Quand j’ai lancé l’idée, j’avais les trente premières minutes, mais seulement des notions de ce qui allait suivre. Nous avons débattus de ce qui pourrait arriver ensuite, et Ryuhei a dit soudainement: « Et s’ils étaient piégés derrière le véhicule pour le film entier? » Et j’ai adoré ! L’idée était d’accord avec mes sensibilités.
P&S : Quels sont vos prochains projets ?
J’ai été dans un petit groupe de scénaristes qui a travaillé sur Triple Threat, dirigé par Jesse V. Johnson et avec des acteurs d’action incroyables comme Tony Jaa, Iko Uwais, Tiger Chen, Scott Adkins, Michael Jai White et JeeJa Yayin. Il devrait être sur les écrans plus tard cette année. Je suis impatient de voir comment ça va se passer.
En ce moment, je suis en train de peaufiner une aventure fantastique familial pour un grand producteur chinois , mais je ne devrais probablement pas en dire plus.
Je suis également en train de développer un thriller d’action avec mon réalisateur de Motorway, Soi Cheang, ainsi que plusieurs projets avec Ryuhei.
P&S : Pouvez vous nous dire quelques mots à propos de votre prochain projet commun avec Ryûhei Kitamura, Means to an end?
Bien sûr. C’est un thriller policier avec une pointe d’absurde, à propos de deux étrangers, malchanceux de différentes manières, qui sont contraints à un partenariat difficile quand, par hasard, ils se retrouvent à voler au même endroit au même moment.
Questions à Ryûhei Kitamura, réalisateur de Downrange
« Mettre en scène est difficile, peu importe le genre. »
Pop & Shot : La conclusion – particulièrement géniale – de Downrange est aussi fun qu’innattendue. Avec les événements récents survenus en Floride, à votre avis, est-il juste de pouvoir la voir comme une critique de la détention des armes à feu, et qu’au final – bon ou méchant- elles ne vous protègent pas et ne font que tuer ?
C’est une interprétation très intéressante, mais je préfère ne pas faire de commentaire et laisser le public se faire sa propre opinion.
P&S : Est ce compliqué pour vous de promouvoir un film comme Downrange ? Quelles sont les réactions du public dans les différents pays?
Je ne pense pas. Les réactions du public sont fantastiques à travers le monde entier.
Mon pays d’origine, le Japon, ne fait plus beaucoup de films de ce genre, comme ils le faisaient dans les années 70 ou 80, mais la réaction du public japonais est très bonne jusqu’à présent et beaucoup de gens me disent que c’est leur film favori de Ryuhei Kitamura depuis Versus.
P&S : Est ce plus compliqué de faire un film d’horreur, en terme de production, d’exportation ou bien encore de promotion, par rapport à d’autres genres de films?
Faire des films est compliqué, peu importe le genre.
P&S : Lors du PIFFF, vous mentionniez Downrange comme une récréation entre deux plus gros projets, quelle différence faites vous entre un petit projet à la Downrange et un projet plus conséquent comme votre Godzilla, par exemple ?
Mettre en scène est difficile, peu importe le genre.
La taille et le lieu de tournage n’ont pas d’importance.
La réalisation de Downrange n’a pas été facile du tout, mais c’était un projet de passion et je savais que je devais le faire correctement. J’espère que je l’ai fait.
P&S : Vous parliez, toujours lors de votre présentation au PIFFF, d’un attachement à la ville de Paris.Envisagez vous un jour un projet s’y situant?
J’adorerais. Les fans français ont toujours eu de super réactions par rapport à mes films. Le Festival de Gérardmer a littéralement fait décoller ma carrière avec la première mondiale de Versus. Je me suis aussi beaucoup amusé lors de la première de Godzilla: Final Wars à Paris. Je crois que je fais toujours partie de l’anthologie d’horreur Fear Paris / Paris, I’ll Kill You, mais, c’est l’industrie du cinéma, et on ne sait jamais vraiment quand un projet va se faire.
P&S : Pouvez vous nous dire quelques mots sur vos futurs projets : Means to an end, votre nouvelle collaboration avec Joey O’Bryan ?
Means to an End est le premier script de Joey que j’ai lu et je l’ai toujours aimé. C’est très différent de Downrange, et c’est différent de mes films précédents. Je ne suis pas intéressé à l’idée de me répéter et j’essaie toujours de me mettre au défi. C’est un scénario incroyable, imprévisible, plein de suspense, d’action et d’émotion. Joey est mon partenaire créatif le plus fort et mon frère et nous travaillons sur des tonnes de projets plus étonnants les uns que les autres qui vont avoir lieu dans les cinq prochaines années, et j’espère que Means to a End sera le premier d’une longue série.
P&S : Doorman avec Jean Reno et Katie Holmes ? Et l’anthologie horrifique à laquelle participeront aussi David Slade, Joe Dante ou bien encore Mick Garris ?
Désolé, je ne peux pas parler beaucoup de ces projets pour le moment. Je travaille sur tellement de projets passionnants. Je peux juste vous dire que je vais retourner en France pour projeter mon nouveau film. Mes chers fans français, merci beaucoup pour votre grand soutien depuis le début!
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