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Album après album #4. Quoi de mieux en cette période si particulière que de dédier son temps libre à la découverte ? Certainement l’une des choses les plus stimulantes de notre existence. Chercher… Découvrir… Ne pas s’accommoder à quelconque confort, mais toujours se trouver dans un état d’esprit d’ouverture au monde, d’élargissement culturel, afin de faire jaillir un sentiment de satisfaction donnant l’impression de nous construire en même temps que notre cercle s’élargit. Voilà ce dont nous avons tous besoin, même sans nous en rendre forcément compte. Et quel moment plus adapté que celui que nous vivons en ce moment, confinés, à l’heure où absolument tout est disponible en ligne depuis chez soi !

Pour le quatrième volet de notre série consacrée à la (re)découverte d’albums géniaux, entre évidence et confidentialité, nous avons choisi de mettre le rap à l’honneur, avec un album légendaire ayant propulsé le genre au sommet de la gloire. Dans un autre registre, le second album dont nous allons vous parler n’en est pas moins excellent, une œuvre concise et éclatante, sorte d’apogée du genre dans lequel elle s’inscrit.

 

Album n°1 : FEAR OF THE BLACK PLANET (PUBLIC ENEMY)

Plus porté vers l’évidence que la confidentialité, connaissez-vous réellement le chef-d’œuvre ultime de Public Enemy, le groupe de hip-hop le plus influent des années 90 ? Ravageur et engagé, Fear of the Black Planet, littéralement « Peur de la planète noire », est un monument du rap, ayant contribué à la reconnaissance de ce dernier en tant que genre légitime et digne d’intérêt. Ils n’étaient pas les seuls à l’époque, épaulé par le brillant duo EPMD ou encore le groupe NWA, mais Public Enemy avait la qualité d’être les plus incisifs dans le domaine, et probablement aussi les plus doués. Fear of the Black Planet intervient en 1990 suite à deux albums à l’écho déjà important. Mais le groupe tient ici ce qui sera leur œuvre la plus écoutée, reconnue, adoubée…

L’album réunit toute la hargne artistique et politique du groupe à travers 20 morceaux survitaminés, dont certains deviendront rapidement cultes (« Power to the People », « Fight the Power », « Fear of the Black Planet »…), hymnes à la population afro-américaine et armes aiguisées contre le racisme institutionnel et la suprématie blanche. C’est un album profond et complexe, en faveur de l’ « empowerment » de la communauté noire, c’est-à-dire l’obtention de pouvoirs plus conséquents afin de peser et d’agir sur les conditions sociales, politiques, économiques du pays. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le film de Spike Lee, Do the right thing , bijou cinématographique sur l’affirmation de la culture noire américaine réalisé en 1989, s’ouvre sur la chanson « Fight the Power », dans une scène de danse devenue culte tant elle transpire la rage et la révolte, sentiments que le corps de la danseuse s’acharne à faire vivre.

Public Enemy va ainsi droit au but en devenant de fidèles représentants de la culture noire américaine : Fear of the black planet n’admet aucune respiration, aucune sortie de route, c’est un rouleau compresseur à l’armature blindée. Parsemé de samples que le groupe parvient à s’approprier subtilement et intelligemment, action vertueuse plus répandue à l’époque, preuve d’une immense culture musicale, l’album fait de cette manière intervenir les artistes qui les ont influencés et qu’ils admirent, tous issus de la culture noire, principalement américaine : Georges Clinton, James Brown, Sky and the famly stone, Lyn Collins…

L’illustration de sa pochette, culte, annonce déjà le meilleur : une planète noire sous la forme d’un viseur de sniper s’approche dangereusement de la Terre, bien prête à faire valoir sa légitime présence, peut-être non sans violence mais avec une conviction certaine, conviction appuyée par un passé douloureux et une condition présente encore bien trop injuste et inégalitaire. Dessous cette illustration trône le titre de l’album, à la manière d’un générique de Star Wars, à la seule différence que la guerre est ici bien réelle. Un combat hargneux en faveur d’une reconnaissance, d’une considération, poussé par un légitime désir d’affirmation . Le hip-hop serait-il enfin l’émancipateur ultime de la culture noire américaine pour l’époque, et Fear of the Black Planet, son arme la plus aiguisée ? Force est de reconnaitre l’impact de Public Enemy dans cette lutte plus que primordiale, laquelle a aujourd’hui fait ses preuves en faisant du rap la musique la plus écoutée, même si le racisme institutionnel n’en a pas fini d’exister.

 

N°2 : HELLO! (STATUS QUO)

Le deuxième album de cette semaine, dans un tout autre registre que le premier, et sorti presque 20 ans plus tôt, est un classique absolu du rock, et surement l’une des œuvres les plus emblématiques de ce nous appellerons ici le rock jouissif. Qu’est-ce que le rock jouissif ? C’est un rock concis et spectaculaire, d’une évidence immédiate, simple et pourtant terriblement efficace, qui, dès lors que vous l’entendez, anime votre corps entier de mouvements incontrôlables, comme si vous étiez en train de fusionner avec la musique. Status Quo produit ce type de musique, ACDC également dans un autre genre. L’émotion qu’elle procure est proche de la frénésie. Les morceaux sont faits pour. Appelé boogie rock dans le cas de Status Quo, cette musique éveille en nous une chaleur, une jubilation, une danse effrénée, une sorte de jouissance en symbiose avec le corps et l’esprit. Rien ne semble plus immédiat.

L’album Hello!, qui intervient au début de leur carrière, après un Piledriver l’année précédente posant les bases de ce que sera leur identité, est généralement celui que l’on désigne comme leur projet le plus abouti et exemplaire dans le genre (même si Quo, leur album suivant, sera tout aussi incroyable). Hello! fait éclat des meilleurs riffs et solos qu’un groupe de boogie rock puisse offrir. Ça ne s’arrête jamais, ça groove de partout, c’est rentre-dedans, répétitif et pourtant pas une seule seconde ennuyant. C’est une œuvre exemplaire du genre, comme un modèle indépassable dont tout le monde se servirait pour comprendre comment construire des morceaux efficaces, comment faire monter l’intensité, comment user de la répétition intelligemment, quand faire intervenir les solos, à quel moment baisser la pression pour mieux la faire remonter, quand modifier légèrement la mélodie en l’alourdissant ou au contraire en l’allégeant…

« Roll Over Down », « Reason for Living », « Caroline » nous prennent aux tripes, nous rendent maboules, nous font découvrir le monde de l’orgasme imminent. C’est une réelle démonstration de force très impressionnante. Sans oublier la clôture magistrale, « Forty Five Hundred Times », qui ne s’éloigne pas de la droiture et du conformisme de l’ensemble malgré son temps record (pour une chanson de Status Quo), dix minutes, pendant lesquelles rien n’est laissé au hasard. C’est toujours aussi carré, et ici encore plus impressionnant au vu de la construction du morceau qui s’étend sans plus finir dans une coordination des plus maitrisées. Tout arrive au moment adéquat, débutant tranquillement pour finir dans une orgie musicale inatteignable. Ainsi, le groupe concise la longueur, joue avec le temps, et excelle aussi bien dans les formats courts que dans les formats longs. Finalement, leur musique est une déclaration d’amour au rock, brute et saillante, qui laissera une trace indélébile dans le monde de la guitare.

A la semaine prochaine pour une nouvelle sélection d’albums !

By Léonard Pottier

crédit photo : Arnaud Ben Johnson Moser

Bête de live, le quatuor Caesaria a décidé de créer le club rock.  Le principe ?  Allier les sonorités rock à la sauce british qui les fascine à des riffs électros pointus. Le rendu puissant, dansant et brut de décoffrage est un plaisir pour les oreilles. Le groupe prouve ses qualités sur son troisième EP « Connection Loss » produit par le londonien Brett Shaw ( Foals). L’occasion pour nous de poser quelques questions à Théo Chaumard, le chanteur de la formation, malgré le confinement. On parle des répercussions de la crise actuelle sur les musiciens indépendants, mais aussi de l’industrie musicale actuelle, du streaming, de ce nouvel EP et de concerts. Rencontre.

Comment se passe votre confinement ?

Théo Chaumard / Caesaria : On fait avec, pas forcément le choix. Et le tien ?

En tant que groupe, quelles sont les conséquences concrètes de l’actualité sur votre formation ?

Disons qu’elles sont multiples. D’un côté, toute notre tournée est annulée et c’est hyper dur de se dire qu’on ne prendra pas la route, et de l’autre, ça nous donne du temps pour composer, penser à l’avenir donc ce n’est pas plus mal. Ça nous recentre un peu, quand parfois, tout s’enchaîne vite.

Sur Facebook, vous parlez de revenir à « l’essentiel » avec votre nouveau clip « Sometimes I Wanna Fight » ,  décrit-il l’essence même de CAESARIA ?

Oui, je pense. Il est exactement ce qu’on est : une bande de quatre amis d’enfance n’ayant aucun secret entre eux, vivant pour la scène et pour ressentir les vibrations qu’apporte un concert.

« Revenir à l’essentiel », c’est quelque chose qu’on entend tout le temps en ce moment. Il semble impensable que cette notion soit la même pour tous. De quoi CAESARIA a-t-il essentiellement besoin ?

Disons que ça rejoint la réponse d’avant. L’essentiel pour nous, et ce confinement nous le renvoie en plein visage, c’est faire de la musique ensemble pour la défendre sur scène et pour la vivre avec des gens. Aujourd’hui, on peut faire de la musique à distance : mais on n’est pas ensemble et assez loin de la partager sur scène.

Dans ce clip, vous vous rebellez contre une industrie musicale en plein renouveau. Comment décririez-vous ce renouveau ? Comment se vit la vie de jeune artiste et les nombreuses casquettes professionnelles que sont amenés à prendre les membres des groupes ?

L’idée du clip ce n’est pas forcément la rébellion contre l’industrie, puisque mine de rien, on en fait partie. C’est juste de se dire que mieux vaut être seuls que mal accompagnés. Aujourd’hui, effectivement, nous sommes tous moteurs pour faire avancer le projet sur un grand nombre de sujets et on a des personnes formidables autour de nous (et je les remercie tous d’être là, à nos côtés tous les jours, ils se reconnaîtront). Mais l’idée, c’est plus de se dire : si tu te joins à nous, c’est avec plaisir qu’on t’accueille, si tu ne veux pas : ce n’est pas grave, nous on avance et on n’en absolument rien à foutre. C’est l’idée du clip. Et ces multi-casquettes, nous ça ne nous dérange pas, loin de là, on a une assise et une vision pour notre projet, nos choix sont les choix qui dictent le chemin du groupe. Que demander de plus ?

Ce qui nous manque c’est le challenge et l’adrénaline d’arriver sur une scène et devoir la retourner et choper les spectateurs.

Dans votre biographie mais aussi dans la vidéo, il est clairement dit que vous êtes un groupe de scène, quel aspect de la scène vous manque le plus ? Quel est votre meilleur souvenir en tournée ?

Le contact avec le public. Le challenge et l’adrénaline d’arriver sur une scène et devoir la retourner et choper les spectateurs. Tout ça nous manque. Le meilleur souvenir ? C’est dur. Disons le sold-out de la Poudrière de Belfort à la maison, pour la release de notre ancien EP. Ça faisait hyper longtemps qu’on n’avait pas joué à Belfort chez nous, on produisait en partie la date, la salle était blindée, c’était une pure soirée.

Votre nouvel EP « Connection Loss » est décrit comme un club-rock. Ce club-rock, comment le définiriez-vous ?

Le club-rock, c’est l’énergie et la musique du rock mélangé aux codes et boucles de l’électro.

Vous avez déjà deux EPs à votre actif. Comment avez-vous évolué entre chaque EP ?

Chaque EP est un itinéraire vers le son « club-rock » dont on parle. Ce sont tous des échantillons de ce son. Selon nous, avec « Connection Loss », on n’a jamais été aussi dans le vrai ! En tout cas, ce qu’il y a sur ce disque, c’est ce qu’on avait dans la tête.

Caesaria
crédit Arnaud ben Johnson Moser
J’ai récemment eu la chance d’interviewer Steve Hewitt (ex-Placebo / fondateur de Love Amongst Ruin) qui parlait de nouvelles façons de consommer de la musique. Pour lui, dans le contexte actuel, il est plus simple de sortir ses morceaux un à un plutôt qu’un album entier, souvent peu écouté et qui ne fait pas assez place aux titres qui le composent. Pensez-vous que le public soit encore, malgré le streaming, à l’écoute des albums ? Artistiquement la création d’un EP est-elle encore un enjeu majeur pour un groupe selon toi ?

Je dois dire que je rejoins Sir Hewitt. Je pense qu’il y a encore un intérêt de sortir un album quand on a une assise et des personnes fortement engagées. Autrement, je pense que la consommation de musique est plus tournée autour du one shot qu’autre chose. Sur les plateformes, les gens peuvent avoir Mozart derrière un titre des Clash, derrière Polnareff qui lui même était précédé d’Aya Nakamura. C’est la réalité. Les Foals en parlent dans leur documentaire et c’est hyper intéressant. Ils parlent que parfois la prod d’un album prend deux ans et qu’au moment de le sortir, c’est deux ans qui se sont passés et que tout ce travail, cet effort et l’argent mis sont évaporés quasi en quelques semaines car les gens zappent. Un EP a encore de l’intérêt puisque moins lourd à produire et qu’on peut le distiller. Nous, on a fait
ça avec une sortie unique en physique et des titres sortis en numérique un par un.

je pense que la consommation de musique est plus tournée autour du one shot qu’autre chose.

Pour cet EP, vous vous êtes entourés de Brett Shaw et Christophe Pulon. Qu’ont-ils apporté à votre musique ?

Brett a rajouté sa couleur typée hyper 90s qu’on adorait dans les prods des Foals. Et Chris qui est un ami, nous a aiguillé sur le choix des titres et a mis sa patte sur les titres « Beast » et « Bright ». Il y a une véritable touche british dans votre musique. D’où vient votre intérêt pour cette scène ? On a tout simplement grandi avec cette scène et on l’écoute encore. Disons qu’elle fait partie de notre patrimoine génétique.

À ton avis, à quoi ressemblera l’industrie de la musique au jour d’après le confinement et vers quoi faudra-t-il aller ?

Si j’avais la réponse je serai déjà en train de bosser dessus. Après, je pense que beaucoup de prods et d’artistes vont souffrir des reports live et que les places pour jouer en concert vont être très chères car il y aura du monde à la porte… Je pense qu’on va voir du streaming encore et encore même après le déconfinement.

 

Caesaria – Sometimes I wanna Fight

 

Steve Hewitt, vous l’avez découvert lorsqu’il était le batteur de Placebo. Depuis, le musicien a pris de l’assurance et a monté en 2010 l’énorme groupe de rock Love Amongst Ruin en s’entourant notamment de Perry Bamonte qui jouait avec The Cure. Devenu chanteur et guitariste, Steve Hewitt excelle et produit un nouveau son résolument rock, transformant la colère en énergie pure. En 2020, le groupe revient avec un troisième album « Detonation Days ». Ce dernier profitera d’un format particulier puisque les morceaux seront dévoilés un par un avant de devenir un opus entier. Rencontre avec un grand nom de la musique qui nous parle de ce nouvel album mais aussi du renouveau de l’industrie musicale, du streaming, des réseaux sociaux, du Brexit et du monde actuel.

(Ndlr : Cette interview a été réalisée avant la crise sanitaire du Coronavirus et le confinement )

 

De nouveaux morceaux arrivent pour Love Amongst Ruin qui sont teasés par un premier titre Seventh Son, que peux-tu nous dire à ce sujet ?

Seventh Son sera le premier morceau à sortir pour présenter le troisième album de Love Amongst Ruin. C’est différent de l’album Lose Your Way parce que c’est beaucoup plus contemporain, c’est une tentative de mettre en avant la musique rock. La manière dont j’ai crée cet album est très différente de mes habitudes. Plutôt que d’écrire de nouveaux morceaux, il s’est agit d’apprécier de nouveaux sons et de nouvelles textures qui ont inspirés les titres. Seventh Son vient de quelque chose d’ancien qui parait pertinent aujourd’hui. C’est un lieu parfois obscure mais aussi un endroit où les gens peuvent se cacher lorsqu’ils veulent se rendre invisibles dans leurs vies et pour le reste du Monde et ce lieu existe.

Pour toi le 7 être symbole de chance comme de malchance, pourquoi avoir choisit ce chiffre ?

A notre époque, le numéro 7 est un chiffre chance qui apporte la fortune et le succès. Mais à l’époque médiévale c’était un chiffre sombre et démoniaque. si tu étais le 7ème fils alors tu étais un paria et damné. Je trouvais intéressant de souligner à quel point la société humaine pouvait changer à travers les siècles.

Tu veux sortir un nouveau titre chaque mois, as-tu déjà écrit tous les morceaux ? Quand et comment sauras-tu que tu as un album entier ?

 L’industrie musicale est en train de changer et j’essaie de m’y adapter. Le changement se situe dans la manière dont la musique est distribuée et écoutée. Je ne pense pas que les gens écoutent encore des albums, parce que trop de morceaux sortent tous les jours et qu’il est impossible pour qui que se soit de rester informé de tout ce qui se passe. Je pense que plutôt que de sortir une chanson pour un album qui disparaitra dans l’obscurité, il vaut mieux faire en sorte que chaque titre soit sa propre entité. Mais j’ai assez de morceaux pour sortir un album, pas d’inquiétudes à ce sujet.

Je prie Dieu que les gens veuillent toujours écouter des albums entiers

Pourquoi l’avoir intitulé « Detonation Days » ?

Et bien, Denotation Days est un titre qui m’inspire bien puisqu’il me permet d’écrire sur ce qui se passe dans le monde en ce moment. Et ce que c’est de vivre dans ce Monde. Et j’ai bien peur que ça ne s’empire avant de pouvoir s’améliorer.

 

Pourquoi évoquer une trilogie quand tu parle de cet opus ?

 Je parle de trilogie puisque s’agira du troisième album de Love Amongst Ruins, rien de plus. Il pourrait être le dernier ou pas, qui sait…

Tu parles beaucoup d’avoir une approche moderne de la consommation de la musique, de streaming notamment. Penses-tu qu’aujourd’hui la création d’un album soit toujours pertinente ? Quelles différences vois-tu entre notre époque et tes débuts dans la musique ?

Je crois que le vinyle est un véritable levier et que si l’album est bon alors il restera toujours une oeuvre d’art. Je prie Dieu que les gens veuillent toujours écouter des albums entiers. La différence c’est que quand j’ai commencé on découvrait la chanson à la radio ou la télé et puis on allait chez le disquaire acheter l’album et ça représentait beaucoup plus alors que maintenant c’est plus simple. Tu écoute un titre et puis tu as juste à cliquer. J’imagine que le processus émotionnel pour trouver une chanson s’est un peu perdu.

Tu expliquais récemment que pour toi il est de plus en plus difficile de catégoriser les genres musicaux. Penses-tu que tout ce qui était faisable dans la musique rock classique est maintenant fait et qu’afin de créer de la nouveauté , il faut mélanger les styles musicaux ?

 Je pense qu’on a vraiment atteint un point où tout ce qui pouvait se faire dans la musique a été fait et ça devient plus difficile d’être original. Ceci dit le mélange des soit-disant genres permet de créer de la nouveauté. Ca date depuis un bon moment maintenant, depuis les début du hip hop. La même chose se produit dans le rock. Il n’y a qu’un certain nombre de notes que tu peux jouer et un certain nombre de façon d’incorporer et de les mélanger les genres pour déguiser ce que tu joues. Mais aujourd’hui les genres n’existent plus, il n’y a plus qu’une grande zone grise dans laquelle tout se confond et se mélange. Tout ce qu’on écoute aujourd’hui utilise des éléments passés qui ont fonctionné.

On a juste besoin d’un nouvel act rock, que la nouvelle génération sorte les guitares et la batterie et joue du rock.

En France c’est le hip hop qui est en tête des charts, une idée de comment le rock pourrait lui voler la vedette ?

Haha, impossible pour moi de répondre, si je le savais, j’ouvrirai un énorme label en France. Je ne pense pas que le rock ait déjà été leader du marché en France, c’est culturel. Les USA et la Grande-Bretagne se sont toujours définis par le rock classique, là où la France est plutôt dans l’âge moderne porté par des crooners traditionnels et des chanteurs du hit parade, il y a également une grande scène électro très forte de nos jours. On a juste besoin d’un nouvel acte rock, que la nouvelle génération sorte les guitares et la batterie et joue du rock.

 

 

Le premier album de Love Amongst Ruin parlait de souffrance et de colère.  Le second, plus abouti, avait plus de confiance en lui. A quoi peut-on s’attendre pour ce troisième act ?

Ce troisième album est en train de prendre forme mais c’est aussi le moment d’observer le monde et ce qu’il s’y passe. Je ne veux pas faire de la politique pour autant, il s’agit plus de parler d’où j’en suis dans ma vie en ce moment.

Love Amongst Ruin est un nom de groupe très fort, dans quel état d’esprit étais-tu lors de sa création ? Te sens-tu maintenant plus à l’aise derrière un micro et une guitare que derrière une batterie ?

J’ai crée ce groupe par nécessité d’exprimer mes idées. Je n’aurai jamais pensé de la vie devenir un chanteur. J’ai toujours écrit et composé donc c’était assez naturel pour moi. Mais m’habituer à chanter dans un groupe ça a été beaucoup de travail ne serait-ce que pour me convaincre que j’en étais capable. Je suis maintenant plus à l’aise avec le fait de chanter et de jouer de la guitare mais je serai toujours heureux de jouer de la batterie. 

Les musiciens se succèdent à tes côtés sur ce projet. Est-ce facile de garder une identité de groupe malgré ça ? 

Love Amongst Ruin  c’est essentiellement moi., peu importe qui joue avec moi même si quelques musiciens jouent régulièrement à mes côtés aujourd’hui. J’ai travaillé avec Donald Ross Skinner sur tous les albums, on écrit ensemble, on joue ensemble sur les enregistrements donc ça ne change qu’en live quand des musiciens nous rejoignent. Ce qui peut vraiment changer les choses se sont les producteurs qui décident de nous co-produirent.  C’est toujours bon d’avoir un troisième ou un quatrième avis. C’est facile de retenir l’identité d’un groupe puisque ce sera le même frontman, ça ne changera pas et ce quelque soit le groupe.

 

 

Que peux-tu nous dire de « Dream », le prochain extrait à sortir ?

Dream devrait être le second titre à être dévoilé même si pour l’instant ce n’est pas figé. Cette chanson parle d’un artiste qui a atteint un point dans sa vie où il se demande si ce qu’il fait est bon et souffre d’un manque de directives. C’est globalement un manque d’estime de soit lié à la crise de la quarantaine. Il passe alors ses journées à avoir trop peur de faire quelque chose à ce sujet. 

Quand les gens vont en concert pour regarder leurs écrans de portables, là je me demande ce que c’est que cette merde ??!!

Comme beaucoup de musiciens tu utilises énormément les réseaux sociaux. Penses-tu qu’ils sont de bons outils pour le développement des artistes ? 

Les technologies modernes sont une bonne chose, il n’y a rien de mauvais dans le progrès et ça aide les musiciens à diffuser leur musique.  Ce que signifie être un musicien a entièrement changé de nos jours et ça n’est pas un problème. Mais quand les gens vont en concert pour regarder leurs écrans de portables, là je me demande ce que c’est que cette merde ???!! Ils passent à côté de l’intérêt du concert. Mais au final les réseaux sociaux restent une bonne chose pour les musiciens.

Le Brexit est passé et les artistes anglais devront maintenant repasser par la case visa pour leurs tournées européennes.  Comment vis-tu cette actualité en tant que musicien ?

Pour moi, le Brexit a été une perte de temps totale. j’ai voté pour rester dans l’Europe donc maintenant je dois faire avec la décision de quelqu’un d’autre. C’est une véritable emmerde et un bouleversement au-delà de l’imaginable. Je ne veux pas plus en parler puisque c’est une véritable connerie. 

je pense que le rock peut être la réponse aux problèmes de ce monde. 

Alors que ce monde tend à se renfermer sur lui-même, que les extrêmes montent, que les fake news circulent, penses-tu que la musique, ce language universel peut être une réponse. Le rock et sa révolution ressemblent-ils à une solution ?

Je ne suis pas certain que le monde soit devenu plus disparate  que jamais, tout le monde a son opinion, même les politiques n’arrivent pas à se mettre d’accord dans leurs partis respectifs. C’est à cause de tout ça que la musique a de plus en plus de mal à unir les gens.  C’est pourtant elle qui a toujours eu le pouvoir de les bouger et de leur faire ressentir quelque chose et je pense, mais je ne suis pas sûr que le rock puisse être la réponse aux problèmes de ce monde. 

 

Après avoir tourné avec Placebo, tu tournes avec LYS et Love Amongst Ruin, qu’est-ce qui a changé sur scène pour toi ?

La grande différence lorsque l’on vient me voir sur scène maintenant est que je joue avec plus de monde, c’est important d’essayer de nouvelles choses et d’agrandir son expérience en tant que musicien. C’est important de rester pertinent dans la musique et d’embrasser le futur, c’est même vital. Il faut continuer d’aimer ce qu’on fait et d’aimer se renouveler, c’est ce que je fais depuis 30 ans et je vais continuer à le faire. J’aime rencontrer de nouvelles personnes dans la musique qui viennent de différents styles. C’est fabuleux.

On peut s’attendre à une tournée française ?

J’espère pouvoir tourner en novembre avec le groupe donc continuez à nous suivre.

 

CAESARIA

Fan des grosses guitares et de rythmiques rock énergiques et déchaînées ?  CAESARIA est fait pour toi ! En effet les musiciens reviennent dans les bacs avec un troisième EP au mois de mars 2020 produit par Brett Shaw qui a notamment travaillé avec Foal et Mark Ronson ( rien que ça ). Voilà qui donne le ton. Au programme selon les principaux intéressés, deux mots d’ordre club et rock. Et pourquoi pas ? L’amour pour une scène britannique pêchue qui n’hésite pas à transcender les courants du rock pour les mélanger se fait sentir et ce dès le premier extrait de ce nouvel EP.

Intitulé « I Become a Beast », ce nouveau titre est, selon le groupe, un manifeste pour l’affranchissement, contre la soumission. Et voilà qui s’entend dans les notes tantôt acides, tantôt explosives de ce titre jusqu’au-boutiste. Obsédant et hypnotisant, porté par une ligne rythmique entêtante et calibrée, il s’immisce immédiatement en tête, évoque la liberté, l’envie de fuir les conventions, de pogoter, d’abandonner les apparences pour se laisser subjuguer. Un rock puissant qui manque au paysage musical actuel et aurait pu (dû ?) figurer sur la bande originale du Joker avec Joaquim Phoenix tant ses notes appellent à l’engrenage dans la folie.  On en sort grisé et si l’EP est fait du même bois il sera bien long d’attendre jusqu’à mars pour l’écouter dans son intégralité.

D’ici là il est possible de patienter en regardant en boucle le clip qui l’accompagne, ode survoltée à la folie sur fond noir. Une vidéo puissante à regarder sans plus attendre.

 

Premières annonces de dates – à vos agendas

 

Jeudi 9 avril au 1988 Live Club (Rennes)
Lundi 30 avril au Ferrailleur (Nantes)
… more to come …

 

 

Découvrez le clip d’ « I Become a Beast »