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TIME CUT FILMTime Cut, c’est la sortie de cet automne 2024 sur Netflix ! En lien avec Halloween, le film d’Hannah Macpherson promet un mélange des genres et surtout grâce au voyage dans le temps de se (re)plonger dans une version sucrée de l’année 2003. Un bonbon acidulé prometteur qui joue sur les pas de « Totally Killer » (lui avec à son affiche Kiernan Shipka) dispo sur Amazon. Ce dernier propulsait une adolescente dans les années 80 pour arrêter un tueur masqué. Notre nouveau film propose l’exact même concept mais en remettant au goût du jour une toute autre époque. Et bien que le film soit assez décevant (on va détailler le pourquoi), il permet de s’offrir une bonne dose de nostalgie. Ou pas tant que ça, pour les personnes qui étaient elles-même adolescentes en 2003, comme moi.  On en parle !

Time Cut de quoi ça parle ?

Sans le vouloir, une ado de 2024 remonte le temps jusqu’en 2003, quelques jours avant le meurtre de sa sœur par un tueur masqué. Peut-elle changer le passé sans détruire l’avenir?

TIME CUT Bande Annonce VF (2024) Madison Bailey

Time Cut est-ce que c’est bien ?

Petite production adolescente sur Netflix qui se veut super légère, Time Cut ne promet pas de grandes attentes si ce n’est de passer un agréable moment sans se prendre la tête. Un film de SF plus proche de teen movie en somme qui flirte avec l’horreur du slasher en proposant de mettre à son affiche un tueur masqué mystère. Voilà ce qu’on espère en cliquant sur lecture sur la célèbre plateforme de streaming. Il porte en plus en son affiche deux des starlettes du moment : Antonia Gentry (Ginny & Georgia aussi sur Netflix) et Madison Bailey ( Outer Banks toujours sur la plateforme).

TIME CUT NETFLIXDans les faits, le film souffre d’énormément de lacunes. Difficile de dire si l’écriture de scénaristes paresseux préférant le chemin de la facilité lui a fait du tord. Ou si tout simplement beaucoup de scènes ont été coupées au montage rendant le tout incohérent. Qu’on soit claires sur le sujet, l’absence de cohérence tient au fait que les réactions des personnages eu égard à leur situation n’a absolument aucune logique. Admettons que Lucy (Madison Bailey ), la jeune soeur conçue comme un bébé de remplacement à Summer (Antonia Gentry) décédée 20 ans plus tôt, ne se choque pas d’avoir voyagé dans le temps. Allez, on n’est pas là pour développer ça. Admettons encore que Quinn (Griffin Gluck), l’acolyte décide de croire l’histoire du voyage dans le temps sans émettre la moindre surprise. Mais que tout ce petit monde s’attache les uns aux autres en un quart de seconde, décide de changer le court de l’histoire avec une énorme facilité, prenne des décisions majeures sans jamais vraiment les expliquer ne donne aucune âme au récit.  A tel point que les personnages sont souvent forcés d’expliciter avec lourdeur leurs motivations en deux phrases et en répondant aux questions des autres. Et par autres, il faut comprendre que tout tourne autour d’un même trio. La réalisation ne prend aucune direction particulière et très vite le tout devient surtout lourd. Difficile de s’interroger sur qui est derrière le masque du tueur quand on ne prend pas, par exemple, le temps de ne présenter un florilège de personnages. Les lignes se dessinent donc très rapidement. Pour autant, on serait tenté de se dire que ce n’est pas tant le suspens qui viendrait ici à compter. Ce serait plutôt de créer un décalage entre une époque et une autre et d’y ajouter de l’humour. D’humour il n’y a pas vraiment. On a surtout une succession de quelques scènes propres aux teen movies (hello l’essayage de vêtements) en ne laissant rien de spécial se dégager de chacune d’entre elles. L’histoire d’amour à peine évoquée, les motivations d’un final qui ne fait pas sens s’il ne se développe pas un peu, l’amour à l’Américaine : c’est la famille suffit à tout justifier comme un mantra qui ne peut souffrir d’aucune objection, tout est effleuré sans aucune finesse. En la matière Totally Killer, lui aussi pourtant moyen réussissait mieux son paris d’honnête divertissement qui ne dit rien de particulier mais se déguste comme un plat de coquillettes au beurre. Un plat sans saveur qui peut pourtant réjouir à l’occasion. Mais il faudra surtout admettre que tout l’intérêt de « Time Cut » réside dans son avis de faire revivre l’année 2003  et lui donner l’image d’une grande époque. La nostalgie prend-elle alors ?

Time Cut, perception en tant qu’ancienne ado de 2003

TIME CUT LUCYC’est peut-être avec « Stranger Things » que tout a commencé, à moins que ce ne soit l’industrie de la mode qui en a décidé ainsi. Toujours est-il que les années 90 ont vécu ces dernières années un retour en force spectaculaire. On les voyait partout. Leurs idoles, leurs stars, leurs snacks, leurs vêtements, leur style musicale. Toute cette époque ressemblait à un moment magique et émouvant. Ma théorie tenait au fait que les trentenaires d’aujourd’hui sont aussi celles et ceux qui créent le monde actuel. Les dix dernières années, ils faisaient donc revivre leur jeune adolescence, estimée comme un temps heureux , la jeunesse permettant d’idéaliser une période dont on ne saisissait pas tous les enjeux.

Les années 2000 comme le veulent la tradition étaient elles délaissées à leur statut de passé ringard dont on ne parlait plus. Et puis, des indices ont commencé à apparaitre. Elles revenaient. On se sent à l’abris, on croit qu’on ne sera jamais cette ado d’un passé fantasmé et bim, une production Netflix vient d’un coup vous dire que le retour des cocktails à plusieurs étages était un avertissement. Vous êtes vieux / vieille à ce point, on va parler de votre époque comme d’un passé lointain. Je m’interdit pourtant de vivre dans une nostalgie faussée, d’un bonheur imaginaire lié au temps qui passe. Mais puisque Time Cut tient à me replonger dans ce passé, on pourra bien s’amuser à faire un comparatif entre film et réalité. D’autant que le film lui se contente d’aborder rapidement sa période par quelques effets de couleurs et d’images sans même chercher à creuser ce qui faisait sa spécificité quand on la vivait en tant que lycéen.ne.

Je suis so yesterday

AVRIL LAVIGNE HILARY DUFFLe retour en 2003 devra donc avoir sa BO, Hilary Duff et Avril Lavigne en tête de casting si l’on en croit le métrage. « Complicated » de la canadienne écouté à travers les écouteurs du walkman tenu par l’un des personnages sur le support CD, sous forme de mixtape ! S’il vous plait, laissons le CD où il est, le support vinyle offre un véritable intérêt en matière de son et d’appréhension de l’album, le CD nettement moins (mais c’est toujours mieux d’acheter la musique en physique je vous l’accorde).  Je me suis perdue pardon, reprenons. Donc le B.O de notre adolescence était en  réalité plurielle. Le monde lycéen se divisait en genre de castes et la musique comme la mode permettaient en grande partie de savoir à laquelle on appartenait. Le rock vivait alors une sorte d’âge d’or porté en grande partie par les courants alternatifs. C’était avant les émos, et pourtant les thématiques étaient proches. On écoutait beaucoup de pop punk, sur des walkmen c’est vrai. On chantait qu’on était « In Too Deep » avec Sum 41 que le monde était compliqué, la vie, les parents avec Simple Plan, Blink 182 (qui copiaient fort les Cure avec « I Miss You »), Good Charlotte, The Offspring, on se moquaient des « American Idiot » avec Green Day, on se sentait sombres avec Slipknot et Korn. Dans notre univers privilégié occidental, on chantait nos peines avec Linkin Park, Evanescence. Le rock n’était pas le seul courant existant évidemment. Eminem venait de sortir son « Eminem Show » et jouait dans « 8 miles », en France Diam’s et Sniper cartonnaient. Pour le reste on écoutait déjà Beyoncé, indémodable, les Black Eyed Peas, Outkast et Michelle Branch. Tout ce petit monde manquait quand même sérieusement la B.O  de « Time Cut » pour la parfaire, je tiens à le dire.

Et les vêtements dans tout ça ? Le film se focalise là encore sur une définition unique de la mode pas forcément représentative de toute notre adolescence. Les grosses ceintures que portent nos deux héroïnes étaient bien de la partie. Les jogging colorés à la Juicy Couture aussi et quelques jeans très serrés, souvent à l’image des créations de chez Diesel ou le Temps des Cerises voir de Guess (originaux comme modèles similaires repris par des grands groupes type H&M). Mais comme nous le disions, les rockeurs avaient à leur actif une grande part de ce qu’était le style à avoir. On portait parfois des cravates comme Avril Lavigne, souvent des bagguys type Dickies et des grosses chaussures de skate. On essayait d’ailleurs d’en faire du skate pour être cool. Mais on y arrivait peu. On blindait nos Eastpack de patchs et badges. On s’identifiait facilement à Lindsay Lohan dans « Freaky Friday » qui est un bon cliché de ce qu’était un.e adolescent.e en 2003.  On dessinait le signe Anarchy sans le comprendre.

Bring my 15’s back to life

FREAKY FRIDAYOn était pourtant moins politisés que la jeunesse actuelle. On l’était un peu évidemment, avec des ambitions sociales, de l’anti-racisme, la lutte contre le suicide (aujourd’hui  ajoutée à la compréhension de la dépression et des maladies mentales) qui passait beaucoup par la musique. Nos artistes préféré.es quand on écoutait du rock parlaient facilement de droits LGBT + et on s’y sensibilisaient. Bientôt les emo boys  iraient entièrement dans ce sens, créant une très grande représentation de sexualités fluides et/ ou queer. La question de la sexualité est il faut le dire très brièvement abordée dans « Time Cut ». C’était moins simple en 2003 qu’aujourd’hui en matière de préjugés mais du travail avait été fait et les adolescents étaient en majorité ouverts et bienveillants à ces questions, les progrès sur le sujet datant de quelques années avant nous. Même si tout était loin d’être parfait, il ne faut pas le nier, les blagues de nombre de séries et films le prouvent.

On rejetait le modèle de nos parents, la carrière sans sens, le travaille à horaires déterminées, le 9 à 5 comme chantait Good Charlotte. On vénérait les weird kids en regardant « Daria » et on trichait sur notre âge pour aller voir le reboot de « Massacre à la Tronçonneuse » avec Jessica Biel. C’est l’année durant laquelle Buffy a tiré sa révérence (on voit bien une affiche de la série dans la chambre de Summer d’ailleurs). On regardait beaucoup  « American Pie »  ses suites et en riant de blagues concernant une flûte, notre sens de l’humour était souvent lourd.

C’est aussi l’année qui a vu naître  » The OC », on rêvait d’être adoptés par les Cohen et de manger des bagles, en France du moins. Je vous parle d’un temps durant lequel les petits pains n’avaient pas débarqués dans l’Hexagone. Enfin si le film moque le bruit d’un modem, il faudra rappeler qu’on avait Internet. On y passait une vie à parler sur MSN. On y mettait des pseudos pour dire discrètement ce qu’on ressentait et on s’y parlait des heures durant entre ami.es. Les SMS étaient limités, on parlait en langage dit SMS avec des mots genre « kwa ? » pour utiliser le minimum d’espace et ne pas payer deux textos. Désolée pour les dégâts qu’on a causé à l’orthographe.

Alors quitte à être complètement daté.es n’hésitez pas à l’avenir, balancez-nous le grand jeu dans les prochains films, on veut tous les souvenirs de notre jeunesse.  On est prêt.es à se souvenirs en évitant j’espère de romantiser unne époque. « Bring me to life » crieront alors mes 15 ans et Evanescence.


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le fabricant de larmes affiche
La rose noire fameux symbole d’un amour torturé …

Fabricant de larmes de quoi ça parle ?

Lors d’un accident de voiture, Nica (Caterina Ferioli) est blessée et ses parents tués sur le coup. Elle sera alors placée dans un orphelinat, le Grave tenu par la terrible Margaret Stoker (Sabrina Paravicini)  qui inflige aux pensionnaires de son institut des sévices psychologiques et physiques. Parmi les enfants se trouvent à la fois Adeline, une orpheline en attente de futurs parents comme elle mais aussi Rigel (Simone Baldasseroni) , un petit garçon qui semble être le protégé de Margaret, le seul à être épargné par la directrice. Quelques années plus tard, Nica et Rigel sont tous deux adoptés par le même couple. Si dans un premier temps, leur relation semble particulièrement toxique, leurs sentiments se révèlent au fil du temps jusqu’à les consumer peu à peu.

Le Fabricant de gêne

nica et rigel le fabricant de larmes
Une tension sexuelle existe entre ces deux personnages

Tout commence bien mal. La petite Nica perd ses parents dans un tragique accident de voiture… qui a bien peu de sens. Un camion qui roulait au milieu de la route et que le père n’esquive pas parce que euh il ne l’esquive pas. Sa mère a pourtant le temps de lui donner une dernière directive de vie « le loup n’est le méchant de l’histoire que parce qu’on lui laisse cette place », ça laisse songeur.  Le loup c’est un clin d’oeil super fin à Nigel, le méchant de l’histoire au coeur tendre. Mais voilà qui viendra plus tard. Pour l’instant, aidée par une réalisation à la lourdeur rare et aux gros filtres plus sombres que ceux de Twilight, notre petite Nica se retrouve orpheline et sans une égratignure. Dans son orphelinat, tout est triste. Margaret, l’horrible tenancière de ce lieu maudit qui apparemment n’a absolument aucun personnel, veut faire vivre l’enfer aux enfants qu’elle héberge et qui ont évidemment tous les même âge.  Elle lui fait d’ailleurs confisquer son collier, seule souvenir de sa maman. Un collier en forme de papillon, parce que Nica veut dire papillon, parce qu’elle est belle et fragile comme un papillon – les indices sur la qualité du métrage interviennent immédiatement, on peut au moins lui reconnaître de ne pas mentir.

C’est là qu’elle rencontre sa meilleure amie, Adeline (Eco Andriolo Ranzi), qui a tous les critères de la meilleure amie : comprendre insipide, gentille, sans personnalité et moins belle que l’héroïne. Les années de souffrance passent sans adoption. Et notre héroïne, comme Bella nous fait la narration de son histoire avec des phrases toutes faites récitées sur un ton inspiré. Mais voilà que Nica a un rêve, comme Raiponse, c’est d’être adoptée. Elle a en réalité, et ça va surement en surprendre plus d’un.e , toujours voulu avoir une famille ! Enfin à ses 16 ans, son voeu est exaucé. Des gentils parents la choisissent. Certes, elle aura une période d’essai mais tout de même, quelle chance ! En sortant de l’orphelinat quelle n’est pas leur surprise en entendant quelqu’un jouer du piano. Et la surprise est d’autant plus de taille que c’est un super beau gosse qui se cache derrière l’instrument. Ni une ni deux, comme si c’était promo sur les pulls, ils décident d’adopter les deux enfants et tout le monde monte en voiture. Sauf que Nica et Rigel ne s’entendent pas et doivent faire bonne figure pour rester adoptés. Et puis s’ils disent être comme frère et soeur, une tension (sexuelle) existe entre eux.

Nica elle est plutôt frustrée, ça se voit avec finesse au fait qu’elle porte toujours une queue de cheval. Rigel, lui, est torturé, ça se voit avec finesse quand il joue du piano avec l’air pensif et triste. Leurs premiers échanges dans la maison sont d’emblée problématiques. Il l’appelle « Papillon » comme si c’était une sorte d’insulte, s’auto qualifie de loup ( il n’y a pas à faire ça) et lui dit de ne pas venir dans sa chambre. Alors qu’elle n’essaie pas d’y aller de toute façon. En plus, il la menace en se collant très fort à elle et en lui tournant autour, comme un bon gros prédateur sexuel. Christian Grey est en admiration, même lui envoyait un peu moins chier Anastasia pour la draguer. Mais bon, qui resiste à se faire mal parler et maltraiter par un beau gosse ? Pas Nica, qui d’ailleurs profitera rapidement d’un Rigel torse nu pour montrer ses beaux abdos. Lui c’est un prédateur, un homme brisé par la vie. Elle, c’est une fille merveilleuse. Vous vous souvenez quand Bella tombait tout le temps dans Twilight parce qu’elle est maladroite ? Que c’était SON trait de personnalité ? Cette fois-ci Nica aime les animaux. Du coup, elle a de petits pansements au bout des doigts parce qu’elle adopte tous les animaux pour les soigner et qu’apparemment ils lui rongent le bout des doigts en continu. (Pourquoi le bout des doigts ? Pourquoi cette idée ? ). Cette passion de gentille pour les animaux donne lieu à deux scènes qui ont de quoi devenir culte. Puisque Nica se trouve son Jacob en la personne de Lionel (Alessandro bedetti). Un lycéen qui va tomber furieusement amoureux d’elle au point de la stalker, l’agresser sexuellement aussi mais tout ça est raconté comme si c’était de la drague et de l’amour passion pour que ça passe.

Le fabricant de PLS

Rigel au piano le fabricant de larmes
Rigel joue du piano pour avoir l’air super sombre

Pour qu’on comprenne que la protagoniste aime les animaux, il est important de créer un échange explicite sur le sujet, tout bon scénariste vous le dira. Dans les faits, ça donne ceci. Lionel se présente et Nica lui retire un escargot sur la pull. Ce n’est jamais arrivé à personne. Si quelqu’un a déjà eu un escargot accroché au pull qu’il portait sur lui au lycée, pitié qu’il me contacte pour m’expliquer comment ça a pu arriver sur son épaule. Le dialogue qui suit se ressent un peu comme ça :

Nica : Ho Lionel attention tu as un escargot sur le pull. Je te l’enlève et je t’explique ce qu’est un escargot parce que je connais bien les animaux. En fait ils ont une carapace mais si on l’écrase ils peuvent mourir. Ce qui est leur moyen de défense peut aussi les condamner. Clin d’oeil sur le fait que je suis aussi un être fragile.

Lionel : Tu viens de me sauver la vie ! Merci. En plus c’est si intelligent ce que tu dis, je vois que tu as une grande expertise du monde animal. Tu m’expliqueras ce qu’est une girafe un jour ?

Nica : C’est un chien avec une jambe à la place du cou. Et je voulais surtout sauver l’escargot.

Mais une fois ne suffit pas. Dans un second échange plus tard avec Lionel, Nica décide de garder une cuillère en bois au lieu de la jeter. Ca peut toujours servir dit-elle si elle trouvait un oiseau avec une aile brisée et qu’elle devait la réparer. Mais de quel oiseau elle parle ? Pourquoi ? Combien de cuillères à usage unique léchée a-t-elle chez elle ? Est-ce pour ça que les animaux lui bouffent les doigts ? Lionel est évidemment charmé et décide donc de lui proposer un date.

Tout naturellement pour Rigel, l’affaire passe crème. Le mec qui n’est pas abusif va donc aller péter la gueule de Lionel salement parce que Nica, elle doit être à lui pour qu’il puisse se refuser à elle. Certes, elle a rien demandé mais il doit dire non et se frotter à elle avec des phrases du type  » Si tu te colles à moi tu vas brûler les ailes papillon. Je suis le loup, et ne m’approche pas pendant que je te tripote en te disant de partir. » Et voilà que pendant le combat qu’il a initié, le pauvre Rigel est blessé. La tension sexuelle qui était palpable bien que les protagonistes ne se disent jamais rien devient explicite. Tout en lui disant de rester loin de lui, il se frotte à son ventre et lui touche la poitrine. Il se frotte d’ailleurs très souvent à son ventre en ayant l’air de souffrir le martyr, gros regard mélodramatique. Que ce ventre lui fait du mal … L’amour passion est là, elle ne peut s’éloigner du « loup » et il voudrait bien lui montrer son « loup » mais ne veut pas faire mal au papillon…

Le fabricant de cringe

le fabricant de larmes
Nica, sa queue de cheval et « LE loup »

Chaque scène respire le cringe. Les pensées de Nica en trame narrative ne font que renforcer cette sensation de ne pas trop comprendre ce que l’on voit et de quel fantasme étrange est tirée cette histoire. Tout est très explicité au cas où le public serait très très bête. Quand Rigel joue du piano, il attrape d’ailleurs un papillon dans sa main. L’écrasera-t-il ? Nica qui l’observe en a le souffle coupé. Eh non, il le libère, il a le coeur tendre on vous dit. A chaque dialogue s’ajoute l’idée qu’ils doivent être frère et soeur. Même sans lien sanguin, quand même ils ont été adoptés ensemble à 16 ans.

L’héroïne se fait aussi des amies. Que des filles. Celle qui l’accueille le premier jour au lycée, Billie et devient immédiatement sa pote. On ne sait pas trop pourquoi puisqu’on ne les voit être complices à aucun moment. Du coup, c’est pas mal qu’Anna, la mère adoptive de Nica l’explicite un peu pour nous : « C’est bien tu as des amies dès le premier jour »

Nica : « Non je t’ai dit que  j’ai parlé à la meuf qui faisait le comité d’accueil au lycée même si personne ne fait ça dans la vraie vie. »

Anna : « Si, tu as une nouvelle amie insipide pour montrer que tu es un personnage que tout le monde apprécie grâce à ta beauté et ton expertise du monde animal.  »

Et puis, il y a aussi la pote de sa pote : Miki. Elle est au début très désagréable et ne dit même pas bonjour (alors que les yeux c’est le reflet de l’âme). Puis sans transition, l’invite dans sa grande maison. Elle est riche et ça se souligne de cette façon : « Rentrez les filles, je finis de brosser mon cheval et je demande aux serviteurs de nous faire à manger. » Vraiment. Même si Miki n’aime pas parler de son argent et que ça n’a absolument aucun interêt pour l’histoire. Toujours est-il qu’il existe une tradition au lycée : glisser dans le casier des filles une rose un jour spécial sans révéler qui a posé la dite rose. Chaque année Billie en reçoit une sans savoir de qui ça provient. C’est en fait sa meilleure pote qui lui laisse parce qu’elle est amoureuse d’elle. Ouf, on pensait que le film jouait d’un sexisme et d’une hétéronormativité malsaine et voilà que non en fait. Bon si, puisque l’histoire de révéler ses sentiments à sa meilleure amie sera bien vite oubliée. Ou la scène a été coupée au montage ou le scénariste a zappé cette histoire dont de toute évidence il se tapait.

Nica elle, reçoit une rose noire. La preuve d’une amour dévorant et malsain, c’est explicité- c’est vraiment dit clairement, presque lentement au cas où vous seriez trop stupides pour comprendre.  Mais qui a mis la rose noire dans le casier ? Le suspens est insoutenable. Pendant ce temps, Nica et Rigel continuent de se frotter et de mal se parler sous le regard jaloux de Lionel. Ce dernier finit par emmener Nica à la soirée du lycée et la coince dans une salle de classe. Là il l’embrasse de force et tente d’abuser d’elle. Mais bon tout va bien puisque Rigel débarque et pète la gueule du mec. Trop de tension sexuelle, ça y est c’est LE moment : nos frères et soeurs s’avouent leur passion dévorante l’un pour l’autre et couchent ensemble. L’amour c’est beau.

Le fabricant de fin expédiée après plus d’une heure de vide

rigel nica the tearsmith
Un baiser sous la pluie pour toujours plus de romantisme et d’originalité

Visiblement au montage, ils se sont dit que cette histoire de merde avait déjà beaucoup trop trainé. Il est donc temps d’envoyer du bon gros mélo et d’en finir pour le plus grand bien de toutes et tous. Lionel, toujours aussi jaloux agit comme quelqu’un de raisonnable comme tout l’entourage de Nica. Il coince les tourtereaux sur un pont avec sa voiture en parlant avec mépris de leur relation « incestueuse » qui pour rappel n’est absolument pas incestueuse. Il les menace, tente de les tuer en leur fonçant droit dessus avec sa voiture. Non pas parce que le mec a sa place derrière les barreaux et qu’il se fait une fixette sur une meuf qui ne veut pas de lui. Mais parce que comme le suggèrent dialogues et réalisation, il a toutes les raisons d’être choqué par cette relation si complexe et malsaine. Aussi, il s’inquiète un peu pour Nica parce que Rigel il est quand même étrange. Donc d’inquiétude le voilà qui essaie de la renverser pour la faire reprendre ses esprits et se mettre enfin avec lui. Oui, le film donne une jolie image du féminicide. Nos amoureux sautent donc naturellement dans la rivière pour se sauver.

Si jusque là tout n’était pas horriblement lourd, qu’on ne trouvait pas assez que ça en faisait des caisses, voilà qu’arrive le sommet des mauvais soaps, ce que seuls les pires séries osent. Le jumeau diabolique me demanderez-vous ? Non ça c’était dans 365 DNi, film lui aussi en dessous de toute attente. Cette fois, c’est donc… le coup du coma ! Bingo. Rigel est dans le coma mais ce n’est pas le seul problème. Seulement un petit coma n’aurait pas été assez dramatique. Il fallait continuer d’en faire des tonnes et des tonnes. Voilà donc qu’en fait Rigel se sentant trop « loup » et ne voulant pas compromettre l’avenir de Nica a refusé son adoption. C’est la méchante Margaret qui a récupéré sa garde ! Et comme elle est vraiment super méchante elle interdit à Nica d’entrer dans sa chambre, à l’hôpital où elle ne peut le voir qu’à travers une fenêtre sans le toucher. Ce moment de l’histoire oblige forcément à faire une recherche rapide sur l’autrice du roman pour savoir si par hasard elle aurait moins de 15 ans et abusé de « Pretty Little Liars ». Ca pourrait expliquer des choses. Mais même pas.

En parallèle, les enfants de l’orphelinat aujourd’hui tous âgés de 16 à 18 ans lancent leur procès contre leur bourreau. Nica accepte finalement dans un non retournement de situation que tout le monde a vu venir même le mec qui s’était endormi devant le film, de témoigner. La voilà à la barre :

L’avocate de la méchante : Nous sommes ici pour faire le procès de Margaret la méchante donc tout à fait normalement à la place je vais te balancer des trucs bizarres sur ton histoire d’amour dont je sais pas comment je les sais pour te mettre dans le malaise même si c’est sans rapport.

Avocat de la défense : objection votre honneur même si ça se dit pas en Italie !

Son honneur : Répondez à toutes les questions harcelantes et hors sujet Nica, je veux le potin.

Avocate de la méchante : Vous êtes amoureuse de Rigel et il a préféré plutôt que de sortir avec vous retourner à l’orphelinat parce que personne ne vous aime. C’est vous la méchante, jamais vous resterez avec ce super BG.

Nica : Heu l’histoire est plus complexe.

Avocate de la méchante : Oui ou oui il a choisi son retour à l’orphelinat ?

Nica : oui mais …

La voilà qui part aux toilettes, pleure, se fait réconforter par sa nouvelle mère aimante et enfin nous offre le pire monologue de l’histoire du cinéma. Si les frères Lumière avaient su …

Nica : Je vais pas parler de la maltraitance que j’ai subit même si c’est le sujet. A la place, je vais parler de Rigel et dire que c’est lui la victime. Comme Margaret le préférait, elle ne le maltraitait pas mais le faisait assister aux abus. Du coup, il a pensé qu’il était le loup, un monstre alors que non c’est un gentil. Les loups en fait se sont des chiens mais plus gros. Rigel c’est un gentil chien, je l’aime, il m’aime, l’amour c’est beau. Même les méchants ne peuvent nous séparer !

La salle d’audience : applaudissements, pleurs, se roulent sur le dos

Rigel au piano le fabricant de larmes
Rigel joue du piano pour avoir l’air super sombre

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Le spectateur chez lui : Mais putain c’est quoi cette merde ? Pourquoi je me fais subir ça ?

Et donc, en moins de quelques minutes d’écran, la méchante va en prison, Rigel se réveille du coma et dans le future il a une fille avec Nica. Il n’y pas plus de point à cette phrase que de transitions dans cette fin d’histoire.

Il faut savoir que le tome 1 de ce livre problématique a une suite. Aurons-nous la chance de subir ça au court d’un nouveau métrage ? Ou ce « happy end » de 10 secondes suffira-t-il ? Voilà qui laisse rêveur. En attendant, si ce n’est déjà fait n’hésitez pas à regarder ce film comme l’hilarant « 50 Shades of Grey » ou même « After ». Mais dans tous les cas  il faudra garder en tête qu’en matière de féminisme et d’entretient de la culture du viol, du féminicide, et des abus divers, ces films font l’apologie de tout ce qui ne va pas. Et non être maltraitée, ce n’est jamais romantique.


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Ginny & Georgia
Ginny & Georgia. (L to R) Antonia Gentry as Ginny, Brianne Howey as Georgia in episode 209 of Ginny & Georgia. Cr. Courtesy of Netflix © 2022

Il aura fallu s’armer de patience pour découvrir la nouvelle saison de Giny & Georgia et retourner avec nos deux héroïnes à Wellsbury. C’est chose connu, aujourd’hui les shows télévisés suivent le schéma d’une approche bienveillante des problématiques. Les shows des années 90 avaient vocation à aborder les souffrances psychologiques avec jugement et sévérité sans jamais y offrir d’issus voir romantisant certains aspects de ces derniers. Les temps changent et Ginny & Georgia prend le pli de son époque tout en gardant l’essence même de ce qui a pu faire le succès d’autres shows par le passé : petite ville, histoires d’amour, drames, comédie… ce qui pourrait faire penser à un certain Dawson tire finalement son épingle du jeu et arrive à narrer les histoires aussi bien vécues par les ados du shows que par les parents sans jamais perdre son spectateur ou diminuer l’essence dramatique de ses personnages. En ce jeu d’écriture bien fait la série Netflix est remarquable et induit une forte addiction loin du puritanisme américain exaspérant auquel nous sommes habitués.

Des maux, des mots, des mômes

ginny-georgia-saison-2-mangLa saison 2 reprend juste après la saison 1 et décide d’attaquer très rapidement avec les problèmes de Ginny (Antonia entry), l’une des héroïnes de la série. Après avoir appris sa mère Georgia avait assassiné son ex mari, elle décide de fuguer chez son père avec son petit frère Austin. Seulement cette annonce n’est pas sans conséquence, Ginny déjà dépeinte comme un personnage à la vulnérabilité à fleur de peau entre dans un processus d’auto-mutilation. Et pour se faire, elle se brûle. Elle finit par en parler à son père Zion qui prend la nouvelle au sérieux et la pousse à consulter. L’affaire ne se règle pas en un claquement de doigts. Il ne suffit pas de parler pour être libérée de ce qu’elle traverse. Cet axe donne naissance à deux des scènes les plus fortes de la saison. La confrontation avec Georgia (Brianne Howey), habituée à tout connaître de sa fille et à la protéger quoi qu’il en coûte. Elle tente d’abord une approche lourde, difficile et intrusive avant de se raviser et de prendre un rôle d’accompagnant. Ce chemin aussi va être long, douloureux et passe par le biais de la thérapie mais pas uniquement. Les personnages évoluent lentement, prennent le temps d’aborder la problématique et d’offrir un panel de réactions : celle du père aimant qui tombe de haut, de la mère qui veut solutionner, du petit ami ( Marcus) qui s’avère être une oreille attentive à ce vécu. Elle n’est pas idéalisée, Giny avoue haïr se blesser mais le cheminement pour arrêter est long, il passe par des substitues ( un élastique à claquer, des thérapie, du dialogue, des appels nocturne) et rien en fin de saison n’indique qu’elle a définitivement arrêté, elle lutte contre ça. Le traitement scénaristique y est sensible et délicat, n’en déplaise aux détracteurs de Ginny. Twitter s’est d’ailleurs ligué à tord contre le personnage, mais bon Twitter reste le réseau social le plus intéressant et le plus abjecte en même temps. Parce que son parcours, bien que romancé et raconté sous l’œil de scénaristes cherchant à faire avancer une narration est un enjeux central et tente de proposer l’un des nombreux ressentis des personnes qui s’auto-mutilent.

Évidement, un show télévisé ne peut avoir vocation seul à comprendre tous les enjeux d’une personne en détresse qui souffrirait d’un besoin de s’auto-mutiler. N’empêche que l’approche de ce trouble dénote avec ce qui a pu exister dans le passé. Les séries offraient leur lot de voyeurisme en la matière. La chose n’est pas neuve, les pulsions de vie et de mort n’ont finalement pas toujours été la fontaine romantique du spectacle. Le double suicide de Roméo et Juliette n’est-il pas la quintessence de la beauté et de l’amour ? Et puis ne se doit-on pas de justifier chaque action comme étant logique et fondée. Si réaction au mal-être il y a alors elle découle d’une action, d’une souffrance et d’un maux. Il faut toujours justifier. Ce n’est pourtant pas le cas ici. En la matière, il faut le rappeler Ginny & Georgia serait la petite sœur très sage d’Euphoria. La comparaison entre les deux shows s’arrêtent bien évidement ici, la seconde ayant bien plus en rapport avec Skin qu’avec Gilmore Girl. Il n’empêche qu’elle ont, chacune à leur manière, la capacité de parler aux adolescent.es sans les juger.

Du teenage show à l’euthanasie : légèreté rime avec société

Dans l’idée de ne pas associer dépression à un simple évènement, l’évolution du personnage de Marcus (Felix Mallard) fait aussi figure de rareté dans le panel télévisé actuel.  Son entrée en dépression, cyclique, est abordé sous l’œil de son personnage. Il devient narrateur de ses pensées, de son accablement et ce en une seule scène qui tient valeur d’explication de son ressenti et de ses réactions futures. Un monologue intérieur est explicité comme une clé pour mieux le comprendre. Le personnage reste taiseux. Il ne vient pas s’exprimer, se raconter avec les autres. Il pousse par ailleurs Ginny à prendre un autre rôle : celui de la bienfaitrice, qui doit comprendre, s’adoucir et malgré ses propres troubles protéger et ce malgré le rejet dont elle est la victime. Cet axe narratif devient lui aussi central. Autant que les avancées majeures du show pour cette saison qu’ils soient le mariage de Georgia, les meurtres, les relations amicales. Il permet à ceux et celles qui le regardent une nouvelle forme d’identification, une compréhension. Abby n’est également pas en reste et est le personnage le plus mal dans sa peau de la série qui pourrait par ailleurs aborder à travers elle les TCA. La chose est sous-entendue sans jamais être clairement exprimée dans cette nouvelle saison. Mais ce qui est exprimé est que les mots ont leur importance et qu’il est facile de blesser sans y penser une personne. Ceux qui se moquent d’elle, sont par ailleurs peu montré, comme pour souligner que les petites actions ont un poids mais ne sont pas toujours immédiatement repérés par l’entourage. L’impact est grand pour la personne concernée. Elle camoufle son corps, change de couleurs de cheveux et ajoute une scène troublante à l’histoire. Alors qu’elle joue à se faire porter par Matt, il blague sur son poids. Son visage se ferme, la douleur est là mais elle est évoqué avec simplicité sans aucun besoin de trop en faire, de trop en dire. Les éléments concernant le rapport au corps d’Abby, sa problématique face à son physique sont distillés avec parcimonie et alertent le spectateur : ces troubles ne se voient pas toujours, ils ont bien des visages.

Le personnage le plus explicité, le plus raconté, comme dans un un besoin de le justifier reste celui de Georgia. Mais elle est aussi le personnage adulte, celui qui a eu le temps d’analyser ses actions et surtout de mieux les comprendre. Comprendre ne veut pas dire contrôler, ne veut pas dire arrêter. Même s’il s’agit là du pire des affres : le meurtre. Femme qui a été battue, femme forte, Georgia lutte contre un grand nombre de traumatismes. Pourtant sa force évoquée à de nombreuses reprises par sa fille est ce qui la caractérise le mieux. Elle est autant femme que mère. Les deux ne sont en rien incompatibles. Et à travers ce prisme, et le regard de sa fille, elle finit par voir la vulnérabilité comme une force, peut-être la plus grande de toute. Ses ressorts psychologiques sont complexes. Elle est un piliers mais également une personne blessée. Elle peut séduire mais toute son essence provient de son passé, de ses difficultés. D’ailleurs les nombreux flashbachs sont là pour constamment l’expliquer , mieux la comprendre et voir comme une personne peut évoluer, apprendre à se défendre. La série fait d’un personnage meurtri une véritable icône. Georgia n’est pas une victime. Sombre et pourtant lumineuse, elle se bat seule avec ses enfants et pour ses enfants. De se faire du mal à faire du mal, le pas est grand. Ginny en paye le prix et en fin de saison c’est au tour de sa mère de payer sa dette. La série est également l’occasion de rappeler que les temps ont changé. Exit « Basic Instinct » et l’image de la beauté fatale inépuisable séductrice. La beauté de Georgia est une force mais pas seulement. Elle peut aussi devenir son propre bourreau.

Reste à savoir si la saison 3 apportera une nouvelle vision d’un personnage fragilisé, rattrapé par ses démons, ses erreurs et sa tendance à les reproduire. Il faudra aussi savoir traiter de l’euthanasie, puisque c’est bien le dernier crime de notre héroïne, de façon juste en introduisant le débat comme aura su le faire depuis ses débuts ce show grandement accessible qui ouvre les yeux et la voix à un public mainstream sur des problématiques importantes. Tout cela si Netflix confirme bien cette nouvelle saison.


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Brimstone est-ce que c’est bien ?

Brimstone dakota fanning

Sorti en 2017 avec à son affiche une Dakota Fanning plus éblouissante que jamais, un Guy Pearce d’une férocité sans limite et petit coup de pouce, Kit Harington gonflé à bloc par son fan club de « Game Of Thrones », ce Brimstone n’a décidément pas eu la visibilité publique qui lui est dû. Et pourtant force est de constater que le premier long métrage international du néerlandais Martin Koolhoven est une claque saisissante réussissant le pari risqué de réunir les genres en s’appropriant leurs codes pour mieux les sublimer. Découpé en quatre actes tous plus puissants les uns que les autres, ce film hors normes suit le calvaire de Liz poursuivit par un Boogeyman on ne peut plus humain prêt à tout pour l’avoir à ses côtés. Si le terme  convient pour définir cet homme qui se sent porteur d’une parole de Dieu déformée pour mieux servir ses intérêt, son statut et ses travers sont avant tout un miroir grossissant d’une société passée qui est toujours d’actualité.

Dès son premier verset, cette oeuvre n’épargne rien au spectateur ni à son personnage central, une femme à la force mentale extra-ordinaire. Avec une photographie sublime, un graphisme sombre qui fait échos au propos qu’il évoque, Brimstone impose son atmosphère viscéral dès ses premières minutes. Ici point d’espoir de rédemption, le martyr de Liz ne s’estompe pas et la caméra enferme avec elle un spectateur désireux de la voir se battre et se sortir de la spirale infernale qui la poursuit. Maudite mais battante, elle est portée à l’écran par la sublime Dakota Fanning, qui enfant était la coqueluche d’Hollywood. Le temps lui aura préféré sa petite sœur, la talentueuse Elle Fanning, que les spectateurs ont pris le plis de retrouver film après film. Pourtant, elle livre ici une performance sans faute, exprimant froideur et détermination propre à certains survivants brisés. Cette noirceur que peu de temps de répit ne viennent alléger étaye ce brasier d’émotions qui s’étend sur 2 heures 30 haletantes. Il serait injuste de ne pas également souligner la performance de l’implacable Guy Pearce, habité par son fanatisme, obsédé par ses démons et ses justifications, terrifiant dans sa froideur, ainsi que celle de l’incroyable Emilia Jones ( qu’on a vu depuis dans Locke & the Key), révélation au jeu sobre, bluffante de candeur et de force en toute circonstances.

Trois registres, une histoire

brimstone preacher

Pourquoi se contenter d’un seul registre lorsqu’il est si facile de brouiller les pistes en les mélangeant pour sublimer et accentuer les traits forts de son histoire ? Brimstone choisit de ne justement pas choisir un seul type d’oeuvre pour mieux se centrer sur une histoire narrée de plusieurs façon, et cette alliance fonctionne à la perfection.

Horreur et thriller se succède alors qu’à chaque instant rôde la peur du retour du prêcheur, de ses nombreuses et éprouvantes violences qu’elles soient psychologiques ou même physiques. Outre cette traque qui pourrait emprunter au survival, et le monstre qu’il semble impossible à éliminer, prêt à renaître tel un Jésus infernal venu distiller sa parole, la violence, elle, s’invite à mesure que la pellicule avance. Quelques rares scène gores sont d’ailleurs de la partie, mais toujours filmée avec une certaine maîtrise et pudeur allant jusqu’au hors champs pour ne pas entrer dans un simple jeu de boucherie qui éloignerait le spectateur du propos initiale. La violence sert ici à appuyer des thématiques lourdes de sens, jusque dans les tripes de celui qui regarde. Il n’est pourtant pas question de satisfaire uniquement le fan de films d’épouvantes, tant le métrage ne laisse au genre qu’un petit terrain pour exprimer via des atrocités jamais gratuites un propos tranché sur le fanatisme.

Le western est lui aussi de la partie, ses personnages habituels y ont ici une autre couleur. Le gentil cow-boy pas si blanc de tout reproche, courageux et invitation à l’espoir est bien présent tout comme un duel peu fair-play et une esthétique dominante propre à ce registre aujourd’hui peu exploité.

C’est pourtant surtout un drame que nous sert un réalisateur qui n’hésite pas à relancer son intrigue à coup de révélation savamment amenées. Difficile de ne pas souffrir aux côtés d’une héroïne malmenée, vaillante, affrontant la vie avec la froideur de son bourreau, encaissant les coups avec une véritable volonté de vivre et de vivre libre. Issue d’une communauté immigrée, réfléchissant à la vie de communauté et aux dérives des meneurs aux grands mots, elle garde une dignité admirable en toute épreuve. Situé au 19ème siècle, le drame ici raconté semble presque normalisé dans son époque. Et pourtant, alors que tous ces propos font encore échos à une société contemporaine, qu’il est difficile de ne pas bondir de son siège, outré(e) et révolté(e), alors que la douleur de nos protagonistes laisse une marque au fer rouge à mesure que les actes s’enchaînent avec ardeur.

Un conte sur la condition de la femme

Si les sous-textes sont nombreux dans ce film jusqu’au-boutiste, la condition de la femme est l’unes de ses thématiques centrales. Difficile de parler librement de ce sujet sans risquer de spoiler un spectateur désireux de le voir. Sans trop en dire, une héroïne forte mais en adéquation avec son temps est l’un des premiers piliers de cet axe. A cela, il est facile d’ajouter que violence conjugale, prostitution et culpabilisation de la femme face à l’accouchement et à la maternité sont de la partie. Face à la beauté de notre héroïne, nombreux sont ceux à estimer avoir des droits sur elle et sur son corps. Si une femme fait un affront à un homme, elle devra en subir les conséquences au centuple. La mise en image des règles et son interprétation par l’homme est également une piste de réflexions que distille le réalisateur. Si le sang a coulé alors la jeune-fille est enfin une femme avec ce que cela implique. Un tel traitement des menstruations pourrait rappeler le livre « Carrie » de Stephen King découvrant ses règles face à une mère pieuse qui en donne une interprétation bien différente du simple cycle  naturel et normal.  Les maux faits aux femmes sont nombreux et révoltant. Le message y est toujours donné sans l’appuyer avec lourdeur, sans perdre de la force de son propos et de son époque et surtout sans s’imposer aux spectateurs.

Travers et fanatisme religieux

brimstone guy pierce

A l’instar d’un Saint-Maud qui abordait l’extrémisme religieux et remportait cette année le grand prix du festival de Gerardmer, Brimstone aborde la thématique religieuse avec une modernité sans fausse note. Le texte sacré servant ici à justifier tous les excès, la peur de l’enfer, donnant corps au royaume de Lucifer sur Terre.  Il faut se méfier des prêcheurs et des faux apôtres met en garde une oeuvre qui ne manque pas de montrer que les plus pieux n’hésiteront pas à se servir de la religion pour justifier leurs plus bas instincts et les plus atroces des comportements. Le prêcheur péche en dictant la droiture, sans jamais se remettre en question et ce de bout en bout jusqu’à un dernier act terriblement haletant. Le film ne mâche pas ses mots et pointe du doigts les dérives égoïstes de la religion et de ses acteurs. Une oeuvre magistral, éprouvante, puissante à voir absolument et disponible, ça tombe bien, sur Netflix.

Découvrez la bande-annonce


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