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Loyle Carner

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Jungle -@Pénélope Bonneau Rouis
Jungle -@Pénélope Bonneau Rouis

Cette année le festival Rock en Seine ne connaîtra pas de fin. Cinq jours durant le parc de Saint-Cloud promet d’entraîner les festivaliers dans une fièvre dansante plurielle. Une véritable épidémie de danse, poussant chacun.e à se déhancher jusqu’à en perdre la raison. En ce vendredi qui met Fred Again en tête d’affiche, il fallait couvrir un maximum de scènes. Un pas chassé par-ci, un moonwalk par là et c’est parti !

Ballet inclusif

En ce début de journée, les festivaliers arrivent au compte goutte. De quoi se ressourcer avant le bain de foule programmé de ce soir et enfin voir entièrement la Grande scène, sans faire des pointes des pieds de ballerine ! C’est fort appréciable pour pouvoir profiter pleinement du concert de Thomas de Pourquery, un poil en décalage du reste de la programmation. Avec sa voix puissante et son saxophone, le chanteur époustoufle comme toujours. C’est même un véritable ballet qui est offert à l’assemblée lorsque deux choeurs le rejoignent sur scène. L’un d’eux inclusif, est entièrement constitué de personnes handicapées, le second est le choeur de Radio France. Son free jazz en est évidemment sublimé tout comme les compositions de son dernier né « Let The Monster Fall » qui, lui, touche au rock.

Une petite pirouette et nous voilà propulsé.es sur la scène Cascade où Olivia Dean nous entraîne dans son univers soul. La chanteuse britannique cite volontiers Lauryn Hill et Amy Winehouse parmi ses idoles. Sublime et souriante, elle entraîne les festivaliers dans quelques déhanchés sensuels , toujours le sourire aux lèvres. D’entrée la musicienne conte son plaisir d’être ici à Paris et d’imposer sa seule règle : s’amuser. Pas besoin pour elle d’en faire des tonnes, l’élégance est de rigueur et parler avec son coeur suffit. En seulement un album studio, « Messy » publié  en 2023, la chanteuse a déjà prouvé qu’elle avait l’étoffe des plus grand.es.  Il faut dire que Rock en Seine avait déjà eu le nez creux en l’invitant il y a deux ans de ça. Olivia Dean n’hésite pas à l’évoquer, expliquant que beaucoup moins de monde était venu l’applaudir alors. Aujourd’hui, chaque cri de la foule, hyper réactive à chacun de ses gestes semble encore la troubler. Comme une découverte constante de sa notoriété. Pourtant, elle était l’un des noms les plus cités de la journée, plus qu’un bruit de couloir, il s’agissait surtout de la promesse d’un brillant avenir.

Not waving, but breakdancing

Nous voilà échauffé.es, il faut maintenant passer au breakdance. Quelques top rocks permettent de rejoindre la Grande Scène où l’un des meilleurs représentants du Hip hop actuel nous a donné rendez-vous. Entouré de ses musiciens, Loyle Carner débarque enfin sur scène. Il faut reconnaître au rappeur britannique qu’il est l’un des meilleurs de sa génération. Outre un flow bouleversant, il offre au mouvement une touche d’élégance et de raffinement qui renverse toute.s celleux qui l’écoutent. On n’aurait assez d’une vie pour conter l’excellence du titre « The Isle of Arran » qui ouvrait son album prouesse, mais aussi son premier « Yesterday’s Gone ». Puissance, noirceure, pouvoir venaient y hanter chaque note. Sur scène, plus classique que sur son album, le père du désormais culte « Hugo » joue la carte de la sobriété.  Un peu trop peut-être tant ses enregistrements studios ont habitué au grandiose. Son timbre lui suffit à conquérir les âmes et connaissant bien ses classiques il dédie même un titre à son idole Madlib. « Vous le connnaissez ? » interroge-t-il. Evidemment, et il y a fort à parier que Loyle Carner laissera une trace similaire dans le monde en pleine effervescence du hip hop.

Quelques pas de bourrée jusqu’à la jungle

Quelques pas de bourrée plus tard, sait-on jamais que notre parcours aie croisé malencontreusement et sur le hasard d’un (l)oui(s) dire quelques verres et voilà que Rock en Seine s’est transformé en dancefloor géant. Jungle a pris possession de la Grande Scène et l’a habillée de ses couleurs ocres. L’instant est si solaire qu’il fait aisément oublier les feuilles qui jonchent les sol de Saint-Cloud. Le public s’amasse en nombre, se faisant de plus en plus dense à chaque instant comme si les sonorités opéraient le charme du serpent. Sur scène, les voix se répondent à la perfection, tout comme les instruments diablement festifs. On y oscille hypnotisés au grès d’un périple à travers leurs très nombreux singles. « Happy Man », « Back on 74 », « I’ve been in love », « Busy Earnin' », le groupe de Lydia Kitto et Josh Lloyd-Watson n’ a-t-il à son actif que des tubes ? La machine peut-elles seulement s’arrêter ? Les hanches, elles, ne peuvent être stoppées. (saint) Clou du spectacle : le soleil se couche doucement sur le festival, permettant aux premières effluves de la nuit de se distiller et d’inviter au lâcher prise pour se fondre entièrement avec la musique.

Jungle -@Pénélope Bonneau Rouis
Jungle – @Pénélope Bonneau Rouis

De la danseuse banane au bugaku

Si Joséphine Baker est la danseuse Banane (en raison de la danse qu’elle faisait avec sa jupe faite de bananes artificielles), on ne peut que souhaiter à la tornade Bonnie Banane une carrière aussi époustouflante. La musicienne publiait en 2024 un tout nouvel album « Nini », qui comme ses prédécesseurs était un pure jus de modernité. Sur scène, la chanteuse appose un univers à part et jusqu’au boutiste. Ses mélodies hybrides y prennent une âme enivrante, entre chant, spoken word et véritable performance.

La découverte de la journée se fait sur la scène Firestone grâce à la prestation d’Aili. Duo d’électro nippo-belge qui mélange brillamment ses influences et fait cohabiter à la perfection deux cultures musicales. La véritable modernité en musique tient à casser les frontières et aller emprunter aux instruments du Monde entier, on se tue à le répéter. Electronica cosmique, pop et paroles en japonais s’y rencontrent en une langue pourtant parlée de tous.tes : la musique. Nous voilà donc bilingues à danser la danse traditionnelle japonaise : le bugaku. Ou pas, le moment happe toute l’assistance qui se laisse guider pas à pas sur des mouvements plus proches de l’aérobic que du mai et odori. On y fait son sport sans s’en rendre compte alors que le public s’y amasse laissant tous les tracas du quotidien, loin là-bas, quelque part au milieu de l’océan pacifique.

Un dernier tour de piste

Moment le plus attendu de la journée, et la quantité de tee-shirts à son effigie dans la foule en étaient l’avertissement, Fred Again prend possession de la Grande Scène. L’artiste sud-londonien offre à la journée du vendredi une toute dernière grande fête, transformant son environnement en dancefloor géant. Son public à n’en pas douter était ravi. Ici, on peine peut-être plus à comprendre l’engouement, sûrement parce que son registre s’inscrit dans un trait trop commun pour réellement piquer la curiosité.

Il fait nuit noire, la nuit tous les chats son gris et nous faisons des pas de chats jusqu’à la scène du Bosquet. Il aurait été dommage de rater le duo Charlotte Adigéry & Boris Pupul. C’est à eux que l’on doit l’incroyable morceau « HAHA ». A sa première écoute, le titre frappe, il appelle l’oreille et crée même une forme de malaise tant il prend aux tripes. Cette première surprise qui pourrait inviter à ne pas l’aimer appelle à une seconde immédiate. Pourquoi une réaction si puissante ? Et enfin la réponse : parce que c’est un morceau brillament écrit qui innove et se glisse sous la peau. Sur scène, sa précision fait mouche. Les pas de danse se font hystériques, alors que l’électro se voit porteur de messages féministes lorsqu’on l’on tend l’oreille. Un dernier pas brisé, à moins que ça ne soit la fatigue et il est temps de faire la révérence pour aujourd’hui. Rock en Seine nous attend pour nous entraîner encore deux jours durant dans une folle ronde !


Frank Carter and The Rattlesnakes - @Pénélope Bonneau Rouis

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