Tag

horreur

Browsing

The owners film

Après des mois de vie culturelle complètement stoppée, de festivals de cinéma annulés, voilà qu’enfin, un évènement chouchou de la rédaction ouvre ses portes. L’Etrange festival qui chaque année fait la part belle aux films de genre, aux films étranges, aux coquetteries et bizarreries du Monde entier se tiendra au Forum des Images de Paris du 2 au 13 septembre. Malgré la jauge réduite à 60 %, qui, on l’espère, ne pénalise pas trop l’évènement, le festival reste un vrai régal conjuguant avec passion cinéma actuel, avants-premières, classiques, pépites cultes ainsi que documentaires et courts-métrage.

Pour sa journée d’ouverture, l’événement mettait à l’affiche une jolie sélection de pépites aux bizarreries inimitables : Tomiris, Pour l’Eternité mais aussi The Owners, coup de cœur instantané de notre équipe. On vous raconte?

 

The Owners de quoi ça parle ?

Dans la campagne anglaise des années 90, Mary se retrouve malgré elle au milieu d’un cambriolage organisé par son petit ami et son meilleur pote. Une villa somptueuse ? Des personnes âgées ? C’est l’occasion de s’en mettre plein les poches. Mais les hôtes reviennent plus tôt que prévu et loin d’être inoffensifs,  entraînent les intrus dans une spirale où l’agresseur n’est pas celui qu’on croit.

The Owners, pourquoi c’est bien ?

the owners maisy williams

Lors de cette toute première diffusion à l’Étrange Festival, le scénariste de The Owners, Mathieu Gompel expliquait que son histoire était adaptée du comics de Herman et Yves H  Une nuit de pleine Lune.  La BD prend néanmoins dans ses mains un aspect entre home invasion et survival agrémenté, de plus, d’une approche anglo-saxonne, le film étant en Anglais et produit par nos voisins d’Outre-Manche. C’est d’ailleurs ce levier et le fameux cynisme britannique qui lui confère sa touche si particulière. Puisque derrière une histoire qui pourrait sonner comme une redite ou rappeler le très lourd ( et franchement sur-côté ) Don’t Breathe, The Owners  sort son épingle du jeu et sait organiser sa montée en tension avec finesse.

Alors que les premières minutes permettent de présenter des personnages à la moral plus que discutable et surtout Mary ( Maisy Williams dans un rôle qui  lui colle à la perfection), le jeu malsain qui s’installe permet aux spectateurs de pronostiquer sur la suite du programme allant dans un sens ou dans l’autre. Tantôt attachant et fragiles, tantôt complètement flippants, les propriétaires de cette grande maison savent manier la langue de Shakespeare avec aisance et faire de la politesse un élément d’angoisse omniprésent.

Puisqu’ici le choc des générations en prend un sacré coup alors que les fragiles victimes de ce home invasion désorganisé prennent en puissance et en substance. Le premier métrage de Julius Berg s’avère être un plaisir de bout en bout ne reniant aucun effet et osant aller au bout de son postulat. Si le cinéma d’horreur peut se vouloir parfois suggestif et psychologique ou préférer une violence crue, Berg choisit de gérer un entre-deux, tendu de bout en bout, se permettant quelques excentricités bienvenues ça et là sans jamais perdre son fil directeur.

Nous vous le disions le scénario a vécu une correction apporté par ses producteurs anglais. Comme se plaisait à l’évoquer le co-scénariste, là où les français se veulent toujours sérieux en tout propos lorsqu’il s’agit de genre et poussent les traits de la psychologie des personnages à leur sommet, les anglais eux savent toujours prendre le recul nécessaire pour s’en amuser. C’est aussi cette touche acide qui rend le métrage si jouissif où le décalage du ton et de l’action se mélangent en un bonbon raffiné pour tout fan d’épouvante. L’humour se sème avec finesse, intervient délicatement, le temps d’un sourire de décompression avant que les choses ne continuent de s’envenimer crescendo.

Il faut de plus ajouter que cette oeuvre dynamique sait écrire ses personnages, leur donnant une premier image qui se transforme à mesure que les minutes ne passent. Les antipathiques voyous des premières minutes se révèlent alors avoir bien plus de facettes qu’on ne pourrait le penser, tout comme le brave docteur toujours sous le charme de son adorable et diminuée épouse Ellen. Quelques sujets de société peuvent se glisser discrètement ça et là : l’inégale répartition des richesses, les relations toxiques, l’importance des apparences… sans pour autant étouffer l’oeuvre et contrarier sa dynamique première.

Si la bande-dessinée s’aventurait du côté du slasher, notre équipe choisit ici de prendre le chemin du survival mais garde la dynamique vitaminée propre à ce genre, tout comme dans son dernier temps du moins la glorification de son boogeyman. Moins pop que celui-ci, plus sombre, plus sobre mais tout aussi jusqu’au boutiste et délurée, ce « The Owners » s’avère être un plaisir franco-britannique parfaitement orchestré, joliment fait, réalisé et interprété sans aucune fausse note. A ne pas manquer, vous resterez bien prendre un doigt de thé ?

Bande-annonce

 


Le mois de septembre est probablement le meilleur mois de l’année pour les adeptes des films de genre et des films… atypiques pour ne pas dire étranges. Normal puisqu’il signe le retour du très attendu Etrange Festival qui fête en 2019 ses 25 ans. L’âge de la maturité ? Plutôt celle de l’étrange maturité puisqu’il est plus jamais possible de se lâcher et de profiter d’un cinéma à part. Au programme: découvertes et classiques qui se côtoient sans jamais laisser indifférent.

The Wretched etrange festival 2019

Parmi la sélection, The Wretched de Brett Pierce & Drew T Pierce, qui loin de jouer sur la carte de la maturité préfère encore vous faire revivre votre adolescence sous le soleil et y apporter une touche de mystère et de démon déchaîné venu du fin fond des bois.

The wretched de quoi ça parle?

Ben, un jeune homme de 17 ans dont les parents sont en instance de divorce, part rejoindre son père pour l’été. Il découvre rapidement que la maison d’à côté cache un terrible secret : les disparitions d’enfant semblent se multiplier, et le responsable ne serait autre qu’une créature qui aurait infecté la maîtresse de maison.

The Wretched : qu’est-ce qu’on en pense?

Il ne faut quelques minutes à The Wretched pour faire vaciller le spectateur dans l’horreur. Fort d’une manière de faire que l’on connait bien quand on a grandit dans les années 90, 2000, le métrage des frères Pierce s’offre une scène d’ouverture mémorable mettant en scène une pauvre baby-sitter de 16 ans et ajoutent quelques bruitages animaliers pour donner d’emblée naissance à leur créature. 35 ans plus tard, ou plus précisément à notre époque, l’étrange créature qui nous intéresse est de retour. Le film prend le pli de suivre les déboire d’un adolescent à problèmes venu rendre visite à son père en bords marins. Ce dernier sera le héros malgré lui de cette aventure morbide aux très belles idées.

Le premier point positif de The Wretched vient surtout de la nostalgie qu’il procure. De « Le Beau-père » à « Paranoïaque » , il fait écho à un certain cinéma oublié, résolument fun et provoquant sa dose de sueurs froides tout en mettant en scène des adolescents. On pourrait également citer « Boogeyman » avec Barry Watson, beau gosse culte des années 2000 et oublié trop tôt. Nostalgie dans le genre mais aussi dans sa mise en scène, riche en soleil, en amourettes et en soirées adolescentes.  Facile de sentir le soleil sur sa peau face à cette horreur sobre parfaite une soir d’été et qui se conterait avec facilité en faisant griller des marshmallows autour d’un feu de bois.

The Wretched etrange festival 2019

Puisque le deuxième point fort de l’oeuvre vient de sa créature, excessivement bien faite, construite et qui profite d’effets visuels de qualité. La scène de la douche est d’ailleurs immanquable tant par ses maquillages que par le malaise qu’elle provoque.

The Wretched n’est pas pour autant exempt de défauts. Quelques ellipses viennent noircir le tableau: la rapidité avec laquelle notre héros se rend par exemple dans la cave de la voisine pour la fouiller sans pour autant attendre son départ laisse perplexe. Tout comme un final un poil attendu qui donne au tout un sentiment de déjà-vu et vient gâcher le spectacle.

Néanmoins, le film s’appuie sur un twist savamment annoncé, qui, à condition que l’on joue le jeu, surprendra forcément. En outre, sa faculté à innover dans un registre connu le renforce. Puisque la créature, loin d’être une simple énième Mama s’inscrit dans un folklore américain propice à toujours apporter son lot de monstres. Il y a du Chair de Poule à l’ancienne dans ce métrage, de l’humour dosé, de l’horreur entre tout public et poussée. Les quelques facilités scénaristiques empruntées ne sauront alors noircir cet honnête divertissement à regarder sans se poser de questions. A défaut d’être la pépite de l’édition 2029 de l’Etrange festival, « The Wretched » y a une place honnête  et saura faire son lot d’adeptes qui, contrairement aux enfants enlevés, ne sera pas oubliée.