Tag

etrange festival

Browsing

L’Étrange Festival 2021 a tiré sa révérence le 19 septembre face à un public de fans toujours ravis de retrouver l’évènement le plus barré de la rentrée et les salles obscures du Forum des Images. Entre horreur, comédie, action, polars et drames, l’évènement a encore mis la barre très haut. On vous raconte.

C’est dans la grande tradition de L’Etrange Festival qu’est diffusé « The sadness » en deuxième partie de soirée pour son ouverture. Chaque année, l’évènement cinématographique dévoile une première perle adressée à un public plus vaste que le deuxième métrage toujours plus dure allant du très dérangeant au carrément gore. Et c’est dans la deuxième catégorie que tombe ce « The Sadness », film taïwanais signé Rob Jabbaz. Si le film de zombie vous enthousiaste mais que vous pensiez en avoir fait le tour, ce premier long métrage qui ne lésine par sur les effets d’hémoglobine  pourrait bien vous séduire. A condition d’avoir le coeur bien accroché. The Sadness étrange festival 2021Après des mois de pandémie, notre film dépeint la mutation d’un virus qui force ses victimes à massacrer et violer sans remords tout à chacun sans aucun aucun procès. Prétexte à un immense bain de sang et de boyaux, tout effort scénaristique semble presque désuet tant tout est préxtexte à un jeu de massacre jusqu’au boutiste. Bien plus que la course effrénée de deux amants pour se retrouver dans un Monde devenu  post-apocalyptique en quelques heures, le film se focalise sur des jeux de maquillages sobrement dégoulinants et sur une sur-enchère de perversions qui n’auront de cesse qu’une fois la bobine terminée. Exit finesse et raffinement, on tape ici dans le dure sans jamais reprendre son souffle. De quelques effets d’explosions de boite crâniennes qui pourraient faire sourire à des scène de torture bien moins réjouissantes, cette pellicule ne pourra s’adresser qu’à un public averti, cramponné à son siège et désireux de voir rouge pendant 99 minutes.

Le dernier film de Soi Cheang, Limbo était l’une des œuvres les plus attendues de cette édition de L’Étrange Festival 2021. Sans beaucoup de surprises, le polar hong-kongais a été à la hauteur des attentes placées en lui. D’une trame classique ( deux flics que tout oppose, l’un vétéran qui en a trop vu et l’autre tout droit sorti d’école, doivent collaborer lors de la traque d’un tueur en série qui ensanglante la ville), Soi Cheang va bien au delà de ce qui aurait pu n’être qu’un Seven-like.  Limbo ETRANGE FESTIVAL 2021Notamment grâce à un noir et blanc à tomber par terre de Siu-Keung Cheng. Loin d’un effet de style gratuit, dans Limbo il est là pour sublimer l’ahurissant décor naturel que représente les bidonvilles et autres immeubles miteux de Hong Kong dans lequel se déroule la traque acharnée d’un tueur en série. Limbo est de ce genre de films qui reste en mémoire et dont la claque visuelle est totalement prompte à être de celle qui fasse naitre de futures vocations cinématographiques.

De Hong Kong et sa structure démentielle il était aussi question dans Coffin Homes de Fruit Chan. Mais pas avec le même résultat… Si prise indépendamment les trois histoires d’horreur se passant dans les coffin homes, ces logements microscopiques qui prolifèrent à Hong Kong, ne sont pas sans intérêt, le défaut du film est de vouloir les relier ensemble et de franchement tomber dans la redite dans le dernier tiers du film en nous présentant de peu subtiles variations de scènes que l’on a déjà pu voir précédemment ! Coffin Homes aurait peut-être gagné à être moins long et/ou adopter la forme d’un film à sketchs.

Plus c’est long moins c’est bon ? La question peut se poser après Coffin Homes à la vision de Tin Can, sorte de wannabe-Oxygène, le film de Seth A. Smith a peiné à convaincre, tant son histoire semblait s’étirer sur 104 minutes plus que de raison, explicitant à plusieurs reprises des éléments de l’histoire se situant avant l’enfermement de l’héroïne alors que tout aurait pu être beaucoup plus épuré. En somme, là encore Tin Can aurait pu gagner à être plus resserré au lieu de se diluer progressivement dans son propre récit.

 THE SPINE OF THE NIGHT ETRANGE FESTIVAL 2021The Spine of Night, film d’animation de Philip Gelatt et Morgan Galen King projetée dans la catégorie Mondovision a tout d’une véritable Madeleine de Proust. Tant dans la forme ( de l’animation à l’ancienne loin, très loin des films Pixar auxquels le spectateur est conditionné depuis a minima plus d’une décennie) que dans le fond (un solide récit d’heroic fantasy fleurant bon les années 80 et les parties de Donjons et Dragons). Un très agréable voyage convoquant magie, viscères, épées à deux mains, Robert E.Howard ( la musique de Peter Scarbatello a des airs du Poledouris sur Conan) ou bien encore Lovecraft. Bref, The Spine of Night un dépaysement garanti, ce qui est ce que tout spectateur assidu de L’Etrange Festival vient chercher, non ?

Inexorable ÉTRANGE FESTIVAL 2021Deux ans après Adoration qui avait eu les honneurs d’une présentation à L’Étrange Festival, Fabrice du Weltz revenait avec son dernier opus, Inexorable. Toujours Benoît Poelvoorde au casting accompagné cette fois de Mélanie Doutey et Alba Gaia Bellugi. Inutile de dire qu’avec ce drame petit bourgeois se déroulant dans une maison de campagne et ou une invitée mystérieuse commence à saper les bases – bien fragiles – d’une famille en apparence bien sous tout rapport, le réalisateur belge prend un malin plaisir à chasser sur les terres de Claude Chabrol tout en prenant plaisir à y apporter sa touche toute personnelle et plus frontale. Un des films solides de la compétition de cette année.

Mad God aura pu désarçonner à entendre les avis en sortie de salles lors de sa double projection à L’Étrange Festival. Il faut dire que le film d’animation de Phil Tippett est à nul autre pareil. Pendant plus de 80 minutes, l’artisan des effets spéciaux de Jurassic Park, Starship Troopers ou bien encore RoboCop, Mad God étrange festival 2021nous présente une vision cauchemardesque de son imaginaire, le tout en stop motion, dans la droite lignée de Ray Harryhausen ! C’est le genre de projet qui légitime que le festival se déroulant en septembre au Forum des Images porte ce nom. Mais aussi c’est le genre de projet qui permet de perpétuer le fait que l’on parle du cinéma comme du Septième Art et rien que pour ça, Mad God, malgré le fait qu’il soit un peu décousu valait clairement le coup de nous être présenté !

Adilkhan Yerzhanov est l’un des chouchous de L’Étrange Festival et avait déjà eu l’occasion, l’an dernier notamment avec A Dark Dark Man, de nous présenter son style particulier ou l’absurde le mêle au contemplatif. Il revenait cette année avec deux films dont A Yellow Cat. Sorte de True Romance à la kazakhe, cette cavale sous fond d’histoire d’amour impossible pour un homme de main qui ne jure que par Alain Delon dans Le Samouraï vaut le détour, tant elle réussit tout aussi bien à amuser qu’à émouvoir dans ses dernières minutes… Encore une belle réussite pour Yerzhanov qu’on ne devrait pas tarder à revoir prochainement à L’Étrange Festival…

Concernant Offseason, avec son intrigue classique d’une jeune fille recevant une mystérieuse lettre la contraignant à revenir sur la terre ancestrale d’où vient sa famille pour régler une mystérieuse affaire, on pouvait s’attendre à tout… Et grâce au réalisateur Mickey Keating, cela signifie le meilleur ! Ayant parfaitement compris l’histoire qu’il met en image, le metteur en scène réussit à mettre en image l’un des meilleurs récits d’inspiration lovecraftienne qu’il ait été donné de voir récemment avec The Void. Avec une belle maîtrise du suspense, le spectateur est entraîné durant 82 minutes dans un récit haletant finissant par assumer pleinement ses références. L’un des coups de cœur de la rédaction lors de cette édition de L’Étrange Festival.

La coproduction internationale entre Sénégal, USA et France, Saloum du réalisateur Jean Luc Herbulot était attendue, des années après une première présentation de son auteur qui était resté en mémoire. Avec cette histoire commençant par trois mercenaires africains s’échappant d’une zone de guerre pour aller remettre un otage et une précieuse cargaison à un commanditaire trouvant refuge dans un mystérieux village, le film pose des bases qu’il va bien malicieusement balayer en plein milieu du métrage. En effet, avec une belle rupture de ton à la Une Nuit en Enfer, c’est dans une toute autre direction qu’Herbulot envoie ses personnages en nous faisant en prime une belle proposition de cinéma de genre en provenance d’Afrique. De quoi attendre avec impatience sa prochaine œuvre !

Sono Sion. Nicolas Cage. Deux nuances potentielles de grandiloquence dont l’alliance fait saliver depuis l’annonce du projet Prisoners of the Ghostland. Sorte de Los Angeles 2013 (ou New York 1997 selon les préférences) empreint d’un post apo très bis italien mais aussi de culture japonaise, c’est comme on pouvait s’y attendre du grand n’importe quoi. L’assumant totalement et ne cherchant à aucun moment à être autre chose que ce qu’il est Prisoners of the  Prisoners of the Ghostland étrange festivalGhostland est un bon plaisir coupable/divertissement dans lequel Nicolas Cage s’en donne à cœur joie sans bouder son plaisir malgré les misères infligés à son personnage de figure héroïque. Au sein d’un casting cosmopolite, Sofia Boutella ( Climax, Atomic Blonde) tire encore une fois son épingle du jeu démontrant que, quel que soit le type de projet auquel elle est rattachée, elle continue inlassablement à percer l’écran. Et si au final, le film ne va pas aussi loin dans son délire que par exemple un Mandy, présenté aussi à L’Étrange Festival il y a quelques années, le film est un véritable plaisir de spectateur à apprécier en festival mais aussi en dehors !


the perfection netflix

12 films d’horreur à voir absolument sur Netflix France

On le sait il est bien plus facile de rester chez soit à chiller sur…

COMMENT SURVIVRE DANS UN FILM D'HORREUR

Petit Guide de survie en territoire horrifique: comment survivre quand on est un personnage de film d’horreur?

C’est Halloween, non pas qu’on se prive à l’année pour vous parler avec amour du…

Trois nanars de requins qu’il faut absolument avoir vu

Le film de requin, le Saint-Graal du nanar et surtout mon petit péché mignon (j’aime…

balade meurtrièreDe quoi ça parle ?

Dans Balade Meurtrière, un enseignant part explorer en famille une côte isolée de Nouvelle-Zélande. La balade se transforme en cauchemar lorsque leur route croise celle d’un psychopathe et de son complice. Mais cette rencontre est-elle vraiment un hasard?

Est-ce que c’est bien ?

Et d’un premier film à la réalisation pour le Noé-Zelandais James Ashcroft qui s’offre ici une oeuvre sombre à ne pas mettre entre toutes les mains. Si les voisins australiens ont habitués les amateurs du genre à dévoiler des pépites d’une dureté sans fin où la cruauté prend des tournures plus qu’explicites, The Loved Ones et Wolf Creek ne nous ferons pas mentir, restait à voir de quel bois se chauffait la Nouvelle-Zélande pays avant tout connue pour ses paysages à couper le souffle.

Et il est bien vrai qu’en la matière, à en croire ce Balade Meurtrière, le pays aux verdures dignes des contées de Frodon a de quoi laisser les spectateurs sans air dans les poumons pour mieux encaisser les chocs qui les attendent. Il faut dire que’Ashcroft sait soigner son décors. L’affaire commence sobrement, et n’est sans rappeler le culte Funny Games du brillant Michael Haneke dans la présentation de sa famille. Sans se retrouver au coeur du bercail cliché et heureux avant le drame, c’est une famille classique que nous dépeint ici notre métrage. La mère, le père et le deux fils adolescents s’apprêtent à passer un heureux séjours dans la nature et un moment de convivialité. Jusque là, le cadre fixé s’avère être assez commun au cinéma de genre. Pourtant le rythme adopté, les plans de caméras qui filment la nature, la compréhension des personnages en quelques phrases clés notamment, sont autant de révélateurs d’un bon moment en perspective.

La quiétude va évidement être rapidement troublée par le rencontre de deux individus peu commodes aux intentions à peine cachées. Quoique et c’est finalement bien là que réside le noyau central du film, certaines de ces ambitions sont bien cachées et ne relèvent pas du simple manque de chance. C’est bien le pourquoi qui tiendra en haleine une audience estomaquée très rapidement. Puisqu’il ne faut attendre que très peu de temps pour que Balade Meurtrière ne révèle sa véritable froideur et sa capacité à aller au bout de son propos sans jamais ménager les sensibilités.

Ecouter la nature

balade meurtrière film 2021Il faudrait pourtant être bien attentif pour comprendre en moins de quelques plans la véritable ambition de ce film dont l’envie de juger et d’excuser ses personnages s’alternent sans jamais prendre le spectateur à partie. Les montagnes y sont rapidement sombres, le vert y est sapin, le beau temps est en demi-teinte. Tout ce qui est beau pourrait bien être moins éclatant qu’il n’y parait et n’est-ce point également le propre de l’humain ? C’est bien le cas du moins de notre protagoniste rattrapé par la fureur de l’homme qui le poursuit, devenu pour l’occasion boogeyman sans scrupule. A moins que ? Pourrait-on excuser au monstre d’avoir été créé ? Qui est le pire finalement entre Frankenstein et sa créature ? Une question à peine voilée clairement abordée au court de ce métrage dont les principales qualités sont évoquées dès le premier acte.

Froideur et violence

Puisque si la suite continue de se tenir et garde son ton méticuleux, polis, froid et emprunt d’une hémoglobine dosée mais viscérale, elle perd un peu de sa superbe une fois le secret dévoilé. Ce dernier, sans spoiler, est la clés de toute l’oeuvre et de tous les questionnements de notre maître de cérémonie qui tient quelque part aussi à juger l’impureté de l’homme dans sa passivité. Le complice du psychopathe se fait d’ailleurs le terrible échos du regard qui ne juge pas, qui aide et participe à moindre mesure. Reste que malgré une scène qui rappellera soyez-en certains le film Irréversible, des longueurs scénaristiques peuvent se faire ressentir, la faute à des arcs déjà vus ailleurs.

Outre ce défaut excusable, le métrage joue d’une photographie à couper le souffle, d’effets de caméras propres et soignés à l’image d’un anti-héros calculateur. Le spectateur, prisonnier comme une marionnette et témoins impuissant du pire, est autant à sa botte que ses personnages centraux forcés de subir leur calvaire. Et là, où Balade Meurtrière est une réussite, c’est bien aussi grâce à son jeu d’acteurs au poil et la performance émouvante de Miriama McDowell, criante de vérité. La performance de Mathias Luafutu est également à souligner dans le rôle du sociopathe au coeur plein.

Fable cruelle et morale

On ne change pas, le passé revient toujours vous hanter, le temps qui passe est une illusion, le Monde est un petit endroit, les malheureuses coïncidences existent ou bien ne vous promenez pas seuls dans la nature, voilà autant de mises en garde que l’on pourra imputer à ce road movie honnête et imparfait. A noter également que le film en VO s’intitule Coming Home in the Dark ce qui lui fait bien plus honneur que sa traduction française, beaucoup trop réductrice.

Ceux qui ont Canal + auront bientôt la chance de la découvrir sur la chaîne et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’il ne fait pas partie des films en compétition à l’Etrange Festival 2021.  A découvrir donc mais pas au court d’un séjour en camping.

Découvrez la bande-annonce


hunted film

Hunted : promenons-nous dans les bois pendant que l’homme n’y est pas (critique à l’Etrange Festival)

Pour cette 26ème édition mais aussi sa plus particulière, L’Etrange Festival a dû travailler dans…

Fried Barry : Le plus étrange n’est pas celui qu’on croit ( critique L’Étrange Festival 2020)

Fried Barry, premier long métrage de Ryan Kruger, est présenté en première européenne dans le…

L’Etrange Festival 2018 : Mandy – Une lettre d’amour pleine de folie et de fureur au cinéma de genre

Dans le cadre de la 24ème édition de l’Étrange Festival, au Forum des Images à…

lux aeterna

Si l’Étrange festival qui touche à sa fin dimanche 13 septembre a vécu nombre de temps forts, la diffusion du dernier film de Gaspar Noé était sans équivoque le plus attendu. Le réalisateur italo-argentin est par ailleurs l’un des poulains de l’évènement année après année. 2019 lui permettait d’offrir Climax en avant-première et de présenter la première de The house that Jack built de Lars Von Trier. Cette année c’est donc avec le très attendu Lux Aeterna qu’il revient en portant à l’affiche Charlotte Gainsbourg et Béatrice Dalle. Ce 12 septembre une standing ovation attend d’ailleurs le réalisateur et Béatrice Dalle dans une salle pleine à ras-bords soit à 60% de sa capacité, Covid-19 oblige.

Lux æterna de quoi ça parle ?

béatrice dalle charlotte gainsbourg gaspar noe

Charlotte Gainsbourg accepte de jouer une sorcière jetée au bûcher dans le premier film réalisé par Beatrice Dalle. Or l’organisation anarchique, les problèmes techniques et les dérapages psychotiques plongent peu à peu le tournage dans un chaos de pure lumière.

Lux æterna, est-ce que c’est bien ?

lux aeterna

Un peu de contexte tout d’abord, le moyen-métrage de Gaspar Noé tient d’une commande à réaliser en urgence pour le festival de Cannes. C’est au bluff selon ses dires que le metteur en scène a promis un film sans même en connaître le sujet. Fort de son nom et de ses très grandes réussites, « Irréversible » restera dans les anales du cinéma français, ce dernier a su vite s’entourer d’un casting cinq étoiles réunissant Béatrice Dalle la sulfureuse et la douce mais téméraire Charlotte Gainsbourg pour un film qui évoquera la sorcellerie. Changement de registre d’ailleurs pour le cinéaste puisque le film est pour la première fois de sa carrière tout public donc loin de son traditionnel interdit aux moins de 16 ans et s’attire la sympathie des Cahiers du cinéma pour la première fois, comme quoi la qualité viendrait d’un manque de violence ou peut-être d’un point du vue interne sur le monde du cinéma selon ces derniers. Passons le discours sur le cinéma d’épouvante et sa perception par la critique en France, il est connu de tous ses amateurs. Avant même le début du film, Dalle n’a de cesse de vanter les mérites de l’oeuvre « Il est trop bien » allant jusqu’à ajouter qu’il est sa plus grande fierté. Doit-on la croire ? Verdict.

Objet étrange que ce Lux ætera qui a bien sa place au festival qui le projète en presque avant-première. Etrange dans son traitement où l’improvisation est mot d’ordre mais aussi dans son approche et ses couleurs. Puisque le métrage se partage l’affiche entre deux points forts : la rencontre de deux actrices opposées dans leurs tempérament et l’image et le jeu de plans et de couleurs. Le sujet finalement parait secondaire. D’entrée déconseillé aux épileptiques,  il met en image la Cène et la passion du Christ sous un jeu de lumières justement prompt à créer une crise d’épilepsie. Fort de son recule sur le travail de cinéaste, le film joue la carte d’un second degrés et d’un recul volontaire à l’aide de citations piquantes dévoilées à dose régulière sous forme de panneaux. On ne peut enlever à Gaspar Noé sa capacité à créer une atmosphère, ici de plus en plus étouffante à mesure qu’elle frôle avec l’anarchie et l’hystérie.

L’autre point fort du réalisateur étant sa capacité à travailler en équipe, connu pour laisser les acteurs improviser sur les plateaux, il semble ici leur donner une carte blanche intégrale construisant son récit sur les personnalités des deux stars, leur offrant l’occasion d’être elles-même face caméra. Un long dialogue entre elles, franchement savoureux et dévoilé sur un écran coupé en deux fera ainsi l’unanimité pour un public adepte de ses deux femmes. Béatrice Dalle, la grande gueule, exubérante et attachante balance quelques grandes phrases bien senties sans se prendre au sérieux et avec un ton naturel et parlé. Les hésitations dans le discours, l’absence de fluidité propre à la vraie vie sont ainsi mises en lumière. Timide mais éblouissante, Charlotte Gainsbourg ponctue la conversation avec pudeur.

Les sorcières sont bien au programme, oui, puisqu’une scène de bucher doit être filmée mais aussi et comme c’est introduit le dialogue parce qu’il est facile de ré-adapter le discours de la sorcière sur la femme de 2020. Béatrice Dalle ne serait-elle pas jetée au bucher par son producteur et son chef opérateur alors qu’une femme prend le pouvoir derrière la caméra ? N’est-ce pas aussi le cas des autres actrices qu’on n’écoute pas et qu’on ne comprend pas ? Une femme déterminée ne serait-elle pas une sorcière lorsqu’elle tente de prendre du pouvoir ? En choisissant également de créer une oeuvre en deux langues anglais et français, Noé pousse cette incompréhension entre les êtres et peut-être aussi, semble-t-il s’amuser à demi clin d’oeil, entre une équipe de cinéma qui joue entre coups bas et incapacité à être dirigée. Puisque tout le monde semble chercher à prendre le pas sur l’autre, à dépasser son rôle. La lumière y est un incroyable vecteur de tension et d’angoisse tout comme le son qui lorsqu’il perturbe la communication devient diviseur.

Gaspar Noé semble s’adresser dans ce moyen métrage aux érudits. Si le film parle du cinéma et était destiné au festival de Cannes, il est l’occasion de tacler, remettre à sa place, créer des situations qui paraissent vécues. Quitte à laisser de côté un spectateur lambda qui comprend ce qu’on lui dit mais ne peut ressentir les scènes qui lui sont proposées. L’histoire quasiment laissée de côté au profit du sentiments et d’hystérie collective déstabilise et fait de cet objet cinématographie une bête de festival bien plus qu’un métrage à laisser entre toutes les mains. C’est probablement l’un des points noirs du film qui dit des choses mais finalement sans trop en dire et sans les dire à tout le monde. Les citations parfois amusantes ramènent le propos à sa place, laissant à tous l’occasion brève de faire partie de cette aventure. Un brin décousu l’oeuvre manque peut-être de la violence propre à Noé, n’en déplaise à certains, pour mieux appuyer son propos et le rendre plus lisse. L’épreuve vécue par les actrice se transforme parfois aussi en épreuve pour le spectateur lui aussi agressé par la lumière et le son. Est-ce une façon de l’intégrer au récit et la montée en tension palpable ? L’hystérie d’ailleurs comme la sorcellerie reste des maux que l’on attribuait volontiers à la femme, en ces temps de percée féministe, le discours semble tomber à pic sans jouer l’axe de la redite des réseaux sociaux.

Loin d’être exempt de défauts, le film séduira un public déjà conquis et initié tout en mettant ses actrices en son centre. Il pourra néanmoins laisser complètement sur le carreau, certains spectateurs dépossédés de l’instant. A en juger pourtant par l’euphorie galvanisante en sortie de salle 500, les fans du cinéastes, les cinéphiles farouches y trouveront leur compte. D’autres pourraient y voir un clip joliment mis en scène mais trop improvisé et manquant d’une construction plus linéaire. Point de choc et de scène qui empêcheront de dormir la nuit au programme, mais une réflexion abstraite à reprendre pour mieux l’intégrer. A ne pas mettre dans toutes les mains donc.

Sortie en salle prévue le 23 septembre.

Bande-annonce


hunted film

Hunted : promenons-nous dans les bois pendant que l’homme n’y est pas (critique à l’Etrange Festival)

Pour cette 26ème édition mais aussi sa plus particulière, L’Etrange Festival a dû travailler dans…

possessor film 2020

Possessor : Brandon Cronenberg signe un film viscéral à fleur de peau

Très attendu par les aficionados de cinéma de genre, « Possessor » s’est joué pour sa deuxième…

L’Étrange Festival 2019 : une 25ème édition qui met en valeur le film de genre sous toutes ses facettes!

Du 4 au 15 septembre 2019, au Forum des Images, s’est tenue la vingt cinquième…

possessor film 2020 extrait

Très attendu par les aficionados de cinéma de genre, « Possessor » s’est joué pour sa deuxième diffusion à l’Etrange Festival à guichets fermés. Il faut dire que le long-métrage du fils de David Cronenberg ( La Mouche, Chromosome 3) n’a rien à envier à la qualité à laquelle nous a habitués le père. Entre place du travail destructrice de la personne, danger des nouvelles technologie, caméra précise et effets carrément gores, l’oeuvre est jouissive. On vous raconte.

Possessor de quoi ça parle ?

Tasya Vos est membre d’une organisation secrète : grâce à des implants dernier cri, elle peut contrôler l’esprit de qui bon lui semble. Jusqu’au jour où le système bien rôdé de Tanya s’enraye. Elle se retrouve alors coincée dans l’esprit d’un homme, dont le goût pour la violence se retourne contre elle.

Possessor, pourquoi c’est bien ?

possessor film 2020brandon cronenderg

 

Si Cronenberg père est connu pour son rapport au corps et son obsession pour ses transformations, cette marque de fabrique revient volontiers dans le travail du fils. Loin d’être un simple film d’époque, le réalisateur Brandon Cronenberg signe ici un métrage puissant qui aurait pu aussi bien sortir au sommet de l’âge d’or du cinéma d’épouvante (dans les années 70 à 80) que dans nos sombres années 2020. Loin des grandes sorties horrifiques actuelles souvent édulcorées, ce Possessor s’évertue à repousser les limites, osant tout ou presque, choquant par son visuel fort en hémoglobine tout en gardant pourtant un ton froid et posé. Le corps, lui est vu sous toutes ses couture. La sexualité y est omniprésente et prend en fonction de ses protagonistes plusieurs visages questionnant presque le genre du bout des doigts lors d’une scène au graphisme époustouflant. L’identité, au coeur de l’intrigue, celle qui attache aux proches y est sans cesse questionner. Sommes-nous une somme de souvenirs ? Le reflet de nos impulsions ? semble-t-il questionner.

D’entrée, le malaise est palpable. D’abord celui d’une héroïne brillamment interprétée par Andréa Riseborough (Birdman). C’est d’ailleurs avec un casting 5 étoiles que l’oeuvre qui avait choqué au festival de Sundance se déploie. A l’affiche, on retrouve par ailleurs Tuppence Middleton (Sense 8), Jennifer Jason Leigh (Atypical, Les sentiers de la perdition)  ou encore Sen Bean (Golden Eye, Game of throne) qui rejoint la famille des acteurs de GOT que l’on découvre sous un nouveau jour dans les métrage horrifiques de l’Etrange Festival  à l’instar de Maisie Williams, incroyable dans The Owners).

La guerre psychique pour le contrôle du corps est au centre de cette fable éprouvante où les penchants violents de chacun ne font qu’accroître une sur-enchère de frustrations et de goût pour le travail bien fait. Savoir rester soi-même plutôt qu’avoir la liberté d’être une personne échangeable dans la société, est ici une valeur centrale du travail de Cronenberg qui pousse son propos à son apogée. A cela s’ajoute une atmosphère aussi viscérale que macabre qui prend vie dès les premières secondes du film sans jamais perdre de temps. Le spectateur y est valorisé alors qu’il n’est jamais pris pour un incapable de se raccrocher à une histoire, il y est au contraire embarqué sans jamais être noyé dans une profusion de détails contextuels. Sobre dans son propos, cette oeuvre entre science-fiction et thriller ne lésine jamais sur les moyens visuels. D’abord grâce à des décors à couper le souffle mais aussi et surtout par l’explication des sentiments grâce la mise en images lors de nombre scène où la dualité se superpose, où les visages se mélanges et où le flou et les effets de couleurs se succèdent. L’abstrait y devient très concret alors que trouble et intensité se côtoient. La bande son signé Jim Williams également sublime fait vibrer ce récit graphique. Tasya réussira-telle à contrôler le corps de Colin ? A s’adapter en quelques jours à une vie qui n’est pas la sienne tout en ne s’oubliant pas ?  Toutes ces questions trouveront réponses au court d’une heure quarante haletante de bobine à ne pas laisser entre toutes les mains. Nul doute que ce Possessor a tout pour devenir culte auprès des fans de cinéma de genre au coeurs bien accrochés.

En espérant que le film se distribue dans les cinémas français qui sont souvent frileux lorsqu’il s’agit de diffuser de l’horreur bien construite. L’Etrange Festival, lui, se poursuit au Forum des Images jusqu’au 13 septembre.

Découvrez la bande-annonce de Possessor

The owners film

The Owners : home invasion and a cup of tea pour le lancement de l’Etrange Festival

Après des mois de vie culturelle complètement stoppée, de festivals de cinéma annulés, voilà qu’enfin,…

L’Étrange Festival 2020 : Malgré la COVID, le cinéma de genre reprend ses droits !

Du 2 au 13 septembre 2020 se tiendra la vingt sixième édition de l’Étrange Festival…

brimstone preacher

Brimstone : chef d’oeuvre infernal entre western, horreur et drame à voir absolument sur Netflix

Brimstone de quoi ça parle ? Dans l’Ouest américain, à la fin du XIX siècle.…