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Dragon new warm mountain I believe in you

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big thief dragon new warm mountain i believe in youIl était une fois un monde dans lequel tout devait aller vite. Les albums devaient être courts, la musique devait servir à faire danser, les paroles devaient parfois offrir des punchlines à répéter en soirées.  Et puis, comme d’un coup de baguette magique voilà que Big Thief y sortait un nouvel album à contre-pied des attentes. Il y réunissait 20 titres dont chacun y prenait le temps d’exister, de se laisser vivre, de flotter dans les airs et de percuter les cœurs. Pas étonnant donc que ce joyau, digne des plus belles tiares se soit nommé « Dragon new warm mountain I believe in you ». Un animal imaginaire et majestueux tout aussi onirique que la balade au pays imaginaire que le groupe nous invite à visiter.

Au commencement était la douceur

C’est sur la pointe des pieds qu’Adrianne Lenker et sa troupe engagent cet album. « Change » convoque l’âme d’une folk inspirée où il fait bon exister. L’entrée dans cet univers se fait avec douceur. Les notes se délient et se dégustent, tout ici n’est que luxe et volupté. Dans ce royaume lointain les hôtes proposent de prendre part à une fête improvisée. « Time Escaping » a la gaîté d’une nuit autour d’un feu de camps, où histoires et danses se mêlent. Elle se poursuit sur « Spud Infinity ». Pour parfaire le moment, la joyeuse bande invite les instruments folkloriques à se joindre à l’évènement. Tout en gardant sa profonde mélancolique à la pop acide, Big Thief crée une aparté emprunte de joie et pourrait bien rapatrier quelques joyeux lutins alors que les notes sautillent et les ombres virevoltent au gré des flammes.

Et puis, place à la féerie, aux rivières de diamants. Le titre qui donne son nom à l’album donne envie de croire. Le Monde pourrait être peuplé de nymphes et autres créatures mystique. Rêve éveillé aux confins de la pop, sa douceur n’a d’égale que sa maîtrise et son rayonnement. La voix aérienne y répond avec délicatesse aux notes savamment pensées. Comme dans une rivière au mille reflets, elle coule de source, sonne autant comme une évidence connue qu’une individualité revendiquée.

S’envoler en terre pop

Il est temps de s’envoler et de déployer les ailes de « Sparow ». D’ailleurs, le titre n’a de cesse de décoller en une ritournelle qui se répète. Là encore l’évidence folklorique répond à une voix aérienne qui sait se casser pour mieux marquer ses mots. La comptine y est appuyée et vu du ciel que les paysages sont beaux. Comme dans un cocon chaleureux, Big Thief cajole et envoûte. Ce titre biblique évoque par ailleurs avec subtilité la genèse, la pomme acide se revendique et se déguste comme un poison dans lequel il est bon croquer.

S’en suit le magistral « Little things », un petit rien royal qui pose son ton dès ses toutes premières secondes. S’il fallait évoquer la perfection dream pop, le morceau ferait office d’exemple. Sa retenue musicale fait écho à un entrain à la perfection rare. Montée en puissance constantes, la voix s’y positionne avec naturel, elle se positionne en tête pour mieux masser les esprits en un simple coup de baguette aux milles étoiles. Les guitares s’emballent, l’invitation à s’échapper est là mais aussi l’obsession pour l’être aimé. Ces petites choses que l’on aime dans ce morceaux le rendent addictif, poignant. Chaque note y est un élément à chérir qui compose un grand tout à aduler.

Un second acte entre folklore et magie pop

big thiefEn sa moitié, l’opus donne du souffle pour mieux repartir avec entrain sur « Flower of blood ». Doit-on penser à « Blood Flowers » l’album culte des Cure ? Il en a du moins le génie. Sans s’aventurer dans les sombres contrées du groupe de Robert Smith, la formation en garde la beauté mélancolique.

Pour plus de noirceur il faudra attendre les prochains titres. « Blurred View » évoque l’épaisseur de Portishead et a l’étoffe d’un « The Rip ». Pour se remettre et comme un clin d’œil au début de l’opus il faudra s’oser sous la lune de « Red Moon » une danse mystique aux nombreuses vertus proches de la sorcellerie.  Big Thief n’a de cesse de se réinventer, de changer de ton en gardant ses gammes. Impossible de ne pas marquer le pas sur ses dernières notes qui s’emballent à toute allure.

Si l’album était jusqu’ici conçu comme un rêve, il est temps d’ouvrir les yeux. Les rythmiques puissantes appellent d’ailleurs l’oreille à prêter attention dès les premiers instants de « Wake Me Up to Drive ». Mais comme toujours, le début ne laisse en rien présager la fin. Comme sur des montagnes russes, l’album prend le temps de faire des poses, de s’offrir des montées sans fin pour mieux apprécier l’univers qu’il invente. La voix d’Adrianne devient enfantine avant de mieux reprendre cette rayure folk qui lui confère son sublime.

Un essaim vibrant

Il est singles qui ne se détachent pas des albums. Ils sont choisis par les maisons de disques pour leur qualités vendeuses mais non pour l’effort qu’ils représentent.  L’immense « Simulation Swarm » fait mentir tous les adages. En seulement quelques secondes le titre colle à la peau et au cœur. Ses répétitions savamment dosées se glissent dans les os. La résurrection est-elle possible ? Entre la berceuse apaisante et l’hymne hypnotique, un morceau aussi puissant du côté de la pop et de son amie la folk n’avait pas vu le jour depuis des années. Tourbillon aux mille merveilles, aux montées qui savent se maîtriser, au raffinement sans fin, il dégage la poésie d’un joyau brut. Le mont aux trésor de cet album est à écouter en mode repeat sans jamais sans lasser. Il n’est d’ailleurs pas sans rappeler le tout aussi intemporel « U.F.O.F ».

Il faudra pourtant le laisser, de façon assez abrupt il faut en convenir sur le titre d’après qui débute par la voix de sa chanteuse comment un raté travaillé, un démarrage à la hâte. Intitulé « Love love love », il ne peut que résumer en trois mots la sensation globale procurée par les 20 titre de cet opus qui passe sans jamais trébucher de la mélancolie au folklore toujours dans un pays où les mythes et croyances sont légions.

C’est « Blue Lighting » qui conclut dans la lumière cette démonstration de force contenue. Une dernière danse avant la fin pour redonner à la folk sa juste définition. Et la suite ? Elle conduira à reporter les deux concerts parisiens de Big Thief au mois de juin 2022. La princesse Adrianne Lenker elle et ses preux chevalier, vécurent aussi heureux que le public qui les écoute et il faut le souhaiter donneront naissance à beaucoup d’albums de ce calibre.


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