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The Hives @ l'Olympia Paris 2021
Photo : Louis Comar

Mercredi 17 novembre 2021, après une journée beaucoup trop fraîche dans la capitale française, le froid a laissé passer quelques rayons de soleil, et une chaleur mitigée. Assez du moins pour permettre à quelques fans téméraires d’attendre le retour de la légende suédoise, The Hives, devant les portes de l’Olympia. Amassés devant la grille, ces fans inconditionnels espèrent bien prendre d’assaut le premier rang  pour vivre la fameuse tornade venue du Nord de pleine face. Logique, le groupe de trente ans d’âge est réputé pour ses incroyables performances live.

Quelques heures avant de monter sur scène, Howlin’ Pelle Almqvist, le chanteur sirotait dans les loges un café chaud, confiant au passage être un peu malade. La faute à de nombreuses journées sans repos à courir les salles et les scènes. Pourtant rien ne pourra l’arrêter ni l’empêcher de tout donner en concert. C’est la passion de la scène qui les pousse, lui et sa folle troupe de compères en noir et blanc, à exister. « Je suis content que vous soyez là les gars, mais personne ne viendrait, je continuerai quand même à faire des concerts. » s’amusait-il d’ailleurs.

Come On !

Il est 20 heures lorsque le concert commence sur une performance survoltée de The Dahmers. Originaire de Suède, le groupe de rock garage féru d’horreur, arbore des costumes de scène noir et blanc mais cette fois à l’effigie d’un squelette. Enervés et énergiques, la joyeuse bande balance franchement, bondit et rugit tout en insistant sur sa passion du gore et son envie de donner des frissons. Pas vraiment étonnant quand on sait que la fine équipe a choisi le nom d’un tueur en série comme étendard. Côté public, la chaleur monte d’un cran et les notes acérées font mouche. Aiguisée comme une pointe de couteaux, les morceaux entrent autant en tête que les périples du célèbre serial killer qui n’avait pas hésité à ouvrir le crâne d’une de ses victimes. Détail atroce, on en conviendra.

The Hives @ l'Olympia Paris 2021
Photo : Louis Comar

Les lumières se rallument, avec une violence presque douloureuse. L’heure pour certains de se ruer sur l’un des nombreux bars de la salle et prendre quelques victuailles avant de se lancer dans l’arène.  Un show de rock se doit de sentir la bière et la sueur. Pour la deuxième partie, l’audience peut compter sur The Hives qui débarquent enfin, à 21 heures sous un tonnerre d’applaudissements. Sans grande surprise les musiciens balancent d’emblée leur titre « Come On » en invitant le public à se déchaîner. Dans leurs nouveaux costumes du meilleur effet, qui brillent dans le noir, ils transforment immédiatement l’Olympia en un immense garage où le rock est roi. Le costume, expliquait le chanteur, est bien la façon d’être encore plus punk que les punks. Après tout, faire un pied de nez aux tenus traditionnellement associées au courant, n’est-ce pas la meilleure façon de se rebeller ? Le ton est donné.

L’heure du crime

La sauce prend complètement alors que les titres s’enchaînent « Main Offender » précède « Go right ahead » alors que Pelle enchaîne les sauts et les bonds, se jetant régulièrement de son ampli, les cheveux au vent. Garder le rock’n’roll sexy malgré les âges ? Voilà l’une des problématique d’une formation qui une fois sur scène n’a rien perdu de sa superbe et de sa folie. Le frontman n’a de cesse d’interpeller la foule, de lui parler. En anglais, en français avec aisance et un fort accent qui lui fait prononcer le U d’album. L’initiative est appréciée de tous alors que la foule maintenant devenue un seul corps répond favorablement à chaque demande et à chaque note distillée par les maîtres de la soirée.

Il est temps d’écouter un nouveau morceau et « Good Samaritan »parue en 2019, ce qui dans l’histoire des Hives est particulièrement récent, fait trembler les murs de la mythique salle. Le groupe sait composer son histoire et s’inspirer de ses icônes, recréant l’univers particulier d’un the Sonics, Social Distortion ou même des Dead Kennedys en un nouveau jus dosé et actuel.  La set-list défile : « Two Timing Touch », « My Time is coming », « Hate to say I told you so » s’enchaînent.

Les yeux écarquillés, la tête pleine de notes, voilà que notre frontman interpelle la foule pour lui expliquer qu' »It’s my time ». Evidement après les confinements, les restrictions, les interdictions, qu’il est bon que l’heure soit enfin au lâcher prise, à l’amusement. L’anarchie rock, le tourbillon d’ondes déchaînées, vibrantes, larsenantes, enragées n’aura jamais été si pertinente, si bestiale et primordiale. Voilà donc que le messe est dite « If it’s my time, then it’s your time! » balance-t-il comme un cris de guerre. La troupe est alors mise à contribution. Il faut lever les mains, il faut répondre, il faut crier, et le tout fait office d’exutoire parfait. Un show de The Hives laisse les chichis au placard. Pas d’écrans, pas d’artifices, seule l’énergie compte. Et cette dernière se propage en ondes de chaleur et de notes. Elle percute chaque membre du public maintenant électrisé comme un pantin, sommé de danser. Quelques sauts en plus et voilà que l’onde touche jusqu’au plus réticent des spectateurs, qui a maintenant les bras dans les airs.

Une petite pause ?

« On va prendre 10 secondes de pause. » explique maintenant le leader. Non, impossible, les corps et les esprits sont chauffés, personne ne peut s’arrêter. « C’est pour mieux repartir pourtant. » justifie-t-il. Les pieds tapent, l’audience en demande plus, l’apogée du show, bouillante comme si son équipe venait de marquer un but, l’Olympia est un stade qui réclame d’être nourri et le rappel arrive alors comme une délivrance. Il en faut plus, laisser les pensées vagabonder et se perdre, encore dans les guitares saturées. Le groupe revient sur « I’m Alive » avant d’inviter toute l’assistance à s’accroupir. Ceux qui sont familiers des concerts de rock connaissent bien le principe, rester assis pour mieux bondir tous ensemble. The Hives faisait partie des précurseurs du mouvement. Le dernier saut de la soirée est collectif et enragé. Côté morceau, c’est « Tik Tik Boom » qui clôt les festivités. Tik, tik, tik, le temps passe si vite quand on s’aime.


Le soleil brille dans le ciel francilien. Après des semaines de grisaille et de temps hivernal, la clémence semble être enfin de rigueur ce week-end. Et ça tombe bien, puisque ce 3 septembre 2021 voit de nombreux festivals ouvrir leurs portes. Parmi eux, le champêtre Essonne en Scène à Chamarande. Evénement familiale au décors somptueux s’il en est, il promet trois jours de festivités comme au bon vieux temps d’avant. Pour ceux qui n’habitent pas dans le coin, le long trajet promet un dépaysement à la hauteur de ce moment hors du temps, à déguster comme un weekend loin de la grande ville. Pour cadre, l’évènement a pris possession d’un château et de son immense parc. La scène lui fait face alors que food trucks et bars l’encadrent.

Sur les pelouses, les familles s’installent en position assise. Le décors pourrait bien rappeler un tableau impressionniste et ses déjeuners sur l’herbe. Il est 18 heures quand la musique envahi les âmes. La programmation soignée ne décevra pas et fera plaisir à une assemblée plurielle.

Et c’est parti !

 

Carole-Pele_Essonne-en-Scene_2021
Photo : Louis Comar

Carole Pelé à la lourde tâche d’ouvrir les festivités. La belle est venue conquérir les coeurs des foules et distiller ses maux avec force et énergie. Vêtue d’une combinaison blanche, assistée d’un musicien, elle happe immédiatement l’attention. « Essonne en Scène j’ai rien à raconter » lance-t-elle en guise d’amuse-bouche avant de lancer son titre du même nom. Son flow fluide et la justesse de son timbre promettent un moment entre intimité et danse. Se canalisant sur l’avant-scène, la musicienne propose un show travaillé et pointu et des mélodies d’une modernité juste. Elle tape fort et vrai et se dévoile. D’angoisses face à elle-même aux amours déchus, la gravité de cette introspection musicale à la belle fibre artistique se fait plurielle lorsqu’elle devient festive. Comme Fauve avant elle, la chanteuse joue de notes sombres et d’un ton grave pour évoquer des peines universelles tout en parlant aux coeurs. Elle en profite pour faire un hommage à sa mère en lui dédicaçant un morceau qui contient des enregistrements de la voix de cette dernière.  Voir Carole Pelé sur scène évoque un instant privilégié, de ceux à vivre lorsque l’on assiste aux premiers pas d’une future grande de la musique. Comme pour un grand cru, la musicienne ne pourra que gagner avec le temps et les capacités à pousser ce projet esthétique en son apogée. « Nuit Blanche » conclut la performance avec beauté, la foule commence à s’électriser, la soirée sera belle et la nuit claire.

Le soleil est encore là et il serait regrettable de ne pas profiter des pelouses. Qu’à cela ne tienne pour mieux décoller plus tard, il faut reprendre des forces. Alors que certains, malins, commencent leurs repas ou en profitent pour boire quelques verres, Før débarque sur scène. Le duo homme femme, dévoile ses compositions pop rock entre guitare acoustique et violoncelle. Les voix aériennes se mélangent et n’ont pas à rougir face à une scène britannique pourtant avare de  ce type de composition. Les notes perchées s’envolent haut alors que le groupe assis invite avec poésie à l’introspection. Ce sera le dernier temps calme de la soirée.

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Photo : Louis Comar

Danser le nouveau Monde

Videoclub_Essonne-en-Scene_2021
Photo : Louis Comar

La foule est prête, elle veut danser maintenant. Et ça tombe bien puisque la pop française de Videoclub s’invite maintenant à l’évènement. Sur scène, le trio inspire une sympathie immédiate. Les traits juvéniles de sa chanteuse ne trompent pas : les titres précis offrent une modernité bien construite. Avec ses accents 80’s, les compères ne sont pas sans rappeler Les Pirouette. La voix elle, déclinée en chant des sirène est aussi pointue que bienveillante. Avec Video Club, la fête promet d’être belle. Quelques classiques sont revisité, pimpés entre candeur et fraîcheur. La foule oscille sur « Un autre monde » de Telephone.  Elle ne s’assoira plus. Sauf peut-être si on lui demande de s’accroupir pour mieux bondir dans les airs. Volontaire, elle réagit à chaque mot de la maîtresse de cérémonie, qui la remercie chaleureusement de faire « revivre la culture et la musique en live ». Le moment pourrait sembler être la norme d’un été vibrant. Il n’en était plus rien depuis des mois. Difficile donc, de ne pas sourire franchement et voyant ces scènes d’euphorie partagées. Elle se prolongent d’ailleurs sur le titre « Euphories » que beaucoup reprennent en choeur. Il y a du Thérapie Taxi dans la formule de Videoclub et ce n’est pas le titre « Amour Plastique » qui fera mentir ce constat. Sa chanteuse, Adèle aujourd’hui seule face au départ du groupe de Matthieu promet de se lancer en solo. Avec ses accents qui sentent le chamalow et les fêtes foraines à deux, la belle garde le sourire face à cette séparation amoureuse aux relents doux-amers qui lui aura pourtant permis de se lancer. La suite ne pourra que lui sourire.

C’est aussi pour 47 TER que la foule s’est déplacée. Cette fois-ci dense et debout, elle se masse au premier rang en un tourbillon compact. Les membres les plus jeunes de l’audience sont en émoi. Le temps se rafraîchit à peine et l’atmosphère, elle, se fait bouillante. « C’est pas compliqué, expliquent les intéressés, on est trois, on va diviser le public en trois et voir qui sont les plus chauds ! ». Les demandes de faire du bruit, de sauter et d’interagir se font nombreuses. Bonne joueuse, la foule répond à tout. Le rap des compères est chaleureux comme l’été qui s’installe ne serait-ce que pour quelques jours sur la capitale. Les notes sont précises, sucrées et accessibles. Facile donc de chanter et de reprendre en choeur toutes les notes proposés. L’instant se fait grand messe pour mieux devenir leçon de gestion de foule, tous les rangs dansent volontiers alors que l’atmosphère familiale réjouit petits et grands. Lorsque « Côte Ouest » est joué, le public reprend ses paroles.  Avec légèreté mais en gérant sérieusement la scène, le trio attire naturellement la sympathie.  L’effervescence est telle que lorsque les musiciens sortent de scène, un groupe d’adolescents les attendent et tentent d’escalader les barrières pour les saluer.

Vianney, coqueluche de la soirée

Tout n’est pourtant pas parfait en ce moment champêtre. La faute peut-être à des mois compliqués avec une jauge impossible à prévoir, la restauration sera le point noir de l’évènements. Malgré la multitude de food trucks présents, la queue ne dégrossit pas et les estomacs gargouillent. Certains attendent plus de deux heures pour obtenir un burger ou une crêpe. Le lendemain, les festivaliers seront prévenus : il faudra commander tôt ou venir avec un pic-nique.

Vianney_Essonne-en-Scene_2021
Photo : Louis Comar

Pas le temps néanmoins de penser à manger puisqu’à Essonne en Scène, les concerts s’enchaînent sans laisser de répit aux spectateurs. Et c’est tant mieux puisque les saveurs musicales elles, se dégustent à l’infini et laissent un goût plaisant en bouche. C’est d’ailleurs au fils chouchou de la France, Vianney, de faire son entrée sur scène. Au cours des années, le gendre idéal a pris le temps d’évoluer et de devenir une figure inconditionnel de l’espace médiatique français. A mesure que la cote de popularité du chanteur grandissait, les a priori se sont formés. Certains préférant mettre en avant son aspect tout public en oubliant pourtant un fait d’une importance central : Vianney est un artiste live d’une grande qualité.  C’est bien ce qui avait été marquant lors de son tout premier concert au Café de la Danse et c’est bien ce qui reste vrai : cette machine à tubes qui fonctionnent sait particulièrement bien gérer son audience et se donner à fond. Vianney est une toupie qui s’approprie son espace scénique à la perfection. Les blagues fusent, grand public, construites alors que l’homme à la guitare saute dans les airs. Ne vous affolez pas s’il n’a pas besoin de toute une attirail de musiciens pour le suivre, comme il l’aime à l’expliquer, sa pédale de loop lui suffit amplement. L’air est encore chaud et la foule, compacte, n’à d’yeux que pour le chanteur. Il en profite pour enchaîner ses morceaux repris en choeur par l’assistance. Le moment de communion est beau d’autant plus qu’il unie en son sein toutes les générations. « Je m’en vais », « Dumbo », « Beau-Papa », « Pas là » ou encore « Moi aimer toi » sont scandés  face à un maître de cérémonie qui bondit dans les airs et fait des dingueries de ses acrobaties. Alors que le chanteur remercie le public qui a dû braver les contraintes sanitaires pour faire revivre la musique live, une pensée pourrait bien traverser les esprits. Si la musique est le langage universel, il est intéressant de noter à quelle vitesse un titre peut devenir culte et à quelle vitesse des paroles peuvent devenir une appropriation collective. La popularité d’un musicien en fait facilement un trésor national. C’es sûrement pour cette raison que la foule à tant de mal à laisser partir la tête d’affiche de la soirée. Malgré l’absence à la set-list de « Je te déteste » – un incident regrettable- il signe un sans faute retenu par des tonnerres d’applaudissements rappel après rappel. La fin des festivités semble tomber bien trop tôt alors que des navettes attendent les festivaliers souhaitant rentrer chez eux. Des souvenirs plein la tête, les oreilles qui bourdonnent, avec un silence à peine troublé par quelques conversations passionnées, les couches-tard ont loisir de se remémorer l’instant à mesure que les lumières de la ville s’approchent inexorablement.


Traditionnellement, le week-end est toujours plus calme  que les autres jours au Printemps de Bourges. Cette édition 2021 ne déroge pas à la règle. En ce samedi ensoleillé, pas d’Inouïs au programme, le festival donne rendez-vous aux festivaliers à partir de 16h.

Pour les professionnels, un petit espace, le French VIP, résiste et propose quelques showcases tout au long de l’après-midi. À 14h30 c’est donc Alice Animal qui ouvre ce 5e jour de festival. Dans la chronique de son nouvel album Tandem, nous disions « impossible de ne pas penser que la musique d’Alice Animal mérite d’être vécue en live. ». Ce n’étaient pas des paroles en l’air. L’artiste propose au public un beau moment de musique live et une interprétation fidèle de son album. Sa guitare et son look  aident l’audience à s’immerger pleinement dans son univers rock. La voix puissante d’Alice Animal et son énergie débordante sont les ingrédients qui composent la réussite de son show. Il est d’ailleurs difficile de quitter ce concert sans garder en tête des titres comme « Tandem » ou encore celui qui conclura la set-list : « Tes éléphants roses ».

Toujours à l’espace French VIP, un autre concert attend les quelques professionnels et médias présents sur le festival. C’est la jeune chanteuse Ferielle qui vient interpréter ses titres. L’artiste émergeante en est seulement à son deuxième concert et une forme de réserve se dégage de ses premiers instants sur scène.  Pourtant, à mesure que les minutes passent, son épanouissement est visible et elle distille des titres solaires parfaitement adaptés à l’esprit festival. Son dernier morceau, parle d’un sujet qui la touche : ses cheveux. Cette chanson très rythmée et accompagnée d’une chorégraphie, permet d’aborder au travers ce prisme, le sujet du consentement, un message  important à faire passer pour elle.

Parce que le Printemps de Bourges ne se déroule pas que sur les bords de l’Auron, c’est au théâtre Jacques Coeur que se déroule la suite des festivités. Dans un cadre somptueux, face à une salle comble, le chanteur français Petit Prince vient défendre ses titres et son nouvel album « Les plus beaux matins ». Sa psyché-pop chantée en français dégage une ambiance lunaire dans le public. La douce voix du musicien fait résonner chacune de ses paroles entre les murs du théâtre. Comme le protagoniste du livre qui lui donnera son nom de scène, Petit Prince, dévoile des morceaux où candeur et naïveté s’additionnent. Pour ses textes, il puise son inspiration dans le quotidien, son chien par exemple à qui il dédiera une ode à fleur de peau sur scène : « Chien chinois ».   Dans un univers bien à lui, l’artiste propose une chanson inédite, « Qui n’est pas encore complètement terminée », avec une message qu’il juge universel . Il décide d’y parler de « son moi du futur », de ce qu’il lui dirait, ce qu’il lui demanderait, il exprime une réelle réflexion sur notre volonté à connaître l’avenir.  Mais peut-être, explique-t-il préfèrerions nous ne pas savoir ? C’est ce qu’il détaillera d’ailleurs dans l’interview qu’il nous a accordé juste après son concert.

Pour terminer cet avant-dernière journée de festival, le Printemps de Bourges a mis à l’affiche le  rap français avec des concerts de Georgio et PLK. Il faut dire que chaque année à Bourges, le samedi, la jeunesse est à l’honneur et la soirée est consacrée aux artistes qu’elle affectionne. Printemps particulier ou pas, la règle est encore respectée cette année. Le show de Georgio au Palais d’Auron a retourné la salle. Littéralement. Le public et l’artiste ont fait fi des règles sanitaires pour vivre un concert comme avant. La foule est compacte, les pogos sont là.  Invités à le faire par le chanteur, le public se rue dans la fosse, les chaises ne leur posent pas de problèmes, elles volent tout simplement au dessus d’une foule qui slam, pogote, danse et crée maintenant des circle pits. Et les chaises s’envolent. Lorsque PLK débarque à son tour sur scène, la salle est transformée.

C’est dans une ambiance survoltée que le jeune rappeur lance les festivités L’artiste a su se fédérer une véritable troupe d’aficionados et déchaîne les passions. La preuve la foule en émoi, portable rivés face à la scène pour diffuser sur ses réseaux sociaux la preuve qu’elle se trouve au fameux concert. D’aucun pourrait douter des qualités musicales du performer, puisque sa composition reste plutôt simpliste, mais personne ne saurait remettre en cause sa capacité à galvaniser une foule. Après des mois de restrictions, il est fascinant de voir une fosse à nouveau vibrer à l’unisson. L’intensité est telle que quelques minutes après le début du concert, il faut l’arrêter pour sortir une personne ayant fait un malaise de l’assistance.  La soirée se termine sur l’un de ses récents titres « Petrouchka » qui est repris en cœur tel un hymne par la jeune audience en sueur. Le respect des gestes barrières n’est pas là, le festival n’aura pas pu lutter contre une jeunesse déchaînée, en manque de vie.

Le dimanche est, sur le papier, plus tranquille. La moyenne d’âge de la salle n’est pas la même non plus. Pour les deux derniers concerts de cette semaine festive, ce sont Alain Souchon et Tryo qui viennent enflammer le Palais d’Auron.

Du haut de ses 77 ans, le chanteur originaire de Casablanca regorge d’énergie et se déhanche pendant les 60 min de concert qui lui sont accordées. Il débute son show avec le célèbre « Allo maman bobo » repris en coeur par la foule, lançant parfaitement les hostilités. Entre quasiment chaque titre, Alain Souchon prend le temps de parler à son public, de lui raconter des anecdotes et de plaisanter sur ses fils Ours et Pierre Souchon. Ses deux enfants le rejoignent d’ailleurs sur scène pour interpréter un titre. Les trois hommes sont particulièrement ravis de partager ce moment ensemble. Même Roseline Bachelot, présente pour le concert, a semblé apprécier le cet instant.

Pour terminer la représentation, l’artiste et ses musiciens jouent le très connu et fédérateur « Foule Sentimentale ». Dès les premières notes la salle se lève et quelques personnes se dirigent vers le devant de la scène, entrainant le reste du public avec eux. C’est donc dans une grande communion que monsieur Alain Souchon clôture ce très beau concert.

 

Alain_Souchon-Printemps_de_Bourges-2021
Photo : Louis Comar

L’heure du dernier concert arrive pour les festivaliers et c’est avec Tryo que le Printemps de Bourges a décidé de terminer cette semaine riche en musique. Le groupe aux fortes influences reggae a pour mission de partager sa bonne humeur . La formation fait même l’honneur au public d’inviter Gauvin Sers le temps d’un morceau.

Tryo-Printemps_de_Bourges-2021
Photo : Louis Comar
Tryo-Printemps_de_Bourges-2021
Photo : Louis Comar
Tryo-Printemps_de_Bourges-2021
Photo : Louis Comar

L’humeur est bon enfant sur scène comme dans le public du début à la fin du show . Lorsque les dernières notes résonnent, c’est avec une certaine émotion que les festivaliers du Palais d’Auron se dirigent vers la sortie, disant au revoir à cette édition 2021 du Printemps de Bourges, si particulière. Dans les têtes un seul mot d’ordre : qu’il était bon de se retrouver !

Les organisateurs ont réussis leur pari d’organiser le festival en pleine crise sanitaire, ils ont fédéré les gens autour de la musique. Et le public a répondu présent par son nombre et sa motivation à s’amuser pendant cette semaine de juin.

 


Le mardi 6 octobre, il fait très froid dans la capitale française. Les jours de pluie se suivent et se ressemblent un peu, morose à l’air du Covid et de ses restrictions. Alors que les concerts se font très rares, celui d’Alexandrie et de Grand Palladium aux Trois Baudets s’annonce comme une bénédiction. Un brin de découvertes francophones, fera plaisir à voir et entendre. D’autant que, si le protocole sanitaire est respecté à la lettre, l’ambiance s’approche plus des concerts du temps d’avant avec la possibilité de prendre un verre au restaurant à l’étage entre deux sets et une convivialité palpable dans la petite salle. L’enjeu n’est plus aujourd’hui de prouver qu’il est possible de s’offrir un live en salle mais bien de retrouver le spectacle vivant.

Alexandrie

Le chanteur venu dévoiler pour la première fois à Paris son projet solo donne le La à la soirée. Au synthé, Antoine Passard ne cache pas sa joie d’être sur scène et de pouvoir s’offrir ses premiers pas parisiens. Il faut dire que le voyage est partie intégrante de son premier essai en solo intitulé « Loin ». Et s’il est difficile de voyager en ce moment, pouvoir le faire en musique à travers les notes du chanteur s’avère être un instant de répit bienvenu. Le voyage, le passage des grandes étendus aux grandes villes se déclament à travers ses paroles où les rimes sont nombreuses.

Avec sa chemise féline et son visage angélique, le musicien distille une électro-pop qui sent  la nouvelle vague française. On pense à Pépite, forcément, dans ce côté rétro-actuel qui connait parfaitement ses classiques et qui lui aussi invite à lever les voiles et à suivre les courants marins. Un clin d’œil qui  parait d’autant plus logique qu’Alexandrie publiait le 30 septembre le clip de son dernier single intitulé « Le Phare ». En cette nuit parisienne, alors que les concerts s’annulent à la chaîne et que le MaMA venait d’officialiser avoir lui aussi renoncé à son édition 2020, le phare n’est-il pas le simple fait de profiter d’un concert et d’un peu de musique ? On pourrait presque pousser les festivités assises bien après 22 heures pétantes, nous autres mélomanes devenus Cendrillon. Les grands artistes Antoine Passard et son musiciens les convoquent sur scène à coup de notes calibrées qui rentrent en tête et de voix aigue très joliment maîtrisée. Pas de surprise donc quand il balance une reprise de Balavoine : « Vivre ou survivre ». Question d’actualité me direz vous, d’ailleurs vous êtes plutôt team vivre ou survivre ? Ce soir là on vit. On vit en respectant les gestes barrières, on fait attention, tout le monde souhaite garder la petite étincelle allumée, s’assurer que les salles de concerts reste un lieu sécurisé. On vit pourtant dans la salle chaleureuse, on rit même des blagues d’Alexandrie  » Et là vous pouvez danser… ah non ». Non, on n’y pense même pas, on se concentre sur ses morceaux rétro-modernes.  Et peut-être qu’on danse un peu au fond de nos têtes seuls ou même avec toute la salle.

Grand Palladium

Même salle et pourtant changement de décors avec Grand Palladium. Cette fois-ci la folk s’invite dans la petite salle. Fait rare, cette dernière se décline en français dans le texte. Si les deux hommes orchestres présents devant nous ce soir là sont souvent comparés à Bob Dylan et autres Simon & Garfunkel ( rien que ces deux monuments), ils ajoutent une touche frenchy à cette grande histoire musicale et donc changent complètement la donne. Déjà parce qu’autour d’instruments traditionnels, les  compères chantent en chœur poussant leurs voix à l’unisson. Cet aspect de leur musique rappelle que la folk française, elle, passe aussi par une tradition bien à nous. Forcément , le duo convoque la puissance des chants bretons, leur faculté à unir et à se faire facilement hymne collective. Le tout est agrémentés de belles influences anglo-saxonnes. Grand Palladium a du talent, les instruments s’enchaînent avec fluidité, les voix sont belles, l’émotion est palpable. Les paroles, elles sont au centre des préoccupations des deux amis dont la complicité scénique fait plaisir à observer. Leur show ce soir là est un véritable moment convivial. Pour peu, il serait facile de se croire invités chez deux potes. Ils parlent de la vie, font rire, font pleurer, le tout avec une bienveillance chaleureuse. Les mets sont excellents chez les copains de Grand Palladium, ils se déclinent en notes tantôt sucrés tantôt chaudes toujours pleines d’harmonie.

Point de fioritures inutiles, Grand Palladium compose ses mélodies avec efficacité et va droit au but, droit au cœur même. Les interactions sont nombreuses, le duo interpelle son audience, dialogue avec elle, raconte ses morceaux, le sourire aux lèvres. Aujourd’hui assister à un concert est un moment précieux, un acte quasi-militant. Grand Pallidium rappelle avec justesse que ce genre d’évènements sont nécessaires et que la musique, même masquée est la plus belle des sources de frissons et de communion.