Alors que Blade Runner 2049 va sortir sur les écrans des salles obscurs ce mercredi, je vous propose un retour nostalgique sur le premier film, Blade Runner, rentré aujourd’hui dans les références absolues du cinéma de science-fiction alors qu’au moment de sa sortie, le film fût sévèrement critiqué.
Il faut dire que la version originale du film (difficilement trouvable aujourd’hui) sortie en 1982 est loin de la version voulue par Ridley Scott, notamment sur la conclusion. Les producteurs imposent une modification du film au réalisateur, le rendant moins critique et plus « bien-pensant » sur l’avenir de l’humanité avec une classique « happy end. » Mais ce produit final édulcoré ne plait guerre au public et le film est un échec commercial. Ce n’est que plus tard qu’une version « final cut » sortira, l’œuvre retrouvant son aspect originel avec une fin totalement ouverte laissant le spectateur choisir son interprétation.
Cette fin ouverte, nous laissant sur le doute concernant l’identité de Rick Deckard (Harrison Ford), réplicant ou non, est à l’image du film. L’univers créé est suffisamment détaillé pour nous permettre d’y trouver un réalisme froid, avec des éléments visuels absolument magnifique, mais il est également suffisamment vague pour laisser l’imaginaire du spectateur vagabonder et lui permettre ainsi d’étendre dans les moindres détails ce qu’est ce monde futuriste de 2019 en dehors du simple champ de la caméra qui nous est proposé. Et c’est par ce processus qu’on se retrouve impliqué directement dans le film, décuplant l’immersion instantanée que provoque l’esthétique visuelle (fortement repompée par Luc Besson pour le cinquième élément) elle-même déjà fantastiquement accentuée par la bande son envoûtante de Vangelis.
Mais au-delà de l’envoûtement absolu dans lequel nous plonge le long-métrage de Ridley Scott, c’est avant tout les questions philosophiques et morales qui sont posées par le scénario qui font de ce film un chef-d’œuvre du cinéma. L’avenir de l’humanité, la recherche technologique sans limite, l’intelligence artificielle, la révolte des machines, la négligence de l’écologie, autant de sujet qui sont abordés et nous poussent à nous questionner.
Tant de sujets qui sont devenus des sources d’inspiration pour de nombreux cinéastes comme Guy- Roger Duvert et son Virtual Revolution.
Et que dire de l’ambiance émotionnelle absolument fantastique nous poussant dans l’empathie, avec une mélancolie permanente et omniprésente, la solitude de Deckard face à l’immensité de ce Los Angeles du futur, le désespoir intense que provoque cet univers laid, décadent et pollué sans la moindre de trace de nature. Blade Runner c’est une expérience sensorielle et émotionnelle extrêmement proche de la poésie. Pour moi, c’est l’œuvre cinématographique qui représente le mieux le spleen de Baudelaire, avec ce mal de vivre permanent et cette tristesse profonde.
Bref, Blade Runner est un film culte, une pierre angulaire du cinéma de science-fiction avec son ambiance pesante, ses plans iconiques, son esthétique d’une hideuse beauté, ses monologues philosophiques, le tout sublimé par des acteurs à l’interprétation plus que convaincante. La crainte est par conséquent forte en moi quand à la sortie imminente d’une suite, surtout lorsque l’on voit ce qu’a fait Ridley Scott de la saga Alien avec un Prometheus qui n’est rien de plus qu’une coquille vide, et un Alien Covenant qui en tourne presque au comique tant le ton est incohérent et à des années-lumière de ce qu’était la saga à l’origine. Mais on ne sait jamais. J’irai le voir quand même avec un fol espoir de vivre de nouveau quelque chose de vraiment particulier…
Pour plus de films cultes, retrouvez notre ode à Rocky ici.
Envie de se faire un cinéma cette semaine? Découvrez notre critique de It, qu’on vous conseil fortement.