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Julia Escudero

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Suite et fin de notre rencontre avec Franck Ruzé. Faire le tours d’un métier d’auteur, du processus de création peut prendre du temps. Si comme nous, vous vous demandez comment un livre naît-il ? D’où viennent vos personnages favoris? Pourquoi vous murmurent-ils des mots dans l’oreille ? Cette interview est faite pour vous. En espérant que vous prendrez autant de plaisir à la lire que nous en avons prise à la réaliser.

  • Comment un ouvrage naît-t-il ?

Lorsque je veux lire un livre que je ne trouve pas, j’ai forcément envie de l’écrire.

  • Qu’est ce qui t’inspire ?

L’injustice, la compassion, l’impossibilité parfois d’aider quelqu’un qu’on aime, les filles, la part de noirceur chez quelqu’un de fondamentalement bon, la part de bonté ou d’ouverture chez quelqu’un d’égoïste, tout ce qui fait du contraste psychologique.

  • Tes personnages féminins sont très justes, comment te mets-tu dans leur peau?

J’écoute parler les filles. C’est quelque chose que je fais depuis longtemps, mais depuis que je suis publié, elles me racontent des choses de plus en plus personnelles, en pensant qu’elles se retrouveront dans le prochain, et elles ont raison…

  • Certains ont-ils été inspirés par des rencontres ?

Tous.

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  • Que peux-tu me dire par exemple de la naissance de Daphné de « 666 » ?

C’est 3 filles dans une. Enfin 3 filles réelles dans un personnage. Je ne sais plus où j’ai lu que Thomas Mann faisait ça, 2 c’est trop peu pour une psychologie vraiment dense et quatre là ça devient le bordel, il y a trop de contradictions à gérer, déjà avec 3 c’est pas évident, il faut les faire rentrer, les 3, dans un seul corps, avec une cohérence, et des motivations communes, mais ça c’est pour le personnage principal, pour les autres je me limite à 1 ou 2, oui je sais c’est un peu paresseux. En plus, dans ma période 666, je n’inventais rien, il fallait que ça vienne de la vie pour que j’aie une impression de vérité face à mes personnages avant qu’ils puissent vivre dans les situations du livre. Par exemple, Johnny Depp est dans le livre parce que mon éditeur chez Scali, Stéphane Million, avait donné des cours particuliers à la soeur de Vanessa Paradis, et il m’a dit que Johnny Depp aimait la poésie de Villon et voulait vraiment visiter le château où il a été emprisonné, et hop c’était parti: «à Meung-sur-Loire», «Haaan, hey mais c’est trop loin d’Paris, ça, faut prendre Europ Assistance ?», etc.

« 2 personnages réels en un c’est trop peu pour une psychologie vraiment dense et quatre là ça devient le bordel »

  • Tu écris sur des thèmes sociétaux et psychologiquement dures, prostitution, drogues, anorexie, pourquoi ces thématiques t’intéressent-elles ?

Parce que ce sont des thèmes durs, justement. Ce qui m’intéresse, dans une histoire, c’est le conflit. Je m’en fiche un peu que le personnage arrive ou pas à surmonter telle ou telle difficulté, ce qui m’intéresse, c’est de voir comment il va essayer de la surmonter, les choix qu’il va faire, parce que ça, ça en dit beaucoup sur le cœur du personnage, sa façon à lui d’être humain. Et donc il me faut un, ou des révélateurs, pour que le personnage accepte de s’exposer, accepte de faire ces choix.

  • Quels sont les lieux qui marquent et impactent ton imaginaire ?

Les lieux que je connais. Je n’arrive pas à me projeter correctement là où je ne suis jamais allé. D’où une ambiance assez parisienne dans mes livres. Hors livres, j’ai beaucoup aimé vivre à Bora-Bora pendant six mois. Je pêchais des poissons au harpon et je cueillais des mangues sur les arbres, c’était vraiment une belle expérience, même si au bout de six mois, la solitude a rendu le lagon moins beau et je suis revenu; la première chose que j’ai faite en revenant, je l’ai décrite dans la dernière page de L’échelle des sens: j’avais vraiment besoin de voir des visages, beaucoup de visages.

«  Il y a une espèce d’innocence un peu surjouée, à la Marylin Monroe par exemple, qui fait vibrer un truc en moi »

  • Et toi tu préfères les connes ?

Ahah, je vais me faire écharper, mais il y a une espèce d’innocence un peu surjouée, à la Marylin Monroe par exemple, qui fait vibrer un truc en moi, mais en même temps, l’intelligence et la culture chez une fille me font la même chose. Je dois être attiré par les extrêmes.

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  • Cet ouvrage est-il inspiré par de véritables conversations que tu as eu ?

Il y a des bouts de vraies conversations dedans, comme dans tous mes livres. Mes livres sont un peu comme des yaourts aux fruits, en fait.

Comment perçois-tu les relations hommes/ femmes ?

Le couple, c’est l’entité privilégiée où tu apprends le plus sur toi-même en apprenant sur l’autre, et par extension sur les autres, et par extension sur la vie.

  • Ce rapport évolue-t-il au fur et à mesure des années ?

On en reparle dans 10 ans.

«  c’est un souci de vie, je veux sentir mes personnages vivre »

  • Tu emploies un style « parlé » et « fluide », est-ce un choix volontaire pour être accessible ou tes histoires se créent-elles ainsi lorsque tu les poses sur papier ? C’est volontaire, oui, mais pas dans un souci d’accessibilité, c’est un souci de vie, plutôt, je veux sentir mes personnages vivre, avoir le plus de réalité possible. Je réécris les dialogues jusqu’à ce qu’ils sonnent juste. Je soupèse chaque virgule, chaque respiration, jusqu’à obtenir la fluidité recherchée. Parfois, d’ailleurs, on me dit que ça ne doit pas être trop difficile d’écrire des dialogues comme ça, parce qu’on dirait simplement quelqu’un qui parle, et c’est le meilleur des compliments: si on ne voit pas mon travail, c’est que j’ai atteint l’effet recherché.

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Avec l’approche de noël Freemount Recods et Pop & Shot ont eu envie de vous faire des cadeaux ! Et pour ça quoi de mieux qu’un objet collector ? On vous propose donc de gagner l’album « Les Courriers Sessions » de The Marshals sous la forme de CD, vinyle ou K7 !

« Les Courriers Session » se sont 9 titres entre blues et rock qui sentent bon l’Amérique âpre et sèche. Au programme, des guitares, de l’harmonica et des sons qui rappellent le meilleur des Black Keys,  de Jimi Hendrix et même The White Stripes. Que du bonheur !

Pour participer rien de plus simple, laissez-nous un commentaire ci-dessous.

Retrouvez également notre interview avec The Marshals.

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Il peut être parfois difficile de chroniquer un concert. Qu’en dire ? Comment être impartial ?

Cette fois Jeanne Added aura facilité la tâche à tout rédacteur se trouvant dans la salle en livrant un live unanimement magnifique.

Le 7 décembre 2016, la musicienne de génie ouvrait les festivités à l’Elysée Montmartre de Paris. Au programme : trois soirées dans la salle parisienne promettaient à ses fans de découvrir la chanteuse sur scène.

D’entrée, il lui suffit d’un seul morceau, d’une introduction pour se mettre une salle entière dans la poche et le transporter dans son univers. Celle qui a fait ses armes dans le jazz confiait régulièrement en interview aimer le hip-hop mais aussi le rock. Des goûts hétéroclites alliés à des racines puristes, qu’est ce que ça donne ? Et bien, ça donne des titres parfaitement exécutés avec une rupture de ton grandiosement gérée. Un régal pur, parfait et surtout rare. Il est facile pour une salle de « s’échapper » d’un concert. Les distractions sont nombreuses : smartphone, bar, pause clopes ou copains avec lesquels on a envie de papoter, tant de bonnes raisons de penser à autre chose. Ici, il n’en est rien. Avec sa guitare et sa coupe courte, la belle au look androgyne et atypique transporte et ne laisse plus place au reste. Un titre pour que tous les regards et que toutes les pensées lui soient consacrées. Un premier titre et déjà le monde extérieur semble ne plus exister. Seul l’Elysée Montmartre refait à neuf, mais ayant garder son âme d’autrefois, est encore tangible. L’odeur de la peinture fraîche laisse peu à peu place à celle de l’effervescence bien plus qu’à celle, plus typique de la bière. Le ton est donné et le live d’une heure trente qui suivra ne dénotera à aucun moment de cette première impression. Avec Jeanne Added on passe par tous les styles. Dès son deuxième morceau, la chanteuse offre une performance vocale à couper le souffle en tapant énergiquement sur les timbales de sa batterie.

Pour parfaire son live, la belle s’est entourée d’une équipe de qualité. Des choristes qui font écho au timbre rock de la chanteuse s’allient à des musiciens rodés et un jeu de lumière propre qui a quelque chose de rock, sans concession.

« A War is Coming » est joué rapidement tout comme l’excellent titre « Ready » présenté comme étant « un chanson d’amour ». Le single « Look at them » arrive en cinquième position et tranche avec le reste des morceaux joués jusqu’ici. Plus calme que ses prédécesseurs, il permet au public de chanter en chœur. Il est intéressant d’entendre ce titre plus que qualitatif et d’en venir à se dire que le niveau musical est si haut ce soir qu’il s’agit probablement du moins bon titre jusqu’ici.

Les mélodies s’enchaînent à toute vitesse sans laisser de répit à une foule dense, conquise, qui se laisse de plus en plus prendre au jeu. Alors que tout les regards sont tournés vers la scène, certains se mettent à danser. Entre les morceaux, la leader interpelle son public, et remercie chaudement son équipe.

En ce qui semble être une poignée de minutes, il est déjà l’heure du rappel. Acclamée, la chanteuse revient une dernière fois. On souhaite faire durer le live plus longtemps, la retenir encore un peu. Pourtant, il est déjà temps de dire au revoir. Quelques salutations, les lumières se rallument. Il est temps de retourner au monde réel, déjà, l’esprit encore plein de la saveur particulière qu’a un live de qualité.

L’expérience surréaliste pourra être (re)vécue les 8 et 9 décembre, toujours à l’Elysée Montmartre.

 

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Nous sommes le samedi 3 décembre 2016, il fait un froid glacial dans les rues de Paris. Un froid rare pour cette période de l’année. C’est à cette date néanmoins que dans une Philarmonie de Paris bien plus chaude se jouae un concert extra-ordinaire dans le cadre du week-end des musiques à l’image. Le principe de cette soirée? Rendre hommage aux bandes sons qui ont su sublimer l’œuvre du cinéaste américain indépendant Jim Jarmusch. Considéré comme le cinéaste le plus musical de la planète si l’on en croit le dossier de presse, ce grand monsieur a notamment réalisé «Down by the law» ou encore «Coffee and Cigarettes».

Pour orchestrer l’événement baptisé « Jim Jarmusch revisited » le britannique multi-instrumentiste David Coulter a accepté de jouer le maître de cérémonie.

A 20 heures 30 pétante c’est face à un public assis qu’un spectacle d’une heure trente débute. Derrière un rideau blanc, les formes de la belle Camille O’Sullivan se dessinent. Une voix de velours berce alors l’assemblée. Avec ses bottes à paillettes et une voix profondément rock capable de monter dans des sommets rares, la belle donne le ton: seuls les plus grands sont conviés.

Accompagnés de musiciens de haut-vol, les chanteurs et les morceaux vont s’enchaîner avec une précision digne d’un papier à musique. En fond de salle, guitare, piano, percussions, saxophone, violons, scie musicale et même banjo tenu comme un fusil vont mitrailler leurs coups d’éclats. Ces hommes de l’ombre, pas vraiment de l’ombre cette fois, ajoutent à cette envie claire de perfection donnée par David Coulter qui effectue des prouesses à la guitare mais pas que.

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Sur des titres profondément rock, nos petits génies transportent une salle bien installée dans l’Amérique profonde. On pense à ces pianos bars que l’on voit au cinéma, on pense au créatures de rêves dans des robes de cocktails comme à un road trip à chaque vibration des instruments. Une répartition équitable permet à chaque chanteur d’avoir sa place. Ainsi Jolie Holland, seconde figure féminine de la soirée offre à un public déjà conquis des prouesses vocales qui laissent bouche bée. Côté public d’ailleurs, on ose à peine bouger alors que les notes nous bercent et nous transportent. Adele n’a qu’à se rhabiller.

musique-et-cinema-quand-alex-kapranos-et-mulatu-astake-rendent-hommage-a-jim-jarmusch-mulatu-astakeLes hommes sont aussi de la partie, clairement plus rock Sam Amidon et ses cheveux bouclés sent bon le rock’n’roll sudiste. Un brin intellectuel ce rock là est fait de talent musical et de précision. Alex Kapranos, connu pour être le leader de Franz Ferdinand, devient un dandy sous les spots de la salle moderne parisienne. Aidé de sa guitare, le chanteur, loin de ses groupies, prend des risques, prouvant, si besoin il y avait, ses qualités de leader. Ça swing, alors que quelques pieds tapotent le sol et que quelques bras s’agitent. Il faut rester calme pourtant et Dieu que c’est difficile. Ça sent le whisky et les longues discussions nocturnes. Après tout une bonne bande son suffit à faire appel à tous les sens. Elle crée son univers propre et si les images sont encrées dans les têtes elles sont pourtant palpables.

Sur scène c’est au tour de ce qui est annoncé comme un «Très grand Monsieur qui à inventé quelque chose à New-York il y a de ça 52 ans» de monter sur scène. Son nom? Mulatu Astake. Son invention? l’ethno-jazz. Le rendu? Sublime. D’ailleurs des tonnerres d’applaudissements viennent saluer une performance musicale qui fait écho à une histoire qu’on aurait aimé vivre.

 

Chaque musicien à droit à plus d’un passage sur scène mais c’est bien Alex Kapranos qui conclut, annonçant pour se faire et en français dans le texte qu’il interprétera « La dernière chanson de la soirée ». Vraiment ? C’est sans compter la fougue du public qui réclame son rappel. Avec un sourire, le chanteur lui accorde le temps d’un titre. Les salutations se font comme au théâtre, tout le monde remonte sur scène, profite des acclamations qui lui sont destinées. On en veut encore plus. Ce ne sera pas pour ce soir. Les plus fans pourront néanmoins revivre le show le dimanche 4 décembre dès 16 heures. Les autres n’ont plus qu’à quitter tranquillement la salle et courir écouter tout comme regarder cette fois la filmographie de Jim Jarmusch.