Author

Julia Escudero

Browsing
Crédit photo : Louis Comar

Nouvelle journée sous le soleil de Rock en Seine ce samedi 27 août.  Sans les palmiers certes, mais le Parc de Saint-Cloud profite aussi de ses arbres et de son lot de coins paradisiaques. Cette fois-ci, c’est la scène française qui est particulièrement mise à l’honneur avec un bon nombre de ses représentants à l’affiche. Moins rock que les autres jours, ce samedi profite d’une belle vague allant du dansant au carrément électro. Non contents de faire faire des kilomètres aux festivaliers qui courent d’une scène à l’autre chaque jour, il faudra se déhancher franchement pour profiter pleinement du programme.

Mais où va le monde ?

Il va sur la Grande Scène et pas sur la planche (ni dans le sable) pour accueillir La Femme et ce dès 18 heures 30. La joyeuse troupe fondée par Marlon Magnée et Sascha Got la joue comme à chaque performance sur un show complètement déluré pour séduire. Profitant d’un meilleur son que la dernière fois que nous avions pu les voir aux Francos Montréal, les acolytes sont venus en masse, déjà pour officialiser la sortie de leur nouvel album « Teatro Lucido » dont le premier extrait « Sacatela » est déjà en écoute. La Femme aime à surprendre comme le montrait son dernier né, l’indomptable « Paradigme » et ses titres allant du western au rock français façon Dutronc en passant par de la pop tropicale. Sur scène, l’immense variété d’un répertoire qui ne se refuse absolument rien en terme de créativité, en cause le besoin de s’assurer une véritable indépendance musicale, même si vous dira Marlon, la chose n’existe pas vraiment, parait pourtant bien cohérente. il faut quelques minutes à la troupe pour se chauffer et chauffer la foule. Interprétant d’abord des extraits de « Paradigme » pour vite mettre tout le monde d’accord sur le classique « Elle ne t’aime pas ». Les copains saluent tout le monde, même Robert Gil, photographe musical qui vous avez certainement déjà vu shooter en live. La sauce prend et gonfle, à la fin du set, Rock en Seine est un dancefloor géant.

Il faut quand même dire que le groupe avait été aidé par Lewis Ofman, le prodige de l’électro français qui avait posé ses valises et surtout son décors sur l’indétronable scène de la Cascade à 17 heures 30. Aussi élégant que les marques pour lesquelles il a travaillé d’APC à Colette en passant par Gucci, la musicien sait varier les plaisir avec une précision millimétrée. Entre funk, house et pop, le touche à tout convainc un par terre en effusion qui commence à siroter une bière mais aurait tout autant apprécier un set plus nocturne avec un cocktail et une paille (en carton) pour se laisser enivrer jusqu’au bout de la nuit.

Lewis Ofman – Crédit photo : Louis Comar

Le before de l’after

Parmi les moments les plus attendus de la journée, se glisse la performance de Jamie XX. Le set du membres des iconiques XX se déroule sur le Grande Scène dès 20 heures 30. Si le groupe de rock londonien fait office de légende dans le milieu et que leurs sonorités minimalistes sont aujourd’hui d’incontournables classiques, le musicien se détache de sa formation en solo. C’est un set purement électro entre le DJ set et le remix qu’il propose. Communiquant une énergie festive, il fait danser une assistance qui célèbre la fin de l’été. Certes, ça manque un peu de grandes interprétations et de spectaculaire mais l’instant est plaisant et le Parc de Saint-Cloud, hyper réactif se laisse convaincre par l’esprit festif qui lui est proposé en guise de before de la tête d’affiche, Tame Impala, très attendue ce jour-là.

Jamie XX – Crédit photo : Louis Comar

Pour mieux la découvrir, il faut néanmoins patienter encore un peu. Pour se faire, le rendez-vous est donné par The Blaze sur la scène de la Cascade. La foule y est très dense. La nuit est tombée sur la ville du 92. Les arbres en bordure donnet au tout un aspect mystique que les  deux compères francophones savent maximiser. Avec eux, il est facile de se laisser entraîner et de suivre les courant. les écrans géants se dévoilent en nuances de bleus. La couleur de la mélancolie appelle à la trans. Tout indique qu’il est possible de se laisser porter, que le moment sera partagé mais qu’il saura garder ses secrets. The Blaze et ses sons aériens méritent leur place de très beau nom de la scène française tant leur précision percute et enivre.

Après Nick Cave la veille, c’est maintenant à Tame Impala de prendre d’assaut la Grande Scène. Passer après le géant n’est malheureusement pas chose aisée. Il faut dire que l’immense musicien et ses Bad Seeds ont placé la barre si haut en terme de leçon de live qu’il parait impossible de se glisser à ses côtés. En la matière Tame Impala a en plus la réputation d’être certes excellent sur album mais bien moins à l’aise en ce qui concerne le live. Leur précédent passage à Rock en Seine avait d’ailleurs laissé un souvenir un peu flou d’un concert certes plaisant mais sans l’étoffe de la grandeur. Cette fois, pour palier à ça, la bande originaire d’Australie est venue les valises pleines. Déjà pleines d’une très belle humeur, n’ayant de cesse de rappeler leur plaisir à revenir dans vertes contrées et s’adressant régulièrement à la foule.

Tame Impala – Crédit photo : Louis Comar

Le set s’ouvre en douceur sur « One more year » mais ne fait que gagner en intensité, le son est propre, la voix calée, l’interprétation joliment orchestrée.  Pour l’appuyer, les grosses machines sont de la partie, un jeu de lumières déjà mais surtout un cercle géant placé au dessus des musiciens qui rapidement s’intensifie en des effets de lumières chromatiques rappelant celles de l’arc-en-ciel. « Breathe Deeper » ou encore « Elephant » se joignent à une fête rapidement recouverte de confettis multicolores. La voix aérienne colle aux couleurs pastels d’un moment franchement estival. Le tout se conclut sur  le très attendu « The Less I know the better » et « New Person, same old mistakes ».  Un moment suspendu dont les lumières marqueront les rétines mais n’atteindra malheureusement jamais les sommets de la veille. Restera une dernière journée à vivre avant de retrouver le quotidien bien trop calme une fois la période des festivals achevée. Alors que faire pour en profiter comme il le faut ? Rock en Seine y répond deux journée d’affilée par la même proposition : »Alors on danse » ?


 

 

Quand on aime digger, chercher et découvrir de la musique, le cheminement peut être long. Il est facile de découvrir un coup de cœur par ci, une pépite par là. Mais se laisser entièrement conquérir par un projet et ce, dès sa première écoute, est chose rare. Pour ça, encore faut-il avoir de la chance et tendre l’oreille. Avec les températures caniculaires, l’envie de douceur se fait en plus ressentir. Certes le dernier Black Midi est une bombe mais il sera plus aisé de mieux l’appréhender une fois les chaleurs passées. Coup de chance, la playlist FIP fait des merveilles et c’est ainsi que les incroyables Black Sea Dahu ont pu se frayer un chemin aux creux des oreilles des curieux. Une claque sublime qu’il fallait qu’on vous conseille.

Black sea DahuBlack Sea Dahu : à la croisée de la folk et de la pop

Avec une voix déconcertante, aussi grave qu’apaisante, Janine Cathrein et sa troupe ensorcellent. La guitare à fleur de peau part à la conquête des cœurs. Originaire de Suisse, le groupe est de retour avec un second album « I am my mother ». Le premier jet paru en 2018 n’avait pas laissé de marbre. Il faut dire que la formation initialement appelée JOSH composée de 7 musiciens et musiciennes talentueux.ses excelle avec ses instruments. Avec douceur, elle pousse naturellement à prêter l’oreille puis à se laisser bercer dans un cocon de bien-être. Sur le fil du rasoir, sans se faufiler du côté de la mélancolie ses titres sont l’incarnation de la beauté et de la pureté. « Dans mon monde, 1+1=2 n’existe pas ! Ce n’est pas aussi simple que cela. Les choses ne s’additionnent pas, et j’essaie de l’expliquer avec ma musique. », c’est ainsi que la chanteuse dépeint son univers. Il est vrai que la formation ne choisit jamais le chemin de la facilité pour toucher.  Black Sea Dahu pourra prouver toutes ses qualités en live à l’occasion d’une tournée française dès le mois de novembre 2022 avec notamment un passage  le 22 au Café de la Danse de Paris.

Ecoutez My Guitare is too Loud  version acoustique


Il y a des rendez-vous qui ne se manquent pas. Surtout lorsqu’ils se sont fait attendre. Après deux ans de ratés pour cause connue et un hôtel de ville de Paris qui se regardait comme ce lieu chéri de rencontres qui datent trop, le Fnac Live reprend enfin ses quartiers. Fête incontournable de l’été parisien, ces concerts gratuits sonnent chaque année comme un touchant dernier moment avant de se quitter pour l’été. Le festival a alors l’effluve sucré d’un dernier baiser, un flirt de trois jours en somme, quelles sont belles les amourettes de vacances. Chaque année promet son lot de nouveautés et de découvertes et fait la part belle à une scène française pétillante. Les règles ont été changées pour cette édition. Une seule entrée permet à des festivaliers, moins nombreux, moins tassés peut-être d’assister à cette grande communion. Côté pros, la cour de l’hôtel de ville s’est parée de ses plus beaux atours. Les statues dominent le lieu, clin d’œil artistique à l’histoire qui habite à nouveau les lieux du mercredi 29 juin au vendredi 1er juillet.

Que la fête soit belle

Paris est une fête, nous dit-on. Est-ce toujours vrai ? Non, mais quand le dicton sonne juste, il ébloui. Derrière, le cadre est somptueux, la mairie donc, sa place impressionnante, mais aussi derrière la scène, Notre-Dame de Paris qui contemple les festivités. Pas besoin pourtant de faire partie d’une élite pour profiter du spectacle. Jeunesse et familles s’y côtoient. Les plus jeunes sur les épaules de leurs parents. Lonny et PR2b ouvrent l’instant. La première propose de se plonger doucement dans le bain grâce à une pop folk enivrante, la seconde, radicalement plus énervée permet de s’échauffer pour mieux danser.

Jaques au Fnac live 2022
Jaques au Fnac live 2022 ©Kévin Gombert

C’est ensuite au tour de l’O.V.N.I Jacques de débarquer sur scène. Le chanteur aux cheveux longs mais au crâne rasé ne manque jamais de surprendre et de se positionner là où on l’attend le moins… comme dos au public pour son début de scène. Des écrans géants lui permettent de diffuser de courtes images et d’accentuer les bruits : un insecte qui rampe, un chien, une allumette qui brûle. Du déséquilibre créé par ces bruits, un poil irritants, née l’harmonie. Voilà donc notre hôte barré qui balance de l’électro inspiré par les micros espaces du quotidien. Surprenant vous dites ? Certainement mais c’est aussi en ça que Jacques séduit. Il finit néanmoins par reprendre le micro pour revenir à sa chanson française à la sauce nouvelle vague. Un mélange hybride entre ringardise assumée et modernité, un ton décalé au profit d’une voix précise. Le chanteur est avant tout un personnage : il ne laisse pas indifférent, on l’aime ou on le déteste mais surtout on ne l’oublie pas. Côté public c’est surtout de l’amour qui lui est donné en plus de pas mal de pas de danses. Les sets sont plutôt courts sur le Fnac Live, la place doit être donnée à chaque artiste.

Côté salons de l’Hôtel de Ville, au milieu des peintures au plafond et de ce cadre intemporel, une artiste tout aussi intemporelle vient jouer ses classiques : Jane Birkin. Elle fait la part belle à son répertoire, dans une ambiance tamisée et à fleur de peau. L’icône n’en oublie pas pour autant de mentionner Gainsbourg et de pousser quelques notes d' »Histoire de Melody Nelson ». Frêle et à fleur de peau, elle signe une performance immanquable.

Disco dansant

l'Imperatrice Fnac Live 2022
l’Imperatrice Fnac Live 2022 © Kevin Gombert

Dans le brouhaha de la ville, au milieu d’une foule conquise, les très attendus l’Impératrice débarquent sur scène. Le groupe signe une performance un peu à part, en effet, David le bassiste souffrant du Covid, n’a pas pu venir ce soir et a dû être remplacé en dernière minute par Romain Berguin. Une absence que la troupe comble. Vêtue de ses nouvelles tenues de scène : un cœur lumineux sur la poitrine, ceux qui ont enchantés le Coachella – les bruits de couloirs sont unanimes sur le sujet – font vibrer la foule. Leurs chansons françaises  au groove assumé fait toujours mouche tout autant que le sourire de Flore et ses pas de danse précis. Le set s’annonce néanmoins plus électro que sur sa version album, les sonorités changent légèrement, elles se réinventent pour toucher un plus large public. Sur « Peur des filles »- et le morceau n’est-il pas au combien d’actualité ?- la chaleur a pris d’assaut la place. Le cadre de rêve semble emplir de joie les festivaliers et le groupe dont le sourire est communicatif.

l'Imperatrice Fnac Live 2022
l’Imperatrice Fnac Live 2022 © Kevin Gombert

Il fait un peu moins chaud maintenant et la nuit est bien tombée. C’est pourtant le même sourire rayonnant qu’arbore Clara Luciani quand elle monte sur scène. Très vite, la musicienne ajoute une note de printemps au moment en interprétant « Les fleurs » auxquelles on pense avec elle. Dans une tenue rouge, un patte d’eph brillant  sur les hanches, elle masque sa timidité derrière quelques pas de danse auxquels elle invitera le public à se joindre. La main en l’air, agitée de façon dédaigneuse, comme pour repousser les mauvaises ondes est repris par une foule qui suit chaque indication de la musicienne. Côté public, le chanteur Hervé profite de l’évènement et prend un bain de foule. Sur « La Grenade » tout le monde chante. Un moment d’autant plus magique que lors d’un évènement comme celui-ci, le public n’est pas uniquement celui de la chanteuse. Le set se finit en apothéose sur le titre « Qui donne le nom à ma tournée », « Respire encore ». Le moment de communion est fort, l’instant est emprunt de chaleur. Il faut déjà se dire un premier au revoir.  Rien de trop déchirant pourtant, deux jours de célébrations sont encore programmés.

Clara Luciani fnac 2022
Clara Luciani fnac 2022 ©Kevin Gombert

Une deuxième journée entre Hip Hop, électro et public trop survolté

Doit-on encore et toujours rappeler que le Hip Hop a le vent en poupe chez la jeunesse ? Du coup évidemment lorsque l’on invite ses dignes représentants, nombreux sont ceux à répondre présents. Parmi les premiers temps forts de la journée, Jazzy Bazz est des plus attendus. Il fait un peu moins chaud aujourd’hui et pourtant ce qui est vrai dans les airs, n’est pas vrai sur scène. Et côté public non plus où la tension monte, la fête est déchaînée ce soir.C’est d’autant plus vrai sur Alpha Wann qui doit régulièrement demandé à son public de calmer le jeu et d’éviter tout débordement. Difficile de faire entendre raison à une foule qui vibre et revis pleinement. Alors à force, les premiers rangs compromettent la sécurité des barrières. Pas de blessés, certes, et puis ces dernières se contentent de bouger légèrement . Mais l’évènement a à cœur la sécurité de ses festivaliers et surtout de faire de l’évènement un beau souvenir. On ne plaisante pas avec ça. C’est donc Alpha Wann qui annonce que « Je vous avais dit d’arrêter, on est obligé d’arrêter le concert. » Le public est dépité mais en festival il est nécessaire de rappeler que la sécurité est primordiale et qu’il faut toujours être prudents. Les concerts sont donc suspendus le temps de s’assurer que le lieu puisse être à nouveau pratiquer pour s’amuser sans risquer de se blesser. Il faut néanmoins toujours que jeunesse se fasse et retrouver l’énergie folle des pogos du punk qui eux lâchaient complètement prise au milieu du Hip Hop qui partagent de nombreuses convictions fait tout de même sourire.

Le Fnac Live s’attèle vite et travaille bien, du coup Thylacine peut quand même jouer le set promis. La foule s’est vidée, d’ailleurs un plus petit nombre de festivaliers est autorisé à s’approcher de la scène.Mais les rues de Paris permettent quand même de profiter des concerts. Il en va de même pour les immeubles alentour. Sur les balcons, deux jeunes filles dansent en admirant la vue d’en haut. Le set électro chill est maîtrisé, les morceaux joliment dosés, ce retour met tout le monde d’accord. Vitalic suit. Venu défendre Dissidænce Episode 2, le musicien profite d’une scénographie lumineuse et soignée qui s’accorde aux mélodies. Ce nouveau jet, inspiré par la scène 70’s sent bon le rock sans concession. « Ma musique est rock » défendait-il en interview quelques heures plus tôt (à retrouver sur Popnshot). C’est vrai en concert. Pour faire danser, le musicien, seul derrière ses platine met les gros moyens. Pas de chichis néanmoins, seul le son compte.  Il ne manque néanmoins pas d’interpréter son classique « Stamania ». Sur la place de l’Hôtel de Ville, on danse volontiers. Certain.es carrément sur les épaules de leurs camarades. Vitalic sait conjuguer la nuit à tous les temps et cette techno sans concession rappelle l’esprit libertaire des raves qu’il défend volontiers.

Dernier jour et ses paillettes

Les derniers au revoir se devaient d’être beaux et l’évènement y a mis les grands moyens. Le soleil est au rendez-vous lui aussi et la chaleur ne partira pas de la nuit. Aloïse Sauvage signe dans les premiers temps, l’une des plus belles prestations de cette édition.  Très vite la belle interprète l’un de ses titres phares : « A l’Horizontale ». Communicative, elle profite d’une certaines simplicité et d’une grande justesse pour frapper fort. Mais surtout, la chanteuse fait décoller son live… littéralement. Celle qui a fait du cirque, s’envole en effet, suspendue par un seul bras dans les airs. Elle tourne et virevolte… sans perdre son souffle. On ne peut pas en dire autant que le public qui pousse de grand « ahhhhh » et « ennncoooreee » redevenu enfant en bas âge le temps de la performance magistrale. La chanteuse est un personnage entier, indomptable et marque les esprits.

Les frères de Terrenoire sont aussi de la partie. Complices, il se présentent, dévoilent un flow bienveillant et maîtrisé. La voix de Théo d’ailleurs, habillé comme son comparse, enchante tout particulièrement. C’est d’ailleurs cette binarité – eux pour tous et tous pour eux-  qui marque particulièrement. Ils chantent en se regardant dans les yeux, des riffs qui ressemblent à des hymnes et rassemblent à l’infini. Les pas de danse sont nombreux, vivants et vibrants. « Jusqu’à mon dernier souffle » scandent-ils coupant le souffle à l’audience qui connait parfaitement leurs titres. Pas étonnant que les compères se soient offert un duo avec Pomme, ils partagent cette âme emprunte de douceur qui fait honneur à notre scène locale.

Juliette Armanet est l’une des plus attendues de la soirée. La chanteuse se présente vêtue de paillettes mais ce qui frappe surtout, c’est son plaisir non feint à jouer ici ce soir. Elle alterne entre piano et moments dansants, sans timidité mais avec légèreté. Chaque mot, chaque pas invite le public à la suivre. D’ailleurs côté public ça chante volontiers des paroles connues par cœur. Nouvelle égérie, super star accomplie, elle restaure un titre de noblesse à la chanson notamment grâce à une voix inimitable. Temps fort de son concert de plus d’une heure, la chanteuse se transforme, tenue et lumières aidant, en une boule de disco géante. Le moment est visuellement à couper le souffle, d’autant qu’elle joue avec ses projecteurs braqués sur elle et renvoie presque tous ses éclats à un public en délire malgré la candide mélancolie de ses notes. Seul point noir au moment l’absence du titre « La carte postale » de la set list. On reconnait que le morceau n’est pas aussi dansant que ceux sélectionnés. Les au revoir sont ponctués de saluts, d’elle et de musiciens de talent. Mais aussi de probables quelques larmes bien dissimulées derrière ses mains.

« Encore » vous dites ? La soirées touchera à sa fin après un set colossale signé par l’union quasi historique de deux mastodontes de la scène électro : Bob Sinclar et Pedro Winter. Copains comme il se doit, les deux djs aux cheveux dans le vent proposent de danser sur leurs plus grands titres, mais aussi ceux des copains (coucou Daft Punk) et puis aussi ceux qui savent réjouir un public varié. Bon enfant et mainstream, l’instant est peuplé de selfies, de t-shirts offerts à la foule et même de micro confettis balancés en s’amusant avec de mini canons par nos amis. L’été est là, bien installés et cette nuit évoque ces soirées là… comme on chantait des années 90. Il sera rapidement temps de déserter un peu la ville pour de nombreux parisiens. Non sans emmener avec eux un souvenir ému de ce Fnac Live, histoire de transporter un peu de la beauté des monuments et de la culture, pour mieux profiter des grains de sable chaud.

 


Le mois de juin est arrivé si vite cette année que l’affaire semble surréaliste. Les températures passant du brûlant à la neige, à la grêle puis à la chaleur encore, n’ont pas aidé à voir défiler les saisons. Certains évènements, eux, sont de bonnes façon de se situer à nouveau dans l’espace temps. C’est d’autant plus agréable lorsqu’ils sont attendus. C’est ainsi que dans le tourbillon d’une année où la vie avait repris si vite qu’elle aurait pu évoquer une certaine scène de « Big Fish » et son temps qui passe en accéléré, que le Champs Elysées Film Festival ouvrait à nouveau ses portes.

champs elysées film festival 2022La vieille, l’évènement avait abrité sa cérémonie d’ouverture le soir de la fête de la musique. Un parallèle qui n’est pas une simple coïncidence. En effet, chaque année, et c’est bien là que nous voulions en venir, le festival en plus du cinéma fait la part belle à la scène émergente musicale sur le rooftop du Publicis. Un sans faute à tous les coups puisque la crème de la musique a pu y défiler en format showcases. D’Hervé à Fishbach en passant par Silly Boy Blue ou Kiddy Smile, tous ont joué pour l’iconique évènement qui rend la plus belle avenue du Monde infiniment plus belle.

Deux showcases et une vue à couper le souffle

albin de la simone champs elysées filmEn ce 22 juin, le rooftop accueille donc pour la seconde fois de la saison quelques privilégiés qui ont pu se procurer une invitation pour y découvrir une vue très « Aristochats » de la capitale. Cette année, plus besoin d’être un invité du festival, quelques places sont aussi proposées à la vente aux spectateurs. Et le précieux ticket vaut le coup d’être pris. Pour s’y rendre, il suffit de prendre un ascenseur, direction les hauteurs. Là comme disait Baudelaire, tout n’est que luxe, calme et volupté. Un service au petits oignons attends les festivaliers et ceux qui font le cinéma franco-américain. Quelques bulles à savourer, des pop-corns, et même quelques découvertes de marques venues proposer leurs produits capillaires. La terrasse végétalisée s’il vous plait, en elle-même est déjà magnifique. Des tables y sont installées, un piano également en son centre. Pourtant, c’est surtout sa vue sur l’Arc de Triomphe qui attire. Le monument retrouve ses lettres de noblesses, loin d’être un simple passage touristique.

Il est un peu plus de 22 heures 30 lorsqu’Albin de La Simone se présente sur scène. Le musicien ne cache pas son plaisir à être là, dans ce cadre là. Il brise la glace avec une première blague, s’excusant de la fermeture du bar pendant les temps des showcases pour mieux respecter les artistes. Armé d’un simple piano, il est venu défendre son nouvel opus « Happy End » paru en 2021 mais pas seulement. En effet, comme il le souligne il est également jury pour le festival. Face aux végétaux, tous les regards sont tournés vers le chanteur. Ses notes filent dans le ciel, comme une prière collective. L’instant est calme, d’une beauté rare. Le temps qui court trop vite s’arrête et se heurte aux mélodies à fleur de peau de notre hôte, concentré sur ses titres, bavard lorsqu’ils finissent. Le tempo léger invite à l’introspection, bande originale d’un instant suspendu, là-haut au dessus du Paris d’antan. Le set passe trop vite.

Un Nouveau départ

ade champs elysées film festivalUne courte pause, le temps de changer de plateau et voilà qu’Ade débarque sur scène. L’ancienne chanteuse de Therapie Taxi a pris son envol en solo. C’est d’ailleurs sa première fois seule sur scène. Pour masquer son émotion, elle joue la carte des plaisanteries et explique avoir pris le temps de se coiffer, un bandana sur les cheveux pour preuve, et donc ne pas vouloir se décoiffer en ajustant sa guitare. Ce nouveau projet est tout frais et seuls deux titres seront interprétés en live ce soir. Dont son premier single « Tout Savoir ». Loin du groupe qui a fait sa gloire, elle offre une pop française pétillante. Son timbre particulier, reconnaissable entre tous, évoque tout de même ses débuts. Notamment parce que la chanteuse possède une facilité tubesque impressionnante. Le refrain entre immédiatement en tête, classique instantané. Ces premiers pas sont une belle réussite et ils se prolongent au court d’un DJ set qui durera jusqu’à la clôture du rooftop. Comme dans un conte de fée, il faut quitter le lieu magique et retourner au quotidien et à l’avenue emplie de voitures et de badauds. Pas besoin d’abandonner sa pantoufle pour y retourner, le festival se poursuit jusqu’au 28 juin !