L’hiver est installé mais pour autant on continu de penser à l’été ! On compte les mois avant d’y retrouver les festivals et en tête de liste, le plus engagé de tous : le Festival We Love Green. Pour son édition 2026, l’évènement qui aura lieu à la Plaine de la Belle Etoile au Bois de Vincennes du 5 au 7 juin a mis les petits plats dans les grands et promet déjà une affiche de qualité tout en mettant l’accent sur l’écologie. Les premiers noms ont été révélés et autant dire que l’affiche annonce déjà du très lourd et comme chaque année des concerts pour faire plaisir à tout le monde.
we love green : Une affiche variée et puissante
Côté programmation cette année, et après une brat édition on part sur d’énormes pointures et ce dès le premier jour. En tête d’affiche du vendredi on retrouve ainsi le groupe de Damon Albarn, Gorillaz qui balancera un nouvel opus courant 2026. Une annonce magnifique qui va permettre aux billets de s’arracher. Et le reste de la programmation ce même jour laisse rêveurs.euses : Little Simz, Feu! Chatteton, Dijon, notre pepito bleu national : Sebastien Tellier, Sudan Archive … la liste est superbe pour ouvrir les festivités.
Le samedi n’est pas en retrait avec deux immenses stars féminines : la première Theodora est l’artiste féminine française la plus écoutée du moment. Elle fera son retour à We Love Green suite à son passage l’an dernier, mais cette fois elle devrait prendre d’assaut la grande scène. A ses côté, l’icône pop Addison Rae viendra chanter ses hits. Et le reste de la journée est tout aussi immense avec Mac Demarco, la très attendue Hayley Williams qui n’avait pas encore annoncé de date dans l’Hexagone sur sa tournée. Oklou ou encore Overmono complètent le tableau.
Enfin dimanche, la clôture sera folle. Côté international The XX feront vibrer le festival. Et pour ce qui est de la France, Charlotte Cardin sera de la partie. Charlotte de Witte, Dom Dolla ou encore les très attendus Ethel Cain et Disiz seront à leurs côtés.
Reste à se procurer des pass très vite ! D’autant que toute la programmation n’a pas encore été dévoilée et que de belles surprises nous attendent. Qui sait, de très (très) beaux noms sont encore pressentis quand on fait nos pronostics.
L’extrême droite, comme tout bord politique cherche à recruter. Plus que n’importe quelle autre appartenance politique, celui-ci qui ne dupe pas la totalité des foules et a grand…
Béesau, fascinant touche-à-tout et acrobate musicale. Le trompettiste puise autant dans le hip hop, le jazz, que l’électro pour créer des sons hors normes où le classicisme rencontre…
Charli XCX aurait pu traverser un long hiver créatif suite à son brat summer. La chanteuse britannique se sentait vidée après l’écriture et la tournée de son album phare. Peur de la page blanche, peur de l’incapacité de produire de la musique : le succès fulgurant de l’ultime party girl l’avait laissée épuisée. Et puis finalement, voilà que les saisons se sont enchaînées. Après l’été de toutes les audaces, saison qu’elle demandait lors de son show parisien à We Love Green de rendre éternelle, voilà que les bourgeons ont pointé leur nez. La musicienne profite de ce mois glacial de novembre 2025 pour nous teaser un album à la froideur et la précision sans commune mesure qui viendra accompagner un film : « Wuthering Heights ».
L’hiver de Charli XCX et son parfum d’infini
Pour réanimer la créativité de la pop star il a fallu du lourd. C’est le réalisatrice Emerald Fennell qui la contacte. La cinéaste prépare un nouveau film « Hurlevent » (Wuthering Heights en V.O) et l’affaire promet le meilleur. Il faut dire qu’avant ça on la retrouvait derrière la caméra de la série à succès Killing Eve et plus récemment de l’immense Saltburn, conte obscure, moderne, devenu culte dès sa sortie. Quand on voit les tournants scénaristiques et la puissance des scènes du long-métrage (peut-on oublier la scène du bain ?), il parait logique de retrouver Charli aux commandes de cette nouvelle bande-originale. Il faudra néanmoins s’armer de patience pour pouvoir découvrir l’intégralité de l’album qui est prévue pour 13 février 2026. Il n’empêche que d’ici là les extraits des premiers morceaux dévoilés sont tout simplement sublimes et d’une noirceur profonde comme seule Charli XCX sait en donner à la pop.
Charli XCX, Jacob Elordi et Margot Robbie
C’est donc loin de l’hiver que notre histoire débute. La chanteuse a toujours la tête dans son été vert fluo. Elle enchaîne les tournées, raconte qu’elle pense que sa prochaine sortie sera sûrement un flop. Puis vient décembre 2024 et la mise en relation avec la réalisatrice. La lecture du scénario l’inspire immédiatement. L’album concept prend forme. Tout comme le casting qui réunit Jacob Elordi et Margot Robbie.
Deux extraits radicaux et gothiques, à l’opposé de brat charli xcx
Un premier extrait est dévoilé mi novembre 2025 intitulé House. Et surprise, on retrouve aux côtés de Charli l’immense John Cale (qui était membre du Velvet Underground jusqu’en 1968). Le titre renferme un esprit expérimental propre aux deux musiciens. Il se construit comme un amuse-bouche, une bande-annonce qui donne envie d’en écouter beaucoup plus. Sa première moitié porté par Cale intrigue par sa noirceur, sa puissance de composition. L’entrée dans cette lente conversation musicale de Charli XCX hypnotise. Le titre est radical. Nous voilà prêt.es pour la suite.
Charli xcx - Chains of Love (Official Video)
Quelques jours plus tard est dévoilé « Chains of Love », le cœur du projet. On retrouve à la production Finn Keane, avec qui elle a travaillé sur brat. Le titre, plus accessible que son prédécesseur mais à la pop sombre sophistiquée et assorti d’un clip et publié en même temps que la bande-annonce du film. Plus proche de la musique synth-pop que l’on connait à Charli, il annonce une toute nouvelle ère pour la chanteuse. L’hiver lui va aussi bien que l’été au teint.
C’était très certainement l’un des films les plus attendus de cette année. Le Frankenstein de Guillermo del Toro et sa créature interprétée par Jacob Elordi, la coqueluche actuelle…
Austra est de retour ! Après une longue période de blocage créatif lié à une rupture douloureuse, la musicienne de talent signe en novembre 2025 un nouveau jet…
Kneecap sait déchainer les passions ! Le groupe originaire de Belfast défraie les chroniques, déchire les foules et surtout n’a jamais sa langue dans sa poche. Ce 11 novembre, la formation complétait ses quatre dates parisiennes commencées deux mois plus tôt par un l’Elysée Montmartre plein à craquer. L’occasion de défendre son dernier album en date « Fine Art » mais surtout l’indépendance des peuples et des langues, partout dans le monde. Retour sur un concert sous forme de meeting politique.
Kneecap – Elysee Montmartre Paris 2025 – Photo : Louis Comar
Le Kneecap effect
Souvenez-vous d’août dernier. Rock en Seine accueillait le trio Kneecap sur sa plus petite scène. Et voilà que d’un coup, l’info se mettait à circuler, sur la presse, dans les médias, sur les réseaux sociaux. Le groupe pro-Palestienien comme il était appelé, simplement résumé, allait se produire dans le festival francilien. Un procès était alors en cours contre la formation pour avoir brandi le drapeau du Hezbollah sur scène. Mais voilà c’était bien le sujet de la guerre Israélo-Plastienniene qui était au centre du débat. Le groupe jouait-il en faveur du terrorisme s’interrogeait notre gouvernement non informé qui découvrait les fameux rappeurs ? Comme d’habitude en passant complètement à côté du véritable message de Kneecap et de sa réelle force à parler d’oppression et de liberté des peuples. L’opération eu un coût pour le célèbre festival : coupe de subventions par deux fois, le maintient valait donc son addition salée. Et côté public ? Une folie incroyable ! Une foule immense qui prenait d »assaut la petite scène, à tel point qu’il fallait jouer des coudes, d’astuces et de pointes de pieds pour apercevoir la formation. Et en dehors de cette tournure politique ? Le rap plus qu’efficace du groupe avait déjà son goût de trop peu. Il fallait donc voir ça dans un cadre plus accessible, ce Kneecap Effect. Et voilà comment, entre engagement et musique plus que punchy, le groupe remplissait quatre dates parisiennes entre Trianon et Elysée-Montmartre.
Kneecap – Elysee Montmartre Paris 2025 – Photo : Louis Comar
Le nord de l’Irlande en plein Paris !
D’entrée le ton est donné. Rien ne fera taire Kneecap, pas même les deux procès gagnés poussant d’ailleurs la foule à crier, plus tard dans la soirée des « DEUX ! ZERO! » pour célébrer ça. Un écran noir ouvre les festivités. Dessus un message sans équivoque rappelle qu’Israël est toujours en train de commettre un génocide. Avant d’ajouter que la France en est complice en permettant au gouvernement israélien d’acheter des armes. « Free ! free ! Palestine » s’écrit d’entrée la foule comme elle le fera à de nombreuses reprises ce soir. Toujours cagoulés aux couleurs de l’Irlande les compères s’engagent sur scène. « ITS BEEN AGES » ouvre les festivités entre phrasé puissant et sonorités de plus en plus techno. Le courant s’invite avec le temps qui passe dans le répertoire des compères. D’un show rap, nous voilà maintenant propulsés dans un univers plus proche de la rave où lumières, écrans et bruitages nous tiennent plus éveillés que la meilleure des drogues. Pas besoin d’attendre longtemps pour que l’indépendantisme irlandais prenne place dans la salle. Le titre « Fenian cunts » résonne déjà pleinement en début de setlist. Le terme fenian est une insulte qui étaient adressée aux personnes qui prônait la réunification et l’indépendance de l’Irlande. Dans la salle d’ailleurs nos voisins sont venus en masse représenter leur pays. Lorsque le groupe interroge quand à l’origine de son audience, nombreuses sont les mains à se lever à l’évocation du mot « Irlande ».
Kneecap – Elysee Montmartre Paris 2025 – Photo : Louis Comar
Kneecap – Elysee Montmartre Paris 2025 – Photo : Louis Comar
Kneecap – Elysee Montmartre Paris 2025 – Photo : Louis Comar
Kneecap – Elysee Montmartre Paris 2025 – Photo : Louis Comar
Toute la soirée, sera évidemment tournée autours de thématiques politiques et chaque mot est ainsi choisi avec précaution. Mo Chara, Móglaí Bap et DJ Próvaí préfèrent ainsi parler de Nord de l’Irlande plutôt que d’Irlande du Nord, un vocabulaire volontairement militant. Rien d’étonnant quand on sait que la formation voit ses débuts inspiré par un tague « cearta » (droits) peint en marge de la marche pour les droits de la langue irlandaise par Naoise Ó Cairealláin et un ami. L’ami arrêté refusera de parler une autre langue que l’irlandais à la police. Cette histoire donne naissance au premier titre du groupe « C.E.A.R.T.A » qu’on a le plaisir d’écouter ce soir en milieu de set.
Militants et trèfles à quatre feuilles kneecap
Kneecap – Elysee Montmartre Paris 2025 – Photo : Louis Comar
Les drapeaux ? Kneecap dit vouloir les éviter alors lorsqu’ils sont en nombre dans la salle, le groupe s’en amuse mais ne les prend pas sur scène. Voilà qui devrait soulager leur avocat ! On pourrait ne pas savoir ce qu’ils veulent dire, s’amusent à expliquer les enfants terribles d’un ton goguenard. Et puis, pas besoin de drapeaux pour lâcher tout ce qu’ils ont à dire. Voilà donc qu’on retrouve dans la foule le drapeau palestinien en majorité, mais aussi le breton, le basque. Et le groupe ne manque pas de saluer toutes les langues opprimées. Main dans la main, ce sont des frères d’armes! Côté set list, on retrouve seulement cinq titres issus de leurs albums, le reste leur permet d’explorer leurs sonorités et leur large répertoire. On s’amuse clairement sur « Your sniffer dogs are shite » et ses paroles sans équivoque. Les voir affichées sur grand écran permet quelques sourire. Sur scène, la formation harangue la foule sans fin. On en profite pour se mettre à chanter, avec le trio « Un kilomètre à pied ça ouuuse, ça ouuuuse les souliers ! » L’opération se poursuit longuement tout comme l’évocation de slogans anti-fachistes criés à travers la salle. On le disait, le concert à tout du meeting politique. Et c’est aussi tout l’intérêt de ce show sans demie-mesure qui ne se refuse rien et sait faire des doigts d’honneurs géants aux oppresseurs. C’était le punk qui avait ce rôle fut un temps et aujourd’hui le rap prend clairement le relais. Le rap seulement ? Pas vraiment, les copains de Fontaines D.C ont les mêmes idées et les expriment tout aussi fort. D’ailleurs, le duo avec Grian Chatten « Better way to live » fait aussi partie du programme de ce soir. On aurait adoré voir le chanteur débarquer sur scène, mais aucun espoir n’était permis sur le sujet. Il apparaitra à la place en vidéo.
Kneecap – Elysee Montmartre Paris 2025 – Photo : Louis Comar
Dernière farandole techno ! kneecap
Le groupe sait aussi remercier. Lui qui taclait la France en ouverture du bal, ne manque pas de la remercier de les laisser jouer. Ce n’est pas le cas en Allemagne ou en Hongrie où ils sont black-listés. Voilà qui fascine. Que l’art puisse encore déranger, au point de se voir censurer. Pourtant Keecap loin de prôner le terrorisme, se bat pour la liberté, la vie. Fiers représentants de peuples opprimés, de culture que l’on tente d’éteindre. Les combats indépendantistes cherchent à valoriser l’unité de chacun.e. Ils le disaient à Rock en Seine et le répètent à chaque occasion, le groupe prône la paix et l’amour.
Kneecap – Elysee Montmartre Paris 2025 – Photo : Louis Comar
Après avoir aussi profité de la date pour présenter un nouveau titre, il faut le dire, le nouvel et troisième opus approche rapidement, il est temps de conclure. « H.O.O.D » et « The Recap » sont là pour amorcer la clôture juste après quelques rappels scandés qu’ici personne n’aime la police. Mais il fallait tirer sa révérence en très grandes pompes ! Et rappeler encore une fois, qu’ici l’indépendance des peuples et de l’Irlande en tête de liste est le mot d’ordre. Le groupe se lance ainsi dans une reprise d’un chant révolutionnaire irlandais : « Come out, Ye Black and Tans ». Seulement, sous leurs micros, le titre prend carrément des allures technos. Parce qu’outre les messages, martelés avec soin, il faut savoir s’amuser. Alors, la soirée prend une dernière fois des airs de fête foraine géante, cathartique et délurée. Ca pogotte et ça slam généreusement, groupe inclus, aucune limite n’existe en ces dernières minutes. Cette liberté, elle continuera d’exister bien au-delà de cette fête à l’Elysée Montmartre. L’art n’est pas fait pour être accroché dans vos salons, la musique n’est pas faite pour danser. C’est un cri de rage et d’espoir qu’on porte collectivement.
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Les injonctions faites aux femmes sont nombreuses. Parmi elles, il faut savoir rester digne, se taire face aux relations abusives. Elles doivent rester gentilles et douces en toute occasion dit-on. Et si la dignité prenait place lorsque l’on s’exprime ? Avec son nouvel album, « West End Girl », sortie surprise du 24 octobre, Lily Allen brise tous les tabous. Elle y raconte son divorce avec l’acteur David Harbour, avec force détails. Elle y libère sa parole, pour elle, pour toutes. Et livre en plus de ses secrets, un album pop à la force indéniable et à l’écriture brillante.
West End Girl : who’s that girl ? Lily allen
Fin novembre sortira enfin la dernière saison de « Stranger Things », le super show Netflix tirera une révérence plus qu’attendue. Et les bruits de couloirs sont nombreux, pronostics et espoirs peuplent les conversations en ligne. C’est pour cette actualité que l’on devrait parler de David Harbour qui y interprète Jim Hopper, le père d’adoption d’Eleven. Seulement voilà que Lily Allen vient bousculer les attentes et profite de son nouveau né pour dénoncer tous les comportements toxiques qu’a eu l’acteur envers elle. Le couple se mariait en 2020 à Las Vegas après deux ans de relation avant d’annoncer sa séparation en décembre 2024. La musicienne n’a jamais eu froid aux yeux et a toujours su, à raison, exprimer ses ressentis. On l’a connue en 2006 avec le doux amer « Smile », puis en 2008 alors que son single « Fuck you » peuplait les ondes. Celui-ci était un doigt d’honneur géant enrobé dans une pop pastel adressé aux hommes du parti national britannique. Cette fois-ci, le « Fuck you » qui nous intéresse comprend 14 titres d’une honnêteté brutale. La presse à scandale ne pourra pas y ajouter un mot. Son divorce, elle le livre en exemple, sa douleur n’est pas un gossip, c’est le cri d’une femme et l’invitation à crier en groupe.
Ecrit en 10 jours de décembre alors qu’elle est plein divorce, elle y crache tous ces mots : les mensonges, les infidélités en tête de liste. Loin d’être une vengeance, elle y produit un catharsis révolutionnaire. D’ailleurs, et nous y reviendrons, la pop y est complètement novatrice. Dix jours pour composer une telle merveille, voilà qui laisse rêveur.se mais la douleur est un terreau riche pour l’écriture. Dans ses textes Lily Allen dévoile son mariage ouvert : les règles y étaient simple explique-t-elle dans le titre « Madeline ». Les conjoints pouvaient aller voir ailleurs, mais seulement s’il était question de payer pour les relations intimes. Seul.es les inconnu.es étaient accepté.es, il fallait de la discrétion et que l’affaire ne se répète pas. Pourtant, voilà qu’elle découvre grâce à une photographie que son mari entretient une liaison avec celle qu’elle appellera « Madeline » sur l’opus et à laquelle elle fait aussi référence sur le morceau « Tennis ».
De douleurs et de couleurs Lily allen
Tornade de sentiments, ce nouveau jet a été accouché dans la plus grande des douleurs pour la chanteuse. Et pourtant, l’immense force de Lily Allen est sa capacité a toujours savoir créer une pop sucrée. Pour ce cinquième album publié après sept années d’absence, la musicienne n’a rien perdu de son écriture haute en couleurs. L’introduction, sur le titre éponyme « West End Girl » pourrait évoquer un doux réveil au printemps dans une vie parfaite, une forme de candeur bienveillante. On se croirait dans une comédie musicale mettant en scène la femme au foyer des années 50 pleinement épanouie dans son rôle. Seulement voilà que les paroles s’en mêlent. Derrière ce sourire musicale, celui certainement qu’on tente d’imposer aux femmes en toutes circonstances, voilà que l’acidité pointe le bout de son joli nez. Au court de cette thérapie collective, les rythmes changent, un brin de hip hop s’invite sur « Nonmonogamummy » (en feat avec Specialist Moss) et l’éléctro fait de très nombreuses apparitions. On retrouve même une ballade sublime « Just Enough », comptine triste et envoûtante. Les émotions passent avec la même clarté dans ses lyrics que dans sa capacité à composer. Les rythmiques y changent alors que les refrains frappent fort. Mention spéciale au titre « Beg for me », sa précision d’écriture surnaturelle et son refrain qui fait d’évidentes merveilles. Les bruitages sont légion au cours de l’opus : téléphone, sonnerie et même quelques moments parlés comme des apartés d’une narratrice omniprésente qui partagerait ses pensées en temps réel.
Si l’on parle d’un exutoire, c’est aussi parce que Lily Allen ne se contente pas de raconter son histoire. Elle raconte une histoire plurielle, celle d’autres femmes qui ont comme elle accepté un mariage ouvert par peur de perdre l’être aimé. La chanteuse profite par ailleurs de sa notoriété pour briser tous les tabous. Elle arrête son podcast sur la BBC pour entrer en cure de soins et prend le remps de l’expliquer à ses auditeur.trices. Puis, elle avoue avoir replongé dans les troubles alimentaires, confie sa relation instable à la nourriture. Des propos d’autant plus importants, qu’ils permettent de libérer la parole sur la santé mentale, d’inspirer le plus grand nombre. La honte est un sentiment qu’il faut combattre pour mieux accepter les mains tendues.
Un récit sucré pour une addition salée Lily allen
Lily Allen - West End Girl (Visualiser)
Les titres de l’albums se découpent comme une histoire qu’on nous raconte entièrement. Aucun détail n’est épargné. la tristesse exprimée sur des titres comme « Ruminating » prend entièrement sens lorsque la chanteuse prend conscience de la trahison sur « Pussy Palace » ou encore « Tennis ». Le premier narrant le lieu dédié au sexe que gardait secrètement son ex-mari, le second à une photographie le représentant en train de jouer au tennis avec sa maîtresse. L’élément qui lui permettra de tout comprendre. Le grand final se fait sur « Fruityloop », référence aux céréales préférés de David harbour. La chanteuse y répète en boucle tel un mantra « It’s not me, it’s you ». Il y a un parallèle sans équivoque à faire entre cette phrase et la série « You ». C’est sur ces mêmes mots que s’arrête le show qui mettait en vedette sur Netflix Joe, le stalker (et on en dira pas plus pour ne pas spoiler). Lorsque cette phrase est énoncé par cet homme toxique, elle vient annoncer son incapacité à se rendre responsable de ses actions. Ils sonnent comme une un rejet des conséquences, une excuse que l’on se donne. Elle prend une toute autre allure, un sens radicalement opposé dans la bouche de notre chanteuse. Cette fois-ci, elle se fait rassurante, réelle, puissante. On apprend aux femmes à culpabiliser, se rendre toujours responsables de tous les maux, de tous les échecs. Lily Allen rend à son ex-mari sa responsabilité, elle permet également aux femmes blessées à s’autoriser à faire de même. Il est évident que « West End Girl » restera un album important dans le temps pour cette raison en partie. Parce qu’il redéfinie les injonctions de la société tout en apportant une nouvelle définition à la pop. Et de l’amertume et des besoins de dire « Fuck you », voilà qu’enfin il sera possible de sourire pleinement.
Et voilà déjà un an d’écoulé depuis le dernier MaMA Music & Convention ! Sans qu’on ne s’en rende compte, les saisons sont passées, et les feuilles sont…