Béesau, fascinant touche-à-tout et acrobate musicale. Le trompettiste puise autant dans le hip hop, le jazz, que l’électro pour créer des sons hors normes où le classicisme rencontre la pointe de la nouveauté. De passage au MaMA Music & Convention pour un concert survolté à la Cigale, il nous fallait rencontrer le musicien. D’autant qu’il en profitait pour parler de la sortie de son tout nouvel album virtuose : « Une fleur et des papillons » paru le 7 novembre. Dessus et en full instrumental, le voilà qui explore le thème bien connu des histoires d’amour. Sous ses riffs celle-ci se construit à l’envers, d’une rupture qui catalyse, à des retrouvailles émouvantes. Les histoire d’amour finissent mal en général mais lorsque ce n’est pas la cas, elles poussent à une créativité débordante. Voilà donc que les notes racontent toute une histoire qu’il nous faudra recréer dans nos esprits. Lors de notre rencontre Béesau s’est longuement confié, n’hésitant pas à parler sans retenue et avec une sincérité débordante. On a donc appris qu’il n’aimait pas la trompette et peinait à la travailler quotidiennement l’instrument ! Un comble qui nous a bien amusés. Entre autre de cette révélation on a parlé jazz, purisme, genèse d’un album, histoire d’amour, conscience de soit, titre, du musicien Thomas Enhco, de live et de son double rôle à la production et à la composition.
A noter que Béesau sera de passage à Paris à l’occasion d »un concert à la Gaîté Lyrique le 16 janvier 2026. Prenez vite vos places.
Découvrez l’interview de Béesau
Interview Béesau- MaMA festival et convention 2025
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Lors de cette rencontre passionnantes nous avons parlé d’industrie de la musique, de Londres, de Toronto, de santé mentale, de deuil amoureux, de Madonna, de Donald Trump. Rendez-vous en vidéo pour tout découvrir !
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Sydney Minsky Sergeant a bien grandi ! Poussé à la célébrité et sur d’immenses tournées depuis son plus âge grâce à son groupe de génie, Working Men’s Club, le chanteur avait besoin de prendre du recul. Voir même de faire une pause pour mieux regarder dans le rétroviseur. Le voilà donc en studio avec son ami, le producteur Alex Greaves pour enregistrer un seul morceau « Lisboa ». Seulement, le rendu est trop bon, il faut poursuivre l’opération, aller chercher d’autres titres. Alors, Syd, pour les intimes, part en quête de son répertoire. Il retrouve ses premiers écrits, datant parfois de ses 14 ans. Comment un môme peut-il avoir la maturité artistique d’écrire pareille prouesses ? La question se pose. Et pourtant, la réponse semble évidente. Le musicien a la même aura en solo qu’un certain Grian Chatten de Fontaines D.C qui s’offrait sur « Chaos for the fly » un masterpiece. « Lunga » est de ce type de chef d’oeuvres, une merveille, aussi simple que bouleversant. Son post punk s’y fait plus folk, plus acéré. Derrière les douleurs qui lui servent à écrire, vient le besoin d’avancer. Autant peut-être que celui de se reconnecter à une version de lui aujourd’hui lointaine. Pour lui donner vie, il prend en main tous ses instruments, enregistre même dans une église donnant ainsi de la profondeur au son. Le même degré de profondeur et d’espoir qui hantent son esprit . « C’est un pas de côté par rapport à ce qui m’a rendu célèbre cet album » explique-t-il « J’avais besoin de le faire. C’est un voyage méditatif. Il m’a permis de réaliser des choses pendant que je grandissais et d’avancer. » L’occasion pour lui de repenser à ses relations passées, sans colère ni ressenti mais plutôt : « De faire le point sur mes émotions. De me demander où est ma place dans le Monde. »
Prendre la route pour se découvrir en tant qu’adulte
C’est à l’occasion de son passage au Pitchfork festival, dans la salle du Silencio que j’ai eu la chance de discuter avec Sydney Minsky Sergeant. Il faut le dire, il est beaucoup trop facile de se laisser tomber en amour lorsque l’on écoute ce premier album. Si les titres y ont été écrits à différentes périodes de son existence, le musicien arrive à donner à l’ensemble une cohérence rare. Plus qu’un opus, c’est un voyage initiatique que l’on découvre. Une certaine obscurité le peuple et au fond une note d’espoir prend la dominante. L’adolescence est une période charnière, puissante de la vie. Et notre homme n’a jamais vécu la sienne de façon normale. Les tournées, les concerts l’ont éloigné du chemin que l’on emprunte tous.tes et qui permet de définir l’humain que nous souhaitons être une fois que l’âge adulte nous a atteint. Et surtout pas éteint d’ailleurs. C’est de cet apprentissage qu’il est important de parler pour le jeune homme timide qui regarde de côté pendant que nous conversons. « Dans la majorité de l’album il y a beaucoup de sentiments issus de mon subconscient. » explique-t-il en pesant chacun de ses mots. « C’est quand j’ai conclut l’album que je me suis senti grandi sur beaucoup de sujets. Sur beaucoup de cadences de l’albums, certaines choses sont parfaites et d’autres imparfaites. Je me suis senti bien plus adulte parce qu’il n’a rien à voir avec tous les autres albums que j’ai fait. Tout s’est emboité au cours des dernières années. Et à la fin je me suis rendu compte que j’étais une personne complètement différente de celle qui a écrit les morceaux. »
S’il parle facilement de perfection c’est avant tout parce qu’il est tout autant perfectionniste sur scène. Ce soir là, sur les planches du Silencio, le son des instruments devient son travail le plus méticuleux. Stressé, probablement mais surtout déterminé. Chaque note est pensée avec profondeur alors que trois musiciens lui donnent la réplique. Assis au centre de la pièce, le regard songeur, notre homme se raconte avec la même sincérité qu’il avait plus tôt lors de notre échange. » Je voulais capturer l’idée d’un nouveau jour et être le plus honnête possible. J’en profite pour embrasser les beaux côtés de la vie mais aussi accepter que j’ai fait des erreurs et que je ne compte pas les fuir. »
silence, ça pousse sydney minsky sergeant
Sydney Minsky Sargeant photo Max Miechowski
» La raison pour laquelle je n’ai pas eu de mal à me replonger dans mes anciennes compositions c’est avant tout parce que je ressentais encore les émotions de cette époque. Certains sentiments étaient également comme une histoire fantaisiste que je me raconte. Par exemple quand je dis que tout va bien, ce n’est pas vrai. Mais c’est une façon de me convaincre et de me rassurer. C’est comme ça que j’avance dans la vie. Et puis il est rare que j’aille en studio et que j’accepte d’enregistrer un morceau si je ne pense pas ce que j’ai écrit. » L’important pour lui, c’est de toujours rester honnête envers lui-même. Mais le chanteur utilise-t-il la pensée magique pour combler son apprentissage de l’existence ? Vous savez cette méthode qui permettrait à une personne de concrétiser ses désirs par le simple pouvoir de ses pensées. « Je crois que l’espoir peut te transporter vers un endroit meilleur. Même si vous n’y êtes pas du tout. Quand je travaillais cet album il n’y avait pas un moment où je voyais la mort à l’horizon. Peut-être que j’y pensais mais dans les faits elle n’était pas là. Il n’y a pas eu de moment où je goûtais entièrement au bonheur pourtant tout ce qu’il y a de rationnel chez moi convoquait l’espoir. Et c’est ce qui est devenu le plus grand thème de l’album. » Pour lui il est aussi important de se rassurer que de rassurer les autres. « C’est ok de se sentir comme de la merde. Et même sain d’aller mal parfois. Il faut embrasser ce sentiment et en tenir compte mais savoir que c’est un moment précis. » Parfois se replonger dans une période de sa vie à travers la musique le replonge dans le pire mais il sait que ce sentiment n’est plus vrai aujourd’hui. La composition lui sert pourtant à s’y replonger pleinement pour mieux avancer. La raison pour laquelle une mélodie existe c’est aussi parce qu’elle est la photographie d’un instant T. Un art qui va coller à « Lunga » dont la texture et la production sont particulièrement visuelles. Les titres s’y vivent comme une histoire que l’on raconte, une quête de soi propre à la littérature qu’il affectionne particulièrement et qui l’inspire toujours. « C’est de la nourriture pour mes penser et ça me permet de me challenger. » Tout ça lui permet de me se questionner : « Pourquoi ai-je ressenti tout ça ? Qu’est ce que tu sais aujourd’hui que tu ne savais pas à ce moment là? » Voilà qui va de pair avec son désir profond de devenir une meilleure personne. Un sentiment qu’il exploite différemment dans son travail de composition et scéniquement. Lorsqu’il écrit le musicien arrive à dissocier le ressenti, à le réfléchir. Là où la scène plus brut, oblige à vivre dans l’instant. Et à créer une magie chaleureuse, une pureté si forte qu’elle englobe la petite scène parisienne de la salle créée par David Lynch sur laquelle il se produit ce soir-là.
Le bien, ennemi de ses compostions ? sydney minsky sergeant
« Si les choses vont trop bien pendant trop longtemps, elles deviennent ennuyeuses. » Lâche-t-il, en appuyant sur chaque terme, le regard toujours dans le vide, concentré sur ses mots. Autant qu’il peut l’être sur ses notes. Il faut dire qu’il sait être à fleur de peau et s’écouter entièrement. « Je peux me sentir bien quand je me sens mal, et l’inverse également. » complète-t-il. Des sentiments qui peuvent souvent prendre de l’ampleur avec les tournées et introduisent chez lui un sentiment de chaos. « Peut-être pas à ce point mais ça peut être très stressant. Entre mes 16 et mes 20 ans, la vie est allée très vite pour moi. J’ai du composer avec l’industrie de la musique et mon groupe. J’avais le sentiment que les choses avançaient si vite que je ne pouvais pas les suivre émotionnellement. Ca m’a pris des années pour pouvoir me poser et prendre le temps de comprendre ce qui m’est arrivé. Et c’est ça ce qui était chaotique pour moi. » Voilà qui explique entièrement tout son propos et son travail de composition. Une vie d’adulte dans laquelle il était propulsé trop vite. Une vie de musicien que la plupart des gens n’expérimentent jamais. C’est toute la clé pour mieux percevoir les merveilles de son nouvel opus. « Je pense que j’avais juste besoin de redevenir une personne normale. » Et la clé pour trouver cette normalité se trouve peut-être dans un miroir tourné vers le passé. Le titre qui donne son nom à l’album est d’ailleurs une interlude instrumentale et expérimentale reprise du dernier morceau de l’album « Fear Fear » de Working Men’s Club. Le passé sombre s’y fait lumineux. Comme l’avenir d’un artiste intemporel à la pureté de compositeur trop rare. Sa délicatesse et son élégance lui auront ouvert les porte du Pitchfork, festival d’avant-garde qui a su trouver les talents de demain mettant notamment en scène Charli XCX par le passé. Nul doute que notre homme marquera lui aussi l’histoire de l’évènement.
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Et voilà déjà un an d’écoulé depuis le dernier MaMA Music & Convention ! Sans qu’on ne s’en rende compte, les saisons sont passées, et les feuilles sont de nouveau sur le sol. Ce fait acté rime avec rituels d’automne. Chaque année voit son calendrier se peupler d’évènements, chacun synonyme d’un temps précis. Immanquable, immuable. Octobre est le temps des découvertes et des courses endiablées dans le quartier de Pigalle. Nous voilà donc vestes sur les épaules pour affronter les premiers froids et faire le tour des salles et écouter le fleuron de la musique francophone, mais pas que. Suivez les guides !
MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar
De la douceur folk avec Augusta mama
Augusta – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar
Notre périple, sous forme de carte au trésors nous conduit d’abord aux Trois Baudets. Le lieu profite de cette soirée du jeudi pour mettre en avant les femmes du Metronome. Le Women Metronum Academy nous vient donc tout droit de Toulouse et compte bien jouer sur la diversité pour séduire. A pas de velours, la musique délicate d’Augusta s’invite à l’ouverture du bal. Seule derrière sa grande guitare la musicienne distille ses jolies notes folk. Le parcours des merveilles pourra bien s’arrêter un temps pour l’écouter. Après tout, l’instant est suspendu. Voix profonde et capacité de composition, en anglais, viennent d’emplir la pièce. On regrette toujours le gros poteau des Trois Baudets qui ne permet pas de pleinement profiter du spectacle. Parce que même si la scénographie est minimaliste, la chaleur qui se dégage de l’instant, elle, est contagieuse. Elle vient prendre chaque spectateur par la main pour l’inviter dans une intimité salvatrice. Pigalle est loin, seules les notes comptent et quelques plaisanteries sur scènes viennent à resserrer nos liens. Comparée à Laura Marlin et Joni Mitchell, Augusta a la beauté créatrice et la douceur des deux, une gamme rassurante en plus, la détresse en moins. Il y a du Sufjan Stevens dans ses compositions. Il faut pourtant reprendre notre route, le rituel nous attend, la chasse aux découvertes également.
MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar
MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar
Voilà donc que la carte aux trésors nous conduit jusqu’à la Machine du Moulin Rouge et plus précisément à la Chaufferie pour découvrir le set endiablé de Cannelle. Artiste à part à la personnalité singulière. Sa présence scénique frappe fort et son mélange des genres séduit immédiatement l’assistance, surtout grâce à ses textes qui vont droit au but. Un peu d’électro, un brin de sensualité, des références à « son boule », et un ton urbain. Ce petit brin d’épices est dans l’air du temps.
Cannelle la machine du moulin rouge mama festival 2025 credit photo kevin gombert
Cannelle – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar
Cannelle la machine du moulin rouge mama festival 2025 credit photo kevin gombert
On a qu’à prolonger l’été avec The K’s mama
Mine de rien ce dernier passe vite et voilà donc qu’il faut monter les escaliers, après quelques pas sur la marelle posée là, pour se prendre un bain de musique anglosaxone. The K’s vient en effet de débuter son set sur les planche de la Machine. Groupe rock originaire du Royaume-Unis, les quatuor est venu défendre son deuxième opus paru en juillet 2025. On découvre un rock, certes convenu, mais aussi facile d’accès. Solaire et plein de bon humeur, le groupe publiait son deuxième album » Pretty On The Internet » au mois de juillet. Un condensé de titres pêchus au rock qui lorgne sur la pop à la sauce Good Neighbours, très en vogue en ce moment. Sur scène, le set souffre d’une configuration statique qui manque à insuffler le tonus des compositions. Pour autant et malgré une salle encore relativement peu remplie, l’instant plaisant fait facilement croire qu’on aurait volé à l’été quelques beaux rayons de soleil pour les placer face à nous.
The K’s mama festival 2025 credit photo Kevin Gombert
The K’s – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar
Adès the planet, c’est le bruit de couloir de la journée. Nous parlions de rituels, de traditions. Il en est une évidente au MaMA, celle de se rendre dans une salle parce qu’un nom a été répété en boucle de part et d’autre des rues que nous traversons. Nous voilà donc à la Cigale. La musicienne est venue présenter son album tout juste publié : « Bâtarde sensible ». Un nom évocateur, tout comme le décors qui nous attend, peuplé de chaines. Rappeuse et productrice originaire d’Abidjan, elle crée immédiatement une atmosphère pensante, lourde de sens. Danse se mélange aux douleurs propulsés par une trap hypnotisante. Le cadre sombre donne lieu aux plus intenses des chorégraphies, plus qu’un spectacle, une expérience.
Adés The Planet – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar
Ades the planet – La cigale 2025 MAMA FESTIVAL CREDIT PHOTO Kevin Gombert
Adés The Planet – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar
Vendredi, tout est permis mama
A peine le temps de prendre quelques heures de sommeil et nous voilà déjà de retour sur site pour l’ultime journée du MaMA 2025. Ce vendredi, intense promet son lot de coups de cœur et de surprises. Les rues sont bondées, l’approche du week-end donne au festival un second visage. De celui réservé aux pros et conférences pour les deux premières journées, le voilà plus largement peuplé de public pour son final.
MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar
Loin d’être une découverte, on retrouve rapidement l’élégance de Béesau sur les planches de la Cigale. Evidemment, son style musical dénote avec le reste de la programmation. Tout comme un certain Sofiane Pamart, le musicien prend un instrument classique, la trompette ici et un registre plus difficile d’accès au grand public, le jazz donc, pour le faire l’adresser à tous.tes. Le jazz peut effrayer, sembler s’adresser à un public expert et pourtant, il regorge de merveilles à découvrir. Rémy Béesau, de son véritable nom, lui ajoute du Hip hop, un brin d’électro et créé un son à la production soignée. Logique pour un producteur ! Il publiait récemment deux ops « Coco Charnelle » ‘part 1 et part 2″ et son nouveau single laisse présager le meilleur pour le suite. « Pas encore », de son petit nom ne pourra pas être interprété ce soir. Prévu en fin de set, le concert avait duré trop longtemps aux yeux de la salle qui devait fermer. A défaut néanmoins de prendre la route pour ce nouveau voyage, c’est un concert sensoriel, empli d’émotions et de beautés d’écriture qui est offert ce soir. Vécu comme un bœuf entre musiciens, composé et interprété avec talent, le spectacle permettra peut-être à certain.es de faire leurs premier pas dans le registre.
Béesau – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar
Béesau – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar
Béesau – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar
Ivre de plaisir avec Dressed Like Boy mama
Nous parlions de bruits de couloirs, certains sont plus tenaces que d’autres. Celui qui concernait Dressed Like Boys a passé la soirée à nos côtés. Il était donc impossible de ne pas prendre le temps de découvrir le nouveau prodige de la pop made in Belgium. Et, il faut admettre à nos sources qu’elles avaient raison, puisque le spectacle donné en ce vendredi soir aux Trois Baudets était le plus beau de ce MaMA 2025. D’entrée, le ton est donné alors que notre homme officie derrière son piano avec la grâce d’un certain Elton John à ses débuts. Grandiose et captivant sans avoir besoin de surjouer, le musicien à le voix de velours attire autant les sympathies qu’il captive.
Dressed Like Boys – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar
Pas un bruit ne vient troubler le spectacle en configuration assise. On pourrait aisément comparer son timbre à celui de Mika, puisqu’il faut bien souvent parler d’autres artistes pour définir un univers. Ce ne serait pourtant qu’une infime évocation de l’univers onirique ici offert. Entouré d’un groupe majestueux, le musicien attire sur lui tous les regards alors qu’il offre des mélodies accrocheuses, entre la grandeur de Broadway et les plus belles des balades pop. On se surprend à chanter les refrains entre nos dents dès leur première écoute. Il en profite pour se réjouir de jouer dans la petite salle parisienne, où est passé comme il le rappelle Brel « le plus grands de tous les belges avec Tintin ou encore Gainsbourg ». On passera sur le terme salle mythique, sur-utilisé aujourd’hui et balancé à toutes les sauces dès qu’on dit l’Olympia, au point de rendre le mot en lui-même irritant. Le CBGB lui aussi était mythique avant de devenir une boutique de vêtements après tout, le temps n’épargne rien. Est-ce vrai ? Il épargne les souvenirs, les magnifie, les transcende. Et celui de ce live comptera parmi ceux qui se gravent dans nos mémoires. Le chanteur prend quelques gorgées de bière entre deux titres « Baudelaire disait qu’il faut toujours être ivre » lance-t-il, sourire aux lèvres. « Que les fins de journées d’automne sont pénétrantes ! » disait il également, » car il est de certaines sensations délicieuses dont le vague n’exclut pas l’intensité » ajoutait-il dans le « Confiteor de l’artiste ». Voilà des vers qui viennent à parfaitement décrire la performance de Dressed like boys, aussi pénétrante qu’intense. Le chanteur confie ensuite être un homme gay pour mieux introduire le titre « »Jaouad » », ode à la tolérance et à la douceur inébranlable qui réussit l’exploit de s’offrir quelques mots en français « J’aime sucer des bites toute la journée ». Chanté avec le virtuose d’une ballerine, sur la pointe des pieds. Tous les mots peuvent trouver de la beauté et résonner de bien des manières, tout dépend de leur contexte. Ici, ces paroles crues deviennent poésie, et se magnifient par leur effet de surprise. « L’étude du beau est un duel où l’artiste crie de frayeur avant d’être vaincu » à moins que Baudelaire n’aie tord et qu’il ne crie ses textes, avant de vaincre toutes les barrières pour mieux conquérir le cœur du public. Il faut toujours être ivre du bonheur de la découverte.
Dressed Like Boys – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar
La soirée ne pouvait s’arrêter ici, il fallait au moins, avec de faire nos au revoirs à cette nouvelle édition, et de craindre le début de l’hiver faire un dernier tour sur les planches de la Machine du Moulin Rouge où la soirée se prolongera la nuit durant.
MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar
Je suis même pas désolée (brRRaaa) mama
Il est aujourd’hui difficile d’émettre une critique négative. Il faudrait toujours trouver du bon en toute chose. L’idée même qu’une critique existe, surtout placée au rang de métier vaut toutes les moqueries et tous les rejets. Tout serait également de même qualité : un repas dans un restaurant étoilé et un sandwich triangle auraient-ils la même saveur ? On peut tout aimer évidemment, c’est un droit, mais il existe des critères pour juger de compositions et placer des mots dessus. Ce long préambule sert surtout à s’octroyer le droit de s’interroger quand à la performance de Doc OVG. Le rap français, actuel qui plus est, regorge de très belles découvertes, bien écrites et composées. D’autres, parce que le courant est à la mode, se permettent de surfer sur des clichés datés, sans originalités et irritants. La même chose existe dans le rock, les langues tirées, les bandanas et maquillages à outrances. Du rock à papa démodé. Eh bien , Doc OVG, trio en avant-scène, doudoune sur les épaules et masque sur le visage pour se donner l’air méchant joue de ces mêmes codes désuets pour créer un live au mieux ridicule. Les crew de rappeurs laissent souvent pantois. Ils s’invitent sur scène pour ne rien y faire. Cette fois-ci la chose est flagrante : on a un rappeur qui donc rappe (avec un ton agressif), son pote qui balance de manière aléatoire des « wowww » ou des « brrraaa », comme ça lui prend on est à ça d’entendre les faux bruits de mitraillettes. Ne vont-ils rien nous épargner ? Non, rien puisqu’on a même le droit au pote gênant qui arpente la scène d’un bout à l’autre en regardant le vide et dab parfois, quand même. Ce chorégraphe de folie, agite quelques fois ses bras quand même, pose un pied devant l’autre puis un autre. Grosse performance ! Le résultat est sur-vu et laisse hermétique. A moins qu’on en profite pour en rire. Wowww !
OVG – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar
Mélanger les genres, faire tourner les têtes mama
Sami Galbi – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar
Heureusement la critique sert aussi, surtout, la plupart du temps on l’espère, à donner des conseils, mettre en lumière des projets puissants, à suivre. Nous terminerons ainsi celle-ci pour vous inviter à écouter Sami Galbi qui offrait un set époustouflant à la Chaufferie ce soir-là. Le multi-instrumentiste et producteur helvético-marocain bluffe par sa capacité et mélanger les registres pour les rendre précis et puissants. Les percussions, puissantes sont à largement saluer. Entre raï, chaâbi, urbain, électro, dance, le musicien fait tourner les têtes et excelle. La modernité ultime vient de cette capacité à reprendre un héritage musical établie et à la confronter à des façons de composer plus actuels. Ici, l’essai se transforme en prouesse. En trans, en danse, en sueur, la salle de la Chaufferie a rarement aussi bien porté son nom. Plus que quelques petits pas avant de quitter cette nouvelle édition du MaMA. Il faudra passer ensuite une nouvelle année, ses joies, ses peines et ses rituels, avant de retrouver celui-ci, si cher à nos cœurs.
Sami Galbi – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar
La force, voilà le mot qui qualifie le mieux les performances de Yungblud. Une force émotionnelle, une tornade, une mise à nu, aussi littérale qu’imagée. Parce que son…