Pour cette 26ème édition mais aussi sa plus particulière, L’Etrange Festival a dû travailler dans la précipitation. La certitude que l’événement pourrait bien avoir lieu n’a pu être acquise que tardivement. Et puis nombre de films n’ont pu être finalisés ou présentés pour cause de Covid-19. Tout cela aurait pu excuser une programmation tiède, au lieu de quoi, cela ne fait que renforcer l’admiration que l’on éprouve pour le festival qui malgré les contrainte a su proposer une programmation léchée, travaillée et riche en très belles découvertes. Parmi les films les plus attendus, on retrouvait, évidement le dernier Gaspard Noé « Lux AETERNA », qui sera présenté samedi 12 septembre en présence du réalisateur. Décris par l’équipe de l’Etrange festival comme un membre de la famille bien aimé de l’événement, il se partage le titre du fils chouchou avec un réalisateur belge , Vincent Patronnaud. C’est d’ailleurs son très attendu nouveau métrage « Hunted » qui était dévoilé le 8 septembre. Un thriller aux nombreuses couches qu’on vous raconte.
Hunted de quoi ça parle ?
Un serial killer, c’est déjà beaucoup. Mais lorsque ce sont deux maniaques qui laissent des cadavres de jeunes femmes derrière eux, le pire est à craindre. Eve leur a survécu mais les meurtriers ne vont pas en rester là. Elle fuit à travers les bois avec la nature comme seule alliée…
Hunted, est-ce que c’est bien ?
Avec à son affiche la belge Lucie Debay, Hunted cherche a transcender le genre du slasher en lui ajoutant une touche de survival et en s’évertuant à écrire un film aux nombreux messages. Si la réalisation du film est bien belge, il n’en est pas moins réalisé en anglais aidé comme il se doit par une équipe irlandaise. On le sait bien, les anglo-saxons sont plus enclins à créer du cinéma de genre. Un détail qui n’empêche pas notre traditionnelle héroïne, Eve, de parler avec son léger accent français. C’est son calvaire auquel assistera pendant plus d’une heure et demie un spectateur féru d’horreur qui pourrait bien y prendre beaucoup de plaisir. Puisque Hunted a le mérite de tenter d’induire plusieurs sous-titres sociétaux, d’utiliser son cadre avec brio, de créer des montées en tension efficaces et de montrer avec détails fournis les blessures de ses personnages.
Pourtant c’est surtout sur la superposition de couches que s’appuie ici ce récit en plusieurs temps. D’entrée de jeu, à travers une fable conté au joli graphisme, le film de Vincent Paronnaud s’évertue à vanter la nature – représentée par la forêt- comme étant protectrice et bienveillante. Protectrice oui mais de la femme surtout, l’homme y étant montré comme un prédateur impitoyable. Dès lors que l’on rencontre Eve, elle n’a de cesse d’être maltraitée par l’homme, professionnellement mais aussi dans ses rencontres où drague lourde et harcèlement flirtent beaucoup trop ensemble. L’homme n’est-il qu’un prédateur selon notre réalisateur ? Non, il ne faut pas non plus étendre le propos dans sa caricature, mais l’home qui détruit mère nature tout comme il cherche à détruire la femme est ici diabolisé. Diabolisé comme dans un conte inversé d’ailleurs puisque le clin d’œil au Petit Chaperon Rouge sonne comme une évidence : capuche rouge pour la jolie Eve, pourchassé dans les bois sauf qu’ici le grand gentil loup s’oppose au méchant chasseur.
La quête de nos serial killers avec en chef de meute l’excellent Arieh Worthalter conduit tout ce beau monde vers une traque sans pitié en forêt. Celle-ci se révèle être le véritable personnage principale de notre histoire, bienveillante envers une héroïne pourchassée. Les incestes et animaux y sont filmés avec amour tout comme la vie sauvage belle et mystérieuse. Pour pousser le propos sur l’écologie Paronnaud s’offre même une séquence incluant un papier jeté dans la nature, amusant stratagème pour souligner ses dires.
Si ces deux points semblent défendus avec ferveur offrant au détour de cette quête quelques scène gores et une tension bien maîtrisée, le film change étrangement de ton dans son dernier chapitre.
Si celui-ci qui fait irruption dans l’oeuvre à coup de peinture bleue, il surprend profondément. Graphisme poussé et humour se mêlent alors à la partie dans une série de scènes fascinantes et d’un déferlement de rage si bien géré qu’il finit par faire écho dans la chaire de son spectateur. Oui mais cette série de plans visuels, et bien faits, semblent s’additionner sans logique si l’on se réfère à la première partie. Ils sont pour autant un beau moment de plaisir pour les adeptes des survivals et autres slashers mais manquent de fluidités avec l’ensemble et donne l’étrange impression qu’on a changé de film ou bien peut-être que les idées proliféraient au moment de l’écriture et qu’il a fallu tout additionner ensemble. Ce ton trouvé pourtant en dernière partie de métrage est probablement le plus jouissif, celui qui marque le plus l’esprit et appuie en quelque sorte le propos jusqu’alors énoncé en le submergeant d’émotions fortes.
Hunted s’avère être un plaisir à ne pas bouder, transformant les codes du slasher classique pour mieux lui donner un sens et un matériau novateur. Son grain de folie final complètement jouissif pourrait bien et on l’espère dans le futur être le traitement d’un métrage entier qui serait détonnant. Le cinéma d’épouvante va si bien à nos émotions !
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