Sorti le 7 juillet dernier, le dixième album de PJ Harvey est un bijou de poésie. Dans la lignée de White Chalk (2007) et de son recueil Orlam (2022), I Inside the Old Year Dying est une collection riche de poèmes et d’odes à son Dorset natal.
It’s a perfect day, POlly
Elle nous parait bien loin la Polly Jean de Dry ou de To Bring You My Love. Celle qui a inspiré le sublime morceau « Into My Arms » de Nick Cave. Amante idéalisée, la romance a duré quatre mois, elle l’a quitté au téléphone. Énième « muse » qui dépasse le créateur et s’impose comme créatrice véritable.
Voilà un peu plus d’une décennie que le son de PJ Harvey s’est apaisé, tourné maintenant vers les auto-harpes, les pianos et son Dorset natal. Après The Hope Six Demolition Project, sorti en 2016, PJ Harvey avait traversé une phase de doutes face au rythme sempiternel du album-promo-tournée. Elle prend une pause, allongée par le confinement en 2020, qui lui permet de concevoir son deuxième recueil de poésie, Orlam, publié en 2022. Dans ce recueil, elle y évoque l’histoire d’une jeune enfant Ira-Abel Rawles, et de sa vie dans le Dorset. Tout s’y mêle avec un lyrisme bien différent de ce à quoi PJ nous avait habitué. C’est pourtant une réussite.
L’ALBUM ET SON DOUBLE
Cet album arrive comme un miracle pour les fidèles de Polly Jean. Celle qui pensait avoir tiré un trait sur la musique, effectuant quelques bandes-son (Peaky Blinders, All About Eve, Bad Sisters…), revient ici avec un recueil de poèmes aux mélodies entêtantes, hantées. Sorti un an après son dernier recueil, l’album comprend certains de ses poèmes mis en chanson. Très imagé, il nous évoque une forêt, des animaux sauvages, une jeune fille à la recherche de l’amour pur.
L’album surprend cependant sur sa composition, plus apaisé que les précédents, on y décèle une inspiration presque électro sur certains morceaux, notamment « Prayer at the Gate » qui ouvre le bal (où on ne danserait que peu, chaque participant assis dans son coin). D’autres morceaux comme « Seem an I » nous évoque très timidement ses précédents opus.
Un album difficile et audacieux
Il faut le dire, I Inside The Old Year Dying est un album difficile à cerner. Il ne se dévoile pas en une écoute, ni même en deux. Il fait partie de ces compositions dont l’écoute n’est appréciable que d’une seule traite. Chaque morceau complète le précédent. Il est d’autant plus difficile à cerner lorsqu’à la lecture des paroles, certains mots, à nous, les non-anglophones, paraissent plus mastiqués que d’autres. En effet, comme dans Orlam, PJ y mêle langue anglaise et dialecte du Dorset.
Bien loin de sa voix rauque de ses débuts, PJ Harvey met en avant une voix plus haut perchée, déjà étendue sur le très bon White Chalk (2007). La gracilité élastique de sa voix souligne la vulnérabilité émouvante de l’album. PJ Harvey nous y apparait plus sensible et intime et impose sa vision de l’amour. « Love Me Tender » qu’elle déclame dans « Lwonesome Tonight« . Cette référence à Elvis n’est pas la seule au sein de l’album. Directement emprunté à Orlam, PJ Harvey fait référence à un certain Wyman-Elvis, fantôme de la forêt où la jeune fille s’enfonce toujours plus en quête de l’amour véritable et pur.
Un sans faute
Ce dixième opus est un brillant ajout à sa discographie jusqu’ici immaculée et qui, on l’espère pour elle et pour nous, le sera encore pour les années à venir.
Elle nous paraissait bien loin la Polly Jean de Dry ou de To Bring You My Love. Ou peut-être que non. Peut-être se cache-t-elle, tapie dans les mélodies de certains morceaux, prête à bondir et à rugir cette voix rauque et mélodieuse que nous aimons tant.
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