C’est déjà le dernier jour du Chorus des Hauts de Seine. Et qu’il était bon retrouver des artistes, dans des salles presque remplies, debout, avec la possibilité de manger et de boire et de vivre ensemble ce retour à la vie normale ! De plus, l’évènement est l’un des rares festivals à avoir maintenu son édition c’est pourquoi il est si difficile de le quitter après ces 3 jours de musique, de fête et de joie. Une programmation variée et travaillée aux petit oignons permet de profiter pleinement de cette parenthèse et dire au revoir à la Seine Musicale.
Silly Boy Blue : candeur et eclosion
Découverte au Printemps de Bourges en 2019, Silly Boy Blue, ouvre cette dernière journée de festival. Et c’est avec candeur et spontanéité qu’Ana Benabdelkarim, l’ex-chanteuse du groupe Pégase, présente sa dream-pop. Elle alterne entre les morceaux et son premier EP, et de son album tout juste sorti « Break Up Songs ». La mélancolie des morceaux est totalement assumée. « Le prochain morceau, je l’ai écrit parce que j’étais amoureuse et je ne l’ai jamais avoué. C’est l’histoire de toute ma vie ». Si le spleen domine ses composition, l’artiste est tout l’inverse. Touchante, souriante, sympathique, Silly Boy Blue se livre naturellement. Au premier rang, lorsqu’elle aperçoit un spectateur portant un tee-shirt à son effigie, elle s’en amuse volontiers « Je n’en ai même pas un moi-même! ». « The Fight », « Teenager » et « Cecilia » marquent les temps forts de ce set, où toute la puissance de la jeune compositrice se révèle. Il faut avouer que depuis ses débuts, Silly Boy Blue a véritablement éclos. Du bourgeon talentueux dont les capacités étaient évidente autant que l’apparente timidité à aujourd’hui, le changement se fait sentir. La musicienne s’assume pleinement et gère parfaitement son espace scénique, communique avec son public, joue parfaitement et enivre le spectateur dans son univers sous forme de cocon où il fait bon se perdre.
P.R2B : temps calme
Pauline Rambeau de Baralon de son vrai nom occupe la grande scène. Toute de jaune vêtue, P.R2B vient défendre le renouveau de la chanson française. Un exercice difficile auquel elle arrive a apporté un certain renouveau. Une instrumentation moderne, un flow plus urbain, des compositions au reflets de plusieurs générations peuplent ce moment. La Berruyère apprivoise doucement le public du Chorus des Hauts de Seine. Un moment de calme qui contraste avec l’agitation juvénile de la veille.
Suzane : danseuse modèle
Passée de serveuse à valeur montante de la scène française en très peu de temps, Suzane a su conquérir un large public. Ses compositions, souvent inspirées de son vécu et de problèmes de société, et sa formation de danse lui permettent d’offrir un show complet sans aucune assistance. Son carré et sa tenue bleu sont aujourd’hui devenus son célèbre uniforme. L’ensemble permet d’offrir un concert haut en couleurs et d’y aborder de nombreuses thématique comme le harcèlement de rue ou l’écologie… D’une énergie débordante, la chanteuse occupe toute la scène, courre, saute, virevolte, danse. Et tout est toujours parfait. Parfaitement synchronisé avec une voix précise. Mais certaines personnes font la remarque que le micro est parfois un peu loin… Seule explication, le matériel doit être d’aussi bonne qualité que les capacités scéniques d’Océane.
BENJAMIN BIOLAY :
20 ans se sont écoulés depuis la sortie de « Rose Kennedy », le premier album de Benjamin Biolay. Son parcours en dents de scie ne l’a pas empêché de garder un public d’aficionados de la première heure et de l’élargir ces dernières années. Un notoriété parfaitement retranscrite par la configuration de la Grande Seine aujourd’hui. Un public plus calme (et mature) se rassemble dans les gradins alors que les nouvelles générations occupent la fosse. Sa composition scénique est complète. Entouré de musiciens talentueux, Benjamin Biolay aidé de sa voix si reconnaissable joue son répertoire avec sérénité. Les lumières bleues et le public attentif donnent naissance à un concert intimiste. Un moment poétique et contemplatif à l’image du grand gagnant des Victoires de la Musique 2021.
Ayo : poetesse folk
Programmée au Chorus sur la Grande Seine, il aurait été surement mieux d’intervertir avec Dionysos qui jouait dans l’Auditorium. La chanteuse propose un show minimaliste. Tout est centré sur sa musique, sa voix et les paroles qu’elle porte doucement à son public. Un moment de calme et de sérénité que le public aurait surement mieux apprécié dans un environnement qui invite à la contemplation et l’écoute attentive. Sa folk suave transforme, l’espace d’un instan,t les derniers mois étranges que nous venons de vivre. Un moment de beauté suspendu à apprécier dans un silence religieux.
Delgres : des accents d’amérique
Pascal Danae, chanteur et guitariste de Delgres, c’est fait connaitre avec le groupe Rivière Noire. Depuis 2015 c’est dans le trio Delgres qu’il revient aux sources du blues et de la musique caribéenne. Accompagné de Baptiste Brondy à la batterie et de Rafgee au soubassophone, Delgres offre aux festivaliers du Chorus des Hauts de Seine une prestation scénique solaire et estivale, qui colle parfaitement à la seule journée de beau temps de ces derniers jours. La composition instrumentale du groupe peu habituelle canalise les foules, et surtout les spectateurs à la recherche de la musique du monde et de hard blues.
Terrenoire : aller les verts !
Les deux frères, Raphaël et Théo Herrerias, originaires de Terrenoire, un quartier de Saint-Etienne, on créé leur duo en 2017. Initiés aux grandes scènes en faisant les premières parties des concerts de Clara Luciani, Eddy de Pretto ou encore de Feu! Chatterton, les stéphanois domestiquent instantanément le public du parvis de la Seine Musicale. Leur musique, leurs jeux de scène et leurs tenues ne sont pas sans évoquer une certaine esthétique des années 80 mais ils y ajoutent une forme de sobriété.Leurs chansons est une véritable mélange musical, entre électro, chanson française et hip hop qui rassemble et qui touche une audience très large. La foule grandit et se densifie jusqu’à la fin du concert et permet une montée en puissance du show qui, nul doute possible au vue des réaction leur fera gagner de nouveaux fans.
Victor Solf : retour en force
Avant le concert de Victor Solf, les langues se délient. Celui qui avait connu le succès avec Her avait pris la meilleure des décisions : continuer à faire de la musique malgré tout . Si le propos fonctionne quant au chanteur, c’est également le cas pour le public, toujours subjugué par l’immense aura du musicien, sa voix de velours et ses titres qui créent une véritable transe. Quand à 21h05 il monte sur la scène du parvis, le monde semble s’arrêter alors que la leçon peut débuter. La fin de son précédent projet provoquée par le décès de son ami et compagnon de scène Simon Carpentier ne l’empêche de revenir en solo plus groovy que jamais. Sur les planches pour il transmet une énergie positive à la foule. Plus encore, il émeut en faisant danser. L’un peut se faire, l’autre aussi, avec une certaine aisance, mais combiner les deux semble tenir de l’impossible. Les corps électrisés se déhanchent alors que l’immense chanteur distille une boule d’énergie réparatrice. Les maux de ces derniers mois se dissipent, avec Her comme en solo, Solf prend des allures de gourou. De quoi distiller une fin de journée lumineuse à la scène du parvis, encore ensoleillée et dont le sol retiendra longtemps l’énergie ici donnée.
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