Le samedi au Chorus des Hauts de Seine, depuis quelques années, rime avec rap, hip hop et scène urbaine. Et qui dit scène urbaine, dit un festival plein (en respectant les jauges). La foule d’adolescents occupe le terrain et impose ses codes le temps d’une journée. Une météo mitigée poussera le reste des festivaliers à remplir la grande salle, pour voir la nouvelle scène rap hexagonale en action. Une journée riche en surprises et en nouveautés et en samples de mitraillettes !
Aimé Simone : la découverte du jour
A 17h25 Aimé Simone prend place dans l’Auditorium de La Seine Musicale. Le lauréat du prix Chorus 2021 occupe rapidement tout l’espace de cette grande salle qui invite son public à rester assis. Il propose un show chorégraphié, et calibré sur les beats et les basses puissantes de ses composition. Il faut lui reconnaître un certain virtuose à sauter, danser, monter sur les escaliers face à un public qui ne demande qu’à se déchaîner mais doit se contenter de taper dans ses mains. Le jeune prodige adopte un look urbain, retro 90, à l’instar d’un certain Machine Gun Kelly et tout comme lui distille un u univers musical riche et varié. Entre post-punk, trap, électro, les sons sont lourds, puissants et contrastent parfaitement avec la poésie et la voix d’Aimé Simone. Ses titres évoquent la nouvelle scène west coast américaines et promettent d’emblée un grand avenir pour le musicien. Côté sonorités, difficile de ne pas penser à Yungblud, Lil Peep, ou encore Kanye West. Le rap se fait rock , l’inverse est aussi vrai, les tenus se mélangent et la nouvelle vague promet une déferlante solaire portée par des artistes comme Aimé Simone. Retenez bien son nom, il a conquis Rock en Seine et le Chorus, sa place est toute tracée.
Leto : ouverture du bal hip hop
Changement de salle, changement d’ambiance. Leto aura su faire montez la pression en attendant 2 titres de son propre set pour monter sur les planches de la grande scène. Dès son arrivée, la foule se déchaine, jump et fait trembler la fosse dont le sol vibre littéralement. Le rock était des années durant, le lieu des pogos et des circles pits, de publics déchaînés qui slament sans fin. Exit, les anciens codes aujourd’hui la scène urbaine se les est appropriée. Le jeune rappeur joue d’ailleurs dans la même cour que ses comparses de la scène rap française et ses nombreuses mimiques. Diffusion de bruits de sirène, de coups de feu, effets sonores, DJ et grosse troupes sur scène ponctuent le show. Les jeunes spectateurs, avides de ces effets réagissent au quart de tour et en redemandent. Le jeu entre artiste et festivaliers se synchronise parfaitement et donne le « la » à la suite de la journée, qui verra les gros noms du hip hop actuel défiler.
James BKS : prodige de père en fils
L’héritier de Manu Dibango, James BKS entouré de Gracy Hopkins et d’Anna Kova inondent le parvis de leurs compositions métissées, entre musiques traditionnelles africaines et musique urbaine actuelle. Un équilibre entre les trois artistes s’instaure . Les musiciens qui les accompagnent ne sont pas laissé à l’écart. Nous ne sommes pas là pour voir James BKS mais bel et bien un groupe entier, qui proposera le show hip hop le plus complet et qualitatif de la journée.
Lefa : l’ancien qui s’inspire des jeunes
L’ex Sexion d’assaut offre un set classique dans la veine des autres rappeurs programmés sur la Grande Seine. Dj en arrière scène, même manière d’occuper l’espace scénique, mêmes effets sonores et une grande présence de l’auto-tune, voilà la recette d’un show qui fonctionne à l’été 2021. Lefa, comme ses comparses pourrait arguer d’un manque de pratique scénique alors qu’il confiait son plaisir à retrouver les planches après deux ans d’absence. Il est toujours amusant de noter le décalage évident entre les airs de durs que se donnent les rappeurs sur scène et l’évidente bienveillance qu’ils ont à l’égard d’un public qu’ils nomment volontiers « les miens, la famille … ». D’ailleurs, les jeunes festivaliers, en retour font le show et réagissent à chaque demande du maître de cérémonie. Qu’importe le flacon temps qu’on a l’ivresse. Dense et dynamique, la foule prend un allure de vague qui réagis aux sons du confrère de Gims et Black M.
Lala & Ce : le regret de la journée
Le temps d’un passage éclair sur le parvis m’a permis d’apercevoir Lala & Ce. Une énergie folle se dégage de la chanteuse, qu’elle communique aussi bien à l’assistance qu’au personnes qui l’entourent sur scène. Seul regret : ne pas avoir pu rester. Difficile de parler d’un concert sur lequel on passe quelques instants. Mais une chose est sûr, Lala & Ce est une artiste à voir. Maintenant je suis averti, et vous aussi.
Catastrophe : l’OVNI de la journée.
Le sextuor (ahah on a rarement l’occasion de le placer celui là !) revient avec un nouveau spectacle. Le groupe garde les costumes colorés mais change de registre. Avant leur représentation était un mix entre théâtre, chanson et danse contemporaine. Cette fois-ci on part 45 minutes de comédie musicale. Les compostions rentrent vite dans la tête. Une résonance avec le musical de la fin des années 70 et le début des années 80 nous font inévitablement penser à Hair ou Starmania. Un changement qui permet de s’ouvrir sur un plus large public, qui ne loupe pas cette session pour danser sur la terrasse de La Seine Musicale.
Maes : dans la continuité de cette journée.
Un survêtement du Real Madrid, de l’auto-tune, 4 lettres et voici Maes qui monte sur scène. La scénographie est minimaliste mais le public est incroyablement déchainé, et dès les premières notes il reprend en chœur les paroles du rappeur. Les gens sautent, le sol souple de la Grande Seine accompagne les bondissements pour faire trembler toute la salle.
PLK : comme poisson dans l’eau
La tête d’affiche de la soirée, PLK, est en terre conquise. L’artiste de Clamart (92) est accueilli comme une rock star par le public du festival Chorus. La foule est déchainée et n’hésite pas à pogoter légèrement sur les morceaux du rappeur. Accompagné d’Ormaz, PLK enchaine les titres et les invités. C’est ainsi que Rim K, SDM et Mister V se succèdent sur scène pour chanter et donner une raison supplémentaire à la foule de se déchainer. Comme à son habitude, PLK termine son show avec le fédérateur « Petrouchka » qui clôture la soirée dans une atmosphère électrique.
Louis Comar et Kévin Gombert