La fille en rouge, Girl in Red donc, c’est comme ça que Marie Ulven s’était décrite par SMS à une connaissance pour être retrouvée au milieu d’une foule. C’est ce qui lui a valu son pseudo. Aujourd’hui, en ce 11 septembre 2024, c’est aussi ce qu’elle est. La fille en rouge, certes au milieu d’une foule toujours, mais une foule qui réagit comme un corps unique à chacun de ses mouvements et de ses mots. Rouge de plaisir, rouge de ne faire que danser, la foule du Zénith de Paris avait pris pour étendard les codes couleurs de la chanteuse pour les faire siens le temps d’une soirée ouverte par Nieve Ella. Retour sur un concert de rentrée où unicité et union faisaient bon ménage.

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Girl in Red au Zénith de Paris par Louis Comar

Ella, elle l’a….

Ce mois de septembre ressemble à nouveau au mois de novembre, deux petits mois seulement après avoir pu expérimenter une certaine dose de soleil. Le temps se décline comme une boucle sans fin. La grisaille continue ayant raison des humeurs et de l’élan certain qu’évoque le top départ de la rentrée. Si la chaleur et l’entrain refuse d’envahir nos extérieurs, ils pourront bien s’inviter en intérieur. C’est face à un Zénith qui affiche complet que démarre la soirée sur le set de Nieve Ella accompagnée de ses amis comme elle aime à les décrire. La musicienne britannique dévoilait en 2023 un EP qui lui valait de piquer la curiosité : Lifetime of Wanting. Et comme si le public avait passé une vie entière à attendre ce moment, le voilà qui dès les premiers instants, réagit avec puissance à chaque note de guitare posée. A tel point, que, fait rare pour une première partie, il ne faudra attendre que quelques titres pour que le Zénith se jonche de petites lucioles de lumières, constellant ses sièges d’étoiles importées par les téléphones. L’avantage certain d’avoir à faire à un public d’adeptes, jeune et prêt à tout pour rendre le moment magique. Toute la soirée durant, le concert se construira comme un miroir. L’artiste sur scène dévoilant de se personne face à un par-terre d’êtres tout aussi uniques. Elles et ils pourraient être la fille sur scène, désireuse de se raconter, de se dévoiler. Nieve Ella, a ce je ne sais quoi que d’autres n’ont pas. Cette façon de faire du pop rock avec modernité et une telle aisance que chaque titre est une évidence d’écoute. En juin, elle sortait le titre Sugarcoated qui parle du syndrome de l’imposteur. Et là encore, le miroir est là, présenté au public, qui de par son jeune âge a besoin d’icônes qui va toucher son coeur et ses angoisses, durant le long cheminement qu’est celui d’apprendre à se connaître. Nul doute que Nieve Ella sera de celles qui montrent la voie en utilisant sa voix. La chemin qui transforme les jeunes femmes en héroïnes, il se fait plus facilement en écoutant du pop rock.

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Nieva Ella au Zénith de Paris par Louis Comar

Petite Marie

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Girl in Red au Zénith de Paris par Louis Comar

« Marie ! Marie ! » scande la foule durant le changement de plateau. Côté public, les looks sont travaillés. La mode est un vaisseau, elle reflète ce que l’on veut dire de soit. A l’âge charnière de l’adolescence, elle permet de parler fort quand les mots viennent à manquer.  C’est aussi vrai en grandissant. Et  elle va de paire avec le musique en ce mercredi, comme la preuve de l’appartenance à un clan dans lequel chacun.e a le droit à ses différences.

C’est l’album « If I could make it go quiet » (2021) qui a fait le succès de Girl in Red. Et ce soir pourtant, sera bien à l’opposé du silence, c’est une promesse. « Il faut rendre nos petits moments iconiques » expliquera la chanteuse en fin de set. Un mantra qui permettra sûrement de mieux appréhender la totalité d’un concert diablement travaillé et parfaitement écrit de bout en bout.  « DOING IT AGAIN BABY », qui est aussi le nom de son dernier jet, ouvre le bal. L’iconique Marie porte bien son nom tant il est évident qu’elle est une figure sanctifiée. Chacune de ses interventions permet à son audience de réagir immédiatement, chaque blague est accueillie par des rires fournis, chaque parole est chantée comme un acte de foi. Il n’existe pas un mot qui n’est ici pas connu de tous et de toutes. Face à un tel engouement, il lui est forcément plus facile de se confier. C’est ainsi qu’on apprendra qu’elle est à son premier jour de règles, sa red line. Les temps ont bien changés. S’il serait aisé de penser aux débuts de carrière d’une autre icône pop rock en découvrant l’univers scénique de Girl in Red :  Avril Lavigne. Pourtant un océan sépare les débuts des deux musiciennes.  Une telle annonce en 2002, aurait paru impossible. Et pourtant, le féminisme a fait de tels bons en avant qu’aujourd’hui, l’information se livre avec aisance, rendant obsolète les hontes qui n’auraient jamais dû exister. Tout comme la canadienne à ses débuts, la norvégienne Girl in Red porte ce soir une cravatte sertie d’un costume. Un accessoire que l’on retrouve aussi dans le public. Elle pouvait avant représenter une prise de liberté en empiétant sur des codes vestimentaires masculins. Aujourd’hui, les genres ont été questionnés, les frontières brouillées. Nous sommes loin du simple retour d’un élément détourné mais bien en en train de vivre une nouvelle ère. Et celle-ci est peuplée d’un public qui chante de tout son coeur ses maux d’amour, s’appropriant ceux de Marie pour mieux les crier. Des drapeaux LGBT peuplent le Zénith, Marie est aussi une icône queer comme aime à la décrire le magazine Paper. Elle fait donc partie de ses artistes essentiels, de ceux qui montrent l’exemple tout en utilisant sa sensibilité comme une force.

Elle jouait sur un piano rouge, c’est peut-être un détail pour vous …

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Girl in Red au Zénith de Paris par Louis Comar

Il ne faut pas attendre longtemps pour que le premier album de la chanteuse s’invite à la soirée. Il peuplera ainsi largement sa set list . Body and Mind ou encore Hornylovesickness sont vite interprétés alors que les morceaux défilent à toute allure. Sur les planches, dont la scénographie entre écran et bonnet rouge géant habillent parfaitement l’instant, un piano rouge a été installé. Il est, pour Girl in Red, un lieu pour tout dire et s’amuser. Elle y démarre des titres, cafouille en riant, parle beaucoup et se fait la bonne amie d’un soir. Bout-en-train et confidente à la fois. We fell in love in october est un temps fort de la soirée, chanté par toute l’audience. Il aura l’occasion d’être vécu une seconde fois, plus tard, alors que la chanteuse s’offre un medley de ses titres guitare en main et en changeant radicalement les rythmes de ses compositions. Tordant ses morceaux comme un jeu aux possibilités infinies pour mieux surprendre ses adeptes et ami.es d’un soir. Ou peut-être d’une vie si l’on compte les nombreux « Je t’aime » qu’elle lance dans la langue de Molière et qui s’inscrivent dans la continuité d’un court morceau également revisité en français en début de soirée.

 

Serotonin est une bonne occasion de comparer les versions lives et albums des titres de la chanteuse. La prod de l’album leur offrant une puissance pop plus directe, là où le live, accentue les guitares et tire plus vers le rock. Il est d’ailleurs interprété à la suite de You Stupid Bitch, hit qui frappe fort et à l’efficacité indiscutable. « The perfect one for you is me » disent les paroles. Ce soir Marie, est the perfect one de toute l’assemblée. Le besoin de perfection, on pourrait même le ranger, l’expédier au loin tant il peut être vecteur d’erreurs . La perfection est dans l’unicité. Son dernier né n’est pas non plus oublié, notamment grâce à A Night to Remember.  Un titre en bonne illustration de la soirée. Parce que ces nuits de concerts entre amis, ce sont elles qui vous forgent et vous créent. Et cette nuit, elle touche déjà, si vite, bientôt à sa fin. Une reprise de Seven Nation Army des White Stripes mais au paroles changées fait une brève apparition, certains morceaux n’existent que le temps de quelques secondes éphémères. Evidemment You Need Me Now ?  initialement en duo avec la super star Sabrina Carpenter arrive en bout de course. Et puis, pour finir sa folle soirée avec ses ami.es, Marie demande à l’audience de se diviser en deux et de lui laisser de la place pour traverser la foule. Un baiser à son guitariste et puis les premières notes d’ I Wanna be your girlfriend, le titre qui lui a valu le succès se font alors entendre. Et la voilà qui transporte sa bedroom pop au milieu du monde, loin de l’intimité et des mots chantés en secret. Ce soir l’intimité aura été collective et partagée. Les mots d’amour et les relations torturées auront été utilisés comme une arme qui rend plus fort. Tous les maux de toutes les filles et les garçons « en rouge » dans le public auront pris de l’importance. Uniques et puissants au milieu d’une foule et  pourtant visibles de tous.tes.

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Girl in Red au Zénith de Paris par Louis Comar

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