Plus d’un an et demi après un passage au Zénith de Paris et seulement quelque mois après leur prestation au 104 à l’occasion des Inrocks Festival, les Libertines étaient déjà de retour dans la capital pour deux dates intimistes au Trabendo. Venus défendre leur excellent nouvel album « All quiet on the eastern esplanade », nous avons assisté à la deuxième des deux soirées avec les londoniens. Retour sur un concert en sueur dans la salle la plus alambiquée de tout Paris.
CHAUD COMME UN SAUNA
Nous arrivons malheureusement trop tard pour Vera Daisies, moitié brisée du duo Ottis Coeur qui se lance en solo. En tout cas, le Trabendo est déjà bien rempli pour l’ouverture des hostilités, même si la terrasse avec ses bières, ses guirlandes et les températures estivales en supplément font de l’œil au public. Il fait donc déjà une chaleur torride avant même que les hymnes anglais résonnent dans la salle à capacité moyenne. Notons à ce propos qu’il est très appréciable d’écouter la bande à Doherty et Barât dans une salle à dimensions plus humaines que les Zénith ou mainstages qu’elle a l’habitude de fouler de son pas lourd. Bref, la fosse est blindée de monde et les corps moites suent déjà : plus que quelques lancés de bière et nous voilà dans le meilleur pub francilien.
ORGIE DE TUBES
L’ambiance est au rendez-vous pour l’arrivée des Libertines, le pit se déchainent dès les premières notes du culte « Up the Bracket », enchaînée avec frénésie à « The Delaney » – la déferlante de tubes est ouverte. En effet, ce soir les londoniens ne lésinent pas à proposer un superbe panorama de leur prodigieuse discographie. À l’exception de « You’re my Waterloo », tous les hits du groupe sont interprétés, jusqu’à la classique quoiqu’ô combien efficace conclusion par « Don’t look back into the Sun » (ou plutôt « ne te retourne pas dans le soleil » comme balbutie Doherty avec un accent français caricatural). Best-of entremêlé des derniers rejetons du groupe, la setlist ravit petits et grands.
FIN DE SOIRÉE ?
Très vite, deux contrastes ressortent cependant : l’un sur scène et l’autre dans le public. Si la foule est déchaînée et saute et boit à qui mieux-mieux, la recette sur scène ne mélange qu’un des deux ingrédients. « Merci le Trabenbo » articule péniblement le frontman. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, ce serait mal les connaître que d’attendre un lifestyle healthy et jus de carottes de la part d’un des groupes de rock les plus punks encore existant, MAIS (oui il y a un mais) c’est dommage que cela contribue à alourdir la performance plutôt qu’à l’entrainer dans une folie bachique. Les titres peinent à s’enchainer, et les regards dans le vide ne semblent pas signifier une joie frénétique d’être sur scène. Les balances ne sont d’ailleurs pas assez percutantes et oscillent vers quelques excès de reverb pendant les transitions des morceaux. Il n’en reste pas moins que pour celles et ceux qui les ont déjà vus, le concert s’inscrit dans la continuité d’insouciance du duo terrible Doherty / Barat. Il est toujours question de jouer sans chichis, sans se préoccuper de la réaction publique mais pour le simple plaisir de balancer du son. Derrière la guitare le musicien a toujours 20 ans et la chaleur fait monter l’ivresse.
AVEC DU ROCK, LA FÊTE EST PLUS FOLLE
Malgré ce manque certain de dynamisme de la part des Libertines, il n’en demeure pas moins une forme de générosité et de spontanéité agréable. La setlist déjà fournie s’allonge en effet d’un rappel à base de variations acoustiques où chacun des membres s’essaye au chant. Puis enfin, les blagues et regards complices entre les membres laissent entrevoir une forme de plaisir qu’il serait nécessaire de cultiver pour faire de leurs concerts des fêtes rock, folles et libres à l’image de ce groupe mythique qui n’a jamais perdu son aura .
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