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saison 2

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mercredi netflixElle était plus qu’attendue, cette nouvelle saison de Mercredi sur Netflix. Depuis que Tim Burton avait décidé de mettre en avant les histoires de la fille Adams dans l’école de Nevemore, l’émulsion avait largement gagné le public. L’occasion de faire de Jenna Ortega une super star et d’inspirer toute la planète réseaux sociaux à coup de répliques cinglantes et de cheveux colorés à la Enid (Emma Myers). Si les deux jeunes protagonistes sont aujourd’hui placées au rang d’égéries, c’est aussi parce que Burton est sa clique ont choisi de créer un show entièrement féminin qui se concentre sur toutes les générations de femmes de Hester Flump à Morticia, Mercredi et ses amies. Un choix qui permet à la famille Addams et ses adorés malheurs de prendre des nuances sombres de modernité sans jamais appuyer avec lourdeur sur ce postulat. Retour sur une saison 2 portée par des femmes et des illustrations plurielles de la maternité. Attention spoilers.

Valeurs, mot féminin mercredi

La saison 2 de Mercredi reprend évidemment où on l’avait laissée. On y retrouve le Poudlard de la série, Nevermore. Contrairement à Harry Potter, qui semble être une source d’inspiration pour le contexte de la série, une école et ses marginaux, nos étudiants semblent ne presque jamais aller en cours. Ils préfèrent ainsi consacrer leur temps à la résolution de mystères. Seulement voilà, là où la saison 1 se concentrer principalement sur le personnage de Jenna Ortega, cette nouvelle salve d’épisodes, choisit de réunir toute la famille Addams au complet pour préférer se concentrer sur leurs liens. Des liens pluriels dirions-nous ? Pas vraiment, ces nouvelles aventures, un peu à l’image de celles de Sabrina, elles aussi diffusées sur Netflix, vont faire des garçons tant de la famille que de l’entourage de Mercredi, des personnages secondaires. Seul Pugsley s’offrira le luxe d’une intrigue; sans jamais chercher à creuser la psychologie du jeune garçon. Qu’importe en réalité, tant les références, trames et dialogues viennent mettre en lumière la complexité de rapports mère/ fille voir amicaux entre rivalité et sororité.

Mercredi et MorticiaTout commence fort mal pour Mercredi alors que sa mère Morticia (Catherine Zeta Jones, dont le retour est un plaisir) est invitée à vivre sur le campus pour aider à préparer les gala de l’école. Tout ça ne sera en réalité que stratagème mais qu’importe. La saison entière va ainsi pouvoir s’appuyer sur la rivalité des deux femmes Addams, la mère qui protège de sa façon à elle, la fille en quête de liberté voulant autant défier sa mère que tirer son approbation. A cela s’ajoute la grand-mère Hester Flump (Joanna Lumley) et son propre rapport à sa fille, ses dynamiques avec Mercredi. Côté amies Enid et Agnès viennent offrir à Mercredi deux miroirs féminins : celui de la meilleure amie haute en couleurs mais qui ne veut pas vivre dans l’ombre de la protagoniste, Agnès, la fan, celle qui cherche à entrer dans les moules. Et malgré tous les traits de marginaux des personnages, leur pluralité va venir créer un spectre d’identification plurielle. On ajoutera Bianca, la sirène de l’établissement dont l’intrigue parallèle permettra au développement d’un personnage à part.  En 1993, sortait le films « Les valeurs de la Famille Addams », en 2025, mine de rien, voilà que ces valeurs se font bien plus limpides.

mercredi : Noirceur et maternités

Mercredi netflixMais s’il fallait se focaliser sur un point pour résumer cette saison, qui contre toute attente a par ailleurs moins cartonné au  grand jeu des chiffres que la précédente, c’est bien les rôles variés de la maternité et surtout de la transmission et du modèle féminin, qui viennent la nourrir.

Avant de se concentrer sur l’évidence et d’en parler un peu plus loin, les rapports où le rôle de mère est clairement établi, il serait intéressant de se pencher sur l’épisode 6 : « Chacun son malheur ». Après de nombreux épisodes durant lesquels, le tandem Mercredi / Enid s’écharpe dans une incompréhension totale, les voilà qui intervertissent leurs corps. La faute au personnage de Lady Gaga dont la minute 30 d’apparition à l’écran après des mois de teasing laissera tout le monde sur sa faim (surtout nous, on veut plus de Gaga merci). Et cette relation, même si elle n’est pas réellement mère / fille en a tous les ressorts. Déjà et simplement parce que l’épisode s’appuie clairement sur Freaky Friday, le film qui faisait de Jamie Lee Curtis et Lindsay Lohan un duo mère/ fille qui échangeaient leurs corps pour mieux se comprendre, et dont la suite est d’ailleurs sortie cette année. Ensuite parce qu’elle va s’inscrire comme une métaphore de la relation de Mercredi avec sa mère. Mercredi souhaite protéger Enid, de ses visions, parce qu’elle la juge faible, Enid veut s’émanciper. Entre les deux jeunes-filles ce rapport inégal, n’en déplaise à Mercredi, repose sur un amour mutuel. Et l’amour est toujours complexe. Dans la lignée de cet épisode, la rapport s’inversera aussi, mais n’est-ce pas le cas des rapports aux mères qui s’occupent de leurs filles avant que l’âge ne requiert l’inverse ? Et comme le veut l’amour maternel, mais aussi l’amour amical, Enid finira par se sacrifier pour sauver son amie.

Mercredi famille AddamsVoilà qu’arrivent les rôles plus évidents mais tout aussi complexe des véritables mères du show.  Morticia Addams prend le double rôle dans cette saison. On y découvre plus en détails ses relations plus que conflictuelles avec sa propre mère, Hester Flump. Evidemment sombre, richissime et ayant fait fortune dans les pompes funèbres, elle devient le mauvais mentor de Mercredi et se place dans l’envie de saboter les aspirations de sa propre fille contre sa petite fille. Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’Hester n’a aucun mari mentionné. On verra d’ailleurs en toute fin de saison qu’elle a un rapport bien différent à sa seconde fille : la mystérieuse Ophélie. Côté Mercredi, l’épisode 6 permet d’expliciter son besoin d’acceptation face à une mère imposante et puissante.

Viennent ensuite s’ajouter des nuances de mères : Françoise qui retrouve après des années de captivité Tyler. Comme son fils, elle est une hyde. Contrairement à d’autres personnages, elle cherchera par tous les moyens à ôter à son fils le poids de l’hérédité et l’extraire de son destin de hyde. Sans prendre en compte les aspirations de ce dernier. Elle veut lui éviter son parcours et peine à comprendre sa progéniture dans son unicité. Il y a la figure maternelle par intérêt en la personne de Marilyn Thornhill (Christina Ricci, ancienne Mercredi au cinéma). Celle qui sert aussi de garde fou et qui sera tuée pour laisser échapper les pires démons. La mère absente, celle de Bianca, qui permet l’inversion de rôles puisque c’est la jeune sirène qui tente de sauver sa mère des griffes de la secte dans laquelle elle s’est plongée. Mais aussi le rôle de la mère spirituelle puisque la principale Weems revient sous forme de fantôme autant pour guider et conseiller Mercredi que pour la confronter à ses pires travers. L’obsession de Mercredi à ne pas l’écouter et à ne pas écouter finit par prendre l’apparence d’une morale de fable tant son obstination la pousse dans les pires retranchement. Tout ce qui guide le personnage de Mercredi, tous les conseils viennent des femmes qui l’entourent.

mercredi enid agnesEnfin, si la question relève plus de la filiation que de la maternité à proprement parler : la Chose finit par découvre son histoire et par retrouver son corps, sa véritable famille « biologique ». Se rebellant contre le corps qui est le sien elle en vient à le rejeter pour choisir sa famille d’adoption. Mercredi est avant tout un membre de la famille Addams, il est donc logique que tout soit question de filiation.

mercredi, idole d’Agnes et des autres

Agnes MercrediLes portraits brossés par le show sont multiples. Les séries télévisés sont par essence, du moins quand ils fonctionnent si bien et s’adressent à un public jeune, sont un haut repère d’identification. Hors les rapports familiaux, il est important pour les adolescent.es de se créer de nouveaux refuges bien à lui/ elle. Et en ce sens, le show va aller plus loin avec le nouveau personnage favori de grand nombre de spectateurs.trices : Agnes. Interprétée par Evie Templeton (âgée de seulement 16 ans), la jeune-fille se positionne comme un miroir de beaucoup d’adolescentes : celle qui va intégrer les codes de ses héroïnes pour chercher à leur ressembler. Suivant et imitant Mercredi, Agnes va tout faire comme elle jusque dans l’attitude et l’habillement. Son personnage est d’autant plus intéressant qu’il renvoie à deux images : le clin d’oeil aux fans qui s’identifient à leurs idoles, cinématographiques, musiciennes ou autres … mais aussi à l’identification à un groupe d’amies. Il est fréquent de voir des jeunes-filles au collège s’habiller comme leurss amies et chercher à faire comme les autres pour entrer dans un moule. La série se fait alors porteuse de message en fin de saison : mieux vaut pour être accepter, apprendre à se connaitre et devenir soit-même. Ainsi, Agnes cesse d’être invisible aux yeux du collectif à devenir sa propre personne. Une fin qui fait attendre la saison 3 avec impatience pour mieux apprendre à connaitre ce fascinant personnage. En espérant que celle-ci permettra à Mercredi de rester l’idole d’une génération et de séduire à nouveau un large public au grés de ses sombres aventures.

https://www.youtube.com/watch?v=xlrj36cAzj4

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THE OA poster

Cher Netflix,

 

Sache que comme la plupart des internautes de 2019, tu m’es précieux. Ton compte me sert ( presque) tous les jours, sur mon téléphone et ma télévision. Tes séries peuplent mes trajets en transports en communs, souvent trop longs, et les soirées que je m’accorde assise sur un canapé. Et globalement, tu nous as offert, à moi et aux autres utilisateurs, un panel de découvertes plutôt impressionnant. La créativité meurt doucement au cinéma pour réapparaître sous forme de séries télévisées. Et à ces séries, celles qui osent être créatives tu leur offres une chance. Cette phrase fut en tout cas vraie à tes débuts. Si aujourd’hui je chéri mon application, notre belle histoire d’amour a failli ne jamais exister.

sense8

En effet, lorsque tu avais annoncé que tu allais supprimer Sense8, sans même lui donner une chance de conclure l’aventure de nos huit sensitifs, ma colère fut telle que j’aurai pensé ne jamais renouveler mon abonnement suite à ma période d’essai. Il faut dire que les sœurs Wachowski avaient alors proposé une des œuvres les plus abouties et les plus belles qu’il est été possible de voir sur petit écran depuis longtemps. Cette fable humaine, pleine d’empathie, aurait pu poursuivre sa course d’OVNI, créer la tolérance qu’elle véhiculait, ouvrir son bel univers fantastique encore longtemps mais tu en as décidé autrement. Comme le reste du Monde finalement, tu comptes sur ta rentabilité et non pas tes dérives artistiques. Ainsi soit-il puisqu’un dernier épisode avait permis de dire au revoir à nos 8 compagnons du Monde entier. On zappe, on binge watchera autre chose, l’heure est au scraling, tout est dépassé avant d’avoir exister. Et même si l’écho d’une oeuvre aussi construite marquera à jamais certains esprits, il était encore possible d’avancer. Et puis voilà,restait à ton catalogue The OA.

the OA saison 2

Parlons de THE OA

Et c’est bien de la série de Brit Marling dont je voulais te parler. Tout comme Sense8, The OA avait la chance d’être complètement à part dans l’univers des séries. Sa première saison avait surpris et avait ce petit quelque chose de merveilleux qui invite à la discussion. Certains l’avaient ainsi détesté, d’autres s’étaient gratté le nez des heures en cherchant à la comprendre, enfin ceux qui en deviendraient adeptes l’avaient simplement adorée. The OA offrait un acte de foi, une histoire dans l’histoire et invitait, par bien des pratiques à vivre l’expérience apportée par un messie. Entre science-fiction planante et récit hautement inclusif, en ajoutant une touche de féerie et une impression d’appartenance à un plus grand groupe, le show s’était offert toutes les audaces. Réussissant haut la main le pari d’être ( ENFIN) différent.

Du moment où Pairie raconte son histoire, et le nouveau générique qui en découle comme pour mettre le spectateur en garde jusqu’au dénouement d’une saison 1 puissante, la série n’a jamais joué le jeu de facilité. La foi vous sauvera, criait un final qui ne disait à aucun moment si cette foi devait être en une vérité absolue ou une simple conviction qui nous dépasse. Qu’importe finalement, là allait cette fable et ses disciples qui dans un moment de désespoir livraient les mouvements enseignés plus tôt criant ainsi qu’il suivraient notre ange originel face à la mort.

La puissance de la conclusion de ce récit laissait certes à penser qu’une suite serait impossible. Que pourrait-on bien raconter de plus? Les épisodes passés ont pris un sens dans un final fort qui expliquait à lui seul l’entièreté de sa trame narrative. Et puis, après tellement d’attente, voilà que débarquait la saison 2. Cette dernière allait encore plus loin que celle qui l’avait vu naître. Osant frotter son héroïne à une pieuvre face au regard circonspect de certains loin d’avoir l’envie de laisser vagabonder leurs émotions vers des territoires si lointains. Et pourtant, pour ceux prêts à se laisser aller, c’est encore une expérience entière que proposait Brit Marling. Une idée, peuplée de sentiments et d’étrangetés, une véritable oeuvre, bourrée de créativité avec un déroulé et un final qui osait s’aventurer là où peu d’autres avaient osé alors aller. Loin d’être une saison ajoutée à la va vite comme le cas « Big little Lies », cette dernière déroulait un univers et une expérience pensée sur cinq saisons. Evidemment, il parait peu concevable qu’un tel OVNI séduise tout le monde et mette d’accord tout un public. Certains y verraient du grotesque, du non-sens, là où d’autres verraient une façon d’être enfin surpris et de sortir de sentiers battus encore et toujours par des cinéastes qui se copient plus qu’ils n’innovent. Mon cher Netflix, tu sais, aux début d’Internet pour tous, quand le streaming et le Torrent sont devenus monnaie courante, cet outil si utile a ravagé les fonds des artistes. Le cinéma s’est pris une claque énorme, augmentant ses tarifs sans fin pour pouvoir survivre, la musique a perdu une bonne partie de la rémunération de ses artistes. Il fallait alors sortir du lot pour exister. Si tout le monde pouvait montrer ses talents sur la toile, il était complexe d’en vivre même en y étant plébiscité. Et toi, tu proposait un nouveau modèle qui laissait enfin la chance aux plus hardis d’y tenter leurs chances. Je ne sais pas quelles sommes sont en jeu. Je sais en revanche qu’il est bon de trouver cette liberté de propos dans tes propositions. Je sais que tu pourras, proposer sans fin des séries qui parlent de super héros ou d’adolescents affrontant les plus grands méchants, qu’il n’y a pas de mal à ce que chacun y trouve son  compte et que ça engraisse le tiens. Mais voilà, pourrait-on au détour de simplement « passer le temps devant une série »  » binge watcher » « vivre des retournements de situations qui nous laisse sur le c*l » laisser à ceux qui souhaitent sortir des sentiers battus une petite place sans qu’on ne leur demande de se taire deux saisons plus tard?

the oa octopus

Qu’importe finalement si la chose déplaît à certains, ils auront une facilité extrême à zapper, à ne pas regarder, à se désintéresser et à ne pas comprendre. D’autres pourront s’émerveiller qu’enfin sur une page grand public d’Internet, on trouve financés des projets qui sortent du cadre.

Les rumeurs actuelles, fortes de la fin de saison 2, disent que cette annulation ne serait qu’un coup de pub pour annoncer la saison 3. Une nouvelle forme empirique de communication: le marketing dans l’annulation alors que le monde de la série rejoignait le monde réel. Si c’est bien le cas, félicitations, bien joué. Si en revanche et comme ça parait plus sensé, tu nous forces simplement à dire au revoir, sache qu’il est de bon ton de conclure les histoires que tu proposes et de les offrir en entiers.

Offrir à des œuvres OVNI, à part, sensibles, une place était ta grande force Netflix. Aujourd’hui, ta propension à les faire disparaître pour laisser à des « Stranger Things » et autre « 13 reasons why » la possibilité de jouer les prolongations sans fin en dit long sur tes ambitions. Ne devient pas un grand four-tout mainstream, cherchant à prendre plus de fond et moins de matière, garde des séries et films conceptuels, continue d’enrichir les esprits d’oeuvres à part, sois à contre-courant et offre à The OA la chance de conclure son histoire. Et puis tiens, puisqu’on discute tous les deux, sauve Santa Clarita Diet, il est tellement rare de rire face à un écran.

 

Bien cordialement.

Popnshot.fr

THE OA SAISON 2 – Bande annonce

sense8

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affiche handmaid's tale
affiche la servante écarlate
Je sais, je sais, un article sur « Handmaid’s Tale » si tard? Alors qu’on en a déjà parlé? Alors qu’à l’heure d’internet il faut aller vite, plus vite encore plus vite! Je suis en retard. Ou pas. En parlant de la série diffusée sur Hulu à mon entourage, j’ai découvert que nombreux étaient ceux à ne pas en avoir entendu parlé et à être passé à côté. Finalement malgré Internet tout le monde ne sait toujours pas tout ( et pas forcément tout de suite). Or une oeuvre aussi riche qu' »Handmaid’s Tale » mérite d’ être digérée pour mieux en parler avant d’installer le débat et la réflexion. Voilà pourquoi trop tôt ou trop tard, il est important de la conseiller.

 

Cet article a été rédigé sans spoilers!

Mais déjà « Handmaid’s Tale » qu’est-ce que c’est?

« La servante écarlate » en français est une série américaine crée par Bruce Miller et diffusée depuis avril 2017 depuis la plateforme Hulu. Elle est l’adaptation du roman de Margaret Atwood publié en 1985.
 

De quoi ça parle?

Dans un futur proche, la pollution a entraîné une baisse dramatique des naissances et a fait chuté la fertilité. Un groupuscule d’extrémistes religieux fondamentalistes qui prend ses racines dans l’ancien testament, les Fils de Jacob, ont profité de la situation pour prendre le pouvoir. Suite à un coup d’état, les Etats-Unis ne sont plus. A la place est née la république de Gilead. Là les homosexuels, les penseurs, les médecins, les prêtes et les révolutionnaires sont pendus sur la place publique. Là, les femmes ont été démise de leur citoyenneté. Elles ne peuvent occuper que quatre places dans la société: les épouses (femmes de dirigeants), les  Martha (qui s’occupent de la maison) et les servantes en rouge (les femmes fertiles qui ont l’obligation de procréer avec le maître de la maison) qui sont entourées par les tantes.
Là vit June, l’héroïne de notre histoire, elle même servante et enlevée à son mari et à sa fille pour servir. Là commence la lutte pour survivre de celle qu’on nomme maintenant Defred ( puisqu’elle appartient au commandant Fred Waterford)…

 

 

scène de la cérémonie Handmaid's tale
« la cérémonie »

 

 

Donc finalement « Handmaid’s Tale » c’est encore une dystopie?

Impossible de répondre à cela par la négative. Il est vrai que de la dystopie on a mangé depuis qu’« Hunger Games » a battu des records aux box offices et que « Divergente » n’a fait qu’accentuer la tendance. Ces mises en garde contre le totalitarisme font pourtant office de métrages Disney en comparaison de la puissance avec laquelle est martelé le message de la « Servante écarlate ». Puisque, bien loin de s’adresser à un public adolescent, c’est ici les adultes qui sont visés. Attention, il n’y a pas d’âge pour commencer à réfléchir et si tant est qu’on ait le cœur bien accroché alors on peut commencer la série très jeune.

 

En effet, un épisode, un seul suffit à vous mettre en PLS. La couleur y est instantanément donnée à grand renforts d’images choquantes.

 

J’ai toujours été une grande partisane de l’utilisation de la violence dans l’art ( et uniquement dans l’art) pour marquer les esprits et défendre une idée. Au cinéma cette dernière dérange et choque. Un esprit dérangé est un esprit qui se souvient et parfois qui pense ( coucou « Dark Touch » qui réussissait savamment à mélanger violence et sentiments pour parler de l’inceste et que tu peux retrouver dans notre sélection de 31 films d’horreur à voir). Ici un premier épisode suffit à instaurer un malaise qui tord le ventre: viol, dépersonnification- l’héroïne porte le nom de son propriétaire-, mutilation -les femmes qui lisent ont la main coupées, celle qui se rebellent,  l’œil arraché -, pendaison, rien n’est épargné au spectateur qui révolté dans son fauteuil subit, comme les femmes de Gilead, l’atrocité d’une dictature.

 

D’accord on encaisse mais tout ça pour dire quoi?

 

 

 
Déjà en premier lieu, la réponse évidente: pour parler des droits des femmes. Aujourd’hui, bien loin d’être tabou, le féminisme est sur toutes les lèvres. Certaines pour garder les clichés « les féministes ces chiennes de garde », d’autres pour plaider pour  l’égalité. Le débat est tellement présent que bien au delà du hashtag #balancetonporc et autre #metoo, le féminisme devient un slogan de tee-shirts ( si si vraiment). Au milieu de tout ça, des sujets dont il faut parler et de la déformation qui en est faite du fait d’être reprise en masse par la dictature de l’opinion ( le bon avis de tout le monde sur les réseaux sociaux) le débat est-il toujours d’actualité?

 

Toujours, l’avortement en 2017 reste un sujet contesté: de Trump à la Pologne en passant par des associations de lutte contre l’IVG comme les Survivants,les exemples sont nombreux. Dans la série, la devoir de concevoir est abordé. C’est bien ce que dit Fred à June: « En concevant vous faites ce pourquoi vous avez été conçue ».

 

Plus encore, le statut de la femme pose encore problème dans le Monde. Le Malawi à titre d’exemple possède encore des camps d’ « initiation sexuelle » pour fillettes comme le dépeignait un reportage signé Le Monde en juillet 2017.  En Inde en 2012 le viol collectif d’une jeune fille de 23 ans, Jyoti Singh, dans un bus provoquait une prise de conscience massive dans son pays. Sans pour autant convaincre la totalité de la population. L’égalité hommes/ femmes et un débat qui concerne tout le monde. « La servante écarlate » est une façon comme une autre d’entrer dans le débat, de parler autours de soit de ces problématiques, de s’enrichir des opinions de chacun.
C’est à ça que sert l’art après tout. Parler, réfléchir, débattre.

 

A l’instar d’un « New-York unité spécial » ( ne riez pas) très encré dans les problématiques actuelles ( impact médiatique sur une affaire de viol, anti-vaccination, viols en université). Notre « Handmaid’s Tale » pousse à s’interroger à la fin de chaque épisode  sur ce qui est tolérable ou non. Où les dérives commencent-elles? Nous rendons-nous compte des dangers constants qui s’opposent à la liberté ( d’agir? de penser?)

 

C’est bien un miroir qui nous est tendu lorsque les flash back nous permettent de découvrir l’avant coup d’état. Les protagonistes ne voient pas de dangers lorsque des mesures liberticides sont prises suite à une attaque terroriste, ils pensent encore pouvoir agir lorsque les femmes sont déchues de leur droit à travailler, ils comprennent sans comprendre la folie qui s’empare des femmes incapables de concevoir ou donnant naissance à un enfant qui ne vivra que quelques heures.
la servante écarlate Handmaid's tale
extrait de la série « Handmaid’s Tale »

 

Loin de s’arrêter à la question de la place de la femme, ici représentée par des personnages forts et pourtant asservis, la série pose également la question de l’extrémisme religieux et de la dictature.

 

L’occasion de peser la chance qu’on peut avoir à vivre dans un pays libre et de ne pas oublier à quel point cela est précieux. La démocratie est un équilibre. Il semblerait que la question de la révolte des foules se pose régulièrement d’ailleurs dans le monde des débats virtuels. Sur Twitter, je lisais qu’un internaute s’interrogeait sur les esclaves en Lybie. Pourquoi ne se révoltent-ils pas?  » Personne ne les force à être esclaves » écrivait-il. Sans entrer dans un débat sociétal précis, « La servante écarlate » se pose cette même question. Est-il possible de se révolter? Quels en seraient alors les conséquences? Comment cela pourrait-il être faisable de se taire? Nous qui sommes habitués à nous exprimer.

 

Hollywood et ses consœurs ont habitué le public à des héros forts, capables de se sortir de tout. « Handmaid’s Tale » prend le pli de parler de personnages vrais. Les femmes modernes, les grandes gueules, les mêmes qui cherchaient des dates sur Tinder avant la dictature, les mêmes qui étaient indépendantes, aujourd’hui n’ont plus qu’un but: survivre. Survivre même passivement. June, l’héroïne, le dit dans un épisode: »J’aurai aimé que cette histoire me montre sous un meilleur jour ».

 

Mais elle n’est pas le seul visage des hommes et des femmes de Gilead. Serena Waterford, la femme du commandant fait partie de ceux qui étaient pour la révolte. Ancienne auteure, elle incitait les femmes à reprendre une place plus traditionnelle au sein du foyer. Aujourd’hui privée de ses libertés au nom d’idéaux qu’elle défendait, la voilà forcée d’adopter une nouvelle posture. Quels seront alors ses choix, ses positions?  Quelle position son mari adoptera-t-il face à elle?
 

 

Celui qui fait parti des bourreau l’est-il uniquement?
Tant de personnages gris à appréhender et à comprendre qui se dessinent loin des clichés des super-héros traditionnels.

 

Spectateurs au cœur bien accrochés, capables d’empathie et de supporter la violence, physique et psychologique à l’écran, ne manquez pas cette perle.

 

 


Et la suite?

 

Pour ceux qui ont déjà fini la saison 1, sachez également qu’une saison 2 se prépare. En effet après les huit Emmy Awards reçus par la série en septembre 2017, impossible de ne pas souhaiter poursuivre l’aventure pour la production. Lâchant par la même occasion le roman de Margaret Atwood, qui ne lui a pas écrit de suite, le show reviendra sur vos écrans en avril 2018.

 

En attendant et pour patienter, sachez qu’un autre roman de la même auteure « Alias Grace » vient également d’être adapté pour le petit écran. Si l’on en croit la critique injustices et pistes de réflexions devraient à nouveau être réunies.
De quoi poursuivre le débat…

 

Pour aller plus loin, on te parle ici des méchants de séries TV les plus bad ass.